Père Justin-Sylvestre KetteSoutenance de thèse
Diocèse de BossangoaEntretien avec Mgr Nestor-Désiré Nongo
Diocèse de Dassa-ZouméUne journée avec Mgr François Gnonhossou
Jésus, le berger qui prend soin de ses brebis
Seizième Dimanche Ordinaire
Première lecture
Lecture du livre du prophète Jérémie
« Je ramènerai le reste de mes brebis, je susciterai pour elles des pasteurs. » (Jr 23, 1-6)
Quel malheur pour vous, pasteurs ! Vous laissez périr et vous dispersez les brebis de mon pâturage – oracle du Seigneur ! C’est pourquoi, ainsi parle le Seigneur, le Dieu d’Israël, contre les pasteurs qui conduisent mon peuple : Vous avez dispersé mes brebis, vous les avez chassées, et vous ne vous êtes pas occupés d’elles. Eh bien ! Je vais m’occuper de vous, à cause de la malice de vos actes – oracle du Seigneur. Puis, je rassemblerai moi-même le reste de mes brebis de tous les pays où je les ai chassées. Je les ramènerai dans leur enclos, elles seront fécondes et se multiplieront. Je susciterai pour elles des pasteurs qui les conduiront ; elles ne seront plus apeurées ni effrayées, et aucune ne sera perdue – oracle du Seigneur.
Voici venir des jours – oracle du Seigneur, où je susciterai pour David un Germe juste : il régnera en vrai roi, il agira avec intelligence, il exercera dans le pays le droit et la justice. En ces jours-là, Juda sera sauvé, et Israël habitera en sécurité. Voici le nom qu’on lui donnera : « Le-Seigneur-est-notre-justice. »
Psaume
(Ps 22 (23), 1-2ab, 2c-3, 4, 5, 6)
R/ Le Seigneur est mon berger : rien ne saurait me manquer.
Le Seigneur est mon berger :
je ne manque de rien.
Sur des prés d’herbe fraîche,
il me fait reposer.
Il me mène vers les eaux tranquilles
et me fait revivre ;
il me conduit par le juste chemin
pour l’honneur de son nom.
Si je traverse les ravins de la mort,
je ne crains aucun mal,
car tu es avec moi :
ton bâton me guide et me rassure.
Tu prépares la table pour moi
devant mes ennemis ;
tu répands le parfum sur ma tête,
ma coupe est débordante.
Grâce et bonheur m’accompagnent
tous les jours de ma vie ;
j’habiterai la maison du Seigneur
pour la durée de mes jours.
Deuxième lecture
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Éphésiens
« Le Christ est notre paix : des deux, le Juif et le païen, il a fait une seule réalité. » (Ep 2, 13-18)
Frères,
maintenant, dans le Christ Jésus, vous qui autrefois étiez loin, vous êtes devenus proches par le sang du Christ. C’est lui, le Christ, qui est notre paix : des deux, le Juif et le païen, il a fait une seule réalité ; par sa chair crucifiée, il a détruit ce qui les séparait, le mur de la haine ; il a supprimé les prescriptions juridiques de la loi de Moïse. Ainsi, à partir des deux, le Juif et le païen, il a voulu créer en lui un seul Homme nouveau en faisant la paix, et réconcilier avec Dieu les uns et les autres en un seul corps par le moyen de la croix ; en sa personne, il a tué la haine. Il est venu annoncer la bonne nouvelle de la paix, la paix pour vous qui étiez loin, la paix pour ceux qui étaient proches. Par lui, en effet, les uns et les autres, nous avons, dans un seul Esprit, accès auprès du Père.
Évangile
« Ils étaient comme des brebis sans berger. » (Mc 6, 30-34)
Acclamation :
Alléluia. Alléluia. Mes brebis écoutent ma voix, dit le Seigneur ; moi, je les connais, et elles me suivent. Alléluia[1].
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
En ce temps-là, après leur première mission, les Apôtres se réunirent auprès de Jésus, et lui annoncèrent tout ce qu’ils avaient fait et enseigné. Il leur dit : « Venez à l’écart dans un endroit désert, et reposez-vous un peu. » De fait, ceux qui arrivaient et ceux qui partaient étaient nombreux, et l’on n’avait même pas le temps de manger. Alors, ils partirent en barque pour un endroit désert, à l’écart. Les gens les virent s’éloigner, et beaucoup comprirent leur intention. Alors, à pied, de toutes les villes, ils coururent là-bas et arrivèrent avant eux. En débarquant, Jésus vit une grande foule. Il fut saisi de compassion envers eux, parce qu’ils étaient comme des brebis sans berger. Alors, il se mit à les enseigner longuement.
Textes liturgiques © AELF
Homélie
Jésus, le berger qui prend soin de ses brebis
Trop souvent il nous arrive encore de considérer et de lire les Écritures comme un reportage journalistique, voire un récit historique à prendre à la lettre. Nous oublions trop facilement que ce message est rempli d’un symbolisme que nous devons décoder pour en déchiffrer la signification. Comme je l’ai déjà rappelé à maintes reprises, les Évangiles sont toujours à lire à la lumière de la résurrection de Jésus ; mais ensuite, comme dimanche dernier, aujourd’hui et encore dimanche prochain, l’évangéliste veut montrer à ses lecteurs que nous sommes que Jésus accomplit parfaitement les Écritures du premier (Ancien) Testament, preuve qu’il est bien le Messie attendu.
Une première piste
Rappelez-vous, la semaine passée, Jésus envoyait ses disciples en mission. Aujourd’hui, ils en reviennent et en font le compte rendu. Jésus les invite à se reposer dans un endroit désert. Pour cela, ils traversent le lac, mais la foule les y précède en courant autour de l’eau. Ils n’ont donc plus qu’une chose à faire : poursuivre leur enseignement.
Si nous anticipons la suite, que nous lirons dimanche prochain, nous verrons Jésus parler à cette foule pendant toute la journée. Et le soir, voyant ces gens affamés loin de chez eux, il leur procurera du pain en abondance et gratuitement.
L’évangéliste ne prend pas la peine de relater ces événements pour le seul plaisir de nous raconter une anecdote de la vie de Jésus, mais il poursuit un but bien précis. En effet, par cet épisode très élaboré et judicieusement construit, Marc veut montrer que Jésus est bien le nouveau Moïse, libérateur de son peuple. Pour cela, je vous propose de faire ici un parallèle intéressant entre ce récit de l’Évangile et l’histoire du peuple hébreu.
Nous n’y avons sans doute pas prêté beaucoup d’attention, mais Marc situe une fois encore cette histoire pendant la semaine de la Pâque juive, montrant ainsi qu’il veut faire un rapprochement avec ce souvenir de la libération du peuple par Moïse. Dimanche dernier aussi, Jésus invitait ses disciples à se tenir prêts, à ceindre leur tunique et à mettre des sandales, signes de liberté : le même ordre que Moïse avait donné au peuple avant de partir. De même, en prenant aussi un bâton, il fait allusion au bâton de Moïse. Nous voyons ensuite Jésus mener ses apôtres vers un endroit retiré ; le parallèle est facile avec Moïse, qui conduit son peuple au désert. Puis il traverse le lac avec eux, image évidente du passage de la mer : de l’autre rive, toute la foule écoutera son enseignement comme le peuple hébreu avait reçu celui de Moïse au Sinaï. Enfin, Jésus va leur donner du pain en abondance et gratuitement, tout comme les Hébreux reçurent la manne, en suffisance et gratuitement.
Ces quelques rapprochements suffisent pour voir en Jésus, non seulement un nouveau Moïse, mais aussi celui qui accomplit la mission des patriarches, des prophètes et des rois. Oui, il est vraiment le Messie, le « Oint de Dieu », en un mot « le Christ », le seul vrai sauveur et libérateur. Peut-être pensez-vous en vous-mêmes : « Oui, c’est intéressant, mais en fin de compte, pour nous maintenant, en quoi tout cela nous concerne-t-il ? Qu’est ce que cela peut changer à notre vie d’aujourd’hui ? » Comme la foule qui contourne le lac, ne nous arrive-t-il pas souvent, à nous aussi, de tourner en rond, c’est-à-dire de chercher un sens ultime à notre vie ? Ce sens, ainsi que nous le verrons essentiellement dimanche prochain, nous le trouverons dans la rencontre avec un Dieu qui veut notre bonheur, dans la rencontre entre des frères et sœurs qui peuvent vivre le partage où chacun se trouve rassasié dans toutes ses aspirations et ses attentes, qu’elles soient primaires comme le besoin de manger ou profondes comme celui de s’entraider. Oui, le Seigneur est notre berger. Avec lui rien ne saurait nous manquer.
Seconde piste
Nous savons que les évangélistes ne perdaient pas leur temps en de longs et larges récits. Pour eux, chaque mot était pesé et avait son importance. Nous en avons un bel exemple dans le passage que la liturgie nous propose aujourd’hui. Il commence par ces mots : « les apôtres se réunissent près de Jésus et lui rapportent tout ce qu’ils ont fait et enseigné ».
Une première chose : depuis que Jésus a choisi les Douze, c’est la première fois que l’évangéliste les appelle « apôtres », c’est-à-dire « envoyés ». Ensuite, dit-il, « ils rapportent à Jésus tout ce qu’ils ont fait et enseigné ». Or, en remontant un peu dans le récit, nous pouvons lire que Jésus les a envoyés pour « proclamer » la Bonne Nouvelle ! Si l’évangéliste prend la peine de jouer sur les mots, c’est qu’ils ont leur importance. N’est-ce pas une gentille critique à peine voilée de Jésus ?
Nous savons que, par la suite, la tentation « d’enseigner » a toujours été grande de la part des responsables de l’Église : d’un côté le maître, celui qui sait, qui possède la Vérité et la transmet à celui qui ne sait pas, de l’autre. Habitude qui s’est prise très tôt dans l’Église et qui ne semble pas être le souhait de Jésus : il envoie plutôt « proclamer » la Bonne Nouvelle.
Un autre détail qui mérite notre attention, c’est ce double mouvement de dispersion et de rassemblement. Jésus a envoyé les apôtres séparément, chacun de leur côté, puis il les rassemble autour de lui. Ce double mouvement est indispensable pour vivre : car si l’on reste uniquement dans la dispersion, c’est vite l’éclatement ; et si l’on se maintient dans le rassemblement, c’est l’étouffement.
Nous voyons aussi les gens aller et venir, si nombreux que « les apôtres n’ont même pas le temps de manger ». L’évangéliste veut ici souligner l’humanité de Jésus, qui se soucie des besoins élémentaires de chacun, comme se mettre à l’écart pour manger. Le règne de Dieu n’est donc pas du tout étranger aux choses du monde ; il leur accorde au contraire une place primordiale.
Ensuite nous voyons que Jésus est pris à l’improviste. Il est surpris par cette initiative de la foule qui, contournant le lac, vient les rejoindre de l’autre côté. Remarquez maintenant la qualité du regard de Jésus, qui se laisse toucher et émouvoir jusqu’aux entrailles : « Jésus vit une grande foule », précise l’évangéliste Marc. Cette émotion jaillit du plus intime de lui-même, les entrailles sont le lieu même où la femme engendre. « Et Jésus se mit à les instruire car à ses yeux ils sont comme des brebis sans pasteur. »
Fait remarquable, c’est la vue de cette foule qui suscite en lui son identité de pasteur. L’attitude des gens à son égard réveille en lui des images bibliques. Il pense certainement à David, le pasteur qui deviendra roi, qui exercera dans le pays le droit et la justice, ainsi que le dit la première lecture. Vous le voyez, cette page d’Évangile qui, à la simple lecture rapide, peut nous paraître insignifiante, relate cependant un moment fort de la vie de Jésus puisque c’est là, au bord du lac, qu’il prend probablement conscience de sa mission de pasteur et de sa vocation royale.
Jacques NOIROT sma
[1] Cf. Jn 10, 27.
Appelés et envoyés
Quinzième Dimanche Ordinaire
Première lecture
Lecture du livre du prophète Amos
« Va, tu seras prophète pour mon peuple. » (Am 7, 12-15)
En ces jours-là, Amazias, prêtre de Béthel, dit au prophète Amos : « Toi, le voyant, va-t’en d’ici, fuis au pays de Juda ; c’est là-bas que tu pourras gagner ta vie en faisant ton métier de prophète. Mais ici, à Béthel, arrête de prophétiser ; car c’est un sanctuaire royal, un temple du royaume. » Amos répondit à Amazias : « Je n’étais pas prophète ni fils de prophète ; j’étais bouvier, et je soignais les sycomores. Mais le Seigneur m’a saisi quand j’étais derrière le troupeau, et c’est lui qui m’a dit : Va, tu seras prophète pour mon peuple Israël. »
Psaume
(Ps 84 (85), 9ab. 10, 11-12, 13-14)
R / Fais-nous voir, Seigneur, ton amour, et donne-nous ton salut.
J’écoute : que dira le Seigneur Dieu ?
Ce qu’il dit, c’est la paix pour son peuple et ses fidèles.
Son salut est proche de ceux qui le craignent,
et la gloire habitera notre terre.
Amour et vérité se rencontrent,
justice et paix s’embrassent ;
la vérité germera de la terre
et du ciel se penchera la justice.
Le Seigneur donnera ses bienfaits,
et notre terre donnera son fruit.
La justice marchera devant lui,
et ses pas traceront le chemin.
Deuxième lecture
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Éphésiens
« Il nous a choisis dans le Christ avant la fondation du monde. » (Ep 1, 3-14)
Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ ! Il nous a bénis et comblés des bénédictions de l’Esprit, au ciel, dans le Christ. Il nous a choisis, dans le Christ, avant la fondation du monde, pour que nous soyons saints, immaculés devant lui, dans l’amour. Il nous a prédestinés à être, pour lui, des fils adoptifs par Jésus, le Christ. Ainsi l’a voulu sa bonté, à la louange de gloire de sa grâce, la grâce qu’il nous donne dans le Fils bien-aimé. En lui, par son sang, nous avons la rédemption, le pardon de nos fautes.
C’est la richesse de la grâce que Dieu a fait déborder jusqu’à nous en toute sagesse et intelligence. Il nous dévoile ainsi le mystère de sa volonté, selon que sa bonté l’avait prévu dans le Christ : pour mener les temps à leur plénitude, récapituler toutes choses dans le Christ, celles du ciel et celles de la terre. En lui, nous sommes devenus le domaine particulier de Dieu, nous y avons été prédestinés selon le projet de celui qui réalise tout ce qu’il a décidé : il a voulu que nous vivions à la louange de sa gloire, nous qui avons d’avance espéré dans le Christ. En lui, vous aussi, après avoir écouté la parole de vérité, l’Évangile de votre salut, et après y avoir cru, vous avez reçu la marque de l’Esprit Saint. Et l’Esprit promis par Dieu est une première avance sur notre héritage, en vue de la rédemption que nous obtiendrons, à la louange de sa gloire.
Évangile
« Il commença à les envoyer. » (Mc 6, 7-13)
Acclamation :
Alléluia. Alléluia. Que le Père de notre Seigneur Jésus Christ ouvre à sa lumière les yeux de notre cœur, pour que nous percevions l’espérance que donne son appel. Alléluia[1].
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
En ce temps-là, Jésus appela les Douze ; alors il commença à les envoyer en mission deux par deux. Il leur donnait autorité sur les esprits impurs, et il leur prescrivit de ne rien prendre pour la route, mais seulement un bâton ; pas de pain, pas de sac, pas de pièces de monnaie dans leur ceinture. « Mettez des sandales, ne prenez pas de tunique de rechange. » Il leur disait encore : « Quand vous avez trouvé l’hospitalité dans une maison, restez-y jusqu’à votre départ. Si, dans une localité, on refuse de vous accueillir et de vous écouter, partez et secouez la poussière de vos pieds : ce sera pour eux un témoignage. » Ils partirent, et proclamèrent qu’il fallait se convertir. Ils expulsaient beaucoup de démons, faisaient des onctions d’huile à de nombreux malades, et les guérissaient.
Textes liturgiques © AELF www.aelf.org
Homélie
Appelés et envoyés
C‘est le dimanche de l’envoi mais, pour être envoyé, il faut d’abord être appelé, comme nous le dit d’une façon intéressante le prophète Amos de la première lecture. Le prêtre du lieu le houspille parce qu’il lui fait concurrence et Amos lui répond : « Je ne suis pas un homme de profession, comme toi qui es prêtre de père en fils ; moi, j’étais éleveur de bœufs – un bouvier - et je soignais des sycomores[2]. C’est le Seigneur qui m’a appelé de derrière mes bœufs et m’a envoyé ici pour présenter sa parole ». Amos était un prophète itinérant, un « missionnaire », dirait-on aujourd’hui, comme l’évangile va nous l’expliquer.
Les mots envoi et mission ont tous deux le même sens, mais pas la même origine. Envoyer en mission est donc une tautologie, un grand mot pour dire répétition : donc, lorsqu’on dit envoyer en mission, on insiste en quelque sorte sur l’importance de l’envoi et sur celle de la mission.
Appeler et envoyer, là est la rotule de la vocation apostolique… Par notre baptême, chacun de nous a été appelé et envoyé en tant que disciple du même maître, ce Jésus qui nous appelle comme il a appelé les Douze et bien d’autres. Son but est de faire de nous ses représentants et les continuateurs de ce qu’il a commencé au nom de son Père. Celui-ci l’avait lui-même appelé pour l’envoyer en tant que Fils venu nous révéler le visage et le cœur de miséricorde de son Père. C’est cela, l’évangile, ou encore la bonne nouvelle… Trop souvent nous sommes occupés à écouter d’autres voix et nous faisons la « sourde » oreille à la parole de Dieu et à ses propositions de vie.
Voilà pourquoi Paul nous dit, dans sa lettre aux Éphésiens, la 2e lecture de ce dimanche : « Dieu, le Père de Notre Seigneur le Christ, vous a choisis, dans le Christ, avant la fondation du monde… En lui, après avoir écouté la parole de vérité, vous avez cru et vous avez reçu la marque de l’Esprit Saint qui vous a destinés à être, pour lui, des fils adoptifs par Jésus, le Christ[3] ».
Tout le christianisme est là. Être appelé et être envoyé ne suffisent pas : il faut encore croire en la parole de cet appel, en sa véracité et sa vérité, et dire « oui, me voici » à ce Dieu qui nous a visités et qui, depuis le jour de notre baptême, demeure en nous avec ses promesses de fidélité… et les nôtres. Alors nous pourrons continuer l’œuvre commencée par les « envoyés » de l’évangile de ce jour. Ils partent sans rien, mais avec une immense confiance dans l’hospitalité et de Dieu et des hommes. Ils sont comme des migrants sur les routes du monde !
Jean-Pierre FREY, sma
[1] Cf. Ep 1, 17-18.
[2] De la famille des figuiers, le sycomore est un arbre courant dans ces régions du Moyen-Orient.
[3] Ephésiens 1, 1, 4 et 13.
« Ils étaient profondément choqués à son sujet. »
Quatorzième Dimanche Ordinaire
Première lecture
Lecture du livre du prophète Ézékiel
« C’est une engeance de rebelles ! Qu’ils sachent qu’il y a un prophète au milieu d’eux ! » (Ez 2, 2-5)
En ces jours-là, l’esprit vint en moi et me fit tenir debout. J’écoutai celui qui me parlait. Il me dit : « Fils d’homme, je t’envoie vers les fils d’Israël, vers une nation rebelle qui s’est révoltée contre moi. Jusqu’à ce jour, eux et leurs pères se sont soulevés contre moi. Les fils ont le visage dur, et le cœur obstiné ; c’est à eux que je t’envoie. Tu leur diras : Ainsi parle le Seigneur Dieu... Alors, qu’ils écoutent ou qu’ils n’écoutent pas – c’est une engeance de rebelles ! – ils sauront qu’il y a un prophète au milieu d’eux. »
Psaume
(Ps 122 (123), 1-2ab, 2cdef, 3-4)
R/ Nos yeux, levés vers le Seigneur, attendent sa pitié.
Vers toi j’ai les yeux levés,
vers toi qui es au ciel,
comme les yeux de l’esclave
vers la main de son maître.
Comme les yeux de la servante
vers la main de sa maîtresse,
nos yeux, levés vers le Seigneur notre Dieu,
attendent sa pitié.
Pitié pour nous, Seigneur, pitié pour nous :
notre âme est rassasiée de mépris.
C’en est trop, nous sommes rassasiés
du rire des satisfaits,
du mépris des orgueilleux !
Deuxième lecture
Lecture de la deuxième lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens
« Je mettrai ma fierté dans mes faiblesses, afin que la puissance du Christ fasse en moi sa demeure. » (2 Co 12, 7-10)
Frères,
les révélations que j’ai reçues sont tellement extraordinaires que, pour m’empêcher de me surestimer, j’ai reçu dans ma chair une écharde, un envoyé de Satan qui est là pour me gifler, pour empêcher que je me surestime. Par trois fois, j’ai prié le Seigneur de l’écarter de moi. Mais il m’a déclaré : « Ma grâce te suffit, car ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse. » C’est donc très volontiers que je mettrai plutôt ma fierté dans mes faiblesses, afin que la puissance du Christ fasse en moi sa demeure. C’est pourquoi j’accepte de grand cœur pour le Christ les faiblesses, les insultes, les contraintes, les persécutions et les situations angoissantes. Car, lorsque je suis faible, c’est alors que je suis fort.
Évangile
« Un prophète n’est méprisé que dans son pays. » (Mc 6, 1-6)
Acclamation :
Alléluia. Alléluia. L’Esprit du Seigneur est sur moi : il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres Alléluia[1].
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
En ce temps-là, Jésus se rendit dans son lieu d’origine, et ses disciples le suivirent. Le jour du sabbat, il se mit à enseigner dans la synagogue. De nombreux auditeurs, frappés d’étonnement, disaient : « D’où cela lui vient-il ? Quelle est cette sagesse qui lui a été donnée, et ces grands miracles qui se réalisent par ses mains ? N’est-il pas le charpentier, le fils de Marie, et le frère de Jacques, de José, de Jude et de Simon ? Ses sœurs ne sont-elles pas ici chez nous ? » Et ils étaient profondément choqués à son sujet. Jésus leur disait : « Un prophète n’est méprisé que dans son pays, sa parenté et sa maison. » Et là il ne pouvait accomplir aucun miracle ; il guérit seulement quelques malades en leur imposant les mains. Et il s’étonna de leur manque de foi. Alors, Jésus parcourait les villages d’alentour en enseignant.
Textes liturgiques © AELF www.aelf.org
Homélie
« Ils étaient profondément choqués à son sujet.[2] »
Les textes liturgiques de ce jour disent que le message de Dieu passe par la faiblesse humaine et qu’il est difficile pour les hommes de le comprendre.
Dans la première lecture, le prophète Ézéchiel voyait que le peuple, et surtout ses responsables, se fourvoyaient dans un chemin qui était opposé à leur foi. Ils ne pratiquaient pas la justice ; ils refusaient de l’écouter et de reconnaître la présence de Dieu dans leur histoire. Mais Dieu continue à exercer sa patience et à envoyer son prophète malgré leur refus. Rien n’arrête Dieu dans sa bonté et sa sollicitude envers son peuple, pas même les cœurs obstinés.
Dans la deuxième lecture, Saint Paul sent combien il est faible pour annoncer l’évangile et accomplir sa mission… Il parle même d’une écharde dans la chair qui l’handicape et lui fait honte, probablement quelque chose de physique qui le faisait beaucoup souffrir… Mais ces épreuves lui font découvrir qu’il n’a pas à s’inquiéter de ses faiblesses ou de ses incapacités, car c’est le Christ lui-même qui habite en lui et qui agit par lui, avec sa puissance, c’est-à-dire avec son Esprit.
Dans l’évangile de ce jour, il est dit que Jésus est venu dans son propre village, il est venu chez les siens, comme dit Saint Jean… Jésus est là comme un homme ordinaire. Sa présence au milieu des siens a un double résultat : ou bien on est frappé par son enseignement et Jésus peut guérir quelques malades en imposant les mains ; ou bien on est choqué par sa puissance et ses miracles et on n’accepte pas que cet homme, apparemment si ordinaire et dont on connaît bien la famille, soit envoyé de Dieu. Ce que les yeux de la chair voient devient alors un obstacle pour la foi et non une révélation.
Jésus continue à venir parmi les siens lorsqu’il vient dans nos célébrations. Il continue à nous parler, à nous donner sa parole, nous l’écoutons chaque dimanche et même chaque jour. Comme les gens de Galilée, nous pouvons accepter que c’est Dieu qui nous parle dans cette parole et veut nous guérir et redonner la vie. Ou bien nous n’acceptons pas que cette parole soit celle de Dieu et que la célébration eucharistique soit présence de Dieu ; nous ne pouvons pas alors profiter pleinement de l’Eucharistie.
Le scandale de la foi demeure. Depuis Nazareth jusqu’à aujourd’hui, certains attendent des miracles pour assurer leur foi, d’autres un système de sagesse. C’est à travers son humanité que Jésus nous fait découvrir sa divinité… C’est par la communauté chrétienne, pourtant si imparfaite, par les prophètes d’aujourd’hui, par des serviteurs remplis d’imperfections, par nous-mêmes, que Dieu continue à faire passer sa présence, son amour et son salut.
Que notre célébration eucharistique nous aide à reprendre conscience que Jésus est toujours parmi nous, qu’il nous renouvelle et nous conduit.
Jean-Marie GUILLAUME, sma
[1] Cf. Lc 4, 18ac.
[2] Marc 6, 3.
Résurrection de la fille de Jaïre
Treizième Dimanche Ordinaire
Première lecture
Lecture du livre de la Sagesse
« C’est par la jalousie du diable que la mort est entrée dans le monde. »(Sg 1, 13-15 ; 2, 23-24)
Dieu n’a pas fait la mort, il ne se réjouit pas de voir mourir les êtres vivants. Il les a tous créés pour qu’ils subsistent ; ce qui naît dans le monde est porteur de vie : on n’y trouve pas de poison qui fasse mourir. La puissance de la Mort ne règne pas sur la terre, car la justice est immortelle.
Dieu a créé l’homme pour l’incorruptibilité, il a fait de lui une image de sa propre identité. C’est par la jalousie du diable que la mort est entrée dans le monde ; ils en font l’expérience, ceux qui prennent parti pour lui.
Psaume
(Ps 29 (30), 2.4, 5-6ab, 6cd.12, 13)
R/ Je t’exalte, Seigneur : tu m’as relevé.
Je t’exalte, Seigneur : tu m’as relevé,
tu m’épargnes les rires de l’ennemi.
Seigneur, tu m’as fait remonter de l’abîme
et revivre quand je descendais à la fosse.
Fêtez le Seigneur, vous, ses fidèles,
rendez grâce en rappelant son nom très saint.
Sa colère ne dure qu’un instant,
sa bonté, toute la vie.
Avec le soir, viennent les larmes,
mais au matin, les cris de joie.
Tu as changé mon deuil en une danse,
mes habits funèbres en parure de joie.
Que mon cœur ne se taise pas,
qu’il soit en fête pour toi,
et que sans fin, Seigneur, mon Dieu,
je te rende grâce !
Deuxième lecture
Lecture de la deuxième lettre de saint Paul apôtre aux Corinthiens
« Ce que vous avez en abondance comblera les besoins des frères pauvres. »(2Co 8, 7. 9. 13-15)
Frères,
puisque vous avez tout en abondance, la foi, la Parole, la connaissance de Dieu, toute sorte d’empressement et l’amour qui vous vient de nous, qu’il y ait aussi abondance dans votre don généreux ! Vous connaissez en effet le don généreux de notre Seigneur Jésus Christ : lui qui est riche, il s’est fait pauvre à cause de vous, pour que vous deveniez riches par sa pauvreté. Il ne s’agit pas de vous mettre dans la gêne en soulageant les autres, il s’agit d’égalité. Dans la circonstance présente, ce que vous avez en abondance comblera leurs besoins, afin que, réciproquement, ce qu’ils ont en abondance puisse combler vos besoins, et cela fera l’égalité, comme dit l’Écriture à propos de la manne : Celui qui en avait ramassé beaucoup n’eut rien de trop, celui qui en avait ramassé peu ne manqua de rien.
Évangile
« Jeune fille, je te le dis, lève-toi ! »(Mc 5, 21-43)
Acclamation :
Alléluia. Alléluia. Notre Sauveur, le Christ Jésus, a détruit la mort ; il a fait resplendir la vie par l’Évangile. Alléluia[1].
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
En ce temps-là, Jésus regagna en barque l’autre rive, et une grande foule s’assembla autour de lui. Il était au bord de la mer. Arrive un des chefs de synagogue, nommé Jaïre. Voyant Jésus, il tombe à ses pieds et le supplie instamment : « Ma fille, encore si jeune, est à la dernière extrémité. Viens lui imposer les mains pour qu’elle soit sauvée et qu’elle vive. » Jésus partit avec lui, et la foule qui le suivait était si nombreuse qu’elle l’écrasait.
Or, une femme, qui avait des pertes de sang depuis douze ans – elle avait beaucoup souffert du traitement de nombreux médecins, et elle avait dépensé tous ses biens sans avoir la moindre amélioration ; au contraire, son état avait plutôt empiré – cette femme donc, ayant appris ce qu’on disait de Jésus, vint par-derrière dans la foule et toucha son vêtement. Elle se disait en effet : « Si je parviens à toucher seulement son vêtement, je serai sauvée. » À l’instant, l’hémorragie s’arrêta, et elle ressentit dans son corps qu’elle était guérie de son mal. Aussitôt Jésus se rendit compte qu’une force était sortie de lui. Il se retourna dans la foule, et il demandait : « Qui a touché mes vêtements ? » Ses disciples lui répondirent : « Tu vois bien la foule qui t’écrase, et tu demandes : Qui m’a touché ? » Mais lui regardait tout autour pour voir celle qui avait fait cela. Alors la femme, saisie de crainte et toute tremblante, sachant ce qui lui était arrivé, vint se jeter à ses pieds et lui dit toute la vérité. Jésus lui dit alors : « Ma fille, ta foi t’a sauvée. Va en paix et sois guérie de ton mal. »
Comme il parlait encore, des gens arrivent de la maison de Jaïre, le chef de synagogue, pour dire à celui-ci : « Ta fille vient de mourir. À quoi bon déranger encore le Maître ? » Jésus, surprenant ces mots, dit au chef de synagogue : « Ne crains pas, crois seulement. » Il ne laissa personne l’accompagner, sauf Pierre, Jacques, et Jean, le frère de Jacques. Ils arrivent à la maison du chef de synagogue. Jésus voit l’agitation, et des gens qui pleurent et poussent de grands cris. Il entre et leur dit : « Pourquoi cette agitation et ces pleurs ? L’enfant n’est pas morte : elle dort. » Mais on se moquait de lui. Alors il met tout le monde dehors, prend avec lui le père et la mère de l’enfant, et ceux qui étaient avec lui ; puis il pénètre là où reposait l’enfant. Il saisit la main de l’enfant, et lui dit : « Talitha koum », ce qui signifie : « Jeune fille, je te le dis, lève-toi ! » Aussitôt la jeune fille se leva et se mit à marcher – elle avait en effet douze ans. Ils furent frappés d’une grande stupeur. Et Jésus leur ordonna fermement de ne le faire savoir à personne ; puis il leur dit de la faire manger.
Textes liturgiques © AELF www.aelf.org
Homélie
Résurrection de la fille de Jaïre
Notre évangile d’aujourd’hui nous parle de deux guérisons : une petite fille qu'il faut guérir de la mort et une femme qu'il faut guérir de ses pertes de sang, c'est-à-dire de la vie qui s'en va d’elle. Jésus ici est celui qui guérit. Il ne fait pas de beaux discours sur la souffrance des autres, il ne fait que guérir, guérir de toutes les morts.
A travers ces guérisons nous découvrons d’abord la bonté du Christ que le spectacle de la souffrance humaine ne laisse jamais indifférent. Oui, Jésus est un homme sensible qui sait compatir et vibrer devant les malheurs d'autrui. A de multiples reprises à travers les Évangiles on voit ces expressions : « il eut pitié de la foule », ou encore : « il fut touché de compassion »... A deux reprises, les évangélistes nous le montrent pleurant sur Jérusalem et pleurant son ami Lazare... Oui, Jésus n'est pas un robot froid et indifférent, c'est pour cela qu'il se laisse toucher par les ennuis de santé d'une femme et par le chagrin d'un père. Et parce qu'il ressent tout ce qu'il y a d'injuste dans le décès d'un enfant, toute la peine et la douleur des parents, il fait alors une chose incroyable, jamais vue, il ressuscite la petite fille et la rend à ses parents !...
Mais, ce qui est aussi frappant dans le récit de ces miracles, c'est qu'ils n'ont pu avoir lieu que grâce à la foi de ceux qui en bénéficient. Dans ces deux miracles on trouve la même foi dans l'effet sauveur du contact physique avec le Christ : le fait de pouvoir toucher son manteau dans l'un, l'imposition de ses mains dans l'autre. Les serviteurs accourus pour annoncer au père le décès de son enfant estiment qu'il est inutile de déranger d'avantage le Christ puisque l'enfant est morte et qu'il n'y a donc plus rien à faire... Les voisins venus pleurer la fillette se moquent même du Christ... Seul le père a confiance en la parole de Jésus : « Ne crains pas, crois seulement »… Et c'est cette foi-là qui est récompensée par le miracle !
A nous aussi, c'est encore et toujours la même foi qui nous est demandée par le Christ, foi qui est totale confiance en lui et en sa parole. Quand le Christ nous dit dans saint Jean : « Je suis la résurrection et la vie, tout homme qui croit en moi ne mourra jamais... », et que l'on vient de perdre un être cher, il en faut de la foi pour le croire ! Bien sûr, en tant que chrétiens, nous croyons que Jésus a ressuscité des morts, qu'il est lui-même ressuscité d'entre les morts, qu'il nous ressuscitera nous aussi un jour. Mais croyons-nous qu'il puisse aussi maintenant, par exemple, ranimer ceux et celles d'entre nous qui se croient vivants alors qu'ils sont morts ?
Être vivant, ce n'est pas simplement respirer et bouger : ce qui fait vraiment la « vie », c'est aimer, être aimé, être créateur, participer à la recherche d'une vie meilleure, vivre les grandes aspirations du monde, être solidaire de tout ce qui se fait de bien... Pour être « un vivant », il faut sans cesse se réveiller, sortir de soi, se laisser stimuler par les autres, s'adapter aux changements, s'informer, élargir son univers de préoccupations, se mettre au service des autres... Et tout cela peut se faire même dans un fauteuil roulant. La mort commence avec le rétrécissement de l'homme, quand il se recroqueville sur lui-même et qu'il se coupe des autres.
A nous aussi, aujourd'hui le Seigneur nous dit peut-être en nous prenant par la main comme il l'a fait pour la petite fille : « Lève-toi. Reprends goût à la vie, redeviens un vivant ! ». Ne te laisse pas submerger par l'inquiétude, par l'angoisse ou la peur des lendemains, mais « aie confiance, ne crains pas, croie seulement ».
Claude RÉMOND sma
[1] Cf. 2 Tm 1, 10.
Il est venu préparer le chemin.
Il est venu préparer le chemin.
Nativité de Saint Jean Baptiste
Première lecture
Lecture du livre du prophète Isaïe
« Je fais de toi la lumière des nations. » (Is 49, 1-6)
Écoutez-moi, îles lointaines ! Peuples éloignés, soyez attentifs ! J’étais encore dans le sein maternel quand le Seigneur m’a appelé ; j’étais encore dans les entrailles de ma mère quand il a prononcé mon nom. Il a fait de ma bouche une épée tranchante, il m’a protégé par l’ombre de sa main ; il a fait de moi une flèche acérée, il m’a caché dans son carquois. Il m’a dit : « Tu es mon serviteur, Israël, en toi je manifesterai ma splendeur. » Et moi, je disais : « Je me suis fatigué pour rien, c’est pour le néant, c’est en pure perte que j’ai usé mes forces. » Et pourtant, mon droit subsistait auprès du Seigneur, ma récompense, auprès de mon Dieu. Maintenant le Seigneur parle, lui qui m’a façonné dès le sein de ma mère pour que je sois son serviteur, que je lui ramène Jacob, que je lui rassemble Israël. Oui, j’ai de la valeur aux yeux du Seigneur, c’est mon Dieu qui est ma force. Et il dit : « C’est trop peu que tu sois mon serviteur pour relever les tribus de Jacob, ramener les rescapés d’Israël : je fais de toi la lumière des nations, pour que mon salut parvienne jusqu’aux extrémités de la terre. »
Psaume
(Ps 138 (139), 1-2.3b, 13-14ab, 14c-15ab)
R/ Je te rends grâce, ô mon Dieu, pour tant de merveilles.
Tu me scrutes, Seigneur, et tu sais !
Tu sais quand je m’assois, quand je me lève ;
de très loin, tu pénètres mes pensées,
tous mes chemins te sont familiers.
C’est toi qui as créé mes reins,
qui m’as tissé dans le sein de ma mère.
Je reconnais devant toi le prodige,
l’être étonnant que je suis.
Étonnantes sont tes œuvres,
toute mon âme le sait.
Mes os n’étaient pas cachés pour toi
quand j’étais façonné dans le secret.
Deuxième lecture
Lecture du livre des Actes des Apôtres
« Jean le Baptiste a préparé l’avènement de Jésus. » (Ac 13, 22-26)
En ces jours-là, dans la synagogue d’Antioche de Pisidie, Paul disait aux Juifs : « Dieu a, pour nos pères, suscité David comme roi, et il lui a rendu ce témoignage : J’ai trouvé David, fils de Jessé ; c’est un homme selon mon cœur qui réalisera toutes mes volontés. De la descendance de David, Dieu, selon la promesse, a fait sortir un sauveur pour Israël : c’est Jésus, dont Jean le Baptiste a préparé l’avènement en proclamant avant lui un baptême de conversion pour tout le peuple d’Israël. Au moment d’achever sa course, Jean disait : « Ce que vous pensez que je suis, je ne le suis pas. Mais le voici qui vient après moi, et je ne suis pas digne de retirer les sandales de ses pieds. » Vous, frères, les fils de la lignée d’Abraham et ceux parmi vous qui craignent Dieu, c’est à nous que la parole du salut a été envoyée. »
Évangile
« Son nom est Jean. » (Lc 1, 57-66. 80)
Acclamation :
Alléluia. Alléluia. Toi, petit enfant, tu seras appelé prophète du Très-Haut : tu marcheras devant, en présence du Seigneur, et tu prépareras ses chemins. Alléluia[1].
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
Quand fut accompli le temps où Élisabeth devait enfanter, elle mit au monde un fils. Ses voisins et sa famille apprirent que le Seigneur lui avait montré la grandeur de sa miséricorde, et ils se réjouissaient avec elle. Le huitième jour, ils vinrent pour la circoncision de l’enfant. Ils voulaient l’appeler Zacharie, du nom de son père. Mais sa mère prit la parole et déclara : « Non, il s’appellera Jean. » On lui dit : « Personne dans ta famille ne porte ce nom-là ! » On demandait par signes au père comment il voulait l’appeler. Il se fit donner une tablette sur laquelle il écrivit : « Jean est son nom. » Et tout le monde en fut étonné. À l’instant même, sa bouche s’ouvrit, sa langue se délia : il parlait et il bénissait Dieu. La crainte saisit alors tous les gens du voisinage et, dans toute la région montagneuse de Judée, on racontait tous ces événements. Tous ceux qui les apprenaient les conservaient dans leur cœur et disaient : « Que sera donc cet enfant ? » En effet, la main du Seigneur était avec lui.
L’enfant grandissait et son esprit se fortifiait. Il alla vivre au désert jusqu’au jour où il se fit connaître à Israël.
Textes liturgiques © AELF www.aelf.org
Homélie
Il est venu préparer le chemin.
C’est le dimanche de l’appel et de l’envoi en mission…
Cela a commencé par Abraham, que Dieu a appelé à Ur, en Chaldée. Il lui a dit : Quitte ton pays de « païens » et va vers le pays que je vous donnerai, à toi et à ta descendance dont je veux faire mon peuple. Le peuple du Dieu unique… Le peuple de l’alliance avec Dieu, selon les promesses.
Hélas ! Au fil des temps et de l’histoire, ce peuple choisi s’est tourné vers diverses idoles et faux dieux qu’il jugeait bien plus efficaces que son Seigneur Dieu, silencieux et lent, appelé YAHWEH.
Alors Dieu a ouvert une deuxième vague d’appels d’hommes justes et fidèles. Ce sont les prophètes. Leur mission consistait à éclairer le peuple sur les promesses faites à Dieu par Abraham selon l’alliance… Ces champions de Dieu se nommaient Élie et Élisée, Isaïe (le prophète de la première lecture d’aujourd’hui), et puis Ézékiel et beaucoup d’autres… Par leur vie, ils étaient les veilleurs de la foi et les témoins de la fidélité en la parole de Dieu.
Mais cela n’a pas suffit. Le peuple de Dieu, comme tout autre, cherchait d’abord ses intérêts. Il défendait sa terre et ses biens, et ne voulait pas être trop bousculé au quotidien, fût-ce par le divin maître de l’histoire. Aussi celui-ci décida-t-il d’envoyer son fils. Oui ! Son propre fils ! Oui ! Le FILS du Dieu très HAUT !… Et là encore, il a fait appel à un prophète pour lui préparer le chemin…
Voici donc que va être engendré et que va naître Jean le Baptiste. Il deviendra l’homme austère du désert, tout dédié à Dieu ; il se nourrissait au hasard de sauterelles trouvées près des oasis et de miel récolté dans les trous des rochers. Il était aussi le prophète qui donnait dans le Jourdain un baptême de repentance afin de préparer le peuple à l’accueil du Fils envoyé par le Père, celui que l’on appelle le Messie, celui qui a reçu l’onction pour sa mission…
Dieu s’est même donné la peine, si je puis dire, de faire enfanter un couple déjà d’un certain âge, Zacharie le prêtre et Élisabeth sa stérile épouse. C’est au Temple, près de l’autel de l’encens, qu’Il a rencontré le prêtre par l’intermédiaire de son ange, son messager selon le rite à présent bien établi, pour lui annoncer la bonne nouvelle. Le le prêtre, toutefois, n’a pas supporté le choc. Il s’est mis à douter de la parole de l’ange, qui lui a « paralysé » la langue jusqu’à la naissance de son fils. Une thérapie comme une autre !
Et « quand le temps fut accompli où Élisabeth devait enfanter, elle mit au monde le fils promis[2] ». Zacharie, le père, lui donnera le nom de Jean, comme l’ange le lui avait demandé. Ce nom hébreux, Yohänan / Jean, veut dire : « Yavhé-Dieu est miséricordieux ». Sous-entendu : Dieu, dans sa miséricorde, va nous envoyer un libérateur et un Sauveur.
Telle est l’histoire de ce Jean-Baptiste, le précurseur venu préparer un chemin par le désert qui baptisait dans le Jourdain. Nous célébrons aujourd’hui sa naissance. Bonne fête à tous les Jean-Baptiste !
Jean-Pierre FREY sma
[1] Cf. Lc 1, 76.
[2] Luc 1, 57.