Père Justin-Sylvestre KetteSoutenance de thèse
Diocèse de BossangoaEntretien avec Mgr Nestor-Désiré Nongo
Diocèse de Dassa-ZouméUne journée avec Mgr François Gnonhossou
La paix soit avec vous !
Troisième Dimanche de Pâques
Première lecture
Lecture du livre des Actes des Apôtres
« Vous avez tué le Prince de la vie, lui que Dieu a ressuscité d’entre les morts. »
(Ac 3, 13-15.17-19)
En ces jours-là, devant le peuple, Pierre prit la parole : « Hommes d’Israël, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, le Dieu de nos pères, a glorifié son serviteur Jésus, alors que vous, vous l’aviez livré, vous l’aviez renié en présence de Pilate qui était décidé à le relâcher. Vous avez renié le Saint et le Juste, et vous avez demandé qu’on vous accorde la grâce d’un meurtrier. Vous avez tué le Prince de la vie, lui que Dieu a ressuscité d’entre les morts, nous en sommes témoins. D’ailleurs, frères, je sais bien que vous avez agi dans l’ignorance, vous et vos chefs. Mais Dieu a ainsi accompli ce qu’il avait d’avance annoncé par la bouche de tous les prophètes : que le Christ, son Messie, souffrirait. Convertissez-vous donc et tournez-vous vers Dieu pour que vos péchés soient effacés. »
Psaume
(Ps 4, 2, 4.7, 9)
R/ Sur nous, Seigneur, que s’illumine ton visage !
Quand je crie, réponds-moi,
Dieu, ma justice !
Toi qui me libères dans la détresse,
pitié pour moi, écoute ma prière !
Sachez que le Seigneur a mis à part son fidèle,
le Seigneur entend quand je crie vers lui.
Beaucoup demandent : « Qui nous fera voir le bonheur ? »
Sur nous, Seigneur, que s’illumine ton visage !
Dans la paix moi aussi,
je me couche et je dors,
car tu me donnes d’habiter, Seigneur,
seul, dans la confiance.
Deuxième lecture
Lecture de la première lettre de saint Jean
« C’est lui qui obtient le pardon de nos péchés et de ceux du monde entier. »
(1 Jn 2, 1-5a)
Mes petits enfants,
je vous écris cela pour que vous évitiez le péché. Mais si l’un de nous vient à pécher, nous avons un défenseur devant le Père : Jésus Christ, le Juste. C’est lui qui, par son sacrifice, obtient le pardon de nos péchés, non seulement des nôtres, mais encore de ceux du monde entier. Voici comment nous savons que nous le connaissons : si nous gardons ses commandements. Celui qui dit : « Je le connais » et qui ne garde pas ses commandements, est un menteur : la vérité n’est pas en lui. Mais en celui qui garde sa parole, l’amour de Dieu atteint vraiment la perfection.
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
« Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour. »
(Lc 24, 35-48)
Acclamation :
Alléluia. Alléluia. Seigneur Jésus, ouvre-nous les Écritures ! Que notre cœur devienne brûlant tandis que tu nous parles. Alléluia[1].
En ce temps-là, les disciples qui rentraient d’Emmaüs racontaient aux onze Apôtres et à leurs compagnons ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain. Comme ils en parlaient encore, lui-même fut présent au milieu d’eux, et leur dit : « La paix soit avec vous ! » Saisis de frayeur et de crainte, ils croyaient voir un esprit. Jésus leur dit : « Pourquoi êtes-vous bouleversés ? Et pourquoi ces pensées qui surgissent dans votre cœur ? Voyez mes mains et mes pieds : c’est bien moi ! Touchez-moi, regardez : un esprit n’a pas de chair ni d’os comme vous constatez que j’en ai. »
Après cette parole, il leur montra ses mains et ses pieds. Dans leur joie, ils n’osaient pas encore y croire, et restaient saisis d’étonnement. Jésus leur dit : « Avez-vous ici quelque chose à manger ? » Ils lui présentèrent une part de poisson grillé qu’il prit et mangea devant eux. Puis il leur déclara : « Voici les paroles que je vous ai dites quand j’étais encore avec vous : Il faut que s’accomplisse tout ce qui a été écrit à mon sujet dans la loi de Moïse, les Prophètes et les Psaumes. »
Alors il ouvrit leur intelligence à la compréhension des Écritures. Il leur dit : « Ainsi est-il écrit que le Christ souffrirait, qu’il ressusciterait d’entre les morts le troisième jour, et que la conversion serait proclamée en son nom, pour le pardon des péchés, à toutes les nations, en commençant par Jérusalem. À vous d’en être les témoins. »
Textes liturgiques © AELF
Homélie
La paix soit avec vous !
Pour bien comprendre l'ambiance de cet évangile, il faut se replonger dans les événements qui ont suivi la mort du Christ. Imaginez un peu, frères et sœurs, quel pouvait être l'état d'esprit des Apôtres après la mort de Jésus ! Avec lui ils avaient tout perdu, il ne leur restait plus d'espoir, ils étaient désemparés, sans ressort, et vivaient dans la crainte.
Et voila que des bruits commencent à circuler : le tombeau est vide, Jésus n'est plus là ; des femmes l'ont vu, elles lui ont parlé... Il est vivant ! Des disciples qui avaient quitté Jérusalem, découragés après la mort de Jésus, l'ont rencontré en chemin et ont mangé avec lui à Emmaüs. Et pendant que ces hommes racontent ce qui leur était arrivé aux apôtres émerveillés et incrédules, tiraillés entre l'espoir le plus fou et le doute, voilà que Jésus est là et leur apparaît pour la première fois.
Saint Luc dans ses récits marque bien le chaleureux climat de tendresse qui règne dans ces retrouvailles de Jésus avec ses apôtres. « La paix soit avec vous ! », leur dit-il, et comme il voit que le doute et la crainte n'ont pas disparus, Jésus se prête à une expérience pour les tranquilliser : « Touchez-moi, regardez, un esprit n'a pas de chair ni d'os... ». Et pour dissiper les derniers doutes, il mange devant eux un morceau de poisson... Puis, comme il l'avait fait avec les disciples d'Emmaüs, il commence à leur expliquer les Ecritures et leur fait comprendre que tout devait se passer comme cela. Ensuite, il les envoie, il leur redonne une raison de vivre, une raison d'exister : « C'est vous qui en êtes les témoins, dans toutes les nations, en commençant par Jérusalem ». La mission que Jésus leur confie, les apôtres vont la prendre à cœur, et la résurrection du Christ sera toujours au centre de leur prédication. Nous en avons un exemple dans la première lecture : Pierre, après avoir guéri le boiteux de la Belle-Porte, nous donne un échantillon de ce qu'était la prédication dans la primitive Église : Jésus est ressuscité, il a ainsi accompli les Écritures, convertissez-vous...
Mais, frères et sœurs, ces textes ne sont pas simplement un rappel du passé ; ils nous sont adressés pour aujourd'hui, pour ce que nous vivons maintenant dans cette expérience de l'assemblée dominicale. En effet, ce matin, Jésus se rend présent au milieu de nous comme il l'avait été au milieu des apôtres, nous donnant à nous aussi de le reconnaître vivant à la fraction du pain. En ce moment-même, à travers le pauvre instrument que je suis, il essaie de vous ouvrir l'esprit à l'intelligence des Écritures. Et, tout à l'heure, à nous tous aussi, il nous confiera une mission.
Oui, chaque dimanche en nous réunissant pour lire l'Écriture, pour célébrer la fraction du pain et pour assumer nos responsabilités de chrétiens, nous vivons cette expérience que Jésus est là, vivant au milieu de nous. Tout comme les apôtres, nous ne sommes pas épargnés par le doute ; mais, dans cette communauté d'Église que nous formons, une foi profonde au Christ ressuscité doit nous soutenir et nous unir.
Forts de cette espérance et de cette foi, redevenons des chrétiens vivants et agissants, qui feront régner autour d'eux cette paix que le Seigneur a souhaité à ses apôtres. Sa paix, sa joie et sa lumière pour tous ! Amen.
Claude RÉMOND sma
[1] Cf. Lc 24, 32.
« Mon Seigneur et mon Dieu. »
Deuxième Dimanche de Pâques
Première lecture
Lecture du livre des Actes des Apôtres
« Un seul cœur et une seule âme » (Ac 4, 32-35)
La multitude de ceux qui étaient devenus croyants avait un seul cœur et une seule âme ; et personne ne disait que ses biens lui appartenaient en propre, mais ils avaient tout en commun. C’est avec une grande puissance que les Apôtres rendaient témoignage de la résurrection du Seigneur Jésus, et une grâce abondante reposait sur eux tous. Aucun d’entre eux n’était dans l’indigence, car tous ceux qui étaient propriétaires de domaines ou de maisons les vendaient, et ils apportaient le montant de la vente pour le déposer aux pieds des Apôtres ; puis on le distribuait en fonction des besoins de chacun.
Psaume
(Ps 117 (118), 2-4, 16ab-18, 22-24)
R/ Rendez grâce au Seigneur : Il est bon ! Éternel est son amour !
Oui, que le dise Israël :
Éternel est son amour !
Que le dise la maison d’Aaron :
Éternel est son amour !
Qu’ils le disent, ceux qui craignent le Seigneur :
Éternel est son amour !
Le bras du Seigneur se lève,
le bras du Seigneur est fort !
Non, je ne mourrai pas, je vivrai
pour annoncer les actions du Seigneur.
Il m’a frappé, le Seigneur, il m’a frappé,
mais sans me livrer à la mort.
La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs
est devenue la pierre d’angle :
c’est là l’œuvre du Seigneur,
la merveille devant nos yeux.
Voici le jour que fit le Seigneur,
qu’il soit pour nous jour de fête et de joie !
Deuxième lecture
Lecture de la première lettre de saint Jean
« Tout être qui est né de Dieu est vainqueur du monde. » (1 Jn 5, 1-6)
Bien-aimés,
celui qui croit que Jésus est le Christ, celui-là est né de Dieu ; celui qui aime le Père qui a engendré aime aussi le Fils qui est né de lui. Voici comment nous reconnaissons que nous aimons les enfants de Dieu : lorsque nous aimons Dieu et que nous accomplissons ses commandements. Car tel est l’amour de Dieu : garder ses commandements ; et ses commandements ne sont pas un fardeau, puisque tout être qui est né de Dieu est vainqueur du monde. Or la victoire remportée sur le monde, c’est notre foi. Qui donc est vainqueur du monde ? N’est-ce pas celui qui croit que Jésus est le Fils de Dieu ? C’est lui, Jésus Christ, qui est venu par l’eau et par le sang : non pas seulement avec l’eau, mais avec l’eau et avec le sang. Et celui qui rend témoignage, c’est l’Esprit, car l’Esprit est la vérité.
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
« Huit jours plus tard, Jésus vient. » (Jn 20, 19-31)
Acclamation :
Alléluia. Alléluia. Thomas, parce que tu m’as vu, tu crois, dit le Seigneur. Heureux ceux qui croient sans avoir vu ! Alléluia[1].
C’était après la mort de Jésus. Le soir venu, en ce premier jour de la semaine, alors que les portes du lieu où se trouvaient les disciples étaient verrouillées par crainte des Juifs, Jésus vint, et il était là au milieu d’eux. Il leur dit : « La paix soit avec vous ! » Après cette parole, il leur montra ses mains et son côté. Les disciples furent remplis de joie en voyant le Seigneur. Jésus leur dit de nouveau : « La paix soit avec vous ! De même que le Père m’a envoyé, moi aussi, je vous envoie. » Ayant ainsi parlé, il souffla sur eux et il leur dit : « Recevez l’Esprit Saint. À qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis ; à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. »
Or, l’un des Douze, Thomas, appelé Didyme (c’est-à-dire Jumeau), n’était pas avec eux quand Jésus était venu. Les autres disciples lui disaient : « Nous avons vu le Seigneur ! » Mais il leur déclara : « Si je ne vois pas dans ses mains la marque des clous, si je ne mets pas mon doigt dans la marque des clous, si je ne mets pas la main dans son côté, non, je ne croirai pas ! »
Huit jours plus tard, les disciples se trouvaient de nouveau dans la maison, et Thomas était avec eux. Jésus vient, alors que les portes étaient verrouillées, et il était là au milieu d’eux. Il dit : « La paix soit avec vous ! » Puis il dit à Thomas : « Avance ton doigt ici, et vois mes mains ; avance ta main, et mets-la dans mon côté : cesse d’être incrédule, sois croyant. » Alors Thomas lui dit : « Mon Seigneur et mon Dieu ! » Jésus lui dit : « Parce que tu m’as vu, tu crois. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. »
Il y a encore beaucoup d’autres signes que Jésus a faits en présence des disciples et qui ne sont pas écrits dans ce livre. Mais ceux-là ont été écrits pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom.
Textes liturgiques © AELF www.aelf.org
Homélie
« Mon Seigneur et mon Dieu[2]. »
La présence de Jésus ressuscité dans la communauté des disciples engendre le partage et la fraternité : « La multitude de ceux qui étaient devenus croyants avait un seul cœur et une seule âme ». Elle est tellement unie, tellement fraternelle qu’elle sait partager sur le plan financier, à tel point que chacun peut disposer de ce dont il a besoin. Bien loin d’être source de division ou de magouille, comme en beaucoup de familles, associations, communautés, ou même Églises, l’argent est devenu un lien d’unité et d’harmonie.
Cependant, la foi en Jésus Christ ressuscité ne semblait pas aller de soi chez les premiers chrétiens. Certains « restaient encore incrédules[3] ». D’après l’évangile d’aujourd’hui, Thomas, qui avait manqué le premier rendez-vous, refuse de croire. Il veut voir et toucher. Comme beaucoup d’entre nous, et c’est bien en cela qu’il peut être notre « jumeau », il veut faire l’expérience concrète de la présence du ressuscité. Son doute devient l’occasion d’une des formules de foi les plus fortes, « Mon Seigneur et mon Dieu ». Jésus le Seigneur est celui qui a été crucifié et dont le côté a été ouvert par la lance. Si l’évangéliste insiste sur les stigmates de la crucifixion, c’est bien pour montrer que la résurrection n’annule pas le sens et la valeur de sa souffrance et de sa mort. Il existe une continuité entre le vendredi saint et le dimanche de Pâques. Dieu le Père a reconnu son propre fils en celui qui a été rejeté par les hommes, il a accepté sa vie immolée, il l’a fait « Christ et Seigneur », le seul Seigneur. « Tout homme qui croit que Jésus est le Christ, est vraiment né de Dieu », dit St Jean dans la deuxième lecture.
Cette page d’évangile contient aussi quelques-uns des principaux éléments fondateurs de la vie chrétienne :
- d’abord la présence du Ressuscité au sein de la communauté rassemblée ; c’est le Christ ressuscité que nous rencontrons lorsque nous célébrons l’Eucharistie ;
- en deuxième lieu, le don de l’Esprit, signifiée par le souffle de Jésus, semblable au souffle créateur des origines, symbole d’une nouvelle création, source du pardon et de la miséricorde ;
- en troisième lieu, le don de la paix, fruit de la miséricorde divine ;
- en quatrième lieu, le rythme hebdomadaire de l’assemblée dominicale : ce qui s’est passé le premier jour de la semaine (jour de Pâques) se reproduit huit jours plus tard dans le même lieu, et se renouvelle en nos assemblées dominicales.
À chaque rassemblement eucharistique, le don de la paix, l’un des fruits de l’Esprit, est renouvelé. Cette paix que nous échangeons est « la paix du Christ ». « La paix soit avec vous », a dit Jésus aux disciples rassemblés. « Que la paix du Seigneur soit toujours avec vous », nous est-il répété à chaque Eucharistie. La paix que Jésus ressuscité nous communique n’est pas seulement physique ou spirituelle, elle est aussi sociale. Elle devient témoignage et partage, comme le rappelle la description de la première communauté chrétienne dans la première lecture. La paix qui nous est transmise de la part du Christ en nos célébrations implique des participants un accueil inconditionnel du pécheur, de l’étranger, de l’exclu, du rebelle… La paix du Christ n’est efficace que si nous la faisons passer en nous. Elle nous dépasse car elle est un don du Christ ressuscité : ils étaient « un seul cœur et une seule âme », est-il dit dans la première lecture.
« Heureux qui croit sans avoir vu. » Les disciples ont vu Jésus dans son ministère public, ils ont reconnu en lui la présence de Dieu. Ils l’ont vu debout, ressuscité. Ils ont transmis cette foi à ceux qui les ont suivis, rassemblés pour le partage du pain et de la parole. Désormais, c’est à travers ce partage, à travers la communauté, que la foi et la miséricorde de Dieu sont transmises.
Jean-Marie GUILLAUME, sma.
[1] Cf. Jn 20, 29.
[2] Jean, 20, 28.
[3] Lc 24,41 ; voir aussi Mc 16, 14 et Mt 28, 17.
Jésus, en nous et parmi nous
Dimanche de Pâques
Première lecture
Lecture du livre des Actes des Apôtres
« Nous avons mangé et bu avec lui après sa résurrection d’entre les morts. »
(Ac 10, 34a. 37-43)
En ces jours-là, quand Pierre arriva à Césarée chez un centurion de l’armée romaine, il prit la parole et dit : « Vous savez ce qui s’est passé à travers tout le pays des Juifs, depuis les commencements en Galilée, après le baptême proclamé par Jean : Jésus de Nazareth, Dieu lui a donné l’onction d’Esprit Saint et de puissance. Là où il passait, il faisait le bien et guérissait tous ceux qui étaient sous le pouvoir du diable, car Dieu était avec lui. Et nous, nous sommes témoins de tout ce qu’il a fait dans le pays des Juifs et à Jérusalem. Celui qu’ils ont supprimé en le suspendant au bois du supplice, Dieu l’a ressuscité le troisième jour. Il lui a donné de se manifester, non pas à tout le peuple, mais à des témoins que Dieu avait choisis d’avance, à nous qui avons mangé et bu avec lui après sa résurrection d’entre les morts. Dieu nous a chargés d’annoncer au peuple et de témoigner que lui-même l’a établi Juge des vivants et des morts. C’est à Jésus que tous les prophètes rendent ce témoignage : Quiconque croit en lui reçoit par son nom le pardon de ses péchés. »
Psaume
(Ps 117 (118), 1.2, 16-17, 22-23)
R/ Voici le jour que fit le Seigneur, qu’il soit pour nous jour de fête et de joie !
Rendez grâce au Seigneur : Il est bon !
Éternel est son amour !
Oui, que le dise Israël :
Éternel est son amour !
Le bras du Seigneur se lève,
le bras du Seigneur est fort !
Non, je ne mourrai pas, je vivrai
pour annoncer les actions du Seigneur.
La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs
est devenue la pierre d’angle
c’est là l’œuvre du Seigneur,
la merveille devant nos yeux.
Deuxième lecture
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Colossiens
« Recherchez les réalités d’en haut, là où est le Christ. »
(Col 3, 1-4)
Frères,
si vous êtes ressuscités avec le Christ, recherchez les réalités d’en haut : c’est là qu’est le Christ, assis à la droite de Dieu. Pensez aux réalités d’en haut, non à celles de la terre. En effet, vous êtes passés par la mort, et votre vie reste cachée avec le Christ en Dieu. Quand paraîtra le Christ, votre vie, alors vous aussi, vous paraîtrez avec lui dans la gloire.
Évangile
« Il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts. »
(Jn 20, 1-9)
Acclamation :
Alléluia. Alléluia. Notre Pâque immolée, c’est le Christ ! Célébrons la Fête dans le Seigneur ! Alléluia.[1]
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
Le premier jour de la semaine, Marie Madeleine se rend au tombeau de grand matin ; c’était encore les ténèbres. Elle s’aperçoit que la pierre a été enlevée du tombeau. Elle court donc trouver Simon-Pierre et l’autre disciple, celui que Jésus aimait, et elle leur dit : « On a enlevé le Seigneur de son tombeau, et nous ne savons pas où on l’a déposé. » Pierre partit donc avec l’autre disciple pour se rendre au tombeau. Ils couraient tous les deux ensemble, mais l’autre disciple courut plus vite que Pierre et arriva le premier au tombeau. En se penchant, il s’aperçoit que les linges sont posés à plat ; cependant il n’entre pas. Simon-Pierre, qui le suivait, arrive à son tour. Il entre dans le tombeau ; il aperçoit les linges, posés à plat, ainsi que le suaire qui avait entouré la tête de Jésus, non pas posé avec les linges, mais roulé à part à sa place. C’est alors qu’entra l’autre disciple, lui qui était arrivé le premier au tombeau. Il vit, et il crut. Jusque-là, en effet, les disciples n’avaient pas compris que, selon l’Écriture, il fallait que Jésus ressuscite d’entre les morts.
Textes liturgiques © AELF www.aelf.org
Homélie
Jésus, en nous et parmi nous
Pâques, ce n’est pas un simple retour à la vie, ou la libération de la mort de Jésus le Christ. D’après saint Jean, l’apôtre-évangéliste, c’est également, et surtout, une victoire totale sur Satan, le prince des ténèbres, lui qui est à l’origine de la condamnation de Jésus par l’intermédiaire de ceux que celui-ci a lui-même a qualifiés d’hommes des ténèbres d’en bas ! Désormais, c’est Jésus le vainqueur : sa mort fut une élévation glorieuse et le grand passage (Pessah, en hébreux) vers le Père, toujours selon Jean… On pourrait ainsi dire que Pâques est vraiment une libération et une glorification.
Mais si l’on regarde d’un peu plus près, sur un plan réaliste et tout ordinaire, on pourrait dire que, dans notre Église, on a sorti Jésus glorieusement de l’obscurité du tombeau… pour l’enfermer dans un tabernacle scellé dans un bâtiment aux portes solides. Ou encore pour le figer dans nos dogmes rigides comme les Juifs de la 1ère alliance avaient enfermé la Parole de Dieu (Tora) dans une boîte en bois appelé « arche de l’alliance ».
Ce qu’on oublie ainsi, c’est que Jésus est sorti du Père et qu’il s’est débarrassé (dépouillement) de tout ce qui était divin, comme le dit saint Paul dans sa lettre aux Philippiens[2], non pas pour être enfermé dans une « arche » mais pour homme parmi les hommes en tout sauf le péché. C’est cela, la victoire de Pâques : Jésus, homme libre parmi des hommes libérés.
Voilà pourquoi ce Jésus de Nazareth ne voulait en rien s’attacher à un lieu ni à des personnes : « Qui sont mes frères ou sœurs, demande-t-il à la foule ? Ce sont ceux qui sont assez libres pour faire la volonté de mon Père ». Voilà pourquoi il a dit à ses disciples, dès le premier jour de sa mission : « Allons ailleurs et quittons Capharnaüm[3] »… C’est également pour cela qu’il fut le prophète migrant par excellence, celui qui voulait aller partout pour guérir et proclamer la bonne nouvelle du salut, sans être attaché ou lié nulle part. Il visite beaucoup, il bouge sans cesse, mais il ne s’incruste jamais. Il s’est même laissé oindre ses pieds de marcheur par une gentille dame : le service qu’elle lui rendait était celui d’un disciple qui a déjà compris son message. Il est vrai que Jésus sut donner sens à ces gestes, osés pour l’époque, en proclamant qu’elle a prévu sa mort et l’a embaumé d’avance, comme un pharaon d’Egypte. Si l’on jette encore un regard sur les évangiles, il faut bien admettre que cette « femme » que certains appellent Madeleine – la femme de Magdala - a précédé ces autres « gentes dames » de bonne volonté qui, au matin de Pâques, étaient venues pour « oindre » le déjà Ressuscité.
Ainsi libéré de tout, le Christ se trouve aujourd’hui dans son seul vrai « sanctuaire »… ou demeure, abri ou refuge, là où il est à l’aise. Chacun d’entre nous, dans l’Esprit, est devenu cet « abri » de Dieu par la consécration baptismale, abri et fils ou fille en même temps. C’est là qu’est la véritable Pâques, et nous sommes devenus et Pierre et Paul et le disciple bien-aimé, et tout disciple, pour proclamer aujourd’hui que Jésus le vivant est en nous et parmi nous bien plus réellement que dans tous les tabernacles du monde ! A nous de l’annoncer et d’en témoigner !
Jean-Pierre FREY sma
[1] Cf. 1 Co 5, 7b-8a.
[2] Lettre de Paul aux Philippiens 2, 6-11.
[3] Ce qui ne veut pas dire qu’il n’est pas revenu à Capharnaüm, mais il ne s’y est pas attaché.
« Vraiment, cet homme était fils de Dieu. »
« Vraiment, cet homme était fils de Dieu. »
Dimanche des Rameaux
Évangile
« Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! »
(Mc 11, 1-10)
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
Lorsqu’ils approchent de Jérusalem, vers Bethphagé et Béthanie, près du mont des Oliviers, Jésus envoie deux de ses disciples et leur dit : « Allez au village qui est en face de vous. Dès que vous y entrerez, vous trouverez un petit âne attaché, sur lequel personne ne s’est encore assis. Détachez-le et amenez-le. Si l’on vous dit : Que faites-vous là ?, répondez : Le Seigneur en a besoin, mais il vous le renverra aussitôt. » Ils partirent, trouvèrent un petit âne attaché près d’une porte, dehors, dans la rue, et ils le détachèrent. Des gens qui se trouvaient là leur demandaient : Qu’avez-vous à détacher cet ânon ? Ils répondirent ce que Jésus leur avait dit, et on les laissa faire. Ils amenèrent le petit âne à Jésus, le couvrirent de leurs manteaux, et Jésus s’assit dessus. Alors, beaucoup de gens étendirent leurs manteaux sur le chemin, d’autres, des feuillages coupés dans les champs. Ceux qui marchaient devant et ceux qui suivaient criaient : Hosanna ! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur ! Béni soit le Règne qui vient, celui de David, notre père. Hosanna au plus haut des cieux !
Messe de la Passion
Première lecture
Lecture du livre du prophète Isaïe
« Je n’ai pas caché ma face devant les outrages, je sais que je ne serai pas confondu. »
(Is 50, 4-7)
Le Seigneur mon Dieu m’a donné le langage des disciples, pour que je puisse, d’une parole, soutenir celui qui est épuisé. Chaque matin, il éveille mon oreille pour qu’en disciple, j’écoute. Le Seigneur mon Dieu m’a ouvert l’oreille, et moi, je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé. J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient, et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe. Je n’ai pas caché ma face devant les outrages et les crachats. Le Seigneur mon Dieu vient à mon secours ; c’est pourquoi je ne suis pas atteint par les outrages, c’est pourquoi j’ai rendu ma face dure comme pierre : je sais que je ne serai pas confondu.
Psaume
Ps 21 (22), 8-9, 17-18a, 19-20, 22c-24a
R/ Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?
Tous ceux qui me voient me bafouent,
ils ricanent et hochent la tête :
« Il comptait sur le Seigneur : qu’il le délivre !
Qu’il le sauve, puisqu’il est son ami ! »
Oui, des chiens me cernent,
une bande de vauriens m’entoure.
Ils me percent les mains et les pieds ;
je peux compter tous mes os.
Ils partagent entre eux mes habits
et tirent au sort mon vêtement.
Mais toi, Seigneur, ne sois pas loin :
ô ma force, viens vite à mon aide !
Tu m’as répondu !
Et je proclame ton nom devant mes frères,
je te loue en pleine assemblée.
Vous qui le craignez, louez le Seigneur.
Deuxième lecture
Lecture de la lettre de Saint Paul apôtre aux Philippiens
« Il s’est abaissé : c’est pourquoi Dieu l’a exalté. »
(Ph 2, 6-11)
Le Christ Jésus, ayant la condition de Dieu, ne retint pas jalousement le rang qui l’égalait à Dieu. Mais il s’est anéanti, prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes. Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort, et la mort de la croix. C’est pourquoi Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers, et que toute langue proclame : « Jésus Christ est Seigneur » à la gloire de Dieu le Père.
Évangile
Passion de notre Seigneur Jésus Christ
(Mc 15, 1-39)
Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus ! Pour nous, le Christ est devenu obéissant, jusqu’à la mort, et la mort de la croix. C’est pourquoi Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom. Gloire et louange à toi, Seigneur Jésus ![1]
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
Indications pour la lecture dialoguée
Les sigles désignant les divers interlocuteurs son les suivants : X = Jésus ; L = Lecteur ; D = Disciples et amis ; F = Foule ; A = Autres personnages.
L La fête de la Pâque et des pains sans levain allait avoir lieu deux jours après. Les grands prêtres et les scribes cherchaient comment arrêter Jésus par ruse, pour le faire mourir. Car ils se disaient :
A « Pas en pleine fête, pour éviter des troubles dans le peuple. »
L Jésus se trouvait à Béthanie, dans la maison de Simon le lépreux. Pendant qu’il était à table, une femme entra, avec un flacon d’albâtre contenant un parfum très pur et de grande valeur. Brisant le flacon, elle lui versa le parfum sur la tête. Or, de leur côté, quelques-uns s’indignaient :
A « À quoi bon gaspiller ce parfum ? On aurait pu, en effet, le vendre pour plus de trois cents pièces d’argent, que l’on aurait données aux pauvres. »
L Et ils la rudoyaient. Mais Jésus leur dit :
X « Laissez-la ! Pourquoi la tourmenter ? Il est beau, le geste qu’elle a fait envers moi. Des pauvres, vous en aurez toujours avec vous, et, quand vous le voulez, vous pouvez leur faire du bien ; mais moi, vous ne m’avez pas pour toujours. Ce qu’elle pouvait faire, elle l’a fait. D’avance elle a parfumé mon corps pour mon ensevelissement. Amen, je vous le dis : partout où l’Évangile sera proclamé – dans le monde entier –, on racontera, en souvenir d’elle, ce qu’elle vient de faire. »
L Judas Iscariote, l’un des Douze, alla trouver les grands prêtres pour leur livrer Jésus. À cette nouvelle, ils se réjouirent et promirent de lui donner de l’argent. Et Judas cherchait comment le livrer au moment favorable. Le premier jour de la fête des pains sans levain, où l’on immolait l’agneau pascal, les disciples de Jésus lui disent :
D « Où veux-tu que nous allions faire les préparatifs pour que tu manges la Pâque ? »
L Il envoie deux de ses disciples en leur disant :
X « Allez à la ville ; un homme portant une cruche d’eau viendra à votre rencontre. Suivez-le, et là où il entrera, dites au propriétaire : Le Maître te fait dire : Où est la salle où je pourrai manger la Pâque avec mes disciples ? Il vous indiquera, à l’étage, une grande pièce aménagée et prête pour un repas. Faites-y pour nous les préparatifs. »
L Les disciples partirent, allèrent à la ville ; ils trouvèrent tout comme Jésus leur avait dit, et ils préparèrent la Pâque. Le soir venu, Jésus arrive avec les Douze. Pendant qu’ils étaient à table et mangeaient, Jésus déclara :
X « Amen, je vous le dis : l’un de vous, qui mange avec moi, va me livrer. »
L Ils devinrent tout tristes et, l’un après l’autre, ils lui demandaient :
D « Serait-ce moi ? »
L Il leur dit :
X « C’est l’un des Douze, celui qui est en train de se servir avec moi dans le plat. Le Fils de l’homme s’en va, comme il est écrit à son sujet ; mais malheureux celui par qui le Fils de l’homme est livré ! Il vaudrait mieux pour lui qu’il ne soit pas né, cet homme-là ! »
L Pendant le repas, Jésus, ayant pris du pain et prononcé la bénédiction, le rompit, le leur donna, et dit :
X « Prenez, ceci est mon corps. »
L Puis, ayant pris une coupe et ayant rendu grâce, il la leur donna, et ils en burent tous. Et il leur dit :
X « Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, versé pour la multitude. Amen, je vous le dis : je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusqu’au jour où je le boirai, nouveau, dans le royaume de Dieu. »
L Après avoir chanté les psaumes, ils partirent pour le mont des Oliviers. Jésus leur dit :
X « Vous allez tous être exposés à tomber, car il est écrit : Je frapperai le berger, et les brebis seront dispersées. Mais, une fois ressuscité, je vous précéderai en Galilée. »
L Pierre lui dit alors :
D « Même si tous viennent à tomber, moi, je ne tomberai pas. »
L Jésus lui répond :
X « Amen, je te le dis : toi, aujourd’hui, cette nuit même, avant que le coq chante deux fois, tu m’auras renié trois fois. »
L Mais lui reprenait de plus belle :
D « Même si je dois mourir avec toi, je ne te renierai pas. »
L Et tous en disaient autant.
L Ils parviennent à un domaine appelé Gethsémani. Jésus dit à ses disciples :
X « Asseyez-vous ici, pendant que je vais prier. »
L Puis il emmène avec lui Pierre, Jacques et Jean, et commence à ressentir frayeur et angoisse. Il leur dit :
X « Mon âme est triste à mourir. Restez ici et veillez. »
L Allant un peu plus loin, il tombait à terre et priait pour que, s’il était possible, cette heure s’éloigne de lui. Il disait :
X « Abba... Père, tout est possible pour toi. Éloigne de moi cette coupe. Cependant, non pas ce que moi, je veux, mais ce que toi, tu veux ! »
L Puis il revient et trouve les disciples endormis. Il dit à Pierre :
X « Simon, tu dors ! Tu n’as pas eu la force de veiller seulement une heure ? Veillez et priez, pour ne pas entrer en tentation ; l’esprit est ardent, mais la chair est faible. »
L De nouveau, il s’éloigna et pria, en répétant les mêmes paroles. Et de nouveau, il vint près des disciples qu’il trouva endormis, car leurs yeux étaient alourdis de sommeil. Et eux ne savaient que lui répondre. Une troisième fois, il revient et leur dit :
X « Désormais, vous pouvez dormir et vous reposer. C’est fait ; l’heure est venue : voici que le Fils de l’homme est livré aux mains des pécheurs. Levez-vous ! Allons ! Voici qu’il est proche, celui qui me livre. »
L Jésus parlait encore quand Judas, l’un des Douze, arriva et avec lui une foule armée d’épées et de bâtons, envoyée par les grands prêtres, les scribes et les anciens. Or, celui qui le livrait leur avait donné un signe convenu :
D « Celui que j’embrasserai, c’est lui : arrêtez-le, et emmenez-le sous bonne garde. »
L À peine arrivé, Judas, s’approchant de Jésus, lui dit :
D « Rabbi ! »
L Et il l’embrassa. Les autres mirent la main sur lui et l’arrêtèrent. Or un de ceux qui étaient là tira son épée, frappa le serviteur du grand prêtre et lui trancha l’oreille. Alors Jésus leur déclara :
X « Suis-je donc un bandit, pour que vous soyez venus vous saisir de moi, avec des épées et des bâtons ? Chaque jour, j’étais auprès de vous dans le Temple en train d’enseigner, et vous ne m’avez pas arrêté. Mais c’est pour que les Écritures s’accomplissent. »
L Les disciples l’abandonnèrent et s’enfuirent tous. Or, un jeune homme suivait Jésus ; il n’avait pour tout vêtement qu’un drap. On essaya de l’arrêter. Mais lui, lâchant le drap, s’enfuit tout nu.
L Ils emmenèrent Jésus chez le grand prêtre. Ils se rassemblèrent tous, les grands prêtres, les anciens et les scribes. Pierre avait suivi Jésus à distance, jusqu’à l’intérieur du palais du grand prêtre, et là, assis avec les gardes, il se chauffait près du feu. Les grands prêtres et tout le Conseil suprême cherchaient un témoignage contre Jésus pour le faire mettre à mort, et ils n’en trouvaient pas. De fait, beaucoup portaient de faux témoignages contre Jésus, et ces témoignages ne concordaient pas. Quelques-uns se levèrent pour porter contre lui ce faux témoignage :
A « Nous l’avons entendu dire : « Je détruirai ce sanctuaire fait de main d’homme, et en trois jours j’en rebâtirai un autre qui ne sera pas fait de main d’homme. »
L Et même sur ce point, leurs témoignages n’étaient pas concordants. Alors s’étant levé, le grand prêtre, devant tous, interrogea Jésus :
A « Tu ne réponds rien ? Que dis-tu des témoignages qu’ils portent contre toi ? »
L Mais lui gardait le silence et ne répondait rien. Le grand prêtre l’interrogea de nouveau :
A « Es-tu le Christ, le Fils du Dieu béni ? »
L Jésus lui dit :
X « Je le suis. Et vous verrez le Fils de l’homme siéger à la droite du Tout-Puissant, et venir parmi les nuées du ciel. »
L Alors, le grand prêtre déchire ses vêtements et dit :
A « Pourquoi nous faut-il encore des témoins ? Vous avez entendu le blasphème. Qu’en pensez-vous ? »
L Tous prononcèrent qu’il méritait la mort. Quelques-uns se mirent à cracher sur lui, couvrirent son visage d’un voile, et le giflèrent, en disant :
F « Fais le prophète ! »
L Et les gardes lui donnèrent des coups.
L Comme Pierre était en bas, dans la cour, arrive une des jeunes servantes du grand prêtre. Elle voit Pierre qui se chauffe, le dévisage et lui dit :
A « Toi aussi, tu étais avec Jésus de Nazareth ! »
L Pierre le nia :
D « Je ne sais pas, je ne comprends pas de quoi tu parles. »
L Puis il sortit dans le vestibule, au dehors. Alors un coq chanta. La servante, ayant vu Pierre, se mit de nouveau à dire à ceux qui se trouvaient là :
A « Celui-ci est l’un d’entre eux ! »
L De nouveau, Pierre le niait. Peu après, ceux qui se trouvaient là lui disaient à leur tour :
F « Sûrement tu es l’un d’entre eux ! D’ailleurs, tu es Galiléen. »
L Alors il se mit à protester violemment et à jurer :
D « Je ne connais pas cet homme dont vous parlez. »
L Et aussitôt, pour la seconde fois, un coq chanta. Alors Pierre se rappela cette parole que Jésus lui avait dite : « Avant que le coq chante deux fois, tu m’auras renié trois fois. » Et il fondit en larmes.
L Dès le matin, les grands prêtres convoquèrent les anciens et les scribes, et tout le Conseil suprême. Puis, après avoir ligoté Jésus, ils l’emmenèrent et le livrèrent à Pilate. Celui-ci l’interrogea :
A « Es-tu le roi des Juifs ? »
L Jésus répondit :
X « C’est toi-même qui le dis. »
L Les grands prêtres multipliaient contre lui les accusations. Pilate lui demanda à nouveau :
A « Tu ne réponds rien ? Vois toutes les accusations qu’ils portent contre toi. »
L Mais Jésus ne répondit plus rien, si bien que Pilate fut étonné. À chaque fête, il leur relâchait un prisonnier, celui qu’ils demandaient. Or, il y avait en prison un dénommé Barabbas, arrêté avec des émeutiers pour un meurtre qu’ils avaient commis lors de l’émeute. La foule monta donc chez Pilate, et se mit à demander ce qu’il leur accordait d’habitude. Pilate leur répondit :
A « Voulez-vous que je vous relâche le roi des Juifs ? »
L Il se rendait bien compte que c’était par jalousie que les grands prêtres l’avaient livré. Ces derniers soulevèrent la foule pour qu’il leur relâche plutôt Barabbas. Et comme Pilate reprenait :
A « Que voulez-vous donc que je fasse de celui que vous appelez le roi des Juifs ? »
L de nouveau ils crièrent :
F « Crucifie-le ! »
L Pilate leur disait :
A « Qu’a-t-il donc fait de mal ? »
L Mais ils crièrent encore plus fort :
F « Crucifie-le ! »
L Pilate, voulant contenter la foule, relâcha Barabbas et, après avoir fait flageller Jésus, il le livra pour qu’il soit crucifié. Les soldats l’emmenèrent à l’intérieur du palais, c’est-à-dire dans le Prétoire. Alors ils rassemblent toute la garde, ils le revêtent de pourpre, et lui posent sur la tête une couronne d’épines qu’ils ont tressée. Puis ils se mirent à lui faire des salutations, en disant :
A « Salut, roi des Juifs ! »
L Ils lui frappaient la tête avec un roseau, crachaient sur lui, et s’agenouillaient pour lui rendre hommage. Quand ils se furent bien moqués de lui, ils lui enlevèrent le manteau de pourpre, et lui remirent ses vêtements.
L Puis, de là, ils l’emmènent pour le crucifier, et ils réquisitionnent, pour porter sa croix, un passant, Simon de Cyrène, le père d’Alexandre et de Rufus, qui revenait des champs. Et ils amènent Jésus au lieu dit Golgotha, ce qui se traduit : Lieu-du-Crâne (ou Calvaire). Ils lui donnaient du vin aromatisé de myrrhe ; mais il n’en prit pas. Alors ils le crucifient, puis se partagent ses vêtements, en tirant au sort pour savoir la part de chacun. C’était la troisième heure (c’est-à-dire : neuf heures du matin) lorsqu’on le crucifia. L’inscription indiquant le motif de sa condamnation portait ces mots : « Le roi des Juifs ». Avec lui ils crucifient deux bandits, l’un à sa droite, l’autre à sa gauche. Les passants l’injuriaient en hochant la tête ; ils disaient :
F « Hé ! Toi qui détruis le Sanctuaire et le rebâtis en trois jours, sauve-toi toi-même, descends de la croix ! »
L De même, les grands prêtres se moquaient de lui avec les scribes, en disant entre eux :
A « Il en a sauvé d’autres, et il ne peut pas se sauver lui-même ! Qu’il descende maintenant de la croix, le Christ, le roi d’Israël ; alors nous verrons et nous croirons. »
L Même ceux qui étaient crucifiés avec lui l’insultaient. Quand arriva la sixième heure (c’est-à-dire : midi), l’obscurité se fit sur toute la terre jusqu’à la neuvième heure. Et à la neuvième heure, Jésus cria d’une voix forte :
X « Éloï, Éloï, lema sabactani ? »
L Ce qui se traduit :
X « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ? »
L L’ayant entendu, quelques-uns de ceux qui étaient là disaient :
F « Voilà qu’il appelle le prophète Élie ! »
L L’un d’eux courut tremper une éponge dans une boisson vinaigrée, il la mit au bout d’un roseau, et il lui donnait à boire, en disant :
A « Attendez ! Nous verrons bien si Élie vient le descendre de là ! »
L Mais Jésus, poussant un grand cri, expira.
(Ici on fléchit le genou et on s’arrête un instant)
L Le rideau du Sanctuaire se déchira en deux, depuis le haut jusqu’en bas. Le centurion qui était là en face de Jésus, voyant comment il avait expiré, déclara :
A « Vraiment, cet homme était Fils de Dieu ! »
L Il y avait aussi des femmes, qui observaient de loin, et parmi elles, Marie Madeleine, Marie, mère de Jacques le Petit et de José, et Salomé, qui suivaient Jésus et le servaient quand il était en Galilée, et encore beaucoup d’autres, qui étaient montées avec lui à Jérusalem. Déjà il se faisait tard ; or, comme c’était le jour de la Préparation, qui précède le sabbat, Joseph d’Arimathie intervint. C’était un homme influent, membre du Conseil, et il attendait lui aussi le règne de Dieu. Il eut l’audace d’aller chez Pilate pour demander le corps de Jésus. Pilate s’étonna qu’il soit déjà mort ; il fit appeler le centurion, et l’interrogea pour savoir si Jésus était mort depuis longtemps. Sur le rapport du centurion, il permit à Joseph de prendre le corps. Alors Joseph acheta un linceul, il descendit Jésus de la croix, l’enveloppa dans le linceul et le déposa dans un tombeau qui était creusé dans le roc. Puis il roula une pierre contre l’entrée du tombeau. Or, Marie Madeleine et Marie, mère de José, observaient l’endroit où on l’avait mis.
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Homélie
« Vraiment, cet homme était fils de Dieu[2]. »
La liturgie de ce jour nous fait méditer la passion de Jésus selon saint Marc. Il s’agit d’un des tout premiers textes des évangiles, qu’on pourrait qualifier de texte fondateur. C’est le récit, déjà chargé de théologie et de signification, des derniers instants de la vie terrestre de Jésus. Marc y laisse transparaître sa vision dont nous reprenons quelques traits.
D’abord, le procès et la mort de Jésus apparaissent comme une profonde injustice. Cependant Jésus, avant d’affronter la mort, est montré comme maître des événements. Le récit commence avec l’embaumement de son corps par une femme brisant sur lui un flacon de parfum. C’est un beau geste fait envers lui, reconnaît Jésus. « D’avance elle a parfumé mon corps pour son ensevelissement », ainsi, par avance, la mort est déjouée, transformée en une odeur agréable comme celle d’un sacrifice.
Alors que les grands prêtres et les scribes voulaient éviter de le faire mourir en pleine fête, Jésus est cloué sur la croix et meurt au moment de l’offrande dans le temple. Jésus organise lui-même le repas pascal à la chambre haute pour ses propres disciples. Par avance, avec l’institution de l’Eucharistie, comme en une simulation, Jésus donne un sens à sa propre mort. Le pain et le vin partagés sur lesquels il a rendu grâce deviennent symbole de son corps brisé et de sa vie donnée.
C’est ensuite le récit des événements qui se succèdent rapidement les uns aux autres, où l’attitude négative des disciples, surtout de Pierre, est mise en relief. L’épisode du jardin des Oliviers se termine par la scène étrange d’un jeune homme qui suivait, revêtu d’un simple drap d’où il s’échappe tout nu. Ce peut être un témoignage personnel de l’auteur ou une annonce symbolique de la résurrection de Jésus qui, laissant le linceul dans lequel il aura été enseveli, s’échappe de la mort. Il peut être aussi une invitation adressée aux croyants de se libérer de toute entrave.
Dans le procès qu’il subit et sa mise en croix, Jésus est complètement seul, abandonné des siens, abandonné par la foule qui, peu auparavant, l’avait acclamé comme « celui qui vient au nom du Seigneur ». Ce ne sont d’ailleurs pas seulement « les grands prêtres, les anciens, les scribes » qui s’acharnent contre lui, mais aussi toute la foule, qui marque beaucoup d’hostilité. Pierre, le chef des Douze, le renie lamentablement face à une jeune servante ; un bandit de grand chemin lui est préféré. Même ceux qui sont crucifiés avec lui l’insultent. La solitude de Jésus est si profonde qu’il se sent même abandonné par Dieu son Père et prononce cette parole de désespoir : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?»
Deux hommes cependant, qui n’ont jamais été mis en scène dans le déroulement de l’évangile, montrent de la compassion : Simon de Cyrène, réquisitionné pour aider Jésus à porter sa croix, devenant ainsi modèle de disciple, et Joseph d’Arimathie, membre du Conseil, qui obtint la permission de détacher le corps de Jésus de la croix avant le coucher du soleil. Alors que les disciples ont fui, les femmes sont là à observer de loin ; plusieurs d’entre elles sont nommées, Marie Madeleine, Marie, mère de Jacques le Petit et de José, elles observent aussi l’endroit où le corps est déposé, elles seront là, les premières, au matin de Pâques.
La mort de Jésus marque cependant le début d’une ère nouvelle : « le rideau du sanctuaire se déchira en deux », ouvrant ainsi à tous la possibilité d’accéder au sanctuaire, c’est à dire à Dieu lui-même. Paradoxe très fort, la mort de Jésus est la démonstration de sa révélation comme fils de Dieu, proclamée en une profession de foi unique exprimée par un païen : « Le centurion… voyant comment il avait expiré, déclara : vraiment, cet homme était fils de Dieu ». C’est là non seulement le sommet du récit de la Passion, mais de tout l’évangile de Marc, écrit principalement pour des non Juifs, et plus précisément des Romains.
« Reconnu homme à son aspect, il s’est abaissé, devenant obéissant jusqu’à la mort et la mort de la croix. C’est pourquoi Dieu l’a exalté : il l’a doté du Nom qui est au-dessus de tout nom, afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse au ciel, sur terre et aux enfers et que toute langue proclame : Jésus Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père[3] ».
Tel est notre Seigneur, celui qui s’est fait l’un de nous, celui qui par sa mort nous donne la vie, celui que nous proclamons en chaque eucharistie, celui que nous essayons de suivre, d’aimer, de proclamer pour le bonheur de tous.
Jean-Marie GUILLAUME, sma
[1] Cf. Ph 2, 8-9.
[2] Marc 15, 39.
[3] Ph 2, 6-11 – deuxième lecture.
Si le grain de blé ne meurt.
Cinquième Dimanche de Carême
Première lecture
Lecture du livre du prophète Jérémie
« Je conclurai une alliance nouvelle et je ne me rappellerai plus leurs péchés. »
(Jr 31, 31-34)
Voici venir des jours – oracle du Seigneur –, où je conclurai avec la maison d’Israël et avec la maison de Juda une alliance nouvelle. Ce ne sera pas comme l’alliance que j’ai conclue avec leurs pères, le jour où je les ai pris par la main pour les faire sortir du pays d’Égypte : mon alliance, c’est eux qui l’ont rompue, alors que moi, j’étais leur maître – oracle du Seigneur.
Mais voici quelle sera l’alliance que je conclurai avec la maison d’Israël quand ces jours-là seront passés – oracle du Seigneur. Je mettrai ma Loi au plus profond d’eux-mêmes ; je l’inscrirai sur leur cœur. Je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple. Ils n’auront plus à instruire chacun son compagnon, ni chacun son frère en disant : « Apprends à connaître le Seigneur ! » Car tous me connaîtront, des plus petits jusqu’aux plus grands – oracle du Seigneur. Je pardonnerai leurs fautes, je ne me rappellerai plus leurs péchés.
Psaume
(50 (51), 3-4, 12-13, 14-15)
R/ Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu.
Pitié pour moi, mon Dieu, dans ton amour,
selon ta grande miséricorde, efface mon péché.
Lave-moi tout entier de ma faute,
purifie-moi de mon offense.
Crée en moi un cœur pur, ô mon Dieu,
renouvelle et raffermis au fond de moi mon esprit.
Ne me chasse pas loin de ta face,
ne me reprends pas ton esprit saint.
Rends-moi la joie d’être sauvé ;
que l’esprit généreux me soutienne.
Aux pécheurs, j’enseignerai tes chemins ;
vers toi, reviendront les égarés.
Deuxième lecture
Lecture de la lettre aux Hébreux
« Il a appris l’obéissance et est devenu la cause du salut éternel. »
(He 5, 7-9)
Le Christ, pendant les jours de sa vie dans la chair, offrit, avec un grand cri et dans les larmes, des prières et des supplications à Dieu qui pouvait le sauver de la mort, et il fut exaucé en raison de son grand respect. Bien qu’il soit le Fils, il apprit par ses souffrances l’obéissance et, conduit à sa perfection, il est devenu pour tous ceux qui lui obéissent la cause du salut éternel.
Évangile
« Si le grain de blé tombé en terre meurt, il porte beaucoup de fruit. »
(Jn 12, 20-33)
Gloire à toi, Seigneur, gloire à toi. Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive, dit le Seigneur ; et là où moi je suis, là aussi sera mon serviteur. Gloire à toi, Seigneur, gloire à toi[1].
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
En ce temps-là, il y avait quelques Grecs parmi ceux qui étaient montés à Jérusalem pour adorer Dieu pendant la fête de la Pâque. Ils abordèrent Philippe, qui était de Bethsaïde en Galilée, et lui firent cette demande : « Nous voudrions voir Jésus. » Philippe va le dire à André, et tous deux vont le dire à Jésus. Alors Jésus leur déclare : « L’heure est venue où le Fils de l’homme doit être glorifié. Amen, amen, je vous le dis : si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul ; mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruit. Qui aime sa vie la perd ; qui s’en détache en ce monde la gardera pour la vie éternelle. Si quelqu’un veut me servir, qu’il me suive ; et là où moi je suis, là aussi sera mon serviteur. Si quelqu’un me sert, mon Père l’honorera. Maintenant mon âme est bouleversée. Que vais-je dire ? Père, sauve-moi de cette heure ? – Mais non ! C’est pour cela que je suis parvenu à cette heure-ci ! Père, glorifie ton nom ! »
Alors, du ciel vint une voix qui disait : « Je l’ai glorifié et je le glorifierai encore. » En l’entendant, la foule qui se tenait là disait que c’était un coup de tonnerre. D’autres disaient : « C’est un ange qui lui a parlé. » Mais Jésus leur répondit : « Ce n’est pas pour moi qu’il y a eu cette voix, mais pour vous. Maintenant a lieu le jugement de ce monde ; maintenant le prince de ce monde va être jeté dehors ; et moi, quand j’aurai été élevé de terre, j’attirerai à moi tous les hommes. » Il signifiait par là de quel genre de mort il allait mourir.
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Homélie
Si le grain de blé ne meurt.
Voici un texte bien peu agréable à entendre, et bien difficile à appliquer dans notre vie quotidienne. Jésus y parle de mort, de détachement de la vie, de sa propre peur devant la mort...
Nous voudrions bien ne pas être concernés, et que ces mots ne soient que pour Jésus seul. Mais impossible d’y échapper. Si Jean note la présence des Grecs, des étrangers à Jérusalem au moment de cette annonce, c’est bien pour indiquer que le Christ s’adresse à tous les hommes.
Faut-il donc mourir pour vivre ? Faut-il refuser d’aimer la vie ? A une certaine époque, et chez certaines gens qui prenaient les mots au pied de la lettre, il y a eu de ces hommes et de ces femmes résignés, tristes, recherchant toutes les souffrances et tous les malheurs pour être sûrs d’arriver directement au Paradis. « Suivre le Christ » ne consiste pas à faire du Peuple de Dieu un peuple de « morts-vivants ». Je ne pense pas qu’il soit possible d’aimer Dieu et ses frères en refusant la vie...
Je pense que l’on s’est tout simplement parfois trompé sur le sens des mots « mort » et « vie ». La comparaison que Jésus nous donne avec le grain de blé nous aide d’ailleurs à mieux comprendre, à mieux nous situer par rapport à ces deux termes. Le grain de blé, le gland du chêne, la graine quelle qu’elle soit, meurent-ils vraiment lorsqu’ils sont enfouis en terre, au sens de finir et de disparaître ? Je les vois plutôt s’ouvrir, éclater, libérer toutes les forces de vie qui sont en eux et renouveler chaque fois cette sorte de miracle : faire naître d’un grain un épis lourd et blond, faire surgir d’un petit gland un immense chêne.
En suivant ce même raisonnement, que veut dire alors mourir pour nous ? Cela ne signifierait-il pas plutôt refuser de nous refermer sur nous-mêmes, de nous recroqueviller, et au contraire faire tout pour nous ouvrir aux autres et à la parole de Dieu ? Mourir de cette manière, ce serait libérer toutes les forces d’amour qui sont en nous et que nous contenons à force de peurs, d’égoïsme, de méfiance ? « Si le grain ne meurt, il reste seul. » Oui, celui qui se cantonne dans une vie faite d’égoïsmes, de petitesses, de refus, de violences, d’agressivité, celui-là reste seul et finit par perdre sa vie.
Mais celui qui accepte d’être traversé, bousculé, parfois piétiné, par la vie et l’amour des autres, transpercé par l’amour exigeant de Dieu, celui-là explose à la vie, comme la pousse de l’arbre traverse la terre pour s’épanouir au soleil. Ou comme cette chose étonnante qui m’avait frappé une fois : un brin d’herbe tendre soulevant et perçant le goudron d’un parking pour parvenir à l’air libre.
Bien sûr, il y a toujours ce voyage dans le noir avant d’arriver à la lumière, et ce risque nous fait peur. Le Christ homme n’a pas échappé à cette peur, comme il nous le montre lorsqu’il dit : « je suis bouleversé ». Comme le Christ, nous voudrions bien éviter ce mauvais passage. La tentation est toujours forte de rester au chaud et à l’abri en nous-mêmes.
Frères et sœurs, ce que le Christ veut nous faire comprendre ce matin, c’est qu’il n’y a pas de chemin vers la vie qui ne passe par la croix. Notre foi, pour autant, ne s’arrête pas au Vendredi Saint : elle s’enracine certes dans un tombeau, mais un tombeau vide, un tombeau transitoire et abandonné par celui qui vit maintenant pour toujours et qui nous invite à notre tour à la vie et non à la mort.
Amen
Claude RÉMOND sma
[1] Cf. Jn 12, 26.