Père Justin-Sylvestre KetteSoutenance de thèse
Diocèse de BossangoaEntretien avec Mgr Nestor-Désiré Nongo
Diocèse de Dassa-ZouméUne journée avec Mgr François Gnonhossou
Nicodème, l’homme qui voulait s’assurer
Quatrième Dimanche de Carême
Première lecture
Lecture du deuxième livre des Chroniques
La colère et la miséricorde du Seigneur manifestées par l’exil et la délivrance du peuple (2 Ch 36, 14-16. 19-23)
En ces jours-là, tous les chefs des prêtres et du peuple multipliaient les infidélités, en imitant toutes les abominations des nations païennes, et ils profanaient la Maison que le Seigneur avait consacrée à Jérusalem. Le Seigneur, le Dieu de leurs pères, sans attendre et sans se lasser, leur envoyait des messagers, car il avait pitié de son peuple et de sa Demeure. Mais eux tournaient en dérision les envoyés de Dieu, méprisaient ses paroles, et se moquaient de ses prophètes ; finalement, il n’y eut plus de remède à la fureur grandissante du Seigneur contre son peuple. Les Babyloniens brûlèrent la Maison de Dieu, détruisirent le rempart de Jérusalem, incendièrent tous ses palais, et réduisirent à rien tous leurs objets précieux. Nabucodonosor déporta à Babylone ceux qui avaient échappé au massacre ; ils devinrent les esclaves du roi et de ses fils jusqu’au temps de la domination des Perses. Ainsi s’accomplit la parole du Seigneur proclamée par Jérémie : {La terre sera dévastée et elle se reposera durant 70 ans, jusqu’à ce qu’elle ait compensé par ce repos tous les sabbats profanés.}
Or, la première année du règne de Cyrus, roi de Perse, pour que soit accomplie la parole du Seigneur proclamée par Jérémie, le Seigneur inspira Cyrus, roi de Perse.
Et celui-ci fit publier dans tout son royaume – et même consigner par écrit : « Ainsi parle Cyrus, roi de Perse : Le Seigneur, le Dieu du ciel, m’a donné tous les royaumes de la terre ; et il m’a chargé de lui bâtir une maison à Jérusalem, en Juda. Quiconque parmi vous fait partie de son peuple, que le Seigneur son Dieu soit avec lui, et qu’il monte à Jérusalem ! »
Psaume
(Ps 136 (137), 1-2, 3, 4-5, 6)
R/ Que ma langue s’attache à mon palais si je perds ton souvenir !
Au bord des fleuves de Babylone
nous étions assis et nous pleurions,
nous souvenant de Sion ;
aux saules des alentours<br>nous avions pendu nos harpes.
C’est là que nos vainqueurs
nous demandèrent des chansons,
et nos bourreaux, des airs joyeux ;
« Chantez-nous, disaient-ils,
quelque chant de Sion. »
Comment chanterions-nous un chant du Seigneur
sur une terre étrangère ?
Si je t’oublie, Jérusalem,
que ma main droite m’oublie !
Je veux que ma langue s’attache à mon palais
si je perds ton souvenir,
si je n’élève Jérusalem
au sommet de ma joie.
Deuxième lecture
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Éphésiens
« Morts par suite des fautes, c’est bien par grâce que vous êtes sauvés. » (Ep 2, 4-10)
Frères,
Dieu est riche en miséricorde ; à cause du grand amour dont il nous a aimés, nous qui étions des morts par suite de nos fautes, il nous a donné la vie avec le Christ : c’est bien par grâce que vous êtes sauvés. Avec lui, il nous a ressuscités et il nous a fait siéger aux cieux, dans le Christ Jésus. Il a voulu ainsi montrer, au long des âges futurs, la richesse surabondante de sa grâce, par sa bonté pour nous dans le Christ Jésus. C’est bien par la grâce que vous êtes sauvés, et par le moyen de la foi. Cela ne vient pas de vous, c’est le don de Dieu. Cela ne vient pas des actes, personne ne peut en tirer orgueil. C’est Dieu qui nous a faits, il nous a créés dans le Christ Jésus, en vue de la réalisation d’œuvres bonnes qu’il a préparées d’avance pour que nous les pratiquions.
Évangile
« Dieu a envoyé son Fils pour que, par lui, le monde soit sauvé. » (Jn 3, 14-21)
Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus ! Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que ceux qui croient en lui aient la vie éternelle. Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus ![1]
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
En ce temps-là, Jésus disait à Nicodème : « De même que le serpent de bronze fut élevé par Moïse dans le désert, ainsi faut-il que le Fils de l’homme soit élevé, afin qu’en lui tout homme qui croit ait la vie éternelle. Car Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle. Car Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pas pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé. Celui qui croit en lui échappe au Jugement, celui qui ne croit pas est déjà jugé, du fait qu’il n’a pas cru au nom du Fils unique de Dieu. Et le Jugement, le voici : la lumière est venue dans le monde, et les hommes ont préféré les ténèbres à la lumière, parce que leurs œuvres étaient mauvaises. Celui qui fait le mal déteste la lumière : il ne vient pas à la lumière, de peur que ses œuvres ne soient dénoncées ; mais celui qui fait la vérité vient à la lumière, pour qu’il soit manifeste que ses œuvres ont été accomplies en union avec Dieu. »
Textes liturgiques © AELF<br>[AELF->www.aelf.org]
Homélie
Nicodème, l’homme qui voulait s’assurer
Il a vu les signes (miracles) hors du commun qu’a fait cet homme. De plus, il a constaté qu’à partir de ces signes « beaucoup crurent en lui[2] ». Et il cherche à comprendre et à trouver le sens de tout cela, qui est neuf pour lui et qui le perturbe. Alors il va voir cet homme, avec la question qui le taraude : vient-il de la part de Dieu ? Serait-il le Messie[3] ?
Et Jésus parle clairement à Nicodème. Il ne lui dit pas d’aller au temple et de mieux observer la loi. Non ! Il va jusqu’au bout pour lui dire : il te faut une nouvelle naissance, comme l’enfant qui naît pour découvrir le monde – un nouveau monde. Bien sûr, il s’agit d’une naissance symbolique ; mais elle est radicale, comme toute naissance. On coupe le cordon… Jésus propose à Nicodème de laver tout ce qui est ancien, et donc périmé, et d’entrer dans l’eau qui purifie des vielles habitudes et des intérêts trop personnels pour accueillir l’Esprit, celui qui, dès le début, est à l’œuvre pour ériger la création et créer l’homme à l’image de Dieu. Or, c’est le même Esprit qui est à l’origine de la nouvelle création en Jésus…
Ce ne sont pas des miracles qu’il faut chercher, mais la vérité cachée à nos yeux souvent tournés dans le mauvais sens. Il faut aller au-delà des signes (miracles) pour trouver le vrai monde, qui est caché par les signes et se trouve derrière les signes. C’est tout un cheminement et un dépouillement à la suite du « rabbi », le maître comme l’appelle Nicodème, vers ce monde appelé le royaume des cieux.
Toutefois, il ne faut pas, pour entrer dans le monde nouveau, pas rejeter en bloc le monde ancien : il était à la fois le terreau où a poussé le nouvel arbre de vie et le monde de tous les annonciateurs du Messie à venir. Car le vent de l’Esprit a également soufflé dans ces temps-là par la voix des prophètes. Ils ont annoncé le don de la vie par Jésus suspendu sur une croix ; au matin de Pâques, il donnera la vraie vie par sa résurrection. Son « signe » annonciateur fut le serpent en bronze érigé par Moïse dans le désert comme protection et guérison de la morsure mortelle de serpents exterminateurs.
Et nous, depuis notre propre baptême qui nous a fait naître « d’en haut », nous vivons dans l’Esprit, comme celui de Jésus. Oui, nous vivons dans un continuel accomplissement – une lutte entre le bien et le mal – grâce à notre fidélité, à la parole de vie et à l’ouverture de notre cœur à Dieu et à nos frères, afin que le Christ ne soit pas mort pour rien ! Nicodème nous a ouvert la « voie » lorsqu’il est allé personnellement demander la « vérité » au Seigneur. Et il nous demande de faire de même.
Jean-Pierre FREY
[1] Cf. Jn 3, 16.
[2] Cf Jn. 2, 24.
[3] Le mot « messie » n’apparaît que deux fois dans l’évangile de Jean mais le mot grec « Christ », dont le sens est le même, très souvent.
La fin d’une pratique indigne de Dieu
Troisième Dimanche de Carême
Première lecture
Lecture du livre de l’Exode
La Loi fut donnée par Moïse. (Ex 20, 1-17)
En ces jours-là, sur le Sinaï, Dieu prononça toutes les paroles que voici : « Je suis le Seigneur ton Dieu, qui t’ai fait sortir du pays d’Égypte, de la maison d’esclavage. Tu n’auras pas d’autres dieux en face de moi. Tu ne feras aucune idole, aucune image de ce qui est là-haut dans les cieux, ou en bas sur la terre, ou dans les eaux par-dessous la terre. Tu ne te prosterneras pas devant ces dieux, pour leur rendre un culte. Car moi, le Seigneur ton Dieu, je suis un Dieu jaloux : chez ceux qui me haïssent, je punis la faute des pères sur les fils, jusqu’à la troisième et la quatrième génération ; mais ceux qui m’aiment et observent mes commandements, je leur montre ma fidélité jusqu’à la millième génération. Tu n’invoqueras pas en vain le nom du Seigneur ton Dieu, car le Seigneur ne laissera pas impuni celui qui invoque en vain son nom.
Souviens-toi du jour du sabbat pour le sanctifier. Pendant six jours tu travailleras et tu feras tout ton ouvrage ; mais le septième jour est le jour du repos, sabbat en l’honneur du Seigneur ton Dieu : tu ne feras aucun ouvrage, ni toi, ni ton fils, ni ta fille, ni ton serviteur, ni ta servante, ni tes bêtes, ni l’immigré qui est dans ta ville. Car en six jours le Seigneur a fait le ciel, la terre, la mer et tout ce qu’ils contiennent, mais il s’est reposé le septième jour. C’est pourquoi le Seigneur a béni le jour du sabbat et l’a sanctifié.
Honore ton père et ta mère, afin d’avoir longue vie sur la terre que te donne le Seigneur ton Dieu. Tu ne commettras pas de meurtre. Tu ne commettras pas d’adultère. Tu ne commettras pas de vol. Tu ne porteras pas de faux témoignage contre ton prochain. Tu ne convoiteras pas la maison de ton prochain ; tu ne convoiteras pas la femme de ton prochain, ni son serviteur, ni sa servante, ni son bœuf, ni son âne : rien de ce qui lui appartient. »
Psaume
R/ Seigneur, tu as les paroles de la vie éternelle.
La loi du Seigneur est parfaite,
qui redonne vie ;
la charte du Seigneur est sûre,
qui rend sages les simples.
Les préceptes du Seigneur sont droits,
ils réjouissent le cœur ;
le commandement du Seigneur est limpide,
il clarifie le regard.
La crainte qu’il inspire est pure,
elle est là pour toujours ;
les décisions du Seigneur sont justes
et vraiment équitables :
plus désirables que l’or,
qu’une masse d’or fin,
plus savoureuses que le miel
qui coule des rayons.
Deuxième lecture
Lecture de la première lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens
« Nous proclamons un Messie crucifié, scandale pour les hommes, mais pour ceux que Dieu appelle, il est sagesse de Dieu. »
(1 Co 1, 22-25)
Frères,
alors que les Juifs réclament des signes miraculeux, et que les Grecs recherchent une sagesse, nous, nous proclamons un Messie crucifié, scandale pour les Juifs, folie pour les nations païennes. Mais pour ceux que Dieu appelle, qu’ils soient juifs ou grecs, ce Messie, ce Christ, est puissance de Dieu et sagesse de Dieu. Car ce qui est folie de Dieu est plus sage que les hommes, et ce qui est faiblesse de Dieu est plus fort que les hommes.
Évangile
« Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai. »
(Jn 2, 13-25)
Acclamation
Gloire au Christ, Sagesse éternelle du Dieu vivant. Gloire à toi, Seigneur. Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que ceux qui croient en lui aient la vie éternelle. Gloire au Christ, Sagesse éternelle du Dieu vivant. Gloire à toi, Seigneur[1].
Comme la Pâque juive était proche, Jésus monta à Jérusalem. Dans le Temple, il trouva installés les marchands de bœufs, de brebis et de colombes, et les changeurs. Il fit un fouet avec des cordes, et les chassa tous du Temple, ainsi que les brebis et les bœufs ; il jeta par terre la monnaie des changeurs, renversa leurs comptoirs, et dit aux marchands de colombes : « Enlevez cela d’ici. Cessez de faire de la maison de mon Père une maison de commerce. » Ses disciples se rappelèrent qu’il est écrit : L’amour de ta maison fera mon tourment. Des Juifs l’interpellèrent : « Quel signe peux-tu nous donner pour agir ainsi ? » Jésus leur répondit : « Détruisez ce sanctuaire, et en trois jours je le relèverai. » Les Juifs lui répliquèrent : « Il a fallu quarante-six ans pour bâtir ce sanctuaire, et toi, en trois jours tu le relèverais ! » Mais lui parlait du sanctuaire de son corps.
Aussi, quand il se réveilla d’entre les morts, ses disciples se rappelèrent qu’il avait dit cela ; ils crurent à l’Écriture et à la parole que Jésus avait dite. Pendant qu’il était à Jérusalem pour la fête de la Pâque, beaucoup crurent en son nom, à la vue des signes qu’il accomplissait. Jésus, lui, ne se fiait pas à eux, parce qu’il les connaissait tous et n’avait besoin d’aucun témoignage sur l’homme ; lui-même, en effet, connaissait ce qu’il y a dans l’homme.
Textes liturgiques © AELF<br>
Homélie
La fin d’une pratique indigne de Dieu
L’épisode mouvementé des vendeurs chassés du Temple est raconté par tous les quatre évangélistes[2]. Mais entre les trois autres et Jean, il y a quelques différences. On note chez lui le titre de la purification du Temple, alors qu’il est question des vendeurs chassés du Temple chez les autres. Pour Matthieu, Marc et Luc, l’événement se situe juste après l’entrée triomphale de Jésus dans Jérusalem, à la fin de son parcours : il est au lieu de l’accomplissement de sa mission parmi les hommes. En revanche, dans l’évangile de Jean, l’épisode inaugure son ministère avec les noces de Cana : il monte pour la première fois à Jérusalem. Que la phrase d’ouverture de l’évangile de ce troisième dimanche de Carême, « Comme la Pâque juive était proche, Jésus monta à Jérusalem », ne laisse alors en nous aucune résonnance de l’événement de la Semaine sainte, rappelant les derniers moments de Jésus. Celui-ci commence seulement son ministère dans l’évangile de Jean. Venons à présent à cet extrait qui nous est proposé ce dimanche.
La purification du Temple à Jérusalem marque le début des controverses entre Jésus et les Juifs, le début du grand procès qui se poursuivra jusqu’à sa mort sur la croix. Or, cette mort sera, d’une manière paradoxale, la révélation plénière de sa gloire et la fin du procès institué entre Jésus et le monde incroyant[3].
Dans ce récit de purification du Temple, l’intervention de Jésus s’apparente aux gestes prophétiques que les prophètes utilisent pour mieux transmettre leur message. Elle est faite d’une action et d’une double parole interprétative. Le geste a plus d’ampleur que dans le récit de Matthieu, de Marc et de Luc : fabrication de fouet, présence de bœufs et des brebis dans le Temple. Il existait le long du Cédron ou sur le mont des Oliviers un marché d’animaux pour les sacrifices, organisé par le Sanhédrin. Caïphe, pour lui faire concurrence, en aurait ouvert un autre sur le parvis du temple. Devant une telle profanation, Jésus proteste, dans la ligne de ce qu’avaient fait avant lui des prophètes comme Jérémie[4] ou Malachie[5], ou encore Isaïe[6]. Il donne le signe que la purification du Temple prévue pour les derniers temps est déjà en marche. À travers ce geste, il se comporte en défenseur des droits de Dieu et il met un terme à une pratique indigne de son Père dont le zèle pour sa maison le dévore[7]. En attendant que ce dévouement le conduise à la mort, Jésus va à la rencontre des hommes, dont Nicodème. Dans les derniers versets[8] de l’évangile d’aujourd’hui se trouve une sorte de transition habile entre les scènes de Cana et du Temple et l’épisode de la rencontre de Jésus avec Nicodème, cette personnalité représentative du judaïsme.
En quoi ce texte de l’évangile nous intéresse-t-il en ce temps de Carême ? Deux pistes sont possibles pour nous éclairer. Premièrement, les évangiles sont des témoignages de foi qui retracent aussi le parcours des disciples. Après, ils se rappellent, ils se souviennent des paroles et des gestes de Jésus. Ils le confrontent avec ce qu’ils vivent et l’Écriture, Parole devenue vivante[9]. Dans ce passage de l’évangile de Jean, l’Écriture et la parole de Jésus sont placées sur le même plan. Le rôle des disciples est d’écouter, de lire les signes et d’en devenir les témoins. Le temps de Carême est propice à nous laisser bousculer par Jésus dans les marchandises que nous traînons habituellement avec nous, à écouter et lire sa Parole pour en être les témoins.
Deuxièmement, dès le début de l’évangile, les gestes et les paroles de Jésus montrent que l’horizon de la croix est présent. Jésus parle d’une nouvelle édification, une élévation nouvelle : la résurrection. Les indices sont là, les signes sont donnés, les paroles sont dites. À nous de les discerner et de les méditer. Le chemin de Carême convient à cette (re)découverte, pour que nous soyons tous ensemble les pierres vivantes de la maison de Dieu.
Que le Seigneur continue de purifier nos cœurs de toutes les fausses images que nous avons de lui, afin que nous puissions le rencontrer et l’aimer en vérité, dans une relation authentique. Amen !
Félix Zannou HOUESSOU
[1] Cf. Jn 3, 16.
[2] Cf. Mt 21, 12-17 ; Mc 11, 15-19 ; Lc 19, 45-46.
[3] Cf. Jn 8, 28 ; 12, 31-34 ; 13, 31s. ; 17, 1.5.
[4] Cf. Jr 7, 14.
[5] Cf. Ml 3, 1.
[6] Cf. Is. 56, 7.
[7] Cf. Ps. 68, 10.
[8] Cf. v. 23-25.
[9] Cf. Jn 2, 22.
« Ne porte pas la main sur l’enfant. »
« Ne porte pas la main sur l’enfant. »
Deuxième Dimanche de Carême
Première lecture
Lecture du livre de la Genèse
Le sacrifice de notre père Abraham
(Gn 22, 1-2. 9-13. 15-18)
En ces jours-là, Dieu mit Abraham à l’épreuve. Il lui dit : « Abraham ! » Celui-ci répondit : « Me voici ! » Dieu dit : « Prends ton fils, ton unique, celui que tu aimes, Isaac, va au pays de Moriah, et là tu l’offriras en holocauste sur la montagne que je t’indiquerai. » Ils arrivèrent à l’endroit que Dieu avait indiqué. Abraham y bâtit l’autel et disposa le bois ; puis il lia son fils Isaac et le mit sur l’autel, par-dessus le bois. Abraham étendit la main et saisit le couteau pour immoler son fils. Mais l’ange du Seigneur l’appela du haut du ciel et dit : « Abraham ! Abraham ! » Il répondit : « Me voici ! » L’ange lui dit : « Ne porte pas la main sur le garçon ! Ne lui fais aucun mal ! Je sais maintenant que tu crains Dieu : tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique. » Abraham leva les yeux et vit un bélier retenu par les cornes dans un buisson. Il alla prendre le bélier et l’offrit en holocauste à la place de son fils.
Du ciel, l’ange du Seigneur appela une seconde fois Abraham. Il déclara : « Je le jure par moi-même, oracle du Seigneur : parce que tu as fait cela, parce que tu ne m’as pas refusé ton fils, ton unique, je te comblerai de bénédictions, je rendrai ta descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel et que le sable au bord de la mer, et ta descendance occupera les places fortes de ses ennemis. Puisque tu as écouté ma voix, toutes les nations de la terre s’adresseront l’une à l’autre la bénédiction par le nom de ta descendance. »
Psaume
(Ps 115 (116b), 10.15, 16ac-17, 18-19)
R/ Je marcherai en présence du Seigneur sur la terre des vivants.
Je crois, et je parlerai,
moi qui ai beaucoup souffert.
Il en coûte au Seigneur
de voir mourir les siens !
Ne suis-je pas, Seigneur, ton serviteur,
moi, dont tu brisas les chaînes ?
Je t’offrirai le sacrifice d’action de grâce,
j’invoquerai le nom du Seigneur.
Je tiendrai mes promesses au Seigneur,
oui, devant tout son peuple,
à l’entrée de la maison du Seigneur,
au milieu de Jérusalem !
Deuxième lecture
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Romains
« Dieu n’a pas épargné son propre Fils. »
(Rm 8, 31b-34)
Frères,
si Dieu est pour nous, qui sera contre nous ? Il n’a pas épargné son propre Fils, mais il l’a livré pour nous tous : comment pourrait-il, avec lui, ne pas nous donner tout ? Qui accusera ceux que Dieu a choisis ? Dieu est celui qui rend juste ; alors, qui pourra condamner ? Le Christ Jésus est mort ; bien plus, il est ressuscité, il est à la droite de Dieu, il intercède pour nous.
Évangile
« Celui-ci est mon Fils bien-aimé. »
(Mc 9, 2-10)
Acclamation :
Gloire au Christ, Parole éternelle du Dieu vivant. Gloire à toi, Seigneur. De la nuée lumineuse, la voix du Père a retenti : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le ! » Gloire au Christ, Parole éternelle du Dieu vivant. Gloire à toi, Seigneur[1].
{ {{Évangile de Jésus Christ selon saint Marc}} }
En ce temps-là, Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean, et les emmena, eux seuls, à l’écart sur une haute montagne. Et il fut transfiguré devant eux. Ses vêtements devinrent resplendissants, d’une blancheur telle que personne sur terre ne peut obtenir une blancheur pareille. Élie leur apparut avec Moïse, et tous deux s’entretenaient avec Jésus. Pierre alors prend la parole et dit à Jésus : « Rabbi, il est bon que nous soyons ici ! Dressons donc trois tentes : une pour toi, une pour Moïse, et une pour Élie. » De fait, Pierre ne savait que dire, tant leur frayeur était grande. Survint une nuée qui les couvrit de son ombre, et de la nuée une voix se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé : écoutez-le ! » Soudain, regardant tout autour, ils ne virent plus que Jésus seul avec eux.
Ils descendirent de la montagne, et Jésus leur ordonna de ne raconter à personne ce qu’ils avaient vu, avant que le Fils de l’homme soit ressuscité d’entre les morts. Et ils restèrent fermement attachés à cette parole, tout en se demandant entre eux ce que voulait dire : « ressusciter d’entre les morts ».
Textes liturgiques © AELF www.aelf.org
Homélie
« Ne porte pas la main sur l’enfant[2]. »
La première lecture met en scène l’expérience bien connue du sacrifice manqué d’Isaac. Abraham, qui avait quitté son pays pour une terre nouvelle, avait à se détacher des dieux qu’il avait servis jusque-là et découvrir petit à petit quel était ce Dieu qui l’appelait à partir. Des traditions propres à certaines religions orientales antiques incluaient l’offrande du premier-né. Plusieurs fois dans la Bible il est fait allusion à l’offrande du premier-né ou au rachat du premier-né par l’offrande d’un animal. Le langage utilisé par saint Paul dans la deuxième lecture, rappelant que Dieu « n’a pas épargné son propre Fils, mais l’a livré pour nous tous », est une réminiscence de ces pratiques anciennes. Chaque premier-né d’une famille, ou même d’un troupeau, devait être offert à la divinité, pour que cette divinité regarde la famille et son développement d’un œil favorable. Manquer à ce sacrifice était probablement s’attirer le courroux et la malédiction d’en-haut.
La démarche première d’Abraham, répondant à l’injonction de Dieu lui demandant d’offrir « Isaac celui qu’il aime, en holocauste, sur la montagne », correspond à la tradition suivie jusque-là par le clan d’Abraham et d’autres peuples autour de lui. Mais voici que Dieu lui fait découvrir qu’il n’est pas besoin de lui offrir de sacrifice humain, que la vie humaine appartient à Dieu dès l’origine, et que l’homme, quel qu’il soit, ne peut pas la toucher : « ne porte pas la main sur l’enfant ! Ne lui fais aucun mal. » Respecter la vie humaine devient source de bénédictions et de fécondité : « Je te comblerai de bénédictions, je rendrai ta descendance aussi nombreuses que les étoiles du ciel… » En ne touchant pas à la personne de son fils, Abraham s’est mis en même temps à l’écoute de Dieu : il est parti vers la montagne sur l’ordre de Dieu, et il n’a pas immolé son fils, aussi sur l’ordre de Dieu : tu as écouté ma voix, lui dit le Seigneur.
L’évangile de ce jour vient dans la même logique que la première lecture. Jésus est en marche vers Jérusalem, il s’en va vers sa passion, il sait que son ministère de prophète le conduira à la persécution et à la mort. Il est en effet significatif que Marc ait placé ce récit de la transfiguration entre deux annonces de la passion. C’est vers une haute montagne que Jésus emmène ses disciples. Sur la montagne, comme Abraham, Jésus reprend conscience, et le fait découvrir à ses disciples, que son cheminement vers la souffrance et la passion est un cheminement vers la vie, vers la résurrection. La transfiguration dont il est l’objet est en effet une annonce de la résurrection. C’est seulement lorsque « le Fils de l’homme », c’est-à-dire Jésus, « sera ressuscité d’entre les morts », que les disciples comprendront le sens de cet événement. La transfiguration est pour Jésus, comme pour les disciples, le signe que Dieu est présent dans son cheminement, dans sa vie de prophète. Il est lui-même le « Fils bien-aimé », celui que les disciples doivent écouter dans leur mission d’être les témoins de la présence et de l’amour de Dieu en Jésus, d’être aussi les témoins de cette présence dans leur propre vie de disciples comme dans la vie de tout chrétien et de toute communauté chrétienne.
Car « Dieu est pour nous », dit saint Paul dans la deuxième lecture. La vie et la mort de son Fils est un témoignage de son amour. Dieu a justifié son Fils : « Dieu est celui qui rend juste », dit encore saint Paul. Il a justifié son fils en le ressuscitant d’entre les morts : « le Christ Jésus est mort », rappelle Paul. Bien plus, « il est ressuscité, il est à la droite de Dieu, il intercède pour nous ».
Dans notre vie, comme dans la vie de Jésus, des signes de la présence de Dieu nous sont donnés pour nous aider à cheminer comme les fils bien-aimés du Père. Chaque dimanche, et même chaque jour si nous le voulons, Jésus, dans la célébration eucharistique, nous redit sa présence, nous donne sa parole comme une lumière sur nos pas.
Jean-Marie GUILLAUME
[1] Cf. Mt 17, 5.
[2] Genèse, 22, 12.
Jésus en croix inaugure son Royaume.
Christ Roi de l’Univers C
24 novembre 2019-11-18
Première lecture
Lecture du deuxième livre de Samuel
« Ils donnèrent l’onction à David pour le faire roi sur Israël. » (2 S 5, 1-3)
En ces jours-là, toutes les tribus d’Israël vinrent trouver David à Hébron et lui dirent : « Vois ! Nous sommes de tes os et de ta chair. Dans le passé déjà, quand Saül était notre roi, c’est toi qui menais Israël en campagne et le ramenais, et le Seigneur t’a dit : Tu seras le berger d’Israël mon peuple, tu seras le chef d’Israël. » Ainsi, tous les anciens d’Israël vinrent trouver le roi à Hébron. Le roi David fit alliance avec eux, à Hébron, devant le Seigneur. Ils donnèrent l’onction à David pour le faire roi sur Israël.
Psaume
(Ps 121 (122), 1-2, 3-4, 5-6)
R/ Dans la joie, nous irons à la maison du Seigneur.
Quelle joie quand on m’a dit :
« Nous irons à la maison du Seigneur ! »
Maintenant notre marche prend fin
devant tes portes, Jérusalem !
Jérusalem, te voici dans tes murs :
ville où tout ensemble ne fait qu’un !
C’est là que montent les tribus, les tribus du Seigneur,
là qu’Israël doit rendre grâce au nom du Seigneur.
C’est là le siège du droit,
le siège de la maison de David.
Appelez le bonheur sur Jérusalem :
« Paix à ceux qui t’aiment ! »
Deuxième lecture
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Colossiens
« Dieu nous a placés dans le Royaume de son Fils bien-aimé. » (Col 1, 12-20)
Frères,
rendez grâce à Dieu le Père, qui vous a rendus capables d’avoir part à l’héritage des saints, dans la lumière. Nous arrachant au pouvoir des ténèbres, il nous a placés dans le Royaume de son Fils bien-aimé : en lui nous avons la rédemption, le pardon des péchés. Il est l’image du Dieu invisible, le premier-né, avant toute créature : en lui, tout fut créé, dans le ciel et sur la terre. Les êtres visibles et invisibles, Puissances, Principautés, Souverainetés, Dominations, tout est créé par lui et pour lui. Il est avant toute chose, et tout subsiste en lui. Il est aussi la tête du corps, la tête de l’Église : c’est lui le commencement, le premier-né d’entre les morts, afin qu’il ait en tout la primauté. Car Dieu a jugé bon qu’habite en lui toute plénitude et que tout, par le Christ, lui soit enfin réconcilié, faisant la paix par le sang de sa Croix, la paix pour tous les êtres sur la terre et dans le ciel.
Évangile
« Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. » (Lc 23, 35-43)
Acclamation :
Alléluia. Alléluia. Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur. Béni soit le Règne qui vient, celui de David notre père. Alléluia[1].
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là, on venait de crucifier Jésus, et le peuple restait là à observer. Les chefs tournaient Jésus en dérision et disaient : « Il en a sauvé d’autres : qu’il se sauve lui-même, s’il est le Messie de Dieu, l’Élu ! » Les soldats aussi se moquaient de lui ; s’approchant, ils lui présentaient de la boisson vinaigrée, en disant : « Si tu es le roi des Juifs, sauve-toi toi-même ! »
Il y avait aussi une inscription au-dessus de lui : « Celui-ci est le roi des Juifs. » L’un des malfaiteurs suspendus en croix l’injuriait : « N’es-tu pas le Christ ? Sauve-toi toi-même, et nous aussi ! » Mais l’autre lui fit de vifs reproches : « Tu ne crains donc pas Dieu ! Tu es pourtant un condamné, toi aussi ! Et puis, pour nous, c’est juste : après ce que nous avons fait, nous avons ce que nous méritons. Mais lui, il n’a rien fait de mal. » Et il disait : « Jésus, souviens-toi de moi quand tu viendras dans ton Royaume. » Jésus lui déclara : « Amen, je te le dis : aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis. »
Textes liturgiques © AELF
Homélie
Jésus en croix inaugure son Royaume.
Bien-aimés de Dieu,
Nous célébrons en ce 34ème dimanche du temps ordinaire, le dernier de l’année liturgique, la royauté du Christ. Le Christ est Roi de l’Univers ! Mais pas à la manière du monde. Beaucoup de personnes peuvent imaginer une royauté du Christ à la manière que lui-même avait refusée. Après la multiplication des pains, « Jésus, se rendant compte qu’ils allaient venir s’emparer de lui pour le faire roi, s’enfuit à nouveau dans la montagne tout seul[2] ».
Mais alors, quelle est cette royauté du Christ que nous célébrons ? Ce sont les dernières paroles sur l’évènement de la crucifixion qui nous l’expliquent. Beaucoup croyaient que Jésus était un messie conquérant, un messie politique. Témoins des grands miracles qu’il avait opérés, ils espéraient que le seul signe qu’il puisse donner à cet instant serait de se sauver « lui-même et eux avec lui. ». L’occupant romain serait alors bouté dehors, et le royaume de David rétabli !
Mais pour le chrétien, comme pour le « bon larron », Jésus inaugure son Royaume à cet instant de la croix, et il le confirme : « Aujourd’hui, avec moi, tu seras dans le Paradis ». C’est dans ce contexte de la croix que Jésus est proclamé Roi, intronisé lorsqu’il est élevé sur la croix. Et c’est de la croix qu’il attire tous les hommes. Dès ce moment, il introduit dans son Royaume tous ceux qui, à l’exemple du bon larron, se reconnaissent « pauvres », tous ceux qui reconnaissent « leurs misères » et croient que Dieu seul peut les délivrer. Le « bon larron » devient pour nous un modèle de la foi.
Saint Paul, dans sa lettre aux Thessaloniciens, nous donne les titres qui font du Christ le Roi de l’Univers : il est le collaborateur du Père dans l’œuvre de la Création ; il est le Rédempteur. « En lui, nous avons le rachat, le pardon des péchés ; il nous a rendus capables d’avoir part à l’héritage des saints ».
Rendons grâce à Dieu notre Père qui nous a aimés d’un si grand amour en son Fils Jésus, et soyons, à notre tour, des témoins de cet amour. Amen.
Père Samuel GAMLIGO
[1] Cf. Mc 11, 9b. 10a .
[2] Jn 6, 15.
N’ayons pas peur.
Trente-troisième Dimanche Ordinaire C
17 novembre 2019
Première lecture
Lecture du livre du prophète Malachie
« Pour vous, le Soleil de justice se lèvera. » (Ml 3, 19-20a)
Voici que vient le jour du Seigneur, brûlant comme la fournaise. Tous les arrogants, tous ceux qui commettent l’impiété, seront de la paille. Le jour qui vient les consumera, – dit le Seigneur de l’univers –, il ne leur laissera ni racine ni branche. Mais pour vous qui craignez mon nom, le Soleil de justice se lèvera : il apportera la guérison dans son rayonnement.
Psaume
(Ps 97 (98), 5-6, 7-8, 9)
R/ Il vient, le Seigneur, gouverner les peuples avec droiture.
Jouez pour le Seigneur sur la cithare,
sur la cithare et tous les instruments ;
au son de la trompette et du cor,
acclamez votre roi, le Seigneur !
Que résonnent la mer et sa richesse,
le monde et tous ses habitants ;
que les fleuves battent des mains,
que les montagnes chantent leur joie.
Acclamez le Seigneur, car il vient
pour gouverner la terre,
pour gouverner le monde avec justice
et les peuples avec droiture !
Deuxième lecture
Lecture de la deuxième lettre de saint Paul apôtre aux Thessaloniciens
« Si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus. » (2 Th 3, 7-12)
Frères,
vous savez bien, vous, ce qu’il faut faire pour nous imiter. Nous n’avons pas vécu parmi vous de façon désordonnée ; et le pain que nous avons mangé, nous ne l’avons pas reçu gratuitement. Au contraire, dans la peine et la fatigue, nuit et jour, nous avons travaillé pour n’être à la charge d’aucun d’entre vous. Bien sûr, nous avons le droit d’être à charge, mais nous avons voulu être pour vous un modèle à imiter. Et quand nous étions chez vous, nous vous donnions cet ordre : si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus. Or, nous apprenons que certains d’entre vous mènent une vie déréglée, affairés sans rien faire. À ceux-là, nous adressons dans le Seigneur Jésus Christ cet ordre et cet appel : qu’ils travaillent dans le calme pour manger le pain qu’ils auront gagné.
Évangile
« C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie. » (Lc 21, 5-19)
Acclamation :
Alléluia. Alléluia. Redressez-vous et relevez la tête, car votre rédemption approche. Alléluia[1].
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là, comme certains disciples de Jésus parlaient du Temple, des belles pierres et des ex-voto qui le décoraient, Jésus leur déclara : « Ce que vous contemplez, des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre : tout sera détruit. » Ils lui demandèrent : « Maître, quand cela arrivera-t-il ? Et quel sera le signe que cela est sur le point d’arriver ? » Jésus répondit : « Prenez garde de ne pas vous laisser égarer, car beaucoup viendront sous mon nom, et diront : C’est moi, ou encore : Le moment est tout proche. Ne marchez pas derrière eux ! Quand vous entendrez parler de guerres et de désordres, ne soyez pas terrifiés : il faut que cela arrive d’abord, mais ce ne sera pas aussitôt la fin. » Alors Jésus ajouta : « On se dressera nation contre nation, royaume contre royaume. Il y aura de grands tremblements de terre et, en divers lieux, des famines et des épidémies ; des phénomènes effrayants surviendront, et de grands signes venus du ciel. Mais avant tout cela, on portera la main sur vous et l’on vous persécutera ; on vous livrera aux synagogues et aux prisons, on vous fera comparaître devant des rois et des gouverneurs, à cause de mon nom. Cela vous amènera à rendre témoignage. Mettez-vous donc dans l’esprit que vous n’avez pas à vous préoccuper de votre défense. C’est moi qui vous donnerai un langage et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront ni résister ni s’opposer. Vous serez livrés même par vos parents, vos frères, votre famille et vos amis, et ils feront mettre à mort certains d’entre vous. Vous serez détestés de tous, à cause de mon nom. Mais pas un cheveu de votre tête ne sera perdu. C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie. »
Textes liturgiques © AELF
Homélie
N’ayons pas peur.
En fait de cataclysme il faut dire que nous ne sommes pas mal servis pour le moment : inondations, raz-de-marée, éruption de volcans, épidémies, massacres, attentats… Sans parler de tout ce que nous ne savons pas : tortures, emprisonnements arbitraires… ou encore crise économique, drames politiques et sociaux, pertes massives d’emplois et, pour les croyants, l’inquiétude de voir la structure de l’Église hiérarchique ébranlée sur ses bases.
Tout ceci est aussi vrai sur le plan familial. De plus en plus de familles se disloquent. Et sur le plan personnel : que de difficultés relationnelles, déséquilibres affectifs ou émotionnels qui perturbent la confiance en soi… Pourtant, au milieu de cette débâcle apocalyptique, Jésus nous dit : « Ne vous effrayez pas ». N’est-ce pas déjà ce qu’il disait à ses apôtres dans la barque ballotée par la tempête : « N’ayez pas peur » ?
La semaine passée, lorsqu’il parlait de la résurrection, Jésus ne pouvait donner de précisions sur le « comment de l’au-delà ». Pas plus aujourd’hui ne peut-il donner de détails sur la fin des temps, dont il ne sait d’ailleurs rien lui-même. Par cet Evangile Jésus veut tout simplement nous aider à franchir l’obstacle de ce mal terrifiant qui nous assaille de partout et dont ne voit pas comment on s’en sortira. Il nous donne un conseil qui se résume en un mot : « persévérance ». « C’est par votre persévérance que vous obtiendrez la vie ».
Persévérer, c’est aller jusqu’au bout, franchir tous les obstacles. La persévérance n’est possible que par celui qui est habité par une fameuse dose de confiance. Cette persévérance dont nous parle Jésus, n’est rien d’autre qu’un appel à vivre l’Histoire, à entrer de plain pied dans notre histoire d’aujourd’hui, tout en voyant avec lucidité les obstacles et en sachant que ce ne sera pas facile. Si le monde nous offre un spectacle de désolation, ce n’est pas en baissant les bras que nous ferons resurgir la vie, mais seulement par la persévérance.
Chaque siècle de l’Histoire a connu des situations sans espoir, surtout pour les plus pauvres que les grands et les puissants exploitaient. Néanmoins, à chaque époque, partout dans le monde se sont levés des hommes dont on disait : « ni la persécution, ni la prison, ni les échecs n’ont réussi à entamer leur détermination de servir leur pays et à émousser leur confiance ». Pour n’en citer que quelques uns : Saint Vincent de Paul, Gandy, Martin Luther King, Nelson Mandela, Lech Valesa, Vaclav Havel…
Cette réflexion nous renvoie à nous-mêmes, lorsque nous aussi nous nous trouvons dans des situations sans issue, sans avenir. Si l’espérance est possible pour tous les hommes, elle l’est particulièrement pour le croyant parce qu’il sait que Dieu est toujours à ses côtés. A tel point que nous pouvons dire : « c’est la persévérance qui révèle la foi du croyant ».
Voilà donc le message que Jésus nous adresse aujourd’hui. Ne soyez pas des prophètes de malheurs mais des prophètes de vie et de bonheur. Ce ne sera sans doute pas facile, chaque jour est un perpétuel combat contre le mal. Mais c’est un combat pour lequel nous savons avec certitude que la vie aura le dernier mot.
Père Jacques NOIROT, sma
[1] Cf. Lc 21, 28.