Père Justin-Sylvestre KetteSoutenance de thèse
Diocèse de BossangoaEntretien avec Mgr Nestor-Désiré Nongo
Diocèse de Dassa-ZouméUne journée avec Mgr François Gnonhossou
Dieu est en nous et nous en Lui.
Septième Dimanche de Pâques C
2 juin 2019
Première lecture
Lecture du livre des Actes des Apôtres
« Voici que je contemple le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu. » (Ac 7, 55-60)
En ces jours-là, Étienne était en face de ses accusateurs. Rempli de l’Esprit Saint, il fixait le ciel du regard : il vit la gloire de Dieu, et Jésus debout à la droite de Dieu. Il déclara : « Voici que je contemple les cieux ouverts et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu. » Alors ils poussèrent de grands cris et se bouchèrent les oreilles. Tous ensemble, ils se précipitèrent sur lui, l’entraînèrent hors de la ville et se mirent à le lapider. Les témoins avaient déposé leurs vêtements aux pieds d’un jeune homme appelé Saul. Étienne, pendant qu’on le lapidait, priait ainsi : « Seigneur Jésus, reçois mon esprit. » Puis, se mettant à genoux, il s’écria d’une voix forte : « Seigneur, ne leur compte pas ce péché. » Et, après cette parole, il s’endormit dans la mort.
Psaume
(Ps 96 (97), 1-2b, 6. 7c, 9)
R/ Le Seigneur est roi, le Très-Haut sur toute la terre !
Le Seigneur est roi ! Exulte la terre !
Joie pour les îles sans nombre !
justice et droit sont l’appui de son trône.
Les cieux ont proclamé sa justice,
et tous les peuples ont vu sa gloire.
À genoux devant lui, tous les dieux !
Tu es, Seigneur, le Très-Haut
sur toute la terre :
tu domines de haut tous les dieux.
Deuxième lecture
Lecture de l’Apocalypse de saint Jean
« Viens, Seigneur Jésus ! » (Ap 22, 12-14.16-17.20)
Moi, Jean, j’ai entendu une voix qui me disait : « Voici que je viens sans tarder, et j’apporte avec moi le salaire que je vais donner à chacun selon ce qu’il a fait. Moi, je suis l’alpha et l’oméga, le premier et le dernier, le commencement et la fin. Heureux ceux qui lavent leurs vêtements : ils auront droit d’accès à l’arbre de la vie et, par les portes, ils entreront dans la ville. Moi, Jésus, j’ai envoyé mon ange vous apporter ce témoignage au sujet des Églises. Moi, je suis le rejeton, le descendant de David, l’étoile resplendissante du matin. » L’Esprit et l’Épouse disent : « Viens ! » Celui qui entend, qu’il dise : « Viens ! » Celui qui a soif, qu’il vienne. Celui qui le désire, qu’il reçoive l’eau de la vie, gratuitement. Et celui qui donne ce témoignage déclare : « Oui, je viens sans tarder. » – Amen ! Viens, Seigneur Jésus !
Évangile
« Qu’ils deviennent parfaitement un. » (Jn 17, 20-26)
Acclamation :
Alléluia. Alléluia. Je ne vous laisserai pas orphelins, dit le Seigneur, je reviens vers vous, et votre cœur se réjouira. Alléluia[1].
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
En ce temps-là, les yeux levés au ciel, Jésus priait ainsi : « Père saint, je ne prie pas seulement pour ceux qui sont là, mais encore pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en moi. Que tous soient un, comme toi, Père, tu es en moi, et moi en toi. Qu’ils soient un en nous, eux aussi, pour que le monde croie que tu m’as envoyé. Et moi, je leur ai donné la gloire que tu m’as donnée, pour qu’ils soient un comme nous sommes UN : moi en eux, et toi en moi. Qu’ils deviennent ainsi parfaitement un, afin que le monde sache que tu m’as envoyé, et que tu les as aimés comme tu m’as aimé. Père, ceux que tu m’as donnés, je veux que là où je suis, ils soient eux aussi avec moi, et qu’ils contemplent ma gloire, celle que tu m’as donnée parce que tu m’as aimé avant la fondation du monde. Père juste, le monde ne t’a pas connu, mais moi je t’ai connu, et ceux-ci ont reconnu que tu m’as envoyé. Je leur ai fait connaître ton nom, et je le ferai connaître, pour que l’amour dont tu m’as aimé soit en eux, et que moi aussi, je sois en eux. »
Textes liturgiques © AELF
Homélie
Dieu est en nous et nous en Lui.
Nous venons de célébrer la fête de l’Ascension, qui est la fête du retour visible de Jésus, le Fils ressuscité, vers le Père. Ce Jésus est venu, comme un Fils d’homme, envoyé par le Père pour nous introduire dans un monde nouveau et une spiritualité nouvelle par une double mission.
D’abord pour révéler sa profonde unité avec le Père dans l’amour. C’est ce que l’Écriture appelle la gloire, un mot qui veut montrer la plénitude de cette union divine dans un même amour réciproque. Ceci est un idéal de vie qui nous est proposé.
Ensuite pour manifester cette « présence dans la gloire » à tous ceux qui ont cru en la parole des apôtres, qui appelle à l’union profonde tous ceux qui se disent chrétiens et croient en ce Jésus qui nous a révélé que Dieu est en nous et que nous nous sommes en Dieu.
Par cette présence de Dieu qui habite en nous dans sa plénitude, nous sommes devenus chacun et chacune un nouveau sanctuaire instauré par l’Esprit le jour de notre baptême. La croix est le sommet de cette union intime qui unit le Père au Fils devenu homme pour montrer ainsi à l’humanité la présence de sa gloire. C’est sur la croix qu’il nous invite tous et chacun à entrer dans l’intimité du Père. La grâce de sa présence se prolonge ainsi, en chacun et en nous tous, comme le don suprême qui fait de nous, à notre tour, des Fils et des Filles qui croient en la parole de vie de ce Jésus monté vers le Père.
Dieu a ainsi manifesté sa gloire à Étienne, le premier martyr chrétien : celui-ci a donné sa vie pour témoigner de sa foi en la parole de Jésus et voit ainsi le ciel s’ouvrir pour lui monter cette gloire de Jésus, debout à côté du Père et uni au Père dans la plénitude de leur amour.
Et c’est dans le prolongement de cette union que chacun de nous devient le sanctuaire de l’amour de Dieu, Père et Fils et Esprit, ce Dieu qui était au commencement et sera à la fin. C’est pourquoi le visionnaire de l’Apocalypse, dans la 2e lecture, entend la voix qui dit : je suis l’alpha et l’oméga et je viens pour apporter le don de la récompense pour ce que chacun a réalisé afin de rester uni à l’amour du Père et à l’amour de tous ceux et celles qui croient en lui aujourd’hui et pour toujours dans une totale fidélité à sa parole.
Jean l’Évangéliste nous amène ainsi au loin en nous-mêmes, et nous invite à méditer ce mystère de la présence de Dieu en nous et dans nos vies.
Jean-Pierre FREY, sma
[1] Cf. Jn 14, 18.
« Ils se prosternèrent devant lui, puis ils retournèrent à Jérusalem, en grande joie… »
Ascension C
30 mai 2019
Aquarelle de S. O'Mahony, SMA
Première lecture
Lecture du livre des Actes des Apôtres
« Tandis que les Apôtres le regardaient, il s’éleva. » (Ac 1, 1-11)
Cher Théophile,
dans mon premier livre j’ai parlé de tout ce que Jésus a fait et enseigné depuis le moment où il commença, jusqu’au jour où il fut enlevé au ciel, après avoir, par l’Esprit Saint, donné ses instructions aux Apôtres qu’il avait choisis. C’est à eux qu’il s’est présenté vivant après sa Passion ; il leur en a donné bien des preuves, puisque, pendant quarante jours, il leur est apparu et leur a parlé du royaume de Dieu.
Au cours d’un repas qu’il prenait avec eux, il leur donna l’ordre de ne pas quitter Jérusalem, mais d’y attendre que s’accomplisse la promesse du Père. Il déclara : « Cette promesse, vous l’avez entendue de ma bouche : alors que Jean a baptisé avec l’eau, vous, c’est dans l’Esprit Saint que vous serez baptisés d’ici peu de jours. » Ainsi réunis, les Apôtres l’interrogeaient : « Seigneur, est-ce maintenant le temps où tu vas rétablir le royaume pour Israël ? » Jésus leur répondit : « Il ne vous appartient pas de connaître les temps et les moments que le Père a fixés de sa propre autorité. Mais vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. »
Après ces paroles, tandis que les Apôtres le regardaient, il s’éleva, et une nuée vint le soustraire à leurs yeux. Et comme ils fixaient encore le ciel où Jésus s’en allait, voici que, devant eux, se tenaient deux hommes en vêtements blancs, qui leur dirent : « Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Ce Jésus qui a été enlevé au ciel d’auprès de vous, viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel. »
Psaume
(Ps 46 (47), 2-3, 6-7, 8-9)
R/ Dieu s’élève parmi les ovations, le Seigneur, aux éclats du cor.
Tous les peuples, battez des mains,
acclamez Dieu par vos cris de joie !
Car le Seigneur est le Très-Haut, le redoutable,
le grand roi sur toute la terre.
Dieu s’élève parmi les ovations,
le Seigneur, aux éclats du cor.
Sonnez pour notre Dieu, sonnez,
sonnez pour notre roi, sonnez !
Car Dieu est le roi de la terre :
que vos musiques l’annoncent !
Il règne, Dieu, sur les païens,
Dieu est assis sur son trône sacré.
Deuxième lecture
Lecture de la lettre aux Hébreux
« Le Christ est entré dans le ciel lui-même. » (He 9, 24-28 ; 10, 19-23)
Le Christ n’est pas entré dans un sanctuaire fait de main d’homme, figure du sanctuaire véritable ; il est entré dans le ciel même, afin de se tenir maintenant pour nous devant la face de Dieu. Il n’a pas à s’offrir lui-même plusieurs fois, comme le grand prêtre qui, tous les ans, entrait dans le sanctuaire en offrant un sang qui n’était pas le sien ; car alors, le Christ aurait dû plusieurs fois souffrir la Passion depuis la fondation du monde. Mais en fait, c’est une fois pour toutes, à la fin des temps, qu’il s’est manifesté pour détruire le péché par son sacrifice. Et, comme le sort des hommes est de mourir une seule fois et puis d’être jugés, ainsi le Christ s’est-il offert une seule fois pour enlever les péchés de la multitude ; il apparaîtra une seconde fois, non plus à cause du péché, mais pour le salut de ceux qui l’attendent.
Frères, c’est avec assurance que nous pouvons entrer dans le véritable sanctuaire grâce au sang de Jésus : nous avons là un chemin nouveau et vivant qu’il a inauguré en franchissant le rideau du Sanctuaire ; or, ce rideau est sa chair. Et nous avons le prêtre par excellence, celui qui est établi sur la maison de Dieu. Avançons-nous donc vers Dieu avec un cœur sincère et dans la plénitude de la foi, le cœur purifié de ce qui souille notre conscience, le corps lavé par une eau pure. Continuons sans fléchir d’affirmer notre espérance, car il est fidèle, celui qui a promis.
Évangile
« Tandis qu’il les bénissait, il était emporté au ciel. » (Lc 24, 46-53)
Acclamation :
Alléluia. Alléluia. De toutes les nations, faites des disciples, dit le Seigneur. Moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. Alléluia[1].
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là, Jésus ressuscité, apparaissant à ses disciples, leur dit : « Il est écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour, et que la conversion serait proclamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. A vous d’en être les témoins. Et moi, je vais envoyer sur vous ce que mon Père a promis. Quant à vous, demeurez dans la ville jusqu’à ce que vous soyez revêtus d’une puissance venue d’en haut. » Puis Jésus les emmena au dehors, jusque vers Béthanie ; et, levant les mains, il les bénit. Or, tandis qu’il les bénissait, il se sépara d’eux et il était emporté au ciel. Ils se prosternèrent devant lui, puis ils retournèrent à Jérusalem, en grande joie. Et ils étaient sans cesse dans le Temple à bénir Dieu.
Textes liturgiques © AELF
Homélie
« Ils se prosternèrent devant lui, puis ils retournèrent à Jérusalem, en grande joie…[2] »
L’Ascension est le deuxième temps du mystère pascal, qui se présente en trois phases : la résurrection de Jésus, c’est-à-dire la sortie de Jésus du séjour des morts, l’ascension, qui est la montée de Jésus vers le Père, et le don de l’Esprit Saint qui prolonge la présence du ressuscité chez les croyants que nous sommes.
La liturgie d’aujourd’hui présente les deux seuls récits de l’Ascension que le Nouveau Testament a laissés, rédigés par un même auteur, qui est saint Luc. Tout en racontant un même événement, les deux récits présentent quelques différences.
Le premier récit vient comme la conclusion du troisième évangile, comme le sommet de la vie et du ministère de Jésus, qui a accompli sa mission et peut rejoindre le Père. Avant de partir, à ses disciples réunis, Jésus rappelle ce qui fut le point central de sa mission, qu’il devait souffrir, être mis à mort et ressusciter, et que la conversion, ou la bonne nouvelle, devait être proclamée à toutes les nations. Il leur rappelle aussi qu’il va leur envoyer l’Esprit Saint. Il les emmène jusqu’à Béthanie, au sommet de la colline qui domine Jérusalem, et il s’en va vers le Père… Il part en bénissant ses disciples, et sa bénédiction dure toujours. Ils se prosternent devant lui, comme on se prosterne devant Dieu. Ainsi, finalement, par ce geste d’adoration, les disciples reconnaissent que Jésus est Dieu. Ils retournent à Jérusalem, au temple où la grande aventure de la Bonne Nouvelle avait commencé. Ils sont pleins de joie devant Jésus ressuscité, monté au ciel, accordant le pardon des péchés, promettant l’Esprit Saint qui les inspirera dans la grande aventure de l’évangélisation de toutes les nations.
Le deuxième récit de l’Ascension est donné dans la première lecture. C’est le tout début du livre des Actes des Apôtres, l’introduction à la grande aventure de l’évangélisation. Saint Luc, dans ce texte, commence par résumer tout le ministère de Jésus et mentionne que Jésus ressuscité est apparu à ses disciples pendant quarante jours. Quarante est un chiffre symbolique qui marque une totalité, comme les quarante jours de Jésus au désert au début de son ministère. La fête de l’Ascension a été placée quarante jours après Pâques, un jeudi, à cause de ces quarante jours que Jésus ressuscité a passé avec les siens, à les instruire, et à leur parler du royaume de Dieu. Au cours d’un repas, un repas eucharistique qui rappelle sa présence et l’offrande de sa vie, il leur redit encore la promesse du don de l’Esprit qui les aidera à être ses témoins à Jérusalem, en Judée et Samarie et jusqu’aux extrémités de la terre. Les Actes des Apôtres décriront comment les disciples auront propagé ce témoignage.
Ayant dit cela, Jésus est élevé vers le ciel. Tandis que les disciples sont là, à le regarder partir, deux hommes en vêtements blancs leur apparaissent, semblables aux hommes en blanc qui étaient déjà présents au tombeau de Jésus pour dire qu’il est ressuscité. Ces deux hommes interpellent les disciples : « Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? » Les disciples ne sont pas appelés à regarder vers le ciel, mais à retourner vers Jérusalem et à accomplir la mission que Jésus leur a confiée… C’est ce qui est raconté dans le livre des Actes des Apôtres. C’est ce que les disciples de tous les temps, jusqu’aujourd’hui, ont essayé de faire.
Jésus est monté au ciel, mais où est-il ? La deuxième lecture, un extrait de la lettre aux Hébreux, donne une réponse : « Il est entré dans le ciel, dit ce texte, afin de se tenir maintenant pour nous devant la face de Dieu… Il s’est offert une seule fois pour enlever le péché de la multitude… Il est pour nous un chemin nouveau et vivant, il est le grand prêtre par excellence. Il nous fait avancer vers Dieu avec un cœur sincère et dans la plénitude de la foi, le cœur purifié de ce qui souille notre conscience, le corps lavé par une eau pure, celle du baptême. Continuons, telle est la conclusion de la deuxième lecture, sans fléchir, d’affirmer notre espérance, car il est fidèle, celui qui a promis. »
Jean-Marie GUILLAUME, sma
[1] Cf. Mt 28, 19a. 20b.
[2] Luc 24, 53.
Fidélité à la parole
Sixième Dimanche de Pâques C
26 mai 2019-05-21
Première lecture
Lecture du livre des Actes des Apôtres
« L’Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé de ne pas faire peser sur vous d’autres obligations que celles-ci qui s’imposent. » (Ac 15, 1-2.22-29)
En ces jours-là, des gens, venus de Judée à Antioche, enseignaient les frères en disant : « Si vous n’acceptez pas la circoncision selon la coutume qui vient de Moïse, vous ne pouvez pas être sauvés. » Cela provoqua un affrontement ainsi qu’une vive discussion engagée par Paul et Barnabé contre ces gens-là. Alors on décida que Paul et Barnabé, avec quelques autres frères, monteraient à Jérusalem auprès des Apôtres et des Anciens pour discuter de cette question. Les Apôtres et les Anciens décidèrent avec toute l’Église de choisir parmi eux des hommes qu’ils enverraient à Antioche avec Paul et Barnabé. C’étaient des hommes qui avaient de l’autorité parmi les frères : Jude, appelé aussi Barsabbas, et Silas. Voici ce qu’ils écrivirent de leur main : « Les Apôtres et les Anciens, vos frères, aux frères issus des nations, qui résident à Antioche, en Syrie et en Cilicie, salut ! Attendu que certains des nôtres, comme nous l’avons appris, sont allés, sans aucun mandat de notre part, tenir des propos qui ont jeté chez vous le trouble et le désarroi, nous avons pris la décision, à l’unanimité, de choisir des hommes que nous envoyons chez vous, avec nos frères bien-aimés Barnabé et Paul, eux qui ont fait don de leur vie pour le nom de notre Seigneur Jésus Christ. Nous vous envoyons donc Jude et Silas, qui vous confirmeront de vive voix ce qui suit : L’Esprit Saint et nous-mêmes avons décidé de ne pas faire peser sur vous d’autres obligations que celles-ci, qui s’imposent : vous abstenir des viandes offertes en sacrifice aux idoles, du sang, des viandes non saignées et des unions illégitimes. Vous agirez bien, si vous vous gardez de tout cela. Bon courage ! »
Psaume
(Ps 66 (67), 2-3, 5, 7-8)
R/ Que les peuples, Dieu, te rendent grâce ; qu’ils te rendent grâce tous ensemble !
Que Dieu nous prenne en grâce et nous bénisse,
que son visage s’illumine pour nous ;
et ton chemin sera connu sur la terre,
ton salut, parmi toutes les nations.
Que les nations chantent leur joie,
car tu gouvernes le monde avec justice ;
tu gouvernes les peuples avec droiture,
sur la terre, tu conduis les nations.
La terre a donné son fruit ;
Dieu, notre Dieu, nous bénit.
Que Dieu nous bénisse,
et que la terre tout entière l’adore !
Deuxième lecture
Lecture de l’Apocalypse de saint Jean
« Il me montra la Ville sainte qui descendait du ciel. » (Ap 21, 10-14.22-23)
Moi, Jean, j’ai vu un ange. En esprit, il m’emporta sur une grande et haute montagne ; il me montra la Ville sainte, Jérusalem, qui descendait du ciel, d’auprès de Dieu : elle avait en elle la gloire de Dieu ; son éclat était celui d’une pierre très précieuse, comme le jaspe cristallin. Elle avait une grande et haute muraille, avec douze portes et, sur ces portes, douze anges ; des noms y étaient inscrits : ceux des douze tribus des fils d’Israël. Il y avait trois portes à l’orient, trois au nord, trois au midi, et trois à l’occident. La muraille de la ville reposait sur douze fondations portant les douze noms des douze Apôtres de l’Agneau. Dans la ville, je n’ai pas vu de sanctuaire, car son sanctuaire, c’est le Seigneur Dieu, Souverain de l’univers, et l’Agneau. La ville n’a pas besoin du soleil ni de la lune pour l’éclairer, car la gloire de Dieu l’illumine : son luminaire, c’est l’Agneau.
Évangile
« L’Esprit Saint vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. » (Jn 14, 23-29)
Acclamation :
Alléluia. Alléluia. Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, dit le Seigneur ; mon Père l’aimera, et nous viendrons vers lui. Alléluia[1].
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure. Celui qui ne m’aime pas ne garde pas mes paroles. Or, la parole que vous entendez n’est pas de moi : elle est du Père, qui m’a envoyé. Je vous parle ainsi, tant que je demeure avec vous ; mais le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. Je vous laisse la paix, je vous donne ma paix ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne. Que votre cœur ne soit pas bouleversé ni effrayé. Vous avez entendu ce que je vous ai dit : Je m’en vais, et je reviens vers vous. Si vous m’aimiez, vous seriez dans la joie puisque je pars vers le Père, car le Père est plus grand que moi. Je vous ai dit ces choses maintenant, avant qu’elles n’arrivent ; ainsi, lorsqu’elles arriveront, vous croirez. »
Textes liturgiques © AELF
Homélie
Fidélité à la parole
L'Église qui change, l'Église qui évolue, est-elle encore fidèle à la Parole que Dieu lui a confiée ? Voilà une question que certains se posent. Les textes de la messe d'aujourd'hui nous donnent une réponse.
Saint Jean, dans la 2ème lecture tirée de l'Apocalypse, sous l'image d'une ville imaginaire, la Jérusalem céleste, nous décrit l'֤Église. Dieu y habite, et le Christ y demeure parmi les siens comme dans son Corps. L'Église est ouverte aux quatre coins de l'horizon, aux hommes de toutes langues, races, peuples et nations, et c'est cela qui fait qu'elle est universelle, qu'elle est catholique... Elle s'appuie, cette Église, sur le témoignage des Douze Apôtres ; c'est pour cela qu'elle est dite apostolique. Tout cela, nous le redisons chaque dimanche dans le Credo : « Je crois à l'Église, une, sainte, catholique et apostolique ».
Mais il ne faut surtout pas s'imaginer, comme certains, que l'Église est statique, quelque chose d'inerte, de figé une fois pour toutes, quelque chose qui n'évolue pas. L'Église, au contraire, est vivante, elle bouge, elle s'adapte aux difficultés et aux problèmes de l'heure présente. Nous en avons un exemple dans la 1ère lecture tirée des Actes des Apôtres.
Après l'Ascension du Christ, les Apôtres commencèrent à organiser l'Église naissante. Les premiers chrétiens étaient tous des gens d'origine et de culture juives, mais fidèles à la parole du Christ : « Allez et enseignez toutes les nations ». Ils commencèrent à prêcher dans les pays environnants. Bientôt, cela créa des problèmes... Beaucoup de disciples mélangeaient la loi juive et l'évangile et demandaient aux catéchumènes de se faire circoncire et d'embrasser bien d'autres coutumes juives. Ceci donna lieu au premier Concile de Jérusalem. A ce Concile, il fallait choisir entre une Église fermée sur elle-même, qui imposerait aux hommes des traditions religieuses et un cadre de pensée rigide, et une Église ouverte au monde, où les convertis n'auraient pas à se dépouiller de leur originalité culturelle et de leurs valeurs humaines. Conduits pas l'Esprit Saint, les responsables de l'Église ont décidé de supprimer la circoncision car c'est le Christ qui donne le salut et non pas la fidélité aux prescriptions de la loi de Moïse. Cette décision du Concile de Jérusalem montre comment l'Église interprète la Parole du Christ selon les circonstances particulières. Depuis ce premier Concile, beaucoup d'autres ont suivi, mais certaines personnes se sont arrêtées en cours de route. En effet, elles donnaient trop d'importance à des choses accessoires, costumes, langue, liturgie, et mettaient au second plan l'essentiel, qui est la fidélité à la Parole du Christ.
La fidélité à la Parole du Christ, c'est à cela que nous invite l'évangile d'aujourd'hui. Être fidèle, c'est respecter les clauses d'un contrat librement consenti. Or, entre Dieu et nous, un contrat a été conclu par l'intermédiaire de Jésus Christ : par amour, Dieu a fait de nous ses enfants et, par amour, nous nous sommes engagés à vivre selon ses enseignements et à y conformer notre conduite. Mais cette fidélité à laquelle nous nous sommes engagés sera une fidélité de cœur, plutôt qu'une fidélité à la lettre... pour ne pas mériter le même reproche que Dieu faisait à Israël : « Ce peuple m'honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi... ». Cette fidélité à la Parole de Dieu visera moins à observer scrupuleusement des préceptes et des lois, des rites et des traditions, qu'à s'efforcer de couler notre vie dans l'exemple même que nous a donné Jésus. Des exemples concrets d'amour de Dieu et du prochain, de pardon et de miséricorde, d'oubli de soi et de don total.
Comprise ainsi, quels que soient les changements ou les adaptations qui se feront au cours des âges, cette fidélité à la Parole de Dieu fera de nous et de chaque chrétien un autre Jésus-Christ, rayonnant, attirant et communicatif. C'est ce que je nous souhaite à nous tous.
Amen.
Claude RÉMOND sma
[1] Cf. Jn 14, 23.
Aimons-nous les uns les autres.
Cinquième Dimanche de Pâques C
19 mai 2019
Première lecture
Lecture du livre des Actes des Apôtres
« Ayant réuni l’Église, ils rapportèrent tout ce que Dieu avait fait avec eux. » (Ac 14, 21b-27)
En ces jours-là, Paul et Barnabé retournèrent à Lystres, à Iconium et à Antioche de Pisidie ; ils affermissaient le courage des disciples ; ils les exhortaient à persévérer dans la foi, en disant : « Il nous faut passer par bien des épreuves pour entrer dans le royaume de Dieu. » Ils désignèrent des Anciens pour chacune de leurs Églises et, après avoir prié et jeûné, ils confièrent au Seigneur ces hommes qui avaient mis leur foi en lui. Ils traversèrent la Pisidie et se rendirent en Pamphylie. Après avoir annoncé la Parole aux gens de Pergé, ils descendirent au port d’Attalia, et s’embarquèrent pour Antioche de Syrie, d’où ils étaient partis ; c’est là qu’ils avaient été remis à la grâce de Dieu pour l’œuvre qu’ils avaient accomplie. Une fois arrivés, ayant réuni l’Église, ils rapportèrent tout ce que Dieu avait fait avec eux, et comment il avait ouvert aux nations la porte de la foi.
Psaume
(Ps 144 (145), 8-9, 10-11, 12-13ab)
R/ Mon Dieu, mon Roi, je bénirai ton nom toujours et à jamais !
Le Seigneur est tendresse et pitié,
lent à la colère et plein d’amour ;
la bonté du Seigneur est pour tous,
sa tendresse, pour toutes ses œuvres.
Que tes œuvres, Seigneur, te rendent grâce
et que tes fidèles te bénissent !
Ils diront la gloire de ton règne,
ils parleront de tes exploits.
Ils annonceront aux hommes tes exploits,
la gloire et l’éclat de ton règne :
ton règne, un règne éternel,
ton empire, pour les âges des âges.
Deuxième lecture
Lecture de l’Apocalypse de saint Jean
« Il essuiera toute larme de leurs yeux. » (Ap 21, 1-5a)
Moi, Jean, j’ai vu un ciel nouveau et une terre nouvelle, car le premier ciel et la première terre s’en étaient allés et, de mer, il n’y en a plus. Et la Ville sainte, la Jérusalem nouvelle, je l’ai vue qui descendait du ciel, d’auprès de Dieu, prête pour les noces, comme une épouse parée pour son mari. Et j’entendis une voix forte qui venait du Trône. Elle disait : « Voici la demeure de Dieu avec les hommes ; il demeurera avec eux, et ils seront ses peuples, et lui-même, Dieu avec eux, sera leur Dieu. Il essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort ne sera plus, et il n’y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur : ce qui était en premier s’en est allé. » Alors celui qui siégeait sur le Trône déclara : « Voici que je fais toutes choses nouvelles. »
Évangile
« Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. » (Jn 13, 31-33a. 34-35)
Acclamation :
Alléluia. Alléluia. Je vous donne un commandement nouveau, dit le Seigneur : « Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés. » Alléluia[1].
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
Au cours du dernier repas que Jésus prenait avec ses disciples, quand Judas fut sorti du cénacle, Jésus déclara : « Maintenant le Fils de l’homme est glorifié, et Dieu est glorifié en lui. Si Dieu est glorifié en lui, Dieu aussi le glorifiera ; et il le glorifiera bientôt. Petits enfants, c’est pour peu de temps encore que je suis avec vous. Je vous donne un commandement nouveau : c’est de vous aimer les uns les autres. Comme je vous ai aimés, vous aussi aimez-vous les uns les autres. À ceci, tous reconnaîtront que vous êtes mes disciples : si vous avez de l’amour les uns pour les autres. »
Textes liturgiques © AELF
Homélie
Aimons-nous les uns les autres.
Bien-aimés de Dieu !
Jésus, avant de mourir, a dit ceci à ses disciples : « Comme je vous ai aimés, vous aussi, aimez-vous les uns les autres ». Cela exprime ses dernières volontés. Ainsi, Jésus laisse aux siens, par une manière de testament, « le commandement nouveau » de l’amour mutuel. Cet amour mutuel vécu entre eux sera pour le monde le signe de leur appartenance à sa personne.
En fait, ce « commandement » n’est pourtant pas historiquement nouveau. Il est nouveau, parce que fondé sur l’amour même de Jésus qui renouvelle les siens et fait d’eux des hommes nouveaux, des héritiers de la Nouvelle Alliance. Ce « comme » indique que c’est l’amour de Jésus qui fonde l’amour des chrétiens. Saint Augustin disait : « Il nous a aimés pour que nous nous aimions les uns les autres. ». Jésus, qui est venu dans le monde pour faire « toutes choses nouvelles », investit donc ses disciples comme le ferment qui va transformer le monde par la vie d’amour entre eux, calquée sur la manière dont lui-même nous a aimés.
Peut-être, le verbe « aimer » peut-il faire sourire certaines personnes aujourd’hui pour diverses raisons ! Mais pour qui veut être « disciple-missionnaire » de Jésus et veut se reconnaître comme tel, ce verbe « aimer » est l’essentiel du message évangélique à retenir et à vivre : « C’est à l’amour que vous aurez les uns pour les autres qu’on vous reconnaitra mes disciples ».
Ce serait en même temps pour le monde incroyant une invitation à la foi. Les païens, émerveillés devant la vie des premières communautés chrétiennes disaient : « Voyez comme ils s’aiment ! » Rien n’est plus scandaleux aux yeux du monde que de voir des chrétiens refuser le témoignage de leur affection mutuelle. Encore faut-il que ce témoignage ne soit pas purement extérieur, pur folklore ! Il doit traduire une unité de foi et d’amour. Créer cette unité, et l’entretenir, constitue une de nos tâches essentielles, si nous voulons remplir notre mission évangélique auprès des hommes d’aujourd’hui et laisser aux générations à venir le bel exemple de vie à mener. « Que celui qui aime Dieu, aime aussi son frère[2] », et Dieu l’accueillera dans son Amour.
Que cette Eucharistie, sommet de l’amour de Dieu pour nous, nous donne la force d’aimer à notre tour, jusqu’au bout. Amen.
Abbé Samuel GAMLIGO
[1] Cf. Jn 13, 34.
[2] 1 Jn 4, 21.
Une affaire de cœur
Une affaire de cœur
Quatrième Dimanche de Pâques
12 mai 2019
Première lecture
Lecture du livre des Actes des Apôtres
« Nous nous tournons vers les nations païennes. » (Ac 13, 14.43-52)
En ces jours-là, Paul et Barnabé poursuivirent leur voyage au-delà de Pergé et arrivèrent à Antioche de Pisidie. Le jour du sabbat, ils entrèrent à la synagogue et prirent place. Une fois l’assemblée dispersée, beaucoup de Juifs et de convertis qui adorent le Dieu unique les suivirent. Paul et Barnabé, parlant avec eux, les encourageaient à rester attachés à la grâce de Dieu. Le sabbat suivant, presque toute la ville se rassembla pour entendre la parole du Seigneur. Quand les Juifs virent les foules, ils s’enflammèrent de jalousie ; ils contredisaient les paroles de Paul et l’injuriaient. Paul et Barnabé leur déclarèrent avec assurance : « C’est à vous d’abord qu’il était nécessaire d’adresser la parole de Dieu. Puisque vous la rejetez et que vous-mêmes ne vous jugez pas dignes de la vie éternelle, eh bien ! nous nous tournons vers les nations païennes. C’est le commandement que le Seigneur nous a donné : J’ai fait de toi la lumière des nations pour que, grâce à toi, le salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre. » En entendant cela, les païens étaient dans la joie et rendaient gloire à la parole du Seigneur ; tous ceux qui étaient destinés à la vie éternelle devinrent croyants. Ainsi la parole du Seigneur se répandait dans toute la région. Mais les Juifs provoquèrent l’agitation parmi les femmes de qualité adorant Dieu, et parmi les notables de la cité ; ils se mirent à poursuivre Paul et Barnabé, et les expulsèrent de leur territoire. Ceux-ci secouèrent contre eux la poussière de leurs pieds et se rendirent à Iconium, tandis que les disciples étaient remplis de joie et d’Esprit Saint.
Psaume
(Ps 99 (100), 1-2, 3, 5)
R/ Nous sommes son peuple, son troupeau.
Acclamez le Seigneur, terre entière,
servez le Seigneur dans l’allégresse,
venez à lui avec des chants de joie !
Reconnaissez que le Seigneur est Dieu :
il nous a faits, et nous sommes à lui,
nous, son peuple, son troupeau.
Oui, le Seigneur est bon,
éternel est son amour,
sa fidélité demeure d’âge en âge.
Deuxième lecture
Lecture de l’Apocalypse de saint Jean
« L’Agneau sera leur pasteur pour les conduire aux sources des eaux de la vie.» (Ap 7, 9.14b-17)
Moi, Jean, j’ai vu : et voici une foule immense, que nul ne pouvait dénombrer, une foule de toutes nations, tribus, peuples et langues. Ils se tenaient debout devant le Trône et devant l’Agneau, vêtus de robes blanches, avec des palmes à la main. L’un des Anciens me dit : « Ceux-là viennent de la grande épreuve ; ils ont lavé leurs robes, ils les ont blanchies par le sang de l’Agneau. C’est pourquoi ils sont devant le trône de Dieu, et le servent, jour et nuit, dans son sanctuaire. Celui qui siège sur le Trône établira sa demeure chez eux. Ils n’auront plus faim, ils n’auront plus soif, ni le soleil ni la chaleur ne les accablera, puisque l’Agneau qui se tient au milieu du Trône sera leur pasteur pour les conduire aux sources des eaux de la vie. Et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux. »
Évangile
« À mes brebis, je donne la vie éternelle. » (Jn 10, 27-30)
Acclamation :
Alléluia. Alléluia. Je suis, le bon Pasteur, dit le Seigneur ; je connais mes brebis et mes brebis me connaissent. Alléluia[1].
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
En ce temps-là, Jésus déclara : « Mes brebis écoutent ma voix ; moi, je les connais, et elles me suivent. Je leur donne la vie éternelle : jamais elles ne périront, et personne ne les arrachera de ma main. Mon Père, qui me les a données, est plus grand que tout, et personne ne peut les arracher de la main du Père. Le Père et moi, nous sommes UN. »
Textes liturgiques © AELF
Homélie
Une affaire de cœur
L’Évangile est par définition une « Bonne Nouvelle ». Lorsque je lis l’Évangile, il doit toujours retentir en moi comme une bonne nouvelle. Mais cela n’est pourtant pas toujours évident ni facile.
Ainsi, par exemple, dans l’Évangile d’aujourd’hui, Jésus nous dit : « Je suis le bon pasteur ». En entendant cela, je ne peux m’empêcher de penser au Jésus des images pieuses, un Jésus tout rosé et bouclé qui tient dans ses bras un beau petit mouton tout propre et bien sage. Jusque là, je ne vois pas très bien où est la Bonne Nouvelle car, personnellement, je n’ai guère envie de jouer au mouton bêlant avec les autres, qui suit le mouvement collectif, se laisse tondre et enfermer dans un enclos sans réagir. Faire le mouton n’esr vraiment pas l’exemple que l’on suggère à ses enfants.
Le monde a besoin, au contraire, de personnalités fortes, libres, capables de prendre en main leur destinée. L’actualité nous montre suffisamment de bergers qui tondent et exploitent leurs moutons. Je pense à tous ces assoiffés de pouvoir qui conduisent leurs troupeaux comme on conduit des brebis à l’abattoir, là où coule le sang. Ou à ces politiciens qui se servent des électeurs comme marche-pied pour mieux se dresser sur leur piédestal. Ou encore à ces financiers qui se servent de l’argent des plus pauvres pour se sucrer. Ou même à ces hommes d’Église pour qui le dogme, les principes et les lois comptent plus que les personnes.
De notre côté, comme des moutons, nous consommons la publicité, nous nous laissons pilonner par des informations tendancieuses ou répétons les slogans, les vérités toutes faites, sans vraiment les vérifier.
Mais alors, me direz-vous, où pouvons-nous trouver la Bonne Nouvelle dans cet Évangile ? Si nous ne ressentons pas la Bonne Nouvelle retentir en nous, c’est tout simplement parce que nous restons bloqués sur des mots : berger, troupeau, mouton… Ou sur des images : avez-vous déjà vu un berger marcher devant son troupeau ? Le berger ne marche pas devant le troupeau, mais il le suit. C’est le troupeau qui choisit librement les bons pâturages.
Sur quoi Jésus veut-il mettre l’accent… sinon sur la relation ? Par son exemple de berger, il veut simplement nous faire découvrir un aspect de cette relation qu’il désire entretenir avec nous. Une relation comparable à celle du berger avec ses brebis, c’est-à-dire d’abord une relation qui respecte notre liberté. Mais aussi une relation faite de douceur, d’attention, de délicatesse, de confiance. Le berger ne souhaite qu’une chose, le bonheur de ses moutons.
Jésus précise : « Je connais mes brebis », dit-il. Le mot « connaître » ne signifie pas ici « avoir une connaissance », « connaître avec son intelligence. En effet, dans les Écritures, le mot « connaître » est une affaire de cœur. Le mot « connaître » a toujours une connotation amoureuse, et même sexuelle. Rappelez-vous par exemple les mots de Marie à l’Ange Gabriel qui lui annonce qu’elle sera mère de Dieu… Elle répond : « Je ne connais pas d’homme ».
En résumé, la Bonne Nouvelle de cet Évangile, c’est qu’il nous aide à comprendre de quel amour nous sommes aimés. Dieu, comme un amant, ne veut qu’une chose : notre bonheur. Un tel berger, je veux bien le suivre, non pas à l’aveuglette, comme un mouton, mais comme la bien-aimée accepte volontiers de « suivre » son bie-aimé.
Jacques NOIROT, sma
[1] Cf. Jn 10, 14.