Père Justin-Sylvestre KetteSoutenance de thèse
Diocèse de BossangoaEntretien avec Mgr Nestor-Désiré Nongo
Diocèse de Dassa-ZouméUne journée avec Mgr François Gnonhossou
Dieu seul assure la croissance de la semence.
Onzième Dimanche Ordinaire
Première lecture
Lecture du livre du prophète Ézékiel
« Je relève l’arbre renversé. » (Ez 17, 22-24)
Ainsi parle le Seigneur Dieu : « À la cime du grand cèdre, je prendrai une tige ; au sommet de sa ramure, j’en cueillerai une toute jeune, et je la planterai moi-même sur une montagne très élevée. Sur la haute montagne d’Israël je la planterai. Elle portera des rameaux, et produira du fruit, elle deviendra un cèdre magnifique. En dessous d’elle habiteront tous les passereaux et toutes sortes d’oiseaux, à l’ombre de ses branches ils habiteront. Alors tous les arbres des champs sauront que Je suis le Seigneur : je renverse l’arbre élevé et relève l’arbre renversé, je fais sécher l’arbre vert et reverdir l’arbre sec. Je suis le Seigneur, j’ai parlé, et je le ferai. »
Psaume
(Ps 91 (92), 2-3, 13-14, 15-16)
R/ Il est bon, Seigneur, de te rendre grâce !
Qu’il est bon de rendre grâce au Seigneur,
de chanter pour ton nom, Dieu Très-Haut,
d’annoncer dès le matin ton amour,
ta fidélité, au long des nuits.
Le juste grandira comme un palmier,
il poussera comme un cèdre du Liban ;
planté dans les parvis du Seigneur,
il grandira dans la maison de notre Dieu.
Vieillissant, il fructifie encore,
il garde sa sève et sa verdeur
pour annoncer : « Le Seigneur est droit !
Pas de ruse en Dieu, mon rocher ! »
Deuxième lecture
Lecture de la deuxième lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens
« Que nous demeurions dans ce corps ou en dehors, notre ambition, c’est de plaire au Seigneur. » (2 Co 5, 6-10)
Frères,
nous gardons toujours confiance, tout en sachant que nous demeurons loin du Seigneur, tant que nous demeurons dans ce corps ; en effet, nous cheminons dans la foi, non dans la claire vision. Oui, nous avons confiance, et nous voudrions plutôt quitter la demeure de ce corps pour demeurer près du Seigneur. Mais de toute manière, que nous demeurions dans ce corps ou en dehors, notre ambition, c’est de plaire au Seigneur. Car il nous faudra tous apparaître à découvert devant le tribunal du Christ, pour que chacun soit rétribué selon ce qu’il a fait, soit en bien soit en mal, pendant qu’il était dans son corps.
Évangile
« C’est la plus petite de toutes les semences, mais quand elle grandit, elle dépasse toutes les plantes potagères. » (Mc 4, 26-34)
Acclamation :
Alléluia. Alléluia. La semence est la parole de Dieu ; le semeur est le Christ ; celui qui le trouve demeure pour toujours. Alléluia.
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
En ce temps-là, parlant à la foule, Jésus disait : « Il en est du règne de Dieu comme d’un homme qui jette en terre la semence : nuit et jour, qu’il dorme ou qu’il se lève, la semence germe et grandit, il ne sait comment. D’elle-même, la terre produit d’abord l’herbe, puis l’épi, enfin du blé plein l’épi. Et dès que le blé est mûr, il y met la faucille, puisque le temps de la moisson est arrivé. »
Il disait encore : « À quoi allons-nous comparer le règne de Dieu ? Par quelle parabole pouvons-nous le représenter ? Il est comme une graine de moutarde : quand on la sème en terre, elle est la plus petite de toutes les semences. Mais quand on l’a semée, elle grandit et dépasse toutes les plantes potagères ; et elle étend de longues branches, si bien que les oiseaux du ciel peuvent faire leur nid à son ombre. »
Par de nombreuses paraboles semblables, Jésus leur annonçait la Parole, dans la mesure où ils étaient capables de l’entendre. Il ne leur disait rien sans parabole, mais il expliquait tout à ses disciples en particulier.
Textes liturgiques © AELF www.aelf.org
Homélie
Dieu seul assure la croissance de la semence.
Les deux paraboles de ce dimanche sont tirées de la vie rurale : l’homme jette le grain dans son champ et une graine de moutarde est semée en terre. Jésus utilise ces images de la nature pour parler du Règne de Dieu.
Ce Règne de Dieu ressemble à un processus agricole complet, comme le grain jeté dans un champ : semailles, croissance du grain de la semence à l’épi de blé. Notre attention est ici portée sur la puissance même de Dieu, mystérieuse, irrésistible, qui fait naître et se développer son Règne sans que les hommes y soient pour quelque chose. Marc est, sans doute, heureux de mettre ses lecteurs devant l’assurance que Dieu mène à bien son entreprise – le Royaume – par une action continue, silencieuse, mais efficace. L’Église de Rome, pour laquelle il écrit, vit alors des jours d’épreuve où Dieu semble absent de la scène du monde. Quel réconfort de le savoir à l’œuvre malgré tout ! Si cette parabole de la semence qui pousse toute seule[1] s’achève sur l’évocation du temps de la moisson, c’est pour nous signifier que Dieu poursuit fidèlement son dessein jusqu’au bout : la récolte du grain. Une grande espérance nous est ainsi proposée dans cette parabole. Les approches de la deuxième parabole[2] de ce dimanche sont différentes, mais touchent également le mystère du Royaume.
Cette parabole sur le grain de moutarde exprime un contraste saisissant. Le petit grain de moutarde qui devient une plante imposante. Le Règne de Dieu connaît un paradoxe similaire. La petitesse de ses commencements ne doit pas nous tromper ! Il est promis à une réussite exceptionnelle. Jusqu’à maintenant, l’action de Jésus peut être jugée comme insignifiante, et le Règne de Dieu, une humble réalité. Pourtant – les chrétiens de Rome en font l’expérience – les nations païennes en voient la progression extraordinaire. Malgré sa faiblesse, l’Église primitive a conscience de prendre part à la réussite d’une œuvre d’une immense vitalité qui doit, au terme de son développement, atteindre l’univers entier.
Le Règne est encore annoncé dans ce monde du XXIe siècle. Aux yeux de croyants que nous sommes, il peut sembler ne pas grandir aujourd’hui à l’image de la plante imposante de la deuxième parabole. La semence du Royaume est étouffée chez nos contemporains par les préoccupations de la vie qu’ils connaissent. L’évangile de ce dimanche vient nous éclairer sur nos différentes missions dans l’Église et dans le monde de notre temps. Que chacun de nous se préoccupe, dans la confiance et dans l’abandon, de jeter en terre la semence, c’est-à-dire de prendre à cœur sa mission dans l’Église et dans le monde. Dieu lui-même en assurera la croissance, comme l’exprime l’apôtre Paul : « Qu’est-ce donc qu’Apollos ? Et qu’est-ce que Paul ? Des serviteurs par qui vous avez embrassé la foi, et chacun d’eux selon ce que le Seigneur lui a donné. Moi, j’ai planté, Apollos a arrosé ; mais c’est Dieu qui donnait la croissance. Ainsi donc, ni celui qui plante n’est quelque chose, ni celui qui arrose, mais celui qui donne la croissance : Dieu »[3].
Que le Seigneur nous donne son Esprit de force et de lumière pour continuer dans la confiance, quel que soit le temps, l’œuvre de jardiniers qu’Il nous confie, selon la capacité de chacun. À Lui donc le temps de la moisson ! Qu’Il nous garde d’étouffer sa semence par notre doute et notre négligence, ou de l’arracher par notre impatience.
Félix Zannou HOUESSOU
[1] Cf. Mc 4, 26-29.
[2] Cf. v. 30-32.
[3] Cf. I Cor. 3, 5-7.
« Jésus revint à la maison avec ses disciples, où de nouveau la foule se rassembla. »
Dixième Dimanche Ordinaire
Première lecture
Lecture du livre de la Genèse
« Je mettrai une hostilité entre toi et la femme, entre ta descendance et sa descendance. » (Gn 3, 9-15)
Lorsqu’Adam eut mangé du fruit de l’arbre, le Seigneur Dieu l’appela et lui dit : « Où es-tu donc ? » Il répondit : « J’ai entendu ta voix dans le jardin, j’ai pris peur parce que je suis nu, et je me suis caché. » Le Seigneur reprit : « Qui donc t’a dit que tu étais nu ? Aurais-tu mangé de l’arbre dont je t’avais interdit de manger ? » L’homme répondit : « La femme que tu m’as donnée, c’est elle qui m’a donné du fruit de l’arbre, et j’en ai mangé. » Le Seigneur Dieu dit à la femme : « Qu’as-tu fait là ? » La femme répondit : « Le serpent m’a trompée, et j’ai mangé. » Alors le Seigneur Dieu dit au serpent : « Parce que tu as fait cela, tu seras maudit parmi tous les animaux et toutes les bêtes des champs. Tu ramperas sur le ventre et tu mangeras de la poussière tous les jours de ta vie. Je mettrai une hostilité entre toi et la femme, entre ta descendance et sa descendance : celle-ci te meurtrira la tête, et toi, tu lui meurtriras le talon. »
Psaume
(Ps 129 (130), 1-2, 3-4, 5-6ab, 7bc-8)
R/ Près du Seigneur, est l’amour ; près de lui, abonde le rachat.
Des profondeurs je crie vers toi, Seigneur,
Seigneur, écoute mon appel !
Que ton oreille se fasse attentive
au cri de ma prière !
Si tu retiens les fautes, Seigneur,
Seigneur, qui subsistera ?
Mais près de toi se trouve le pardon
pour que l’homme te craigne.
J’espère le Seigneur de toute mon âme ;
je l’espère, et j’attends sa parole.
Mon âme attend le Seigneur
plus qu’un veilleur ne guette l’aurore.
Oui, près du Seigneur, est l’amour ;
près de lui, abonde le rachat.
C’est lui qui rachètera Israël
de toutes ses fautes.
Deuxième lecture
Lecture de la deuxième lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens
« Nous croyons, et c’est pourquoi nous parlons. » (2 Co 4, 13 – 5, 1)
Frères,
l’Écriture dit : J’ai cru, c’est pourquoi j’ai parlé. Et nous aussi, qui avons le même esprit de foi, nous croyons, et c’est pourquoi nous parlons. Car, nous le savons, celui qui a ressuscité le Seigneur Jésus nous ressuscitera, nous aussi, avec Jésus, et il nous placera près de lui avec vous. Et tout cela, c’est pour vous, afin que la grâce, plus largement répandue dans un plus grand nombre, fasse abonder l’action de grâce pour la gloire de Dieu. C’est pourquoi nous ne perdons pas courage, et même si en nous l’homme extérieur va vers sa ruine, l’homme intérieur se renouvelle de jour en jour. Car notre détresse du moment présent est légère par rapport au poids vraiment incomparable de gloire éternelle qu’elle produit pour nous. Et notre regard ne s’attache pas à ce qui se voit, mais à ce qui ne se voit pas ; ce qui se voit est provisoire, mais ce qui ne se voit pas est éternel. Nous le savons, en effet, même si notre corps, cette tente qui est notre demeure sur la terre, est détruit, nous avons un édifice construit par Dieu, une demeure éternelle dans les cieux qui n’est pas l’œuvre des hommes.
Évangile
« C’en est fini de Satan. »(Mc 3, 20-35)
Acclamation :
Alléluia. Alléluia. Maintenant le prince de ce monde va être jeté dehors, dit le Seigneur ; net moi, quand j’aurai été élevé de terre, je les attirerai tous à moi. Alléluia[1].
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
En ce temps-là, Jésus revint à la maison, où de nouveau la foule se rassembla, si bien qu’il n’était même pas possible de manger. Les gens de chez lui, l’apprenant, vinrent pour se saisir de lui, car ils affirmaient : « Il a perdu la tête. »
Les scribes, qui étaient descendus de Jérusalem, disaient : « Il est possédé par Béelzéboul ; c’est par le chef des démons qu’il expulse les démons. » Les appelant près de lui, Jésus leur dit en parabole : « Comment Satan peut-il expulser Satan ? » Si un royaume est divisé contre lui-même, ce royaume ne peut pas tenir. Si les gens d’une même maison se divisent entre eux, ces gens ne pourront pas tenir. Si Satan s’est dressé contre lui-même, s’il est divisé, il ne peut pas tenir ; c’en est fini de lui. Mais personne ne peut entrer dans la maison d’un homme fort et piller ses biens, s’il ne l’a d’abord ligoté. Alors seulement il pillera sa maison. Amen, je vous le dis : tout sera pardonné aux enfants des hommes : leurs péchés et les blasphèmes qu’ils auront proférés. Mais si quelqu’un blasphème contre l’Esprit Saint, il n’aura jamais de pardon. Il est coupable d’un péché pour toujours. » Jésus parla ainsi parce qu’ils avaient dit : « Il est possédé par un esprit impur. »
Alors arrivent sa mère et ses frères. Restant au-dehors, ils le font appeler. Une foule était assise autour de lui ; et on lui dit : « Voici que ta mère et tes frères sont là dehors : ils te cherchent. » Mais il leur répond : « Qui est ma mère ? Qui sont mes frères ? » Et parcourant du regard ceux qui étaient assis en cercle autour de lui, il dit : « Voici ma mère et mes frères. Celui qui fait la volonté de Dieu, celui-là est pour moi un frère, une sœur, une mère. »
Textes liturgiques © AELF www.aelf.org
Homélie
« Jésus revint à la maison avec ses disciples, où de nouveau la foule se rassembla.[2] »
La maison en Marc est la maison de Dieu, dans laquelle Jésus, comme aujourd’hui, donne un enseignement particulier à ses disciples et rassemble ceux qui croient en lui. Il y a beaucoup de place dans la maison, à un point tel que toute une foule peut s’y rassembler : deux fois dans cette page d’évangile est mentionnée la foule qui envahit la maison. Le maître de la maison, qui est Jésus, est très disponible, à un point qu’il n’a même plus la possibilité de manger.
Deux catégories de personnes essaient de déstabiliser la maison. Il y a d’abord les gens de chez lui, ceux qui sont en dehors, parmi lesquels se trouvent sa mère et ses frères. Ils ne comprennent pas le message de Jésus et n’acceptent pas sa façon de vivre. Ils essaient de le soustraire à son projet de construction du royaume de Dieu. Ils veulent se saisir de lui, ils le prennent pour un fou et affirment qu’il a perdu la tête.
Il y a ensuite les scribes, descendus de Jérusalem, le lieu du temple, traditionnellement la maison de Dieu. Ils l’accusent d’agir et d’expulser les démons au nom de Béelzéboul, le chef des démons. L’accusation est blasphématoire en même temps que ridicule, car elle signifie que le démon serait en opposition et en conflit avec lui-même. Face à cette accusation, Jésus signifie qu’il est venu ligoter le démon et qu’il est lui-même l’homme fort qui est entré dans la maison pour la stabiliser. La maitrise du démon s’effectue par le pardon que Jésus propose aux enfants des hommes. Cependant, un péché, un seul péché, ne peut être pardonné, c’est le blasphème contre l’Esprit, probablement le refus de croire au pouvoir de Dieu de pardonner, qui se manifeste en Jésus. D’après Marc, ce sont ceux qui affirment que Jésus est un esprit impur qui commettent le péché contre l’Esprit.
Jésus est en effet « l’édifice construit par Dieu, la demeure éternelle dans les cieux qui n’est pas l’œuvre de main d’homme ». C’est la foi qu’exprime saint Paul dans la deuxième lecture. Sa foi est bâtie sur la certitude que Jésus est ressuscité et qu’il nous entraîne dans sa vie de ressuscité : « nous le savons, celui qui a ressuscité le Seigneur Jésus nous ressuscitera, nous aussi, et nous placera près de lui ». Jésus, par sa vie, sa mort et sa résurrection que nous réactualisons en chaque eucharistie, vient ainsi en contre partie à l’attitude de repli, de peur et de fragilité décrite dans la première lecture.
Ce texte rappelle ce qui est arrivé à Adam lorsqu’il a mangé le fruit défendu. Il ne s’agit certes pas d’une description historique de ce qui s’est passé, mais d’une explication symbolique. Adam, qui représente le premier des humains, dans sa conduite indépendante, a méprisé les règles établies, symbolisées dans l’interdiction de manger le fruit de l’arbre de la connaissance du bien et du mal. Sa conduite a fait qu’il a cassé l’harmonie originelle et ne pouvait plus vivre à l’intérieur du jardin, ou de la maison, mise à sa disposition par le créateur. Jésus, à la fin de la longue histoire du peuple de Dieu, vient restaurer cette maison. Dès maintenant, ses disciples, ceux qui écoutent sa parole et sont autour de lui, dans la maison, deviennent ses frères et ses sœurs, et même sa mère. Ils vivent de la parole de Jésus, participent à sa vie de ressuscité, distribuent le pardon et l’amour de Dieu.
Jean-Marie GUILLAUME, sma
[1] Cf. Jn 12, 31b-32.
[2] Marc 3, 20.
La fête du Corps et du Sang du Christ
Saint Sacrement
Première lecture
Lecture du livre de l’Exode
« Voici le sang de l’Alliance que le Seigneur a conclue avec vous. » (Ex 24, 3-8)
En ces jours-là, Moïse vint rapporter au peuple toutes les paroles du Seigneur et toutes ses ordonnances. Tout le peuple répondit d’une seule voix : « Toutes ces paroles que le Seigneur a dites, nous les mettrons en pratique. » Moïse écrivit toutes les paroles du Seigneur. Il se leva de bon matin et il bâtit un autel au pied de la montagne, et il dressa douze pierres pour les douze tribus d’Israël. Puis il chargea quelques jeunes garçons parmi les fils d’Israël d’offrir des holocaustes, et d’immoler au Seigneur des taureaux en sacrifice de paix. Moïse prit la moitié du sang et le mit dans des coupes ; puis il aspergea l’autel avec le reste du sang. Il prit le livre de l’Alliance et en fit la lecture au peuple. Celui-ci répondit : « Tout ce que le Seigneur a dit, nous le mettrons en pratique, nous y obéirons. » Moïse prit le sang, en aspergea le peuple, et dit : « Voici le sang de l’Alliance que, sur la base de toutes ces paroles, le Seigneur a conclue avec vous. »
Psaume
(Ps 115 (116b), 12-13, 15-16ac, 17-18)
R/ J’élèverai la coupe du salut, j’invoquerai le nom du Seigneur.
Comment rendrai-je au Seigneur
tout le bien qu’il m’a fait ?
J’élèverai la coupe du salut,
j’invoquerai le nom du Seigneur.
Il en coûte au Seigneur
de voir mourir les siens !
Ne suis-je pas, Seigneur, ton serviteur,
moi, dont tu brisas les chaînes ?
Je t’offrirai le sacrifice d’action de grâce,
j’invoquerai le nom du Seigneur.
Je tiendrai mes promesses au Seigneur,
oui, devant tout son peuple.
Deuxième lecture
Lecture de la lettre aux Hébreux
« Le sang du Christ purifiera notre conscience. » (He 9, 11-15))
Frères,
le Christ est venu, grand prêtre des biens à venir. Par la tente plus grande et plus parfaite, celle qui n’est pas œuvre de mains humaines et n’appartient pas à cette création, il est entré une fois pour toutes dans le sanctuaire, en répandant, non pas le sang de boucs et de jeunes taureaux, mais son propre sang. De cette manière, il a obtenu une libération définitive. S’il est vrai qu’une simple aspersion avec le sang de boucs et de taureaux, et de la cendre de génisse, sanctifie ceux qui sont souillés, leur rendant la pureté de la chair, le sang du Christ fait bien davantage, car le Christ, poussé par l’Esprit éternel, s’est offert lui-même à Dieu comme une victime sans défaut ; son sang purifiera donc notre conscience des actes qui mènent à la mort, pour que nous puissions rendre un culte au Dieu vivant. Voilà pourquoi il est le médiateur d’une alliance nouvelle, d’un testament nouveau : puisque sa mort a permis le rachat des transgressions commises sous le premier Testament, ceux qui sont appelés peuvent recevoir l’héritage éternel jadis promis.
Séquence :
« Lauda Sion » (ad libitum)
Sion, célèbre ton Sauveur,
chante ton chef et ton pasteur
par des hymnes et des chants.
Tant que tu peux, tu dois oser,
car il dépasse tes louanges,
tu ne peux trop le louer.
Le Pain vivant, le Pain de vie,
il est aujourd’hui proposé
comme objet de tes louanges.
Au repas sacré de la Cène,
il est bien vrai qu’il fut donné
au groupe des douze frères.
Louons-le
à voix pleine et forte,
que soit joyeuse et rayonnante
l’allégresse de nos cœurs !
C’est en effet la journée solennelle
où nous fêtons de ce banquet divin
la première institution.
À ce banquet du nouveau Roi,
la Pâque de la Loi nouvelle
met fin à la Pâque ancienne.
L’ordre ancien le cède au nouveau,
la réalité chasse l’ombre,
et la lumière, la nuit.
Ce que fit le Christ à la Cène,
il ordonna qu’en sa mémoire
nous le fassions après lui.
Instruits par son précepte saint,
nous consacrons le pain, le vin,
en victime de salut.
C’est un dogme pour les chrétiens
que le pain se change en son corps,
que le vin devient son sang.
Ce qu’on ne peut comprendre et voir,
notre foi ose l’affirmer,
hors des lois de la nature.
L’une et l’autre de ces espèces,
qui ne sont que de purs signes,
voilent un réel divin.
Sa chair nourrit, son sang abreuve,
mais le Christ tout entier demeure
sous chacune des espèces.
On le reçoit sans le briser,
le rompre ni le diviser ;
il est reçu tout entier.
Qu’un seul ou mille communient,
il se donne à l’un comme aux autres,
il nourrit sans disparaître.
Bons et mauvais le consomment,
mais pour un sort bien différent,
pour la vie ou pour la mort.
Mort des pécheurs, vie pour les justes ;
vois : ils prennent pareillement ;
quel résultat différent !
Si l’on divise les espèces,
n’hésite pas, mais souviens-toi
qu’il est présent dans un fragment
aussi bien que dans le tout.
Le signe seul est partagé,
le Christ n’est en rien divisé,
ni sa taille ni son état
n’ont en rien diminué.
Le voici, le pain des anges,
il est le pain de l’homme en route,
le vrai pain des enfants de Dieu,
qu’on ne peut jeter aux chiens.
D’avance il fut annoncé
par Isaac en sacrifice,
par l’agneau pascal immolé,
par la manne de nos pères.
Ô bon Pasteur, notre vrai pain,
ô Jésus, aie pitié de nous,
nourris-nous et protège-nous,
fais-nous voir les biens éternels
dans la terre des vivants.
Toi qui sais tout et qui peux tout,
toi qui sur terre nous nourris,
conduis-nous au banquet du ciel
et donne-nous ton héritage,
en compagnie de tes saints.
Amen.
Évangile
« Ceci est mon corps, ceci est mon sang. » (Mc 14, 12-16. 22-26)
Acclamation :
Alléluia. Alléluia. Moi, je suis le pain vivant qui est descendu du ciel, dit le Seigneur ; si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Alléluia[1].
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
Le premier jour de la fête des pains sans levain, où l’on immolait l’agneau pascal, les disciples de Jésus lui disent : « Où veux-tu que nous allions faire les préparatifs pour que tu manges la Pâque ? » Il envoie deux de ses disciples en leur disant : « Allez à la ville ; un homme portant une cruche d’eau viendra à votre rencontre. Suivez-le, et là où il entrera, dites au propriétaire : « Le Maître te fait dire : Où est la salle où je pourrai manger la Pâque avec mes disciples ? » Il vous indiquera, à l’étage, une grande pièce aménagée et prête pour un repas. Faites-y pour nous les préparatifs. » Les disciples partirent, allèrent à la ville ; ils trouvèrent tout comme Jésus leur avait dit, et ils préparèrent la Pâque.
Pendant le repas, Jésus, ayant pris du pain et prononcé la bénédiction, le rompit, le leur donna, et dit : « Prenez, ceci est mon corps. » Puis, ayant pris une coupe et ayant rendu grâce, il la leur donna, et ils en burent tous. Et il leur dit : « Ceci est mon sang, le sang de l’Alliance, versé pour la multitude. Amen, je vous le dis : je ne boirai plus du fruit de la vigne, jusqu’au jour où je le boirai, nouveau, dans le royaume de Dieu. »
Après avoir chanté les psaumes, ils partirent pour le mont des Oliviers.
Textes liturgiques © AELF
Homélie
La fête du Corps et du Sang du Christ
L’Eucharistie est-elle une récompense pour nos mérites, récompense réservée aux purs et aux Saints, une espèce de gâterie que nous ferait le Seigneur pour nos bons et loyaux services ? Ou alors est-elle une nourriture de l’âme qui donne force et vie à ces hommes faibles et pécheurs que nous sommes pour nous permettre de poursuivre le chemin, de traverser le désert ?… Cette richesse de son Corps et de son Sang que le Seigneur nous a laissée, contemplons-la d’un peu plus près, avec respect et reconnaissance, en ce jour de sa fête.
Pain, vin, boisson, manger, nourrir, manne... ce sont des mots qui reviennent plusieurs fois dans les textes de cette messe, et cette insistance nous fait comprendre que c’est bien sous cet aspect-là de nourriture qu’il nous faut considérer l’Eucharistie. Ce n’est pas pour rien que l’évangile de la multiplication des pains nous montre Jésus donnant à manger à la foule préfigurant ainsi l’Eucharistie.
Vous savez bien que pour vivre il faut manger ; et vous connaissez tous pour l’expérimenter chaque jour la peine et le travail des hommes pour obtenir cette nourriture. C’est elle qui apporte au corps la force et l’énergie qui lui permettent ainsi de se développer et de grandir. Qui ne mange pas, dépérit, qui se nourrit convenablement peut poursuivre sa route. Toute vie, sous peine de s’affaiblir et de périr, doit être entretenue par un aliment approprié. La vie divine reçue à notre baptême comme les autres ! L’Eucharistie est pour elle cet aliment indispensable et c’est pour cela que le Christ a pu dire sans ambiguïté : « Si vous ne mangez la chair du Fils de l’Homme et si vous ne buvez son sang... vous n’aurez pas la vie en vous. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ».
Ce qui veut dire que, si nous voulons vivre, si nous voulons être des chrétiens vivants et agissants et non pas des sous-développés et des sous-alimentés, c’est dans cette nourriture-là que nous devons puiser nos forces, comme l’a fait la foule de l’Evangile. Non, l’Eucharistie n’est pas une récompense, une gâterie, un dessert donné parcimonieusement à une élite ; elle est au contraire une nécessité vitale pour nous et cela d’autant plus que nous sommes plus faibles et plus exposés.
Ce qui est merveilleux dans ce don du Seigneur c’est justement qu’il se met à la disposition de tous, sans compter : riches ou pauvres, jeunes ou vieux, bien portants ou malades, à tous il donne sans compter sa force, sa grâce, sa lumière. Et bien plus !... Il se donne lui-même. A nous tous, par la communion, il donne l’occasion de nous laisser imprégner par Lui, d’être assimilés par Lui. En le recevant nous incarnons en nous la manière d’être, de penser et d’agir du Christ. C’est alors vraiment lui qui vit en nous, qui s’extériorise à travers nous, dans notre famille, dans notre milieu de vie ou de travail. Quand nous communions, nous nous engageons pratiquement à aimer comme le Christ, avec lui, par lui et en lui. C’est pourquoi des communions qui ne nous rendent pas plus dévoués ni plus fraternels sont des communions stériles. Car si l’Eucharistie nous unit au Christ, elle nous unit aussi entre nous, les uns aux autres. Liés au Christ, nous le sommes du même coup les uns aux autres au point, disait St. Paul, de ne plus faire qu’un seul corps dans le Christ, ce corps qu’est l’Église.
Le fait de partager le même pain, d’être attablés autour d’une même miche de pain qu’on partage, a créé dans le langage courant ce beau mot de CO – PAIN : l’ami, celui qui mange du même pain... A plus forte raison devrions-nous tous être COPAINS, amis, frères, si nous partageons le même pain Eucharistique. Cela crée des liens, rapproche, unit, fait surmonter les oppositions et les divergences pour arriver à n’être plus « qu’un corps et qu’une âme ». C’était cette expression-là qui définissait les premiers chrétiens.
Eh bien ! De tout cœur, je souhaite qu’en cette fête du Saint Sacrement, nous tous qui nous disons chrétiens, communiant au même Corps et au même Sang du Christ, nous ne fassions désormais entre nous « qu’un seul corps et qu’une seule âme ».
Amen
Claude RÉMOND sma
[1] Cf. Jn 6, 51.
La fête de la Très Sainte Trinité
Sainte Trinité
Première lecture
Lecture du livre du Deutéronome
« C’est le Seigneur qui est Dieu, là-haut dans le ciel comme ici-bas sur la terre ; il n’y en a pas d’autre. » (Dt 4, 32-34.39-40)
Moïse disait au peuple : « Interroge donc les temps anciens qui t’ont précédé, depuis le jour où Dieu créa l’homme sur la terre : d’un bout du monde à l’autre, est-il arrivé quelque chose d’aussi grand, a-t-on jamais connu rien de pareil ? Est-il un peuple qui ait entendu comme toi la voix de Dieu parlant du milieu du feu, et qui soit resté en vie ? Est-il un dieu qui ait entrepris de se choisir une nation, de venir la prendre au milieu d’une autre, à travers des épreuves, des signes, des prodiges et des combats, à main forte et à bras étendu, et par des exploits terrifiants – comme tu as vu le Seigneur ton Dieu le faire pour toi en Égypte ? Sache donc aujourd’hui, et médite cela en ton cœur : c’est le Seigneur qui est Dieu, là-haut dans le ciel comme ici-bas sur la terre ; il n’y en a pas d’autre. Tu garderas les décrets et les commandements du Seigneur que je te donne aujourd’hui, afin d’avoir, toi et tes fils, bonheur et longue vie sur la terre que te donne le Seigneur ton Dieu, tous les jours. »
Psaume
(Ps 32 (33), 4-5, 6.9, 18-19, 20.22)
R/ Heureux le peuple dont le Seigneur est le Dieu.
Oui, elle est droite, la parole du Seigneur ;
il est fidèle en tout ce qu’il fait.
Il aime le bon droit et la justice ;
la terre est remplie de son amour.
Le Seigneur a fait les cieux par sa parole,
l’univers, par le souffle de sa bouche.
Il parla, et ce qu’il dit exista ;
il commanda, et ce qu’il dit survint.
Dieu veille sur ceux qui le craignent,
qui mettent leur espoir en son amour,
pour les délivrer de la mort,
les garder en vie aux jours de famine.
Nous attendons notre vie du Seigneur :
il est pour nous un appui, un bouclier.
Que ton amour, Seigneur, soit sur nous
comme notre espoir est en toi !
Deuxième lecture
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Romains
« Vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils ; en lui nous crions “Abba !”, Père ! » (Rm 8, 14-17)
Frères,
tous ceux qui se laissent conduire par l’Esprit de Dieu, ceux-là sont fils de Dieu. Vous n’avez pas reçu un esprit qui fait de vous des esclaves et vous ramène à la peur ; mais vous avez reçu un Esprit qui fait de vous des fils ; et c’est en lui que nous crions « Abba ! », c’est-à-dire : Père ! C’est donc l’Esprit Saint lui-même qui atteste à notre esprit que nous sommes enfants de Dieu. Puisque nous sommes ses enfants, nous sommes aussi ses héritiers : héritiers de Dieu, héritiers avec le Christ, si du moins nous souffrons avec lui pour être avec lui dans la gloire.
Évangile
« Baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit. » (Mt 28, 16-20)
Acclamation :
Alléluia. Alléluia. Gloire au Père, et au Fils, et au Saint-Esprit, au Dieu qui est, qui était et qui vient ! Alléluia[1].
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
En ce temps-là, les onze disciples s’en allèrent en Galilée, à la montagne où Jésus leur avait ordonné de se rendre. Quand ils le virent, ils se prosternèrent, mais certains eurent des doutes. Jésus s’approcha d’eux et leur adressa ces paroles : « Tout pouvoir m’a été donné au ciel et sur la terre. Allez ! De toutes les nations faites des disciples : baptisez-les au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit, apprenez-leur à observer tout ce que je vous ai commandé. Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. »
Textes liturgiques © AELF
Homélie
La fête de la Très Sainte Trinité
Il est difficile de parler de la Très Sainte Trinité. C’est vraiment un mystère, et un mystère c’est comme le soleil : on ne peut le regarder directement ni s’exposer à sa chaleur ; mais sans le soleil, la nature et l’homme n’existent plus. La Trinité est un mystère de cette façon, difficile à voir et à saisir mais construit sur l’amour et autour de l’amour pour la vie.
Qui dit amour vrai et profond dit entente et absence de tout obstacle ou conflit quelconque : celui qui aime n’exerce aucun pouvoir sur l’autre et ne le domine jamais. On peut aimer comme un père aime ses enfants ou comme le fils aime son Père, dans un même lien et dans une relation de respect et de considération. Vivre dans l’entente parfaite… C’est rare, mais cela peut exister.
En tout cas, la Trinité est l’amour poussé à la perfection. Dans cette optique de clarté cristalline et sans nuage se situent ainsi un Père qui aime un fils et un fils qui aime le Père, dans Esprit qui est le lien d’amour entre eux deux. Leur existence est ainsi perpétuels complétude et accomplissement.
C’est un même Dieu, mais il y a trois personnes avec différentes fonctions : créateur, sauveur, défenseur. Le Père crée, le Fils libère, et l’Esprit console et défend.
Les trois se sont engagés il y a bien longtemps dans une même aventure : créer le cosmos et le monde, la vie et les animaux, l’homme et la femme… avec toutes les surprises et vicissitudes que cela allait « créer ». Et depuis lors, ils sont là tous les TROIS à faire leur « travail », pour le bien de tous, en nous demandant de leur faire confiance et de collaborer avec eux dans la justice et la vérité.
Telle est la mission à nous confiée, au jour le jour, depuis les commencements, dans la confiance et l’espérance, malgré nos trahisons et nos égoïsmes. Et c’est toujours l’un des Trois qui dit « présent » pour éclairer ou réparer, encourager ou consoler. Vraiment, même si l’on ne voit pas très bien comment. C’est là où gisent et le mystère et notre foi.
Au nom du Père et du Fils et de l’Esprit… Amen.
Jean-Pierre FREY sma
[1] Cf. Ap 1, 8.
Laissons-nous guider par l’Esprit.
Pentecôte
Première lecture
Lecture du livre des Actes des Apôtres
« Tous furent remplis d’Esprit Saint et se mirent à parler. »
(Ac 2, 1-11)
Quand arriva le jour de la Pentecôte, au terme des cinquante jours après Pâques, ils se trouvaient réunis tous ensemble. Soudain un bruit survint du ciel comme un violent coup de vent : la maison où ils étaient assis en fut remplie tout entière. Alors leur apparurent des langues qu’on aurait dites de feu, qui se partageaient, et il s’en posa une sur chacun d’eux. Tous furent remplis d’Esprit Saint : ils se mirent à parler en d’autres langues, et chacun s’exprimait selon le don de l’Esprit.
Or, il y avait, résidant à Jérusalem, des Juifs religieux, venant de toutes les nations sous le ciel. Lorsque ceux-ci entendirent la voix qui retentissait, ils se rassemblèrent en foule. Ils étaient en pleine confusion parce que chacun d’eux entendait dans son propre dialecte ceux qui parlaient. Dans la stupéfaction et l’émerveillement, ils disaient : « Ces gens qui parlent ne sont-ils pas tous galiléens ? Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans son propre dialecte, sa langue maternelle ? Parthes, Mèdes et Élamites, habitants de la Mésopotamie, de la Judée et de la Cappadoce, de la province du Pont et de celle d’Asie, de la Phrygie et de la Pamphylie, de l’Égypte et des contrées de Libye proches de Cyrène, Romains de passage, Juifs de naissance et convertis, Crétois et Arabes, tous nous les entendons parler dans nos langues des merveilles de Dieu. »
Psaume
(103 (104), 1ab.24ac, 29bc-30, 31.34)
R/ Ô Seigneur, envoie ton Esprit qui renouvelle la face de la terre !
Bénis le Seigneur, ô mon âme ;
Seigneur mon Dieu, tu es si grand !
Quelle profusion dans tes œuvres, Seigneur !
La terre s’emplit de tes biens.
Tu reprends leur souffle, ils expirent
et retournent à leur poussière.
Tu envoies ton souffle : ils sont créés ;
tu renouvelles la face de la terre.
Gloire au Seigneur à tout jamais !
Que Dieu se réjouisse en ses œuvres !
Que mon poème lui soit agréable ;
moi, je me réjouis dans le Seigneur.
Deuxième lecture
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Galates
« Le fruit de l’Esprit »
(Ga 5,16-25)
Frères,
je vous le dis : marchez sous la conduite de l’Esprit Saint, et vous ne risquerez pas de satisfaire les convoitises de la chair. Car les tendances de la chair s’opposent à l’Esprit, et les tendances de l’Esprit s’opposent à la chair. En effet, il y a là un affrontement qui vous empêche de faire tout ce que vous voudriez. Mais si vous vous laissez conduire par l’Esprit, vous n’êtes pas soumis à la Loi. On sait bien à quelles actions mène la chair : inconduite, impureté, débauche, idolâtrie, sorcellerie, haines, rivalité, jalousie, emportements, intrigues, divisions, sectarisme, envie, beuveries, orgies et autres choses du même genre. Je vous préviens, comme je l’ai déjà fait : ceux qui commettent de telles actions ne recevront pas en héritage le royaume de Dieu. Mais voici le fruit de l’Esprit : amour, joie, paix, patience, bonté, bienveillance, fidélité, douceur et maîtrise de soi. En ces domaines, la Loi n’intervient pas. Ceux qui sont au Christ Jésus ont crucifié en eux la chair, avec ses passions et ses convoitises. Puisque l’Esprit nous fait vivre, marchons sous la conduite de l’Esprit.
Évangile
« L’Esprit de vérité vous conduira dans la vérité tout entière. »
(Jn 15, 26-27 ; 16, 12-15)
Séquence
Viens, Esprit Saint, en nos cœurs et envoie du haut du ciel un rayon de ta lumière.
Viens en nous, père des pauvres, viens, dispensateur des dons, viens, lumière de nos cœurs.
Consolateur souverain, hôte très doux de nos âmes, adoucissante fraîcheur.
Dans le labeur, le repos ; dans la fièvre, la fraîcheur ; dans les pleurs, le réconfort.
Ô lumière bienheureuse, viens remplir jusqu’à l’intime le cœur de tous les fidèles.
Sans ta puissance divine, il n’est rien en aucun homme, rien qui ne soit perverti.
Lave ce qui est souillé, baigne ce qui est aride, guéris ce qui est blessé.
Assouplis ce qui est raide, réchauffe ce qui est froid, rends droit ce qui est faussé.
À tous ceux qui ont la foi et qui en toi se confient donne tes sept dons sacrés.
Donne mérite et vertu, donne le salut final, donne la joie éternelle.
Amen.
Acclamation :
Alléluia. Alléluia. Viens, Esprit Saint ! Emplis le cœur de tes fidèles ! Allume en eux le feu de ton amour ! Alléluia.
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
En ce temps-là, Jésus disait à ses disciples : « Quand viendra le Défenseur, que je vous enverrai d’auprès du Père, lui, l’Esprit de vérité qui procède du Père, il rendra témoignage en ma faveur. Et vous aussi, vous allez rendre témoignage, car vous êtes avec moi depuis le commencement. J’ai encore beaucoup de choses à vous dire, mais pour l’instant vous ne pouvez pas les porter. Quand il viendra, lui, l’Esprit de vérité, il vous conduira dans la vérité tout entière. En effet, ce qu’il dira ne viendra pas de lui-même : mais ce qu’il aura entendu, il le dira ; et ce qui va venir, il vous le fera connaître. Lui me glorifiera, car il recevra ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. Tout ce que possède le Père est à moi ; voilà pourquoi je vous ai dit : L’Esprit reçoit ce qui vient de moi pour vous le faire connaître. »
Textes liturgiques © AELF
Homélie
Laissons-nous guider par l’Esprit.
Les deux fêtes de l’Ascension et de la Pentecôte, à dix jours d’intervalle, nous donnent de connaître l’origine et la mission de l’Église. À l’Ascension, les Apôtres prennent le relai de la prédication de Jésus ; ils auront à cœur de constituer l’Église. Son expansion jusqu’aux extrémités de la terre sera le fruit de l’Esprit, à partir de la Pentecôte, fête que nous célébrons aujourd’hui.
En nous appuyant, à cette occasion, sur l’évangile de Jean[1], l’Esprit de vérité qui procède du Père est promis aux Apôtres et sa mission est précisée par Jésus dans ses derniers discours[2]. À l’heure de son départ de ce monde vers son Père, Jésus insiste sur le don de son Esprit pour conforter ses Apôtres. Ce sont eux qui seront désormais en première ligne au début de l’Église, à la Pentecôte. Ils auront pour mission, comme tout disciple de Jésus, le soutien de l’Esprit de vérité. L’évangéliste Jean le nomme le Paraclet, le Défenseur. Il ne s’agit pas de défendre les Apôtres contre un quelconque jugement de Dieu, mais de les soutenir lorsqu’ils seront traduits devant les tribunaux humains. Ce n’est donc pas pour eux-mêmes que l’Esprit leur est donné, c’est pour qu’ils puissent témoigner authentiquement du Christ. Jésus n’a pas défini autrement sa propre vocation ; au cours de la Passion, il a dit à Pilate : « Je suis né et je suis venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité »[3]. À leur tour, les Apôtres n’ont pas d’autre raison d’être que de rendre témoignage au Christ pour que le monde connaisse enfin la vérité du Père.
Aller dans le monde entier et porter la nouvelle à toute l’humanité donne suite au salut de Dieu accordé en Jésus-Christ. Il reste aux hommes la liberté d’y entrer. Pour cela, encore faut-il qu’ils le sachent… D’où la mission et la responsabilité des Apôtres, comme celles des baptisés d’aujourd’hui. À nous qui sommes baptisés dans le Christ, l’Esprit de Pentecôte nous est aussi donné pour rendre témoignage à la vérité et pour nous conformer au projet du salut de Dieu. C’est un appel que Dieu nous adresse en Jésus-Christ et auquel nous répondons par le baptême, qui désormais se répercute dans toute notre vie.
Mais le défi de conformer notre vie à l’appel de Dieu en Jésus-Christ reste toujours présent. Nous ne pourrons continuer à révéler aux hommes le mystère de Dieu que lorsque sa Parole de vérité s’enracine dans notre vie. Guidés alors par l’Esprit de Pentecôte, essayons, frères et sœurs en Jésus-Christ, de vivre ces recommandations de l’apôtre Paul pour que notre vie et nos missions particulières dans l’Église et le monde de ce temps portent de bons fruits : « Frères, moi qui suis en prison à cause du Seigneur, je vous encourage à suivre fidèlement l’appel que vous avez reçu de Dieu : ayez beaucoup d’humilité, de douceur et de patience, supportez-vous les uns les autres avec amour ; ayez à cœur de garder l’unité dans l’Esprit par le lien de la paix. Comme votre vocation vous a tous appelés à une seule espérance, de même, il n’y a qu’un seul Corps et un seul Esprit. Il n’y a qu’un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, qui règne au-dessus de tous, par tous, et en tous. Chacun d’entre nous a reçu le don de la grâce comme le Christ nous l’a partagée. »[4]
Esprit de Pentecôte, Souffle de Dieu, nous t’appelons de toutes nos forces. Nous te livrons nos vies, telles qu’elles sont, pour que tu en deviennes le maître souverain, que tu laves ce qui est souillé, que tu inondes ce qui est aride, guérisses ce qui est blessé, assouplisses ce qui est raide, réchauffes ce qui est froid et rendes droit ce qui est faussé. Fais de nous des apôtres de la Bonne Nouvelle dans notre monde d’aujourd’hui tourmenté par divers conflits et violences. Que les hommes et les femmes de ce temps te connaissent à travers nos témoignages de baptisés que tu es non seulement le Dieu de vérité, mais aussi le Dieu d’amour et de la vie et qui ne cesse de nous inviter à vivre dans le bonheur et à vivre ensemble. Amen !
Félix Zannou HOUESSOU
[1] Cf. 15, 26-27.16, 12-15.
[2] Cf. Jn 13, 31-17, 26.
[3] Cf. Jn 18, 37.
[4] Cf. Éph. 4, 1-7.