Père Justin-Sylvestre KetteSoutenance de thèse
Diocèse de BossangoaEntretien avec Mgr Nestor-Désiré Nongo
Diocèse de Dassa-ZouméUne journée avec Mgr François Gnonhossou
« Dieu est amour, qui demeure dans l’amour demeure en Dieu et Dieu demeure en lui. »
« Dieu est amour, qui demeure dans l’amour demeure en Dieu et Dieu demeure en lui. »
Septième Dimanche de Pâques
Première lecture
Lecture du livre des Actes des Apôtres
« Il faut que l’un d’entre eux devienne, avec nous, témoin de la résurrection de Jésus. »
(Ac 1, 15-17. 20a. 20c-26)
En ces jours-là, Pierre se leva au milieu des frères qui étaient réunis au nombre d’environ cent vingt personnes, et il déclara : « Frères, il fallait que l’Écriture s’accomplisse. En effet, par la bouche de David, l’Esprit Saint avait d’avance parlé de Judas, qui en est venu à servir de guide aux gens qui ont arrêté Jésus : ce Judas était l’un de nous et avait reçu sa part de notre ministère. Il est écrit au livre des Psaumes : Qu’un autre prenne sa charge. Or, il y a des hommes qui nous ont accompagnés durant tout le temps où le Seigneur Jésus a vécu parmi nous, depuis le commencement, lors du baptême donné par Jean, jusqu’au jour où il fut enlevé d’auprès de nous. Il faut donc que l’un d’entre eux devienne, avec nous, témoin de sa résurrection. » On en présenta deux : Joseph appelé Barsabbas, puis surnommé Justus, et Matthias. Ensuite, on fit cette prière : « Toi, Seigneur, qui connais tous les cœurs, désigne lequel des deux tu as choisi pour qu’il prenne, dans le ministère apostolique, la place que Judas a désertée en allant à la place qui est désormais la sienne. » On tira au sort entre eux, et le sort tomba sur Matthias, qui fut donc associé par suffrage aux onze Apôtres.
Psaume
(Ps 102 (103), 1-2, 11-12, 19-20ab)
R/ Le Seigneur a son trône dans les cieux.
Bénis le Seigneur, ô mon âme,
bénis son nom très saint, tout mon être !
Bénis le Seigneur, ô mon âme,
n’oublie aucun de ses bienfaits !
Comme le ciel domine la terre,
fort est son amour pour qui le craint ;
aussi loin qu’est l’orient de l’occident,
il met loin de nous nos péchés.
Le Seigneur a son trône dans les cieux :
sa royauté s’étend sur l’univers.
Messagers du Seigneur, bénissez-le,
invincibles porteurs de ses ordres !
Deuxième lecture
Lecture de la première lettre de saint Jean
« Qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui. »
(1 Jn 4, 11-16)
Bien-aimés,
puisque Dieu nous a tellement aimés, nous devons, nous aussi, nous aimer les uns les autres. Dieu, personne ne l’a jamais vu. Mais si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et, en nous, son amour atteint la perfection. Voici comment nous reconnaissons que nous demeurons en lui et lui en nous : il nous a donné part à son Esprit. Quant à nous, nous avons vu et nous attestons que le Père a envoyé son Fils comme Sauveur du monde. Celui qui proclame que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu demeure en lui, et lui en Dieu. Et nous, nous avons reconnu l’amour que Dieu a pour nous, et nous y avons cru. Dieu est amour : qui demeure dans l’amour demeure en Dieu, et Dieu demeure en lui.
Évangile
« Qu’ils soient un, comme nous-mêmes. »
(Jn 17, 11b-19)
Acclamation :
Alléluia. Alléluia. Je ne vous laisserai pas orphelins, dit le Seigneur ; je reviens vers vous, et votre cœur se réjouira. Alléluia. [1].
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
En ce temps-là, les yeux levés au ciel, Jésus priait ainsi : « Père saint, garde mes disciples unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné, pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes. Quand j’étais avec eux, je les gardais unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné. J’ai veillé sur eux, et aucun ne s’est perdu, sauf celui qui s’en va à sa perte de sorte que l’Écriture soit accomplie. Et maintenant que je viens à toi, je parle ainsi, dans le monde, pour qu’ils aient en eux ma joie, et qu’ils en soient comblés. Moi, je leur ai donné ta parole, et le monde les a pris en haine parce qu’ils n’appartiennent pas au monde, de même que moi je n’appartiens pas au monde. Je ne prie pas pour que tu les retires du monde, mais pour que tu les gardes du Mauvais. Ils n’appartiennent pas au monde, de même que moi, je n’appartiens pas au monde. Sanctifie-les dans la vérité : ta parole est vérité. De même que tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi, je les ai envoyés dans le monde. Et pour eux je me sanctifie moi-même, afin qu’ils soient, eux aussi, sanctifiés dans la vérité. »
Textes liturgiques © AELF
Homélie
« Dieu est amour, qui demeure dans l’amour demeure en Dieu et Dieu demeure en lui. »[2]
« Dieu personne ne l’a jamais vu », dit Saint Jean dans la deuxième lecture. « Voir Dieu », c’est un vieux rêve de l’homme. Toute la Bible essaie de montrer qui est Dieu. L’image que l’Ancien Testament nous donne de Dieu est très variée et ne peut pas être fixée : il se fait présent à son peuple, il le guide, il le sauve, il est le tout puissant, le créateur, un Dieu jaloux et vengeur, mais il est aussi présent dans un souffle fragile ; dans les psaumes, il écoute la prière des pauvres et des humbles. Il nous entraîne toujours plus loin, plus haut, ou plus bas au plus profond de la personne humaine. Le Nouveau Testament de son côté reflète la foi de Jésus en Dieu qui est Père et qui est Amour.
Celui que nous nommons Jean est certainement celui qui a le mieux compris le message de Jésus. Les écrits johanniques sont parmi les écrits les plus récents du Nouveau Testament. L’auteur ou les auteurs de ces textes ont pris beaucoup de temps pour méditer ce que Jésus avait fait, ce qu’il avait dit, ce qu’il avait apporté. Jean, au terme de sa longue vie, de sa longue méditation, découvre tout simplement que Dieu est Amour, qu’il est la source de tout amour ; il dit, dans la 2ème lecture : « Et nous, nous avons reconnu l’amour que Dieu a pour nous et nous y avons cru. Dieu est amour ». Cette découverte, il l’a faite à partir de la vie, de la mort et de la résurrection de Jésus. Il découvre l’amour de Dieu dans le fait que Dieu n’a pas craint de se faire humain en Jésus-Christ, de venir chez les hommes, de vivre comme eux, de partager le pain et la parole avec eux, de donner sa vie, d’essayer de les réunir en une seule famille. L’image de Dieu, qui est donnée à travers les textes de la liturgie de ce jour, est certainement celle d’un Dieu qui aime, d’un Dieu amour, qui ne fait pas de différences entre les siens, qui veut rassembler les hommes dans l’unité, dans une même famille, dans un même amour : « Personne n’a jamais vu Dieu. Mais si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, et en nous, son amour atteint la perfection. »
L’amour a sa source en Dieu, rappellent la deuxième lecture et l’évangile. L’amour qui a sa source dans le Père est un élan, une cascade d’eau vive qui descend du Père au Fils, du Fils aux disciples, et aboutit à l’amour des disciples entre eux. C’est un grand privilège pour les chrétiens de savoir que Dieu est Père et qu’il nous aime. Un des motifs pour lesquels les chrétiens s’aiment, c’est leur volonté de révéler, de montrer au monde que Dieu les aime et les sauve, que Dieu est la source de leur charité. Car, finalement, Dieu ne se fait voir qu’à travers ses disciples, qu’à travers la communauté que nous formons. Il s’agit donc pour les chrétiens d’une très grande responsabilité, puisque nous savons bien que le mal et l’imperfection nous guettent.
Mais si l’Église porte en elle la pauvreté, le péché et l’imperfection des hommes pécheurs, elle possède surtout la richesse de l’Esprit qui maintient la communion et l’unité : « voici comment nous reconnaissons que nous demeurons en lui et lui en nous : il nous a donné son Esprit. » « Sanctifie-les dans la vérité : ta parole est vérité… » L’évangile de ce jour insiste sur le thème de l’unité. L’unité n’est pas uniformité, mais esprit de partage et d’accueil. L’image de l’unité la plus belle est certainement celle de la famille, où l’unité se fait entre des êtres si différents que sont une femme et un homme, un adolescent ou une petite fille, où l’amour est partagé entre époux et enfants, où chacun peut s’exprimer, être aimé, et aimer. Mais dans sa vision, Jésus veut englober tous les hommes car l’évangile, le salut, la parole de Dieu, la citoyenneté chrétienne ne sont pas le privilège exclusif d’un peuple ou d’une tradition religieuse...
Si nous sommes appelés à porter du fruit, comme le dit Jean, des fruits d’unité, de paix et d’amour, il est nécessaire de toujours nous souvenir que Dieu aime tous les hommes, que nous sommes ses enfants ; cela nous engage à lutter, selon bien des slogans actuels, contre toute exclusion, et à nous méfier, en ce temps de remous socio-politiques, de tout langage qui déchire, qui humilie, qui anéantit les autres, comme s’il n’y avait rien de bon et d’humain dans ceux qui ne sont pas de notre propre bord ou de notre propre parti.
Jean-Marie GUILLAUME, sma.
[1] Jn 14, 18 ; 16, 22.
[2] 1 Jean, 4, 16.
Jésus nous rejoint sur nos routes.
Jésus nous rejoint sur nos routes.
Ascension
Première lecture
Lecture du livre des Actes des Apôtres
« Tandis que les Apôtres le regardaient, il s’éleva. »
(Ac 1, 1-11)
Cher Théophile,
dans mon premier livre j’ai parlé de tout ce que Jésus a fait et enseigné depuis le moment où il commença, jusqu’au jour où il fut enlevé au ciel, après avoir, par l’Esprit Saint, donné ses instructions aux Apôtres qu’il avait choisis. C’est à eux qu’il s’est présenté vivant après sa Passion ; il leur en a donné bien des preuves, puisque, pendant quarante jours, il leur est apparu et leur a parlé du royaume de Dieu.
Au cours d’un repas qu’il prenait avec eux, il leur donna l’ordre de ne pas quitter Jérusalem, mais d’y attendre que s’accomplisse la promesse du Père. Il déclara : « Cette promesse, vous l’avez entendue de ma bouche : alors que Jean a baptisé avec l’eau, vous, c’est dans l’Esprit Saint que vous serez baptisés d’ici peu de jours. » Ainsi réunis, les Apôtres l’interrogeaient : « Seigneur, est-ce maintenant le temps où tu vas rétablir le royaume pour Israël ? » Jésus leur répondit : « Il ne vous appartient pas de connaître les temps et les moments que le Père a fixés de sa propre autorité. Mais vous allez recevoir une force quand le Saint-Esprit viendra sur vous ; vous serez alors mes témoins à Jérusalem, dans toute la Judée et la Samarie, et jusqu’aux extrémités de la terre. »
Après ces paroles, tandis que les Apôtres le regardaient, il s’éleva, et une nuée vint le soustraire à leurs yeux. Et comme ils fixaient encore le ciel où Jésus s’en allait, voici que, devant eux, se tenaient deux hommes en vêtements blancs, qui leur dirent : « Galiléens, pourquoi restez-vous là à regarder vers le ciel ? Ce Jésus qui a été enlevé au ciel d’auprès de vous, viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en aller vers le ciel. »
Psaume
(Ps 46 (47), 2-3, 6-7, 8-9)
R/ Dieu s’élève parmi les ovations, le Seigneur, aux éclats du cor.
Tous les peuples, battez des mains,
acclamez Dieu par vos cris de joie !
Car le Seigneur est le Très-Haut, le redoutable,
le grand roi sur toute la terre.
Dieu s’élève parmi les ovations,
le Seigneur, aux éclats du cor.
Sonnez pour notre Dieu, sonnez,
sonnez pour notre roi, sonnez !
Car Dieu est le roi de la terre,
que vos musiques l’annoncent !
Il règne, Dieu, sur les païens,
Dieu est assis sur son trône sacré.
Deuxième lecture
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Éphésiens
« Parvenir à la stature du Christ dans sa plénitude. »
(Ep 4, 1-13)
Frères,
moi qui suis en prison à cause du Seigneur, je vous exhorte donc à vous conduire d’une manière digne de votre vocation : ayez beaucoup d’humilité, de douceur et de patience, supportez-vous les uns les autres avec amour ; ayez soin de garder l’unité dans l’Esprit par le lien de la paix. Comme votre vocation vous a tous appelés à une seule espérance, de même il y a un seul Corps et un seul Esprit. Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, au-dessus de tous, par tous, et en tous. À chacun d’entre nous, la grâce a été donnée selon la mesure du don fait par le Christ. C’est pourquoi l’Écriture dit : Il est monté sur la hauteur, il a capturé des captifs, il a fait des dons aux hommes. Que veut dire : Il est monté ? – Cela veut dire qu’il était d’abord descendu dans les régions inférieures de la terre. Et celui qui était descendu est le même qui est monté au-dessus de tous les cieux pour remplir l’univers. Et les dons qu’il a faits, ce sont les Apôtres, et aussi les prophètes, les évangélisateurs, les pasteurs et ceux qui enseignent. De cette manière, les fidèles sont organisés pour que les tâches du ministère soient accomplies et que se construise le corps du Christ, jusqu’à ce que nous parvenions tous ensemble à l’unité dans la foi et la pleine connaissance du Fils de Dieu, à l’état de l’Homme parfait, à la stature du Christ dans sa plénitude.
Évangile
« Jésus fut enlevé au ciel et s’assit à la droite de Dieu. »
(Mc 16, 15-20)
Acclamation :
Alléluia. Alléluia. Allez ! De toutes les nations faites des disciples, dit le Seigneur. Moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. Alléluia.[1].
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
En ce temps-là, Jésus ressuscité se manifesta aux onze Apôtres et leur dit : « Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ; celui qui refusera de croire sera condamné. Voici les signes qui accompagneront ceux qui deviendront croyants : en mon nom, ils expulseront les démons ; ils parleront en langues nouvelles ; ils prendront des serpents dans leurs mains et, s’ils boivent un poison mortel, il ne leur fera pas de mal ; ils imposeront les mains aux malades, et les malades s’en trouveront bien. »
Le Seigneur Jésus, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel et s’assit à la droite de Dieu. Quant à eux, ils s’en allèrent proclamer partout l’Évangile. Le Seigneur travaillait avec eux et confirmait la Parole par les signes qui l’accompagnaient.
Textes liturgiques © AELF
Homélie
Jésus nous rejoint sur nos routes.
Frères et sœurs, je ne sais si vous l’avez remarqué, l’évangile d’aujourd'hui nous rappelle un court article de notre credo : « Il est monté aux cieux ; il est assis à la droite de Dieu le Père tout-puissant ! » Mais en ce jour, plutôt que de fêter le départ du Christ une fois sa mission achevée, nous célébrons sa présence parmi nous. Tel est le message paradoxal de l'évangile de Marc.
En effet, l'évangéliste Marc nous dit ici deux choses apparemment tout à fait contradictoires : « Jésus fut enlevé au ciel et s'assit à la droite de Dieu », comme si Jésus ressuscité nous quittait définitivement ; et plus loin : « Le Seigneur travaillait avec eux... », comme s'il restait en permanence, collaborant avec les siens. En réalité, il n'y a pas de contradiction. La fin de la présence visible de Jésus coïncide exactement avec l'inauguration d'une nouvelle présence : présence universelle du Ressuscité toujours et partout ; présence mystérieuse perçue dans la foi et l'amour ; présence agissante auprès de ses disciples comme il l'a promis.
Car il est plus proche de nous que jamais, il est avec nous « tous les jours jusqu'à la fin du monde[2] ». Autrefois, sa condition humaine limitait sa présence à la Palestine ; maintenant il nous rejoint sur nos routes, dans nos joies et nos peines, dans notre prière et dans l'Eucharistie. Il accompagne nos engagements. Il se donne à voir dans la foi à travers notre témoignage. Il est à nos côtés dans nos gestes de pardon. Il anime notre espérance face aux défis d'un monde en mutation... Il est vraiment notre compagnon de route, il n’est pas un retraité qui s’est retiré des affaires.
Mais l’Ascension du Seigneur est aussi et surtout un envoi en mission des apôtres, de l’Église et de chacun d‘entre nous. « Allez dans le monde entier et proclamez la Bonne Nouvelle à toute la création ! En grec, « proclamer » a le même sens que « crier ». C’est dire l’enthousiasme qui doit transporter les apôtres. L’Evangile n’est pas destiné à être susurré, il doit être « proclamé » à cor et à cri en tous lieux.
Cet enthousiasme, les apôtres l’ont eu car ils ont vraiment senti comment Jésus était présent, et « travaillait avec eux ». Les signes qu'énumère Marc dans son évangile ne sont pas réservés aux premiers âges de l'Église. Ils sont toujours d'actualité. « Chasser les démons » : oui, les démons de la perversité et de l'asservissement ; « parler des langues » : oui, le langage de la vérité, de l'espoir et de la tendresse ; « échapper aux poisons » : oui, garder nos contemporains des poisons de la violence et de l'injustice ; « guérir les malades » : oui, guérir nos frères du mal de vivre, réchauffer les cœurs blessés, les manques d’égard, de respect et d’amour… Telles sont les tâches qui attendent aujourd'hui les messagers de l'Évangile que nous devons être.
Frères et sœurs, la fête de l'Ascension n'est pas une commémoration nostalgique de quelque chose qui est irrémédiablement passé. La fête de l’Ascension est au contraire une mobilization! Mobilisation à continuer la mission des apôtres, à ne pas rester le nez en l’air à contempler le ciel mais plutôt à mettre la main à la pâte dans ce monde où Dieu nous a placés. Qu’avons-nous à craindre ? « Il est avec nous jusqu’à la fin du monde. »
Amen
Claude RÉMOND sma
[1] Cf. Mt 28, 19a. 20b.
[2] Mt 28, 20.
Demeurez dans mon amour.
Demeurez dans mon amour.
Sixième Dimanche de Pâques
Première lecture
Lecture du livre des Actes des Apôtres
« Même sur les nations païennes, le don de l’Esprit Saint avait été répandu. »
(Ac 10, 25-26. 34-35. 44-48)
Comme Pierre arrivait à Césarée chez Corneille, centurion de l’armée romaine, celui-ci vint à sa rencontre, et, tombant à ses pieds, il se prosterna. Mais Pierre le releva en disant : « Lève-toi. Je ne suis qu’un homme, moi aussi. » Alors Pierre prit la parole et dit : « En vérité, je le comprends, Dieu est impartial : il accueille, quelle que soit la nation, celui qui le craint et dont les œuvres sont justes. » Pierre parlait encore quand l’Esprit Saint descendit sur tous ceux qui écoutaient la Parole. Les croyants qui accompagnaient Pierre, et qui étaient juifs d’origine, furent stupéfaits de voir que, même sur les nations, le don de l’Esprit Saint avait été répandu. En effet, on les entendait parler en langues et chanter la grandeur de Dieu. Pierre dit alors : « Quelqu’un peut-il refuser l’eau du baptême à ces gens qui ont reçu l’Esprit Saint tout comme nous ? » Et il donna l’ordre de les baptiser au nom de Jésus Christ. Alors ils lui demandèrent de rester quelques jours avec eux.
Psaume
(Ps 97 (98), 1, 2-3ab, 3cd-4)
R/ Le Seigneur a fait connaître sa victoire et révélé sa justice aux nations.
Chantez au Seigneur un chant nouveau,
car il a fait des merveilles ;
par son bras très saint, par sa main puissante,
il s’est assuré la victoire.
Le Seigneur a fait connaître sa victoire
et révélé sa justice aux nations ;
il s’est rappelé sa fidélité, son amour,
en faveur de la maison d’Israël.
La terre tout entière a vu
la victoire de notre Dieu.
Acclamez le Seigneur, terre entière,
sonnez, chantez, jouez !
Deuxième lecture
Lecture de première lettre de saint Jean
« Dieu est amour. »
(1 Jn 4, 7-10)
Bien-aimés,
aimons-nous les uns les autres, puisque l’amour vient de Dieu. Celui qui aime est né de Dieu et connaît Dieu. Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu, car Dieu est amour.
Voici comment l’amour de Dieu s’est manifesté parmi nous : Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde pour que nous vivions par lui. Voici en quoi consiste l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nous a aimés, et il a envoyé son Fils en sacrifice de pardon pour nos péchés.
Évangile
« Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. »
(Jn 15, 9-17)
Acclamation :
Alléluia. Alléluia. Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, dit le Seigneur ; mon Père l’aimera, et nous viendrons vers lui. Alléluia.[1].
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Comme le Père m’a aimé, moi aussi je vous ai aimés. Demeurez dans mon amour. Si vous gardez mes commandements, vous demeurerez dans mon amour, comme moi, j’ai gardé les commandements de mon Père, et je demeure dans son amour. Je vous ai dit cela pour que ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite. Mon commandement, le voici : Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. Vous êtes mes amis si vous faites ce que je vous commande. Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître. Ce n’est pas vous qui m’avez choisi, c’est moi qui vous ai choisis et établis afin que vous alliez, que vous portiez du fruit, et que votre fruit demeure. Alors, tout ce que vous demanderez au Père en mon nom, il vous le donnera. Voici ce que je vous commande : c’est de vous aimer les uns les autres. »
Textes liturgiques © AELF
Homélie
Demeurez dans mon amour.
Jésus est proche de sa terrible fin de crucifié, alors que ses suiveurs espéraient la délivrance du pays d’Israël et le rétablissement de la maison royale en sa personne. Ce qui les bouleversait totalement, c’étaient les allusions qu’il faisait régulièrement à cette mort infâme par la crucifixion. Ainsi, Jean consacre plusieurs chapitres de son évangile à ce que l’on appelle les discours d’adieu, où il essaie de situer la destinée de Jésus en tant que prophète, Messie et Fils de Dieu. Il est clair que Jésusl ne voulait pas politiser son procès et son départ contre le Temple ni contre les autorités d’occupation. Mais, en fait, il voulait le sublimer en tant que Don de sa part pour la vie du monde. Il allait donner sa vie pour donner sens à la vie de tous ceux qui souffrent ou qui cherchent un sens à leur vie. Car il a clairement affirmé ce que les prophètes avaient déjà compris : le Fils de l’homme va être condamné à mort en toute innocence mais pour le plus grand contentement de ses ennemis, eux qui ne voyaient en lui qu’un suppôt diabolique, profanateur et hérétique, et qui donc a bien mérité sa mort infâme. Or le Père du ciel va l’arracher à la mort le 3e jour – ce que les prophètes avaient également compris : pour eux, un Dieu de vie ne pouvait pas laisser son fils « croupir » dans une tombe. Tout cela mettait ses disciples en pleine déroute intérieure et extérieure, dans une totale désolation, à la limite du rejet. C’est alors qu’il leur dit : « Faites-moi confiance et demeurez dans mon amour. Vous m’avez suivi, continuez à me suivre même dans mon absence. Car même si je suis cloué sur une croix, votre Père et mon Père ne vous laissera pas à l’abandon ni au désespoir.
Tous les textes de ce jour sont ainsi un appel à croire en ce Dieu qui est Père de Jésus ; il aura le dernier mot, et il est amour même si Jésus en croix, sur le point de mourir, s’écriera dans un moment de faiblesse : « Mon Dieu ( et il ne dit pas « mon Père »), mon Dieu, pourquoi ? ». Oui, pourquoi ? Et combien parmi nous peuvent faire le même reproche à Dieu de les avoir abandonnés dans telle ou telle circonstance de leur vie ? Mais tous ces textes veulent nous dire : « comme mon Père m’ai aimé, moi aussi je vous ai aimés. DEMEUREZ dans mon amour. Celui qui a dit cela n’est pas le Dieu du ciel, mais le Dieu au quotidien de notre vie. Il a souffert et il a été rejeté, comme peut-être beaucoup d’entre nous. Et il ne nous laissera pas orphelins.
Jean-Pierre FREY sma
[1] Cf. Jn 14, 23.
Le cep et les sarments
Cinquième Dimanche de Pâques
Première lecture
Lecture du livre des Actes des Apôtres
« Barnabé leur raconta comment, sur le chemin, Saul avait vu le Seigneur. » (Ac 9, 26-31)
En ces jours-là, arrivé à Jérusalem, Saul cherchait à se joindre aux disciples, mais tous avaient peur de lui, car ils ne croyaient pas que lui aussi était un disciple. Alors Barnabé le prit avec lui et le présenta aux Apôtres ; il leur raconta comment, sur le chemin, Saul avait vu le Seigneur, qui lui avait parlé, et comment, à Damas, il s’était exprimé avec assurance au nom de Jésus. Dès lors, Saul allait et venait dans Jérusalem avec eux, s’exprimant avec assurance au nom du Seigneur. Il parlait aux Juifs de langue grecque, et discutait avec eux. Mais ceux-ci cherchaient à le supprimer. Mis au courant, les frères l’accompagnèrent jusqu’à Césarée et le firent partir pour Tarse.
L’Église était en paix dans toute la Judée, la Galilée et la Samarie ; elle se construisait et elle marchait dans la crainte du Seigneur ; réconfortée par l’Esprit Saint, elle se multipliait.
Psaume
(Ps 21 (22), 26b-27, 28-29, 31-32)
R/ Tu seras ma louange, Seigneur, dans la grande assemblée.
Devant ceux qui te craignent, je tiendrai mes promesses.
Les pauvres mangeront : ils seront rassasiés ;
ils loueront le Seigneur, ceux qui le cherchent :
« À vous, toujours, la vie et la joie ! »
La terre entière se souviendra et reviendra vers le Seigneur,
chaque famille de nations se prosternera devant lui :
« Oui, au Seigneur la royauté,
le pouvoir sur les nations ! »
Et moi, je vis pour lui : ma descendance le servira ;
on annoncera le Seigneur aux générations à venir.
On proclamera sa justice au peuple qui va naître :
Voilà son œuvre !
Deuxième lecture
Lecture de la première lettre de saint Jean
« Voici son commandement : mettre notre foi dans le nom de Jésus Christ et nous aimer les uns les autres. » (1 Jn 3, 18-24)
Petits enfants,
n’aimons pas en paroles ni par des discours, mais par des actes et en vérité. Voilà comment nous reconnaîtrons que nous appartenons à la vérité, et devant Dieu nous apaiserons notre cœur ; car si notre cœur nous accuse, Dieu est plus grand que notre cœur, et il connaît toutes choses.
Bien-aimés,
si notre cœur ne nous accuse pas, nous avons de l’assurance devant Dieu. Quoi que nous demandions à Dieu, nous le recevons de lui, parce que nous gardons ses commandements, et que nous faisons ce qui est agréable à ses yeux. Or, voici son commandement : mettre notre foi dans le nom de son Fils Jésus Christ, et nous aimer les uns les autres comme il nous l’a commandé. Celui qui garde ses commandements demeure en Dieu, et Dieu en lui ; et voilà comment nous reconnaissons qu’il demeure en nous, puisqu’il nous a donné part à son Esprit.
Évangile
« Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit. » (Jn 15, 1-8)
Acclamation :
Alléluia. Alléluia. Demeurez en moi, comme moi en vous, dit le Seigneur ; celui qui demeure en moi porte beaucoup de fruit. Alléluia[1].
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Moi, je suis la vraie vigne, et mon Père est le vigneron. Tout sarment qui est en moi, mais qui ne porte pas de fruit, mon Père l’enlève ; tout sarment qui porte du fruit, il le purifie en le taillant, pour qu’il en porte davantage. Mais vous, déjà vous voici purifiés grâce à la parole que je vous ai dite. Demeurez en moi, comme moi en vous. De même que le sarment ne peut pas porter de fruit par lui-même s’il ne demeure pas sur la vigne, de même vous non plus, si vous ne demeurez pas en moi. Moi, je suis la vigne, et vous, les sarments. Celui qui demeure en moi et en qui je demeure, celui-là porte beaucoup de fruit, car, en dehors de moi, vous ne pouvez rien faire. Si quelqu’un ne demeure pas en moi, il est, comme le sarment, jeté dehors, et il se dessèche. Les sarments secs, on les ramasse, on les jette au feu, et ils brûlent. Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, demandez tout ce que vous voulez, et cela se réalisera pour vous. Ce qui fait la gloire de mon Père, c’est que vous portiez beaucoup de fruit et que vous soyez pour moi des disciples. »
Textes liturgiques © AELF
Homélie
Le cep et les sarments
Le texte de ce dimanche est un extrait des derniers discours d’adieu de Jésus, selon le plan des chapitres[2] présenté par Alain Marchadour, prêtre assomptionniste et exégète français. L’image de la vigne et des sarments, mise en lumière dans l’évangile de ce jour, fait référence à Jésus et à ses disciples. Elle est donnée pour dépeindre la situation des disciples, qui peuvent être retranchés de la compagnie de Jésus ou demeurer, dans la foi et l’amour, unis à lui, et ainsi porter beaucoup de fruit, dont le principal est l’amour mutuel.
L’évangile s’ouvre par la formule « Je suis », comme répétée un peu plus loin[3]. Jésus est la vraie vigne[4] et les sarments tiennent leur vigueur de lui. Ceux qui ne portent pas de fruits doivent être éliminés. Dans cette perspective menaçante des « sarments jetés au feu et brûlés », il y a l’appel à la conversion qui demeure présent dans la proposition de l’évangile. Les disciples sont invités à porter du fruit. Pour Saint Jean, les disciples (les chrétiens) qui portent du fruit sont ceux qui adhèrent à Jésus dans la foi et l’amour, dans une attitude de conversion permanente, un amour qui soit un signe pour le monde par sa qualité et son intensité.
Nous sommes dans le temps pascal et la joie de Pâques nous inonde encore. Le Christ ressuscité nous comble de cette certitude que nous passerons nous aussi par la brèche qu’Il a ouverte et qui donne sur la vie éternelle. Le passage est ouvert, mais la route reste difficile. Seuls passeront ceux qui s’attacheront à leur guide. Et cet attachement ne doit pas être un lien extérieur, mais celui-là même qui lie le sarment au cep. Une seule et même sève coule du cep au sarment. « La vigne et les sarments sont de même nature », dit Saint Augustin. La vie de l’une se communique à l’autre, afin qu’il porte du fruit, cette grappe dont le soleil et le travail du vigneron vont faire le meilleur vin : le vin de l’Eucharistie, le vin du sacrifice et du pardon.
Ainsi, celui qui demeure en Jésus et en qui Jésus demeure[5], celui-là est déjà en Dieu. Il peut demander tout ce qu’il veut ; il l’obtiendra[6] car sa volonté s’est unie à celle de Jésus qui, en toutes choses, fait la volonté du Père[7].
Seigneur, en ce jour, nous nous remettons entre tes mains, pour que tu nous émondes de tout ce qui empêche ton amour de couler en nous, et qu’au jour de l’épreuve nous bénissions ta main qui nous purifie pour te laisser toute la place. Qu’un jour, Seigneur, notre fruit te rende gloire et que nous soyons véritablement tes disciples. Amen !
Félix Zannou HOUESSOU
[1] Cf. Jn 15, 4a. 5b.
[2] Cf. Jn 13, 31, 17, 26.
[3] Cf. Jn 15, 5.
[4] Cf. Jér. 2, 21.
[5] Cf. Jn 15, 4-5.
[6] Cf 15, 2.
[7] Cf. Jn 4, 34.
« Je suis le bon pasteur, qui donne sa vie pour ses brebis. »
Quatrième Dimanche de Pâques
Dimanche du bon pasteur et des vocations
Première lecture
Lecture du livre des Actes des Apôtres
« En nul autre que lui, il n’y a de salut. » (Ac 4, 8-12)
En ces jours-là, Pierre, rempli de l’Esprit Saint, déclara : « Chefs du peuple et anciens, nous sommes interrogés aujourd’hui pour avoir fait du bien à un infirme, et l’on nous demande comment cet homme a été sauvé. Sachez-le donc, vous tous, ainsi que tout le peuple d’Israël : c’est par le nom de Jésus le Nazaréen, lui que vous avez crucifié mais que Dieu a ressuscité d’entre les morts, c’est par lui que cet homme se trouve là, devant vous, bien portant. Ce Jésus est la pierre méprisée de vous, les bâtisseurs, mais devenue la pierre d’angle. En nul autre que lui, il n’y a de salut, car, sous le ciel, aucun autre nom n’est donné aux hommes, qui puisse nous sauver. »
Psaume (Ps 117 (118), 1.8-9, 21-23, 26.28-29)
R/ La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle.
Rendez grâce au Seigneur : Il est bon !
Éternel est son amour !
Mieux vaut s’appuyer sur le Seigneur
que de compter sur les hommes ;
mieux vaut s’appuyer sur le Seigneur
que de compter sur les puissants !
Je te rends grâce car tu m’as exaucé :
tu es pour moi le salut.
La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs
est devenue la pierre d’angle :
c’est là l’œuvre du Seigneur,
la merveille devant nos yeux.
Béni soit au nom du Seigneur celui qui vient !
De la maison du Seigneur, nous vous bénissons !
Tu es mon Dieu, je te rends grâce,
mon Dieu, je t’exalte !
Rendez grâce au Seigneur : Il est bon !
Éternel est son amour !
Deuxième lecture
Lecture de la première lettre de saint Jean
« Nous verrons Dieu tel qu’il est. » (1 Jn 3, 1-2)
Bien-aimés,
voyez quel grand amour nous a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu – et nous le sommes. Voici pourquoi le monde ne nous connaît pas : c’est qu’il n’a pas connu Dieu. Bien-aimés, dès maintenant, nous sommes enfants de Dieu, mais ce que nous serons n’a pas encore été manifesté. Nous le savons : quand cela sera manifesté, nous lui serons semblables car nous le verrons tel qu’il est.
Évangile
« Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis. » (Jn 10, 11-18)
Acclamation :
Alléluia. Alléluia. Je suis le bon pasteur, dit le Seigneur ; je connais mes brebis et mes brebis me connaissent. Alléluia[1].
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
En ce temps-là, Jésus déclara : « Moi, je suis le bon pasteur, le vrai berger, qui donne sa vie pour ses brebis. Le berger mercenaire n’est pas le pasteur, les brebis ne sont pas à lui : s’il voit venir le loup, il abandonne les brebis et s’enfuit ; le loup s’en empare et les disperse. Ce berger n’est qu’un mercenaire, et les brebis ne comptent pas vraiment pour lui. Moi, je suis le bon pasteur ; je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent, comme le Père me connaît, et que je connais le Père ; et je donne ma vie pour mes brebis. J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cet enclos : celles-là aussi, il faut que je les conduise. Elles écouteront ma voix : il y aura un seul troupeau et un seul pasteur. Voici pourquoi le Père m’aime : parce que je donne ma vie, pour la recevoir de nouveau. Nul ne peut me l’enlever : je la donne de moi-même. J’ai le pouvoir de la donner, j’ai aussi le pouvoir de la recevoir de nouveau : voilà le commandement que j’ai reçu de mon Père. »
Textes liturgiques © AELF
Homélie
« Je suis le bon pasteur, qui donne sa vie pour ses brebis[2]. »
Ce quatrième Dimanche de Pâques est le dimanche du Bon Pasteur, le dimanche de prières pour les vocations. Lorsque nous parlons de vocations, nous pensons presque spontanément à un ministère spécial, le ministère du prêtre, du missionnaire, à la vie religieuse ou consacrée.
Celui qui est appelé et envoyé a pour mission principale d’annoncer que la puissance de vie et de résurrection de Jésus est offerte à tous. En fait, c’est chaque chrétien qui est appelé à en être le témoin concret, comme Pierre le fait dans la première lecture. Il proclame en effet que Jésus est ressuscité et que sa résurrection guérit l’humanité de toutes ses infirmités. C’est en son nom que Pierre a redonné à un infirme la possibilité de marcher. Jésus, qui a été crucifié, est ressuscité d’entre les morts et il est devenu la pierre d’angle. En nul autre que lui il n’y a de salut car, sous le ciel, aucun autre nom n’est donné aux hommes qui puisse nous sauver.»
Dieu appelle à la vie et se penche sur chacun. L’image du Bon Pasteur dont parle Jésus dans l’évangile traduit très bien cette attention particulière envers chacun des siens : « Je suis le bon pasteur ; je connais mes brebis. Elles écoutent ma voix. » Reconnaître la voix de quelqu’un est important. Nous aimons bien tout de suite reconnaître la voix de notre interlocuteur au téléphone. Nous savons reconnaître la voix de ceux que nous aimons, la voix de nos parents, de nos enfants, de nos intimes, de nos amis. Or Dieu met tout en œuvre pour faire entendre sa voix, il a voulu parler par la voix, par la parole de son propre Fils. Cette Parole ne nous quitte plus, elle est au centre de nos communautés, nous l’écoutons à chaque célébration eucharistique.
L’être humain ne peut exister vraiment que s’il est en relation avec d’autres, que s’il est interpellé par une voix, que s’il est saisi dans un regard d’amour par d’autres. La solitude, dans notre monde super-sensibilisé par les moyens de communication de tout genre, reste ce qu’il y a de plus difficile. Une enquête auprès des gens qui vivent dans la rue a montré que leur plus grande souffrance est de ne pouvoir parler à personne, de n’être écouté par personne, de ne compter pour rien aux yeux des autres. La personne humaine se construit dans la réponse qu’elle donne à un appel, que cet appel vienne de Dieu ou vienne des hommes.
Tout baptisé a une vocation. Tout baptisé se sent appelé par Dieu à entrer en communion avec la personne de Jésus, car tout baptisé est devenu enfant de Dieu : « Bien-aimés, nous sommes dès maintenant enfants de Dieu », dit Saint Jean dans la deuxième lecture. Tout baptisé est appelé à faire Église, à être membre de la fraternité chrétienne, à apporter sa présence, sa foi, son amour, sa fidélité, son témoignage. Le mot « église » signifie d’ailleurs rassemblement des gens qui sont convoqués, qui sont appelés par Dieu, de ceux qui sont appelés à devenir le corps du Christ dans le monde. Jésus, dans l’évangile, veut rassembler tous les siens en un seul et même troupeau, un seul et même peuple. Ce court morceau d’évangile vient comme le centre de la parabole du Bon Pasteur. Jésus répond à des interlocuteurs qui insistent pour qu’il leur dise s’il est le Messie, car ils pensent qu’il ne peut pas l’être. Selon la tradition juive, le Messie ne pouvait être que « fils de David ». David qui gardait le troupeau de son père pouvait être considéré comme le berger par excellence, car il a su rassembler en une seule nation les douze tribus d’Israël.
S’il faut des prêtres, des religieuses, des religieux, c’est déjà pour montrer la richesse des différents appels. Être prêtre, ou être religieuse, c’est déjà se réaliser comme homme et comme chrétien. Mais s’il existe une « vocation » spécifique qui se traduit par un choix de vie particulier, c’est aussi pour rappeler à tout être humain qu’il est habité par quelqu’un de plus grand que lui, qu’il est habité par un amour qui le dépasse et le conduit. La vocation du prêtre ou de la personne consacrée est déjà de rendre chaque homme et chaque femme attentifs à cette présence de Dieu qui est en lui ou en elle, et qui trop souvent est étouffée par les soucis de la vie quotidienne. Le rôle du prêtre ou de la personne consacrée est d’amener les gens vers la communauté des enfants de Dieu… Comme des enfants qui se sentent aimés, protégés, guidés, nous faisons partie de cette grande famille des enfants de Dieu, dans laquelle Jésus nous a appelés à entrer, et dans laquelle il nous appelle à aimer nos frères et nos sœurs.
Tandis que nous prions aujourd’hui pour que des prêtres, des religieux et religieuses nous soient donnés comme témoins de l’amour de Dieu pour son peuple, nous nous rappelons que chacun d’entre nous est appelé par le Seigneur à être son témoin, à vivre de sa vie.
Jean-Marie GUILLAUME, sma
[1] Cf. Jn 10, 14.
[2] Jean 10, 11.