Père Justin-Sylvestre KetteSoutenance de thèse
Diocèse de BossangoaEntretien avec Mgr Nestor-Désiré Nongo
Diocèse de Dassa-ZouméUne journée avec Mgr François Gnonhossou
Retour dans la joie
Quatorzième Dimanche Ordinaire C
7 juillet 2019
Première lecture
Lecture du livre du prophète Isaïe
« Voici que je dirige vers elle la paix comme un fleuve. » (Is 66, 10-14c)
Réjouissez-vous avec Jérusalem ! Exultez en elle, vous tous qui l’aimez ! Avec elle, soyez pleins d’allégresse, vous tous qui la pleuriez ! Alors, vous serez nourris de son lait, rassasiés de ses consolations ; alors, vous goûterez avec délices à l’abondance de sa gloire. Car le Seigneur le déclare : « Voici que je dirige vers elle la paix comme un fleuve et, comme un torrent qui déborde, la gloire des nations. » Vous serez nourris, portés sur la hanche ; vous serez choyés sur ses genoux. Comme un enfant que sa mère console, ainsi, je vous consolerai. Oui, dans Jérusalem, vous serez consolés. Vous verrez, votre cœur sera dans l’allégresse ; et vos os revivront comme l’herbe reverdit. Le Seigneur fera connaître sa puissance à ses serviteurs.
Psaume
(Ps 65 (66), 1-3a, 4-5, 6-7a, 16.20)
R/ Terre entière, acclame Dieu, chante le Seigneur !
Acclamez Dieu, toute la terre ;
fêtez la gloire de son nom,
glorifiez-le en célébrant sa louange.
Dites à Dieu : « Que tes actions sont redoutables ! »
Toute la terre se prosterne devant toi,
elle chante pour toi, elle chante pour ton nom.
Venez et voyez les hauts faits de Dieu,
ses exploits redoutables pour les fils des hommes.
Il changea la mer en terre ferme :
ils passèrent le fleuve à pied sec.
De là, cette joie qu’il nous donne.
Il règne à jamais par sa puissance.
Venez, écoutez, vous tous qui craignez Dieu :
je vous dirai ce qu’il a fait pour mon âme ;
Béni soit Dieu qui n’a pas écarté ma prière,
ni détourné de moi son amour !
Deuxième lecture
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Galates
« Je porte dans mon corps les marques des souffrances de Jésus. » (Ga 6, 14-18)
Frères,
pour moi, que la croix de notre Seigneur Jésus Christ reste ma seule fierté. Par elle, le monde est crucifié pour moi, et moi pour le monde. Ce qui compte, ce n’est pas d’être circoncis ou incirconcis, c’est d’être une création nouvelle. Pour tous ceux qui marchent selon cette règle de vie et pour l’Israël de Dieu, paix et miséricorde. Dès lors, que personne ne vienne me tourmenter, car je porte dans mon corps les marques des souffrances de Jésus. Frères, que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ soit avec votre esprit. Amen.
Évangile
« Votre paix ira reposer sur lui. » (Lc 10, 1-12.17-20)
Acclamation :
Alléluia. Alléluia. Que dans vos cœurs, règne la paix du Christ ; que la parole du Christ habite en vous dans toute sa richesse. Alléluia[1].
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là, parmi les disciples, le Seigneur en désigna encore 72, et il les envoya deux par deux, en avant de lui, en toute ville et localité où lui-même allait se rendre. Il leur dit : « La moisson est abondante, mais les ouvriers sont peu nombreux. Priez donc le maître de la moisson d’envoyer des ouvriers pour sa moisson. Allez ! Voici que je vous envoie comme des agneaux au milieu des loups. Ne portez ni bourse, ni sac, ni sandales, et ne saluez personne en chemin. Mais dans toute maison où vous entrerez, dites d’abord : Paix à cette maison. S’il y a là un ami de la paix, votre paix ira reposer sur lui ; sinon, elle reviendra sur vous. Restez dans cette maison, mangeant et buvant ce que l’on vous sert ; car l’ouvrier mérite son salaire. Ne passez pas de maison en maison. Dans toute ville où vous entrerez et où vous serez accueillis, mangez ce qui vous est présenté. Guérissez les malades qui s’y trouvent et dites-leur : Le règne de Dieu s’est approché de vous ». Mais dans toute ville où vous entrerez et où vous ne serez pas accueillis, allez sur les places et dites : Même la poussière de votre ville, collée à nos pieds, nous l’enlevons pour vous la laisser. Toutefois, sachez-le : le règne de Dieu s’est approché. Je vous le déclare : au dernier jour, Sodome sera mieux traitée que cette ville. »
Les 72 disciples revinrent tout joyeux, en disant : « Seigneur, même les démons nous sont soumis en ton nom ». Jésus leur dit : « Je regardais Satan tomber du ciel comme l’éclair. Voici que je vous ai donné le pouvoir d’écraser serpents et scorpions, et sur toute la puissance de l’Ennemi : absolument rien ne pourra vous nuire. Toutefois, ne vous réjouissez pas parce que les esprits vous sont soumis ; mais réjouissez-vous parce que vos noms se trouvent inscrits dans les cieux. »
Textes liturgiques © AELF
Homélie
Retour dans la joie
C’est le Dimanche de la joie. La joie et l’espérance sont sœurs et l’espérance, qui est la grande sœur, ouvre la route à la joie de la petite sœur. C’est ce que fait Isaïe le prophète pour le peuple qui souffre en exil à Babylone, un pays païen aux dieux multiples et qui ne vénère ni Yahvé, le Dieu d’Israël, ni son temple. A l’époque, lorsqu’un peuple était défait dans une guerre, la rumeur disait que son dieu était trop faible par rapport à celui de l’adversaire victorieux ; on détruisait donc son sanctuaire. C’est ce qui est arrivé au roi d’Israël, qui fut défait et son dieu avec lui. Et le vainqueur a saccagé et le temple et la ville.
On appelle Isaïe le prophète qui proclame le Dieu de la consolation et de la miséricorde au peuple en exil parce que sa parole fut sans cesse une promesse de retour et de l’abondance qui attend le peuple d’Israël ; il le faisait à travers des images qu’on pourrait dire exubérantes tant elles sont belles. Comme dans le superbe texte d’espérance de la 1ère lecture de ce jour.
Isaïe présente cet évènement comme une revanche du Dieu d’Israël sur tous les autres dieux en ces mots : « Le Seigneur fera connaître sa puissance à ses serviteurs » pour constituer le nouveau peuple de l’alliance. Soit-dit en passant, les auteurs de ces textes auraient fait d’excellents « commerciaux » de notre monde du marché car ils savaient manier la parole.
Le texte de la deuxième lecture, tiré de la lettre aux Galates, nous amène aux antipodes du texte d’Isaïe. Paul s’y présente lui-même comme celui qui a vraiment revêtu le Christ dans sa totalité et qui, comme lui, a tout laissé pour devenir une nouvelle création dans la paix et la miséricorde. En fait, Paul ne fait qu’expliquer Isaïe en le développant car, comme le prophète, il annonce la présence d’un Dieu qui libère, qui envoie et qui console.
Et l’évangile nous parle encore d’un retour dans la joie, celui des 72 disciples. Jésus leur a transmis, afin de libérer les hommes des forces du mal et de la maladie, le pouvoir que le Père lui a donné. Cette fois, ce n’est pas seulement pour Israël, mais pour toutes les nations, symbolisées par ce chiffre « 72 ». Cela veut donc dire que Jésus envoie sans cesse au monde entier et à tous les peuples des messagers libérateurs. A nous de les accueillir dans la joie.
Jean-Pierre FREY, sma
[1] Cf. Col 3, 15a. 16a.
« Toi, pars et annonce le Règne de Dieu. »
Treizième Dimanche Ordinaire C
30 juin 2019
Première lecture
Lecture du premier livre des Rois
« Élisée se leva et partit à la suite d’Élie. » (1 R 19, 16b. 19-21)
En ces jours-là, le Seigneur avait dit au prophète Élie : « Tu consacreras Élisée, fils de Shafath, comme prophète pour te succéder. » Élie s’en alla. Il trouva Élisée, fils de Shafath, en train de labourer. Il avait à labourer douze arpents, et il en était au douzième. Élie passa près de lui et jeta vers lui son manteau. Alors Élisée quitta ses bœufs, courut derrière Élie, et lui dit : « Laisse-moi embrasser mon père et ma mère, puis je te suivrai. » Élie répondit : « Va-t’en, retourne là-bas ! Je n’ai rien fait. » Alors Élisée s’en retourna ; mais il prit la paire de bœufs pour les immoler, les fit cuire avec le bois de l’attelage, et les donna à manger aux gens. Puis il se leva, partit à la suite d’Élie et se mit à son service.
Psaume
(Ps 15 (16), 1.2a.5, 7-8, 9-10, 2b.11)
R/ Dieu, mon bonheur et ma joie !
Garde-moi, mon Dieu : j’ai fait de toi mon refuge.
J’ai dit au Seigneur : « Tu es mon Dieu !
Seigneur, mon partage et ma coupe :
de toi dépend mon sort. »
Je bénis le Seigneur qui me conseille :
même la nuit mon cœur m’avertit.
Je garde le Seigneur devant moi sans relâche ;
il est à ma droite : je suis inébranlable.
Mon cœur exulte, mon âme est en fête,
ma chair elle-même repose en confiance :
tu ne peux m’abandonner à la mort
ni laisser ton ami voir la corruption.
Je n’ai pas d’autre bonheur que toi.
Tu m’apprends le chemin de la vie :
devant ta face, débordement de joie !
À ta droite, éternité de délices !
Deuxième lecture
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Galates
« Vous avez été appelés à la liberté. » (Ga 5, 1.13-18)
Frères,
c’est pour que nous soyons libres que le Christ nous a libérés. Alors tenez bon, ne vous mettez pas de nouveau sous le joug de l’esclavage. Vous, frères, vous avez été appelés à la liberté. Mais que cette liberté ne soit pas un prétexte pour votre égoïsme ; au contraire, mettez-vous, par amour, au service les uns des autres. Car toute la Loi est accomplie dans l’unique parole que voici : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Mais si vous vous mordez et vous dévorez les uns les autres, prenez garde : vous allez vous détruire les uns les autres. Je vous le dis : marchez sous la conduite de l’Esprit Saint, et vous ne risquerez pas de satisfaire les convoitises de la chair. Car les tendances de la chair s’opposent à l’Esprit, et les tendances de l’Esprit s’opposent à la chair. En effet, il y a là un affrontement qui vous empêche de faire tout ce que vous voudriez. Mais si vous vous laissez conduire par l’Esprit, vous n’êtes pas soumis à la Loi.
Évangile
« Je te suivrai partout où tu iras. » (Lc 9, 51-62)
Acclamation :
Alléluia. Alléluia. Parle, Seigneur, ton serviteur écoute ; Tu as les paroles de la vie éternelle. Alléluia[1].
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
Comme s’accomplissait le temps où il allait être enlevé au ciel, Jésus, le visage déterminé, prit la route de Jérusalem. Il envoya, en avant de lui, des messagers ; ceux-ci se mirent en route et entrèrent dans un village de Samaritains pour préparer sa venue. Mais on refusa de le recevoir, parce qu’il se dirigeait vers Jérusalem. Voyant cela, les disciples Jacques et Jean dirent : « Seigneur, veux-tu que nous ordonnions qu’un feu tombe du ciel et les détruise ? » Mais Jésus, se retournant, les réprimanda. Puis ils partirent pour un autre village.
En cours de route, un homme dit à Jésus : « Je te suivrai partout où tu iras. » Jésus lui déclara : « Les renards ont des terriers, les oiseaux du ciel ont des nids ; mais le Fils de l’homme n’a pas d’endroit où reposer la tête. » Il dit à un autre : « Suis-moi. » L’homme répondit : « Seigneur, permets-moi d’aller d’abord enterrer mon père. » Mais Jésus répliqua : « Laisse les morts enterrer leurs morts. Toi, pars, et annonce le règne de Dieu. » Un autre encore lui dit : « Je te suivrai, Seigneur ; mais laisse-moi d’abord faire mes adieux aux gens de ma maison. » Jésus lui répondit : « Quiconque met la main à la charrue, puis regarde en arrière, n’est pas fait pour le royaume de Dieu. »
Textes liturgiques © AELF
Homélie
« Toi, pars et annonce le Règne de Dieu[2]. »
Elle est belle, mystérieuse, remplie de symboles, l’histoire de la succession d’Élie par Élisée, le laboureur attaché à sa terre, à sa charrue, à ses bœufs. Il avait presque terminé les labours de douze arpents de terre et était en droit d’en attendre la récolte. Mais Élie, sur l’ordre du Seigneur, lui jeta son manteau sur les épaules, signe de sa puissance et de sa dignité de prophète, signe du choix divin. Si Élisée s’en retourne, ce n’est pas seulement pour « embrasser son père et sa mère », mais pour immoler ce qui faisait sa vie de laboureur et se détacher de tout afin de suivre Élie librement, jusqu’au jour où ce dernier serait enlevé, et prendre le relais comme prophète face au pouvoir d’Israël.
Comme Élie, auquel le texte de l’évangile fait clairement allusion, Jésus, dans sa montée vers Jérusalem, trace le chemin pour ceux qui veulent le suivre. « Or, il advint, comme s’accomplissait le temps où il devait être enlevé, qu’il affermit son visage et prit le chemin vers Jérusalem ». Luc attache beaucoup d’importance à Jérusalem, c’est là que débute et que s’achève son récit. C’est de là que part l’évangélisation d’après le début des Actes des Apôtres. C’est là que s’achève la mission de Jésus. L’enlèvement, mentionné par Jésus, fait référence à l’Ascension. Jésus rejoindra le Père pour envoyer l’Esprit-Saint, comme Élie fut enlevé dans les nuées pour remettre à Élisée une double part de son esprit. Mais l’élévation dans la gloire sera précédée par la souffrance et la mort, ce qui explique que « lui-même affermit le visage ». Jésus sait en effet qu’un affrontement violent l’attend. Affermir le visage, ou durcir l’engagement, sera ce que Jésus va demander aux trois personnes qui se proposent de le suivre.
Jésus envoie des messagers « devant sa face » ou « en avant de lui ». Cette expression rappelle le prophète Malachie, qui parlait du messager que Dieu enverrait devant lui pour préparer le chemin afin qu’il puisse entrer dans son temple. Luc évoque ensuite le mauvais accueil des Samaritains aux messagers que Jésus avait envoyés. Un juif ne demandait jamais l’accueil chez un Samaritain. Jésus essaie de briser cette mentalité, il fait preuve d’ouverture et envoie des messagers pour préparer sa venue. Les messagers sont mal accueillis, mais plus tard, au début des Actes des Apôtres, la Samarie sera prête à accueillir l’Évangile. Finalement, ce n’est pas Jésus que les Samaritains rejettent, mais plutôt Jérusalem et, dans la deuxième partie des Actes des Apôtres, Jérusalem ne sera plus le centre de l’évangélisation. Jésus réprimande Jacques et Jean qui comprennent peu son comportement et veulent punir ces Samaritains pour leur mauvais accueil. Le durcissement de Jésus, alors qu’il monte vers Jérusalem, exclut la violence. En demandant que le feu du ciel descende sur ces Samaritains, Jacques et Jean font probablement allusion au prophète Élie qui faisait venir le feu du ciel sur les idolâtres.
Les disciples qui accompagnent Jésus apprennent comment croire et témoigner de lui. L’attachement au Christ nécessite d’abord un acte de rupture à l’égard de sa famille. Jésus lui-même n’a ni domicile stable, ni épouse. L’urgence de la proclamation du Règne de Dieu passe avant les devoirs familiaux et interdit tout recul en arrière. Jésus est plus exigent qu’Élie, qui avait permis à Élisée de retourner en arrière pour embrasser son père et servir la viande de ses bœufs à ses serviteurs.
« C’est pour que nous soyons libres que le Christ nous a libérés », dit Saint Paul dans la deuxième lecture. « Vous avez été appelé à la liberté… mettez-vous par amour, au service les uns des autres… Marchez sous la conduite de l’Esprit Saint, et vous ne risquerez pas de satisfaire les convoitises de la chair. Car les tendances de la chair s’opposent à l’Esprit… »
Jean-Marie GUILLAUME, sma
[1] Cf. 1 S 3,9 ; Jn 6, 68c.
[2] Luc, 9, 60.
Corps et Sang du Christ
Saint Sacrement
23 juin 2019
Première lecture
Lecture du livre de la Genèse
Melkisédek offre le pain et le vin (Gn 14, 18-20)
En ces jours-là, Melkisédek, roi de Salem, fit apporter du pain et du vin : il était prêtre du Dieu très-haut. Il bénit Abram en disant : « Béni soit Abram par le Dieu très-haut, qui a fait le ciel et la terre ; et béni soit le Dieu très-haut, qui a livré tes ennemis entre tes mains. » Et Abram lui donna le dixième de tout ce qu’il avait pris.
Psaume
(Ps 109 (110), 1, 2, 3, 4)
R/ Tu es prêtre à jamais, selon l’ordre de Melkisédek.
Oracle du Seigneur à mon seigneur :
« Siège à ma droite,
et je ferai de tes ennemis
le marchepied de ton trône. »
De Sion, le Seigneur te présente
le sceptre de ta force :
« Domine jusqu’au cœur de l’ennemi. »
Le jour où paraît ta puissance,
tu es prince, éblouissant de sainteté :
« Comme la rosée qui naît de l’aurore,
je t’ai engendré. »
Le Seigneur l’a juré
dans un serment irrévocable :
« Tu es prêtre à jamais
selon l’ordre du roi Melkisédek. »
Deuxième lecture
Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens
« Chaque fois que vous mangez ce pain et buvez cette coupe, vous proclamez la mort du Seigneur. » (1 Co 11, 23-26)
Frères,
j’ai moi-même reçu ce qui vient du Seigneur, et je vous l’ai transmis : la nuit où il était livré, le Seigneur Jésus prit du pain, puis, ayant rendu grâce, il le rompit, et dit : « Ceci est mon corps, qui est pour vous. Faites cela en mémoire de moi. » Après le repas, il fit de même avec la coupe, en disant : « Cette coupe est la nouvelle Alliance en mon sang. Chaque fois que vous en boirez, faites cela en mémoire de moi. » Ainsi donc, chaque fois que vous mangez ce pain et que vous buvez cette coupe, vous proclamez la mort du Seigneur, jusqu’à ce qu’il vienne.
Évangile
« Ils mangèrent et ils furent tous rassasiés » (Lc 9, 11b-17)
Séquence
Sion, célèbre ton Sauveur,
chante ton chef et ton pasteur
par des hymnes et des chants.
Tant que tu peux, tu dois oser,
car il dépasse tes louanges,
tu ne peux trop le louer.
Le Pain vivant, le Pain de vie,
il est aujourd’hui proposé
comme objet de tes louanges.
Au repas sacré de la Cène,
il est bien vrai qu’il fut donné
au groupe des douze frères.
Louons-le à voix pleine et forte,
que soit joyeuse et rayonnante
l’allégresse de nos cœurs !
C’est en effet la journée solennelle
où nous fêtons de ce banquet divin
la première institution.
À ce banquet du nouveau Roi,
la Pâque de la Loi nouvelle
met fin à la Pâque ancienne.
L’ordre ancien le cède au nouveau,
la réalité chasse l’ombre,
et la lumière, la nuit.
Ce que fit le Christ à la Cène,
il ordonna qu’en sa mémoire
nous le fassions après lui.
Instruits par son précepte saint,
nous consacrons le pain, le vin,
en victime de salut.
C’est un dogme pour les chrétiens
que le pain se change en son corps,
que le vin devient son sang.
Ce qu’on ne peut comprendre et voir,
notre foi ose l’affirmer,
hors des lois de la nature.
L’une et l’autre de ces espèces,
qui ne sont que de purs signes,
voilent un réel divin.
Sa chair nourrit, son sang abreuve,
mais le Christ tout entier demeure
sous chacune des espèces.
On le reçoit sans le briser,
le rompre ni le diviser ;
il est reçu tout entier.
Qu’un seul ou mille communient,
il se donne à l’un comme aux autres,
il nourrit sans disparaître.
Bons et mauvais le consomment,
mais pour un sort bien différent,
pour la vie ou pour la mort.
Mort des pécheurs, vie pour les justes ;
vois : ils prennent pareillement ;
quel résultat différent !
Si l’on divise les espèces,
n’hésite pas, mais souviens-toi
qu’il est présent dans un fragment
aussi bien que dans le tout.
Le signe seul est partagé,
le Christ n’est en rien divisé,
ni sa taille ni son état
n’ont en rien diminué.
Le voici, le pain des anges,
il est le pain de l’homme en route,
le vrai pain des enfants de Dieu,
qu’on ne peut jeter aux chiens.
D’avance il fut annoncé
par Isaac en sacrifice,
par l’agneau pascal immolé,
par la manne de nos pères.
Ô bon Pasteur, notre vrai pain,
ô Jésus, aie pitié de nous,
nourris-nous et protège-nous,
fais-nous voir les biens éternels
dans la terre des vivants.
Toi qui sais tout et qui peux tout,
toi qui sur terre nous nourris,
conduis-nous au banquet du ciel
et donne-nous ton héritage,
en compagnie de tes saints.
Amen.
Acclamation :
Alléluia. Alléluia. Moi, je suis le pain vivant qui est descendu du ciel, dit le Seigneur ; si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Alléluia[1].
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là, Jésus parlait aux foules du règne de Dieu, et guérissait ceux qui en avaient besoin. Le jour commençait à baisser. Alors les Douze s’approchèrent de lui et lui dirent : « Renvoie cette foule : qu’ils aillent dans les villages et les campagnes des environs afin d’y loger et de trouver des vivres ; ici nous sommes dans un endroit désert. » Mais il leur dit : « Donnez-leur vous-mêmes à manger. » Ils répondirent : « Nous n’avons pas plus de cinq pains et deux poissons. À moins peut-être d’aller nous-mêmes acheter de la nourriture pour tout ce peuple. » Il y avait environ cinq mille hommes. Jésus dit à ses disciples : « Faites-les asseoir par groupes de cinquante environ. » Ils exécutèrent cette demande et firent asseoir tout le monde. Jésus prit les cinq pains et les deux poissons, et, levant les yeux au ciel, il prononça la bénédiction sur eux, les rompit et les donna à ses disciples pour qu’ils les distribuent à la foule. Ils mangèrent et ils furent tous rassasiés ; puis on ramassa les morceaux qui leur restaient : cela faisait douze paniers.
Textes liturgiques © AELF
Homélie
Corps et Sang du Christ
Dans de nombreux pays actuellement règne encore la faim ! Cette faim, le peuple Hébreu l’avait ressentie dans le désert du Sinaï après sa libération de l’esclavage en Égypte. Dans son dénuement, il comprenait combien il avait besoin de Dieu, qui le nourrissait de la manne, une nourriture bizarre que les ancêtres n’avaient pas connue.
Nous ne connaissons plus guère la faim : que ce soit la faim de pain, mais aussi la faim de Dieu. Notre monde repu ne semble plus avoir besoin de Dieu. Aussi la recommandation de Moïse est-elle un appel à notre monde d’aujourd’hui : « L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de tout ce qui vient de la bouche du Seigneur. » Nous-mêmes, éprouvons-nous cette faim de Dieu ? Participons-nous à l’Eucharistie du dimanche simplement par obligation, par habitude, ou encore parce qu’on se dit : « Il vaut mieux rendre un culte à Dieu, car on ne sait jamais ce qui nous attend dans l’au-delà ? »
Chaque messe du dimanche devrait être pour nous comme une sorte de rendez-vous avec le Seigneur, un rendez-vous où l’on se rend avec plaisir. Certes, il faut parfois faire effort quelque peu, il y a un tas de choses plus importantes les unes que les autres qui nous attirent. Alors demandons-nous aujourd’hui : est-ce que nous avons faim de Dieu, cette faim de Dieu qui nous pousse à écouter, à méditer sa Parole, à participer à l’Eucharistie où nous est donné le Pain de Dieu ?
Chaque messe devrait être une rencontre d’amitié avec le Seigneur. Il nous invite et nous appelle. Jésus a multiplié les pains pour la foule qui était là, affamée, éloignée de tout village. Mais ce miracle de la multiplication des pains a été le signe de l’Eucharistie. La vraie nourriture est la Parole de Dieu faite homme en Jésus. Il est le Pain de Dieu offert aux hommes « pour que le monde ait la vie ». A chaque Eucharistie, Jésus se donne lui-même en nourriture à ceux qui croient en Lui. Il se tient à notre porte et il frappe. Il attend que nous lui ouvrions pour partager le repas avec nous.
Jésus ne s’est pas contenté de multiplier les pains pour nourrir des gens affamés. Il est allé jusqu’au bout de son don de soi en donnant en partage sa propre vie. Le pain de l’Eucharistie, c’est son propre corps que nous recevons à la communion. Du pain de tous les jours, ce pain que nous demandons à Dieu dans le « Notre Père », Jésus fait son corps qu’il nous invite à prendre et à manger. A chaque célébration eucharistique, nous répétons ces paroles du Seigneur, dites le soir du Jeudi-Saint : « Ceci est mon corps, livré pour vous ». Mais, en partageant ce pain, nous sommes aussi appelés, avec tous nos frères, à ne former qu’un seul corps, c’est-à-dire une communauté unie autour du Christ. C’est ce que l’Apôtre Paul dit en termes admirables : « La multitude que nous sommes est un seul corps, car nous avons tous part à un seul pain ». Nous pouvons nous demander si le partage eucharistique se traduit, dans nos comportements quotidiens, par une volonté de partage, de rencontre avec nos frères et sœurs.
Jésus est venu pour que tous aient la vie. Cette vie qu’il communique en nous donnant son corps à manger, c’est au monde entier que, par nous, elle est communiquée. Nous accomplissons, par la communion, le désir du Christ qui est de rejoindre tous les hommes en un seul corps pour la gloire de Dieu.
Père Claude RÉMOND, SMA
[1] Cf. Jn 6, 51.
Nous sommes, nous aussi, dans la Sainte Trinité.
Sainte Trinité
16 juin 2019
Icône de la Sainte Trinité d'André Roublev
Première lecture
Lecture du livre des Proverbes
La Sagesse a été conçue avant l’apparition de la terre. (Pr 8, 22-31)
Écoutez ce que déclare la Sagesse de Dieu : « Le Seigneur m’a faite pour lui, principe de son action, première de ses œuvres, depuis toujours. Avant les siècles j’ai été formée, dès le commencement, avant l’apparition de la terre. Quand les abîmes n’existaient pas encore, je fus enfantée, quand n’étaient pas les sources jaillissantes. Avant que les montagnes ne soient fixées, avant les collines, je fus enfantée, avant que le Seigneur n’ait fait la terre et l’espace, les éléments primitifs du monde. Quand il établissait les cieux, j’étais là, quand il traçait l’horizon à la surface de l’abîme, qu’il amassait les nuages dans les hauteurs et maîtrisait les sources de l’abîme, quand il imposait à la mer ses limites, si bien que les eaux ne peuvent enfreindre son ordre, quand il établissait les fondements de la terre. Et moi, je grandissais à ses côtés. Je faisais ses délices jour après jour, jouant devant lui à tout moment, jouant dans l’univers, sur sa terre, et trouvant mes délices avec les fils des hommes. »
Psaume
(Ps 8, 4-5, 6-7, 8-9)
R/ Ô Seigneur, notre Dieu, qu’il est grand, ton nom, par toute la terre !
À voir ton ciel, ouvrage de tes doigts,
la lune et les étoiles que tu fixas,
qu’est-ce que l’homme pour que tu penses à lui,
le fils d’un homme, que tu en prennes souci ?
Tu l’as voulu un peu moindre qu’un dieu,
le couronnant de gloire et d’honneur ;
tu l’établis sur les œuvres de tes mains,
tu mets toute chose à ses pieds.
Les troupeaux de bœufs et de brebis,
et même les bêtes sauvages,
les oiseaux du ciel et les poissons de la mer,
tout ce qui va son chemin dans les eaux.
Deuxième lecture
Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains
Vers Dieu par le Christ dans l’amour répandu par l’Esprit. (Rm 5, 1-5)
Frères,
nous qui sommes devenus justes par la foi, nous voici en paix avec Dieu par notre Seigneur Jésus Christ, lui qui nous a donné, par la foi, l’accès à cette grâce dans laquelle nous sommes établis ; et nous mettons notre fierté dans l’espérance d’avoir part à la gloire de Dieu. Bien plus, nous mettons notre fierté dans la détresse elle-même, puisque la détresse, nous le savons, produit la persévérance ; la persévérance produit la vertu éprouvée ; la vertu éprouvée produit l’espérance ; et l’espérance ne déçoit pas, puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit Saint qui nous a été donné.
Évangile
« Tout ce que possède le Père est à moi ; l’Esprit reçoit ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. » (Jn 16, 12-15)
Acclamation :
Alléluia. Alléluia. Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit : au Dieu qui est, qui était et qui vient ! Alléluia[1].
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l’instant vous ne pouvez pas les porter. Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans la vérité tout entière. En effet, ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même : mais ce qu’il aura entendu, il le dira ; et ce qui va venir, il vous le fera connaître. Lui me glorifiera, car il recevra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. Tout ce que possède le Père est à moi ; voilà pourquoi je vous ai dit : L’Esprit reçoit ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. »
Textes liturgiques © AELF
Homélie
Nous sommes, nous aussi, dans la Sainte Trinité.
Bien-Aimés de Dieu !
Nous fêtons aujourd’hui la Sainte Trinité. C’est le mystère d’UN SEUL DIEU en trois Personnes : Père, Fils et Esprit Saint. On ne trouve pourtant pas dans la Bible, l’appellation « Trinité Sainte ». Cependant, on y trouve une « REVELATION » progressive de ce mystère. Déjà, le Livre des Proverbes personnifie « La Sagesse » de Dieu qui est à l’origine de toute l’œuvre de Dieu.
Jésus, le Fils de Marie, a enseigné qu’il est le Fils de Dieu, l’Envoyé du Père. Dans l’Evangile de ce jour, Jésus dit à ses disciples : « J’aurais encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l’instant vous n’avez pas assez de force pour les porter. Mais quand viendra « l’Esprit de vérité », il vous guidera vers la vérité tout entière. »
Nous pouvons noter certaines choses concernant le Saint Esprit :
- ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même ;
- il redira tout ce que Jésus a dit, et le fera connaitre à ses disciples ;
- il fera connaître ce qui va venir ;
- il glorifiera Jésus en reprenant ce qui vient de lui.
En affirmant que « Tout ce qui appartient au Père est à moi », Jésus signifie par là son égale dignité avec le Père et leur parfaite communion. Par conséquent, le Père, et le Fils et le Saint-Esprit reçoivent même gloire.et même adoration. Voilà comment nous est révélé, dans l’֤Évangile de ce jour, ce mystère infiniment grand, la Sainte Trinité, Dieu d’Amour, le Dieu unique en trois personnes.
Mais il reste toujours un « mystère » à découvrir, et il ne s’éclairera totalement que dans la vision béatifique. Dans le mystère de la Sainte Trinité, c’est toute l’œuvre rédemptrice de Dieu en Jésus qui est donnée en contemplation. Dieu le Père a envoyé son Fils, qui est mort sur la croix pour nous sauver. Ressuscité des morts, il est monté au ciel et nous a fait don de son l’Esprit Saint, par qui nous sommes enfants de Dieu.
Par la foi en Jésus, Dieu a fait de nous des « justes ». Nous sommes en paix avec lui, et nous avons désormais « accès au monde de la grâce dans lequel nous sommes établis ». Et nous espérons avoir part à la gloire même de Dieu !
En participant à l’Eucharistie, nous sommes entrainés dans le sein même de la Trinité Sainte ; demandons au Seigneur la grâce d’y demeurer toute notre vie, et de le contempler un jour dans sa gloire. Amen.
Abbé Samuel GAMLIGO
[1] Ap 1, 8.
Le don de l’Esprit
Pentecôte C
9 juin 2019
Aquarelle de Sean O'Mahony, sma
Première lecture
Lecture du livre des Actes des Apôtres
« Tous furent remplis d’Esprit Saint et se mirent à parler en d’autres langues. » (Ac 2, 1-11)
Quand arriva le jour de la Pentecôte, au terme des cinquante jours après Pâques, ils se trouvaient réunis tous ensemble. Soudain un bruit survint du ciel comme un violent coup de vent : la maison où ils étaient assis en fut remplie tout entière. Alors leur apparurent des langues qu’on aurait dites de feu, qui se partageaient, et il s’en posa une sur chacun d’eux. Tous furent remplis d’Esprit Saint : ils se mirent à parler en d’autres langues, et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit.
Or, il y avait, résidant à Jérusalem, des Juifs religieux, venant de toutes les nations sous le ciel. Lorsque ceux-ci entendirent la voix qui retentissait, ils se rassemblèrent en foule. Ils étaient en pleine confusion parce que chacun d’eux entendait dans son propre dialecte ceux qui parlaient. Dans la stupéfaction et l’émerveillement, ils disaient : « Ces gens qui parlent ne sont-ils pas tous Galiléens ? Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans son propre dialecte, sa langue maternelle ? Parthes, Mèdes et Élamites, habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce, de la province du Pont et de celle d’Asie, de la Phrygie et de la Pamphylie, de l’Égypte et des contrées de Libye proches de Cyrène, Romains de passage, Juifs de naissance et convertis, Crétois et Arabes, tous nous les entendons
parler dans nos langues des merveilles de Dieu. »
Psaume
(Ps 103 (104), 1ab.24ac, 29bc-30, 31.34)
R/ Ô Seigneur, envoie ton Esprit qui renouvelle la face de la terre !
Bénis le Seigneur, ô mon âme ;
Seigneur mon Dieu, tu es si grand !
Quelle profusion dans tes œuvres, Seigneur !
la terre s’emplit de tes biens.
Tu reprends leur souffle, ils expirent
et retournent à leur poussière.
Tu envoies ton souffle : ils sont créés ;
tu renouvelles la face de la terre.
Gloire au Seigneur à tout jamais !
Que Dieu se réjouisse en ses œuvres !
Que mon poème lui soit agréable ;
moi, je me réjouis dans le Seigneur.
Deuxième lecture
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Romains
« Tous ceux qui se laissent conduire par l’Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu. » (Rm 8, 8-17)
Frères,
ceux qui sont sous l’emprise de la chair ne peuvent pas plaire à Dieu. Or, vous, vous n’êtes pas sous l’emprise de la chair, mais sous celle de l’Esprit, puisque l’Esprit de Dieu habite en vous. Celui qui n’a pas l’Esprit du Christ ne lui appartient pas. Mais si le Christ est en vous, le corps, il est vrai, reste marqué par la mort à cause du péché, mais l’Esprit vous fait vivre, puisque vous êtes devenus des justes. Et si l’Esprit de celui qui a ressuscité Jésus d’entre les morts habite en vous, celui qui a ressuscité Jésus, le Christ, d’entre les morts donnera aussi la vie à vos corps mortels par son Esprit qui habite en vous.
Ainsi donc, frères, nous avons une dette, mais elle n’est pas envers la chair pour devoir vivre selon la chair. Car si vous vivez selon la chair, vous allez mourir ; mais si, par l’Esprit, vous tuez les agissements de l’homme pécheur, vous vivrez. En effet, tous ceux qui se laissent conduire par l’Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu. Vous n’avez pas reçu un esprit qui fait de vous des esclaves et vous ramène à la peur ; mais vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils ; et c’est en lui que nous crions « Abba ! », c’est-à-dire : Père ! C’est donc l’Esprit Saint lui-même qui atteste à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. Puisque nous sommes ses enfants, nous sommes aussi ses héritiers : héritiers de Dieu, héritiers avec le Christ, si du moins nous souffrons avec lui pour être avec lui dans la gloire.
Séquence
Viens, Esprit Saint, en nos cœurs et envoie du haut du ciel un rayon de ta lumière.
Viens en nous, père des pauvres, viens, dispensateur des dons, viens, lumière de nos cœurs.
Consolateur souverain, hôte très doux de nos âmes, adoucissante fraîcheur.
Dans le labeur, le repos ; dans la fièvre, la fraîcheur ; dans les pleurs, le réconfort.
Ô lumière bienheureuse, viens remplir jusqu’à l’intime le cœur de tous tes fidèles.
Sans ta puissance divine, il n’est rien en aucun homme, rien qui ne soit perverti.
Lave ce qui est souillé, baigne ce qui est aride, guéris ce qui est blessé.
Assouplis ce qui est raide, réchauffe ce qui est froid, rends droit ce qui est faussé.
À tous ceux qui ont la foi et qui en toi se confient donne tes sept dons sacrés.
Donne mérite et vertu, donne le salut final, donne la joie éternelle. Amen
Évangile
« L’Esprit Saint vous enseignera tout » (Jn 14, 15-16.23b-26)
Alléluia. Alléluia. Viens, Esprit Saint ! Emplis le cœur de tes fidèles ! Allume en eux le feu de ton amour ! Alléluia.
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Si vous m’aimez, vous garderez mes commandements. Moi, je prierai le Père, et il vous donnera un autre Défenseur qui sera pour toujours avec vous. Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole ; mon Père l’aimera, nous viendrons vers lui et, chez lui, nous nous ferons une demeure. Celui qui ne m’aime pas ne garde pas mes paroles. Or, la parole que vous entendez n’est pas de moi : elle est du Père, qui m’a envoyé. Je vous parle ainsi, tant que je demeure avec vous ; mais le Défenseur, l’Esprit Saint que le Père enverra en mon nom, lui, vous enseignera tout, et il vous fera souvenir de tout ce que je vous ai dit. »
Textes liturgiques © AELF
Homélie
Le don de l’Esprit
Regarder le spectacle du monde n’est pas toujours très réjouissant, il semble que le bulldozer du mal écrase et anéantisse tout le bien que l’on a mis tant de temps à construire. Bien des valeurs évangéliques sont battues en brèche : douceur, paix, joie, service, patience, humilité, fidélité… Il y a de quoi désespérer de l’homme et de l’humanité.
Face au mal, le premier réflexe est de se replier sur soi, s’enfermer, un peu comme les apôtres après la mort de leur maître. Or, nous savons que l’enfermement va à l’encontre de tout développement et épanouissement de la personne. Jésus, prévoyant ce qui allait se passer chez ses apôtres après sa mort, leur promet un défenseur : l’Esprit. Effectivement lorsque les apôtres reçoivent l’Esprit, la première chose que l’on observe est qu’il les fait sortir. Il fait disparaître et anéantit leurs peurs. Quelles peurs ?
D’abord, la peur de soi. Avoir peur de soi, c’est manquer de confiance en soi, se croire nul, incapable, bon à rien. C’est croire que je ne suis pas aimable, que je ne compte pas pour les autres. La conséquence de cette peur de soi est qu’elle empêche toute relation vraie, profonde et enrichissante : je vis dans ma bulle.
Il y a aussi la peur des autres. C’est croire qu’ils ne voient que mes limites, mes lacunes. C’est penser qu’ils me veulent du mal, qu’ils se rient et se moquent de moi. La conséquence de cette peur des autres est que je me protège, toujours prêt à mordre : je vis sur la défensive puisqu’il me semble que les autres sont méchants avec moi.
Il y a enfin la peur du monde et des événements. Peur de ce qui peut m’arriver, croire que ça n’ira jamais mieux. Ce qui a pour conséquence la paralysie : je n’ose rien, je n’entreprends rien puisque ça ne sert à rien, c’est fichu d’avance.
Or l’Esprit que Jésus promet à ses apôtres est un Esprit non pas de peur, mais de liberté. Il nous libère de tout, même de la loi, nous dit saint Paul.
Cet Esprit me donne d’abord confiance en moi. Il m’autorise à croire que je suis quelqu’un d’unique, respectable, et qu’au-delà de mes limites, je peux être aimé pour moi-même.
Cet Esprit me rend libre par rapport aux autres. Il me donne l’audace d’aller vers eux et d’exprimer ce que je pense, ce que je crois. Il me permet de croire en eux, en leur sollicitude, leur amitié et leur fidélité.
Enfin cet Esprit de Dieu me rend libre devant les événements et devant le monde. Il me fait comprendre que l’histoire n’est pas écrite d’avance. J’ai le pouvoir de la modifier, d’influencer sa trajectoire. Et devant les événements que je ne peux changer, l’Esprit me donne la force et le courage de leur faire face.
Combien de femmes et d’hommes tout ordinaires, que rien ne semblait destiner à une vie hors du commun, ont réalisé des exploits et marqué le cours du temps grâce à l’Esprit qu’ils ont laissé agir en eux. Celui qui reste enfermé dans sa peur, dans son incertitude et ses « à quoi bon » fait le jeu du mal. C’est ce que Jésus appelait le « péché contre l’Esprit », le péché le plus grave.
Mais se laisser habiter par l’Esprit de Pentecôte, c’est croire que moi, ici, maintenant, quel que soient mon âge et mes capacités, je suis apte à faire du neuf, à créer un monde nouveau, une humanité plus grande et plus belle.
Bonne fête de Pentecôte !
Jacques NOIROT, sma