Père Justin-Sylvestre KetteSoutenance de thèse
Diocèse de BossangoaEntretien avec Mgr Nestor-Désiré Nongo
Diocèse de Dassa-ZouméUne journée avec Mgr François Gnonhossou
21e DO Constamment renouveler nos engagements baptismaux !
Vingt-et-unième Dimanche Ordinaire
Première lecture
Lecture du livre de de Josué
« Nous voulons servir le Seigneur, car c’est lui notre Dieu. » (Jos 24, 1-2a. 15-17. 18b)
En ces jours-là, Josué réunit toutes les tribus d’Israël à Sichem ; puis il appela les anciens d’Israël, avec les chefs, les juges et les scribes ; ils se présentèrent devant Dieu. Josué dit alors à tout le peuple : « S’il ne vous plaît pas de servir le Seigneur, choisissez aujourd’hui qui vous voulez servir : les dieux que vos pères servaient au-delà de l’Euphrate, ou les dieux des Amorites dont vous habitez le pays. Moi et les miens, nous voulons servir le Seigneur. » Le peuple répondit : « Plutôt mourir que d’abandonner le Seigneur pour servir d’autres dieux ! C’est le Seigneur notre Dieu qui nous a fait monter, nous et nos pères, du pays d’Égypte, cette maison d’esclavage : c’est lui qui, sous nos yeux, a accompli tous ces signes et nous a protégés tout le long du chemin que nous avons parcouru, chez tous les peuples au milieu desquels nous sommes passés. Nous aussi, nous voulons servir le Seigneur, car c’est lui notre Dieu. »
Psaume
(Ps 33 (34), 2-3, 16-17, 20-21, 22-23)
R/ Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur !
Je bénirai le Seigneur en tout temps,
sa louange sans cesse à mes lèvres.
Je me glorifierai dans le Seigneur :
que les pauvres m’entendent et soient en fête !
Le Seigneur regarde les justes,
il écoute, attentif à leurs cris.
Le Seigneur affronte les méchants
pour effacer de la terre leur mémoire.
Malheur sur malheur pour le juste,
mais le Seigneur chaque fois le délivre.
Il veille sur chacun de ses os :
pas un ne sera brisé.
Le mal tuera les méchants ;
ils seront châtiés d’avoir haï le juste.
Le Seigneur rachètera ses serviteurs :
pas de châtiment pour qui trouve en lui son refuge.
Deuxième lecture
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Éphésiens
« Ce mystère est grand : je le dis en référence au Christ et à l’Église. » (Ep 5, 21-32)
Frères,
par respect pour le Christ, soyez soumis les uns aux autres ; les femmes, à leur mari, comme au Seigneur Jésus ; car, pour la femme, le mari est la tête, tout comme, pour l’Église, le Christ est la tête, lui qui est le Sauveur de son corps. Eh bien ! puisque l’Église se soumet au Christ, qu’il en soit toujours de même pour les femmes à l’égard de leur mari.
Vous, les hommes, aimez votre femme à l’exemple du Christ : il a aimé l’Église, il s’est livré lui-même pour elle, afin de la rendre sainte en la purifiant par le bain de l’eau baptismale, accompagné d’une parole ; il voulait se la présenter à lui-même, cette Église, resplendissante, sans tache, ni ride, ni rien de tel ; il la voulait sainte et immaculée. C’est de la même façon que les maris doivent aimer leur femme : comme leur propre corps. Celui qui aime sa femme s’aime soi-même. Jamais personne n’a méprisé son propre corps : au contraire, on le nourrit, on en prend soin. C’est ce que fait le Christ pour l’Église, parce que nous sommes les membres de son corps. Comme dit l’Écriture : À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un. Ce mystère est grand : je le dis en référence au Christ et à l’Église.
Évangile
« Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. » (Jn 6, 60-69)
Acclamation :
Alléluia. Alléluia. Tes paroles, Seigneur, sont esprit et elles sont vie ; tu as les paroles de la vie éternelle. Alléluia[1].
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
En ce temps-là, Jésus avait donné un enseignement dans la synagogue de Capharnaüm. Beaucoup de ses disciples, qui avaient entendu, déclarèrent : « Cette parole est rude ! Qui peut l’entendre ? » Jésus savait en lui-même que ses disciples récriminaient à son sujet. Il leur dit : « Cela vous scandalise ? Et quand vous verrez le Fils de l’homme monter là où il était auparavant ! C’est l’esprit qui fait vivre, la chair n’est capable de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et elles sont vie. Mais il y en a parmi vous qui ne croient pas. » Jésus savait en effet depuis le commencement quels étaient ceux qui ne croyaient pas, et qui était celui qui le livrerait. Il ajouta : « Voilà pourquoi je vous ai dit que personne ne peut venir à moi si cela ne lui est pas donné par le Père. » À partir de ce moment, beaucoup de ses disciples s’en retournèrent et cessèrent de l’accompagner. Alors Jésus dit aux Douze : « Voulez-vous partir, vous aussi ? » Simon-Pierre lui répondit : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Quant à nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint de Dieu. »
Textes liturgiques © AELF
Homélie
Nous devons constamment renouveler nos engagements baptismaux !
Bien-aimés de Dieu !
Jésus avait dit dans la synagogue de Capharnaüm : « Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ». Cette parole a provoqué une véritable crise qui a fait éclater le groupe qui le suivait. A partir de ce moment, « beaucoup de ses disciples » l’ont quitté, scandalisés par ce propos qu’ils jugent trop « rude », intolérable au point qu’ils ne supportent plus et qu’ils ne peuvent plus continuer à écouter. C’est alors que Jésus pose la question aux « douze » : « Voulez-vous partir vous aussi ? » Et Pierre, porte-parole des « douze » déclare : « Seigneur, à qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie éternelle. Quant à nous, nous croyons et nous savons que tu es le Saint de Dieu ».
Cette belle profession de foi au nom de tout le groupe peut étonner quand on voit « beaucoup de ses disciples » le quitter. Et nous pouvons nous demander : qu’ont-ils compris de plus que les autres ? Ont-ils réellement saisi le sens de ce que le Christ a dit à propos de son corps et de son sang ? Probablement pas ! Ils devaient se poser les mêmes questions et éprouver les mêmes difficultés que les autres ! Mais à la différence des autres, les « douze » font confiance à celui qui les a appelés, et qui représente TOUT pour eux : « A qui irions-nous Seigneur ? »
On dit souvent que « vivre, c’est choisir ». Et quand il s’agit de Dieu, nous pouvons le choisir, quand bien même nous ne comprenons pas tout. Car Dieu ne peut jamais se tromper, ni nous tromper. C’est un acte de confiance en la toute-puissance de Dieu. De même que Dieu est mystère et dépasse infiniment la compréhension de l’entendement humain, ainsi l’Eucharistie évoquée dans cette parole de Jésus. La profession de foi de Simon-Pierre est un véritable saut dans le vide, mais un saut confiant, parce qu’il sait, l’ayant suivi jusque-là, que Jésus a « les paroles de la vie éternelle », et il exprime librement son adhésion. La foi est une vie-avec Jésus, jusqu’au bout, mais elle doit se renouveler, surtout quand nous traversons des crises.
L’évangile de ce jour met devant nos yeux une vérité de foi toute simple dont chacun de nous peut faire l’expérience : la foi n’est jamais une certitude acquise une fois pour toute et à l’abri des remises en question. Elle est au contraire un acte de confiance que nous devons constamment renouveler aux heures de grandes interrogations de notre vie. D’ailleurs, toutes les grandes étapes de l’Histoire du salut sont marquées par un renouvellement de l’Alliance : « Je te propose aujourd’hui de choisir ou bien la vie et le bonheur, ou bien la mort et le malheur. », disait Moïse au peuple Juif après leur sortie d’Egypte[2]. Josué a fait la même chose avec toutes les tribus d’Israël à Sichem : « S’il ne vous plaît pas de servir le Seigneur, choisissez aujourd’hui qui vous voulez servir ». Jésus a fait de même avec le petit noyau des « douze » qui servira de ferment de la foi dans son Eglise : « Voulez-vous partir vous aussi ?» Dieu est fidèle, et il réitère et confirme sa fidélité, tandis que le peuple et chacun de ses membres sont appelés à renouveler leur engagement à le servir : « Plutôt mourir que d’abandonner le Seigneur pour servir d’autres dieux ! C’est le seigneur notre Dieu (…) que nous aussi voulons servir, car c’est lui notre Dieu ». Sommes-nous prêts à le proclamer aussi ?
La réponse de Simon-Pierre nous signifie clairement encore que les vrais disciples de Jésus n’ont nulle part où aller en dehors de lui. Ils ne doivent pas quitter celui qui les a appelés après seulement un temps avec lui. Ainsi, renouveler notre engagement baptismal est fondamental pour notre vie de disciple-missionnaire. C’est en même temps notre confession de la fidélité de Dieu à notre égard. Renouveler notre promesse de baptême nous donne de nouvelles forces en vue d’un nouveau départ à la suite de Jésus.
Que « les paroles de vie éternelle » écoutées dans cette célébration et reçues en Corps et le Sang de Jésus dans cette Eucharistie fassent grandir notre confiance et renouvellent notre foi en Jésus Notre Seigneur, maintenant et pour toujours. Amen.
Abbé Samuel GAMLIGO
[1] Cf. Jn 6, 63c. 68c.
[2] Cf. Dt 30,15-20.
22e DO Il y a toujours quelque chose bien à trouver.
Vingt-deuxième Dimanche Ordinaire
Première lecture
Lecture du livre du Deutéronome
« Vous n’ajouterez rien à ce que je vous ordonne… vous garderez les commandements du Seigneur. » (Dt 4, 1-2.6-8)
Moïse disait au peuple : « Maintenant, Israël, écoute les décrets et les ordonnances que je vous enseigne pour que vous les mettiez en pratique. Ainsi vous vivrez, vous entrerez, pour en prendre possession, dans le pays que vous donne le Seigneur, le Dieu de vos pères. Vous n’ajouterez rien à ce que je vous ordonne, et vous n’y enlèverez rien, mais vous garderez les commandements du Seigneur votre Dieu tels que je vous les prescris. Vous les garderez, vous les mettrez en pratique ; ils seront votre sagesse et votre intelligence aux yeux de tous les peuples. Quand ceux-ci entendront parler de tous ces décrets, ils s’écrieront : Il n’y a pas un peuple sage et intelligent comme cette grande nation ! Quelle est en effet la grande nation dont les dieux soient aussi proches que le Seigneur notre Dieu est proche de nous chaque fois que nous l’invoquons ? Et quelle est la grande nation dont les décrets et les ordonnances soient aussi justes que toute cette Loi que je vous donne aujourd’hui ? »
Psaume
(Ps 14 (15), 2-3a, 3bc-4ab, 4d-5)
R/ Seigneur, qui séjournera sous ta tente ?
Celui qui se conduit parfaitement,
qui agit avec justice
et dit la vérité selon son cœur.
Il met un frein à sa langue.
Il ne fait pas de tort à son frère
et n’outrage pas son prochain.
À ses yeux, le réprouvé est méprisable
mais il honore les fidèles du Seigneur.
Il ne reprend pas sa parole.
Il prête son argent sans intérêt,
n’accepte rien qui nuise à l’innocent.
Qui fait ainsi demeure inébranlable.
Deuxième lecture
Lecture de la lettre de saint Jacques
« Mettez la Parole en pratique. » (Jc 1, 17-18. 21b 22.27)
Mes frères bien-aimés,
les présents les meilleurs, les dons parfaits, proviennent tous d’en haut, ils descendent d’auprès du Père des lumières, lui qui n’est pas, comme les astres, sujet au mouvement périodique ni aux éclipses. Il a voulu nous engendrer par sa parole de vérité, pour faire de nous comme les prémices de toutes ses créatures. Accueillez dans la douceur la Parole semée en vous ; c’est elle qui peut sauver vos âmes. Mettez la Parole en pratique, ne vous contentez pas de l’écouter : ce serait vous faire illusion. Devant Dieu notre Père, un comportement religieux pur et sans souillure, c’est de visiter les orphelins et les veuves dans leur détresse, et de se garder sans tache au milieu du monde.
Évangile
« Vous laissez de côté le commandement de Dieu, pour vous attacher à la tradition des hommes. » (Mc 7, 1-8. 14-15. 21-23)
Acclamation :
Alléluia. Alléluia. Le Père a voulu nous engendrer par sa parole de vérité, pour faire de nous comme les prémices de toutes ses créatures. Alléluia[1].
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
En ce temps-là, les pharisiens et quelques scribes, venus de Jérusalem, se réunissent auprès de Jésus, et voient quelques-uns de ses disciples prendre leur repas avec des mains impures, c’est-à-dire non lavées. Les pharisiens en effet, comme tous les Juifs, se lavent toujours soigneusement les mains avant de manger, par attachement à la tradition des anciens ; et au retour du marché, ils ne mangent pas avant de s’être aspergés d’eau, et ils sont attachés encore par tradition à beaucoup d’autres pratiques : lavage de coupes, de carafes et de plats. Alors les pharisiens et les scribes demandèrent à Jésus : « Pourquoi tes disciples ne suivent-ils pas la tradition des anciens ? Ils prennent leurs repas avec des mains impures. » Jésus leur répondit : « Isaïe a bien prophétisé à votre sujet, hypocrites, ainsi qu’il est écrit : Ce peuple m’honore des lèvres, mais son cœur est loin de moi. C’est en vain qu’ils me rendent un culte ; les doctrines qu’ils enseignent ne sont que des préceptes humains. Vous aussi, vous laissez de côté le commandement de Dieu, pour vous attacher à la tradition des hommes. » Appelant de nouveau la foule, il lui disait : « Écoutez-moi tous, et comprenez bien. Rien de ce qui est extérieur à l’homme et qui entre en lui ne peut le rendre impur. Mais ce qui sort de l’homme, voilà ce qui rend l’homme impur. »
Il disait encore à ses disciples, à l’écart de la foule : « C’est du dedans, du cœur de l’homme, que sortent les pensées perverses : inconduites, vols, meurtres, adultères, cupidités, méchancetés, fraude, débauche, envie, diffamation, orgueil et démesure. Tout ce mal vient du dedans, et rend l’homme impur. »
Textes liturgiques © AELF
Homélie
Il y a toujours quelque chose bien à trouver.
Voila encore un évangile où les Pharisiens en prennent pour leur grade et dans lequel Jésus stigmatise leur hypocrisie. En effet, ceux-ci lui cherchent une mauvaise querelle : soi disant que ses disciples ne se conforment pas à la coutume qui consiste à se laver les mains avant de manger. Saint Marc, qui écrit son évangile pour des lecteurs venus du paganisme, se croit obligé de leur expliquer ces coutumes juives et les énumère : se laver les mains avant de manger et, au retour du marché, ne pas manger avant de s'être aspergé d'eau... ainsi que beaucoup d'autres pratiques, comme le lavage de coupes, de cruches, de plats... Ce qui met le Christ hors de lui c'est que Pharisiens et Scribes sont sourcilleux et pointilleux pour ces questions de détails et passent allègrement par ailleurs sur certains points essentiels de la loi divine bien plus importants, comme la justice et la charité.
Mais, frères et sœurs, ne sommes-nous pas nous aussi un peu des Pharisiens lorsque, trop souvent, nous nous permettons de juger les autres, de les classer, de les cataloguer... D'un côté les bons, de l'autre les mauvais ; d'un côté ceux qui font comme nous, et de l'autre ceux qui font autrement... Et bien entendu, les bons, les meilleurs, c'est toujours de notre côté, c'est toujours nous !
Jésus, dans cet évangile, s'élève contre cette mentalité d'exclusion, de condamnation des autres parce qu'ils ne sont pas comme nous,qu'ils n'ont pas la même religion, la même couleur de peau ou la même culture. Nous avons toujours tendance à les mettre trop vite à la casse, ce qui n'est pas la méthode de Jésus.
A propos de casse, je ne peux m'empêcher de me souvenir d'un poème en trois tableau qui traite tout à fait de ce problème de l'exclusion et des jugements a priori. Nous sommes en vacances, alors allons-y…
1er tableau : des automobiles abandonnées, des ailes brisées, des châssis cassés...
Le garagiste a dit : « Inutile de réparer, rien de bon à récupérer. »
L'assureur a dit : « Bah ! Ce n'est plus qu'une épave. »
2e tableau : Les gens ont dit : « Ce gars-là, c'est un voleur, il finira en prison.
En lui, rien de bon. C'est une épave ! »
Les gens ont dit : « Ce gars-là, c'est un ivrogne. Il bat sa femme, il bat ses enfants, il finira en prison. En lui rien de bon. C'est une épave ! »
3e tableau : Le Christ, lui, a dit : « Les épaves ? Connais pas ! Les gens perdus ? Ça n'existe pas. Il y a toujours un truc à récupérer, il y a toujours une valeur cachée. Il y a toujours sous la rouille, une partie de vie humaine qui est propre et saine.
C'est pour récupérer ce qui était perdu, que je suis venu. La casse, je n'y crois pas !
Ouf ! Eh bien ! En voila une bonne nouvelle ! Où que j'en sois, qui que je sois, il y a toujours quelque chose de bon à trouver ! Ce serait très bien si nous prenions cet état d'esprit face à tous ceux que nous rencontrons : toujours voir le bon côté des choses, les bons côtés des gens. Positiver, et non pas noircir et salir. Voir le cœur et non pas l'extérieur car, nous dit le Christ, c'est du cœur que sort le bien comme le mal.
Même si, très probablement, nous sommes loin des hypocrisies des Pharisiens, il serait quand même bon de vérifier nos efforts pour la purification de notre « dedans » car sur ce point les illusions sont fréquentes. On n'est pas consciemment tricheur, mais on triche ! Dans la mesure où nous sommes de bons pratiquants, nous risquons de croire qu'aller à la messe, prier, se confesser purifie automatiquement notre cœur. Ce sont indiscutablement de bons moyens, mais uniquement s'ils sont vrais, s'ils sont intériorisés, voulus au plus profond de notre être pour se rapprocher de Dieu et de nos frères, pour les aimer d'une manière précise et concrète… D'une manière qui passe par des actes et non pas seulement des paroles nous disait Saint Jacques tout à l'heure.
Il n'y a qu'une seule pureté chrétienne, c'est notre puissant désir d'aimer prouvé par des actes de justice, d'aide généreuse et de tendresse. Quand ce désir grandit et quand nous agissons d'une manière de plus en plus fraternelle, notre cœur se purifie, et il en jaillit des choses vraies et merveilleuses.
Que nous fassions tous cette expérience et que nous en vivions tout au long de l'année. Amen
Père Claude RÉMOND sma
[1] Cf. Jc 1, 18.
19e DO « Fortifié par cette nourriture, il marcha jusqu’à la montagne de Dieu. »
Dix-neuvième Dimanche Ordinaire
Première lecture
Lecture du premier livre des Rois
« Fortifié par cette nourriture, il marcha jusqu’à la montagne de Dieu. » (1 R 19, 4-8)
En ces jours-là, le prophète Élie, fuyant l’hostilité de la reine Jézabel, marcha toute une journée dans le désert. Il vint s’asseoir à l’ombre d’un buisson, et demanda la mort en disant : « Maintenant, Seigneur, c’en est trop ! Reprends ma vie : je ne vaux pas mieux que mes pères. » Puis il s’étendit sous le buisson, et s’endormit. Mais voici qu’un ange le toucha et lui dit : « Lève-toi, et mange ! » Il regarda, et il y avait près de sa tête une galette cuite sur des pierres brûlantes et une cruche d’eau. Il mangea, il but, et se rendormit. Une seconde fois, l’ange du Seigneur le toucha et lui dit : « Lève-toi, et mange, car il est long, le chemin qui te reste. » Élie se leva, mangea et but. Puis, fortifié par cette nourriture, il marcha quarante jours et quarante nuits jusqu’à l’Horeb, la montagne de Dieu.
Psaume
(Ps 33 (34), 2-3, 4-5, 6-7, 8-9)
R / Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur !
Je bénirai le Seigneur en tout temps,
sa louange sans cesse à mes lèvres.
Je me glorifierai dans le Seigneur :
que les pauvres m’entendent et soient en fête !
Magnifiez avec moi le Seigneur,
exaltons tous ensemble son nom.
Je cherche le Seigneur, il me répond :
de toutes mes frayeurs, il me délivre.
Qui regarde vers lui resplendira,
sans ombre ni trouble au visage.
Un pauvre crie ; le Seigneur entend :
il le sauve de toutes ses angoisses.
L’ange du Seigneur campe alentour
pour libérer ceux qui le craignent.
Goûtez et voyez : le Seigneur est bon !
Heureux qui trouve en lui son refuge !
Deuxième lecture
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Éphésiens
« Vivez dans l’amour, comme le Christ. » (Ep 4, 30 – 5, 2)
Frères,
n’attristez pas le Saint Esprit de Dieu, qui vous a marqués de son sceau en vue du jour de votre délivrance. Amertume, irritation, colère, éclats de voix ou insultes, tout cela doit être éliminé de votre vie, ainsi que toute espèce de méchanceté. Soyez entre vous pleins de générosité et de tendresse. Pardonnez-vous les uns aux autres, comme Dieu vous a pardonné dans le Christ.
Oui, cherchez à imiter Dieu, puisque vous êtes ses enfants bien-aimés. Vivez dans l’amour, comme le Christ nous a aimés et s’est livré lui-même pour nous, s’offrant en sacrifice à Dieu, comme un parfum d’agréable odeur.
Évangile
« Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel. » (Jn 6, 41-51)
Acclamation :
Alléluia. Alléluia. Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel, dit le Seigneur ; si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Alléluia[1].
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
En ce temps-là, les Juifs récriminaient contre Jésus parce qu’il avait déclaré : « Moi, je suis le pain qui est descendu du ciel. » Ils disaient : « Celui-là n’est-il pas Jésus, fils de Joseph ? Nous connaissons bien son père et sa mère. Alors comment peut-il dire maintenant : Je suis descendu du ciel ? » Jésus reprit la parole : « Ne récriminez pas entre vous. Personne ne peut venir à moi, si le Père qui m’a envoyé ne l’attire, et moi, je le ressusciterai au dernier jour. Il est écrit dans les prophètes : Ils seront tous instruits par Dieu lui-même. Quiconque a entendu le Père et reçu son enseignement vient à moi. Certes, personne n’a jamais vu le Père, sinon celui qui vient de Dieu : celui-là seul a vu le Père. Amen, amen, je vous le dis : il a la vie éternelle, celui qui croit. Moi, je suis le pain de la vie. Au désert, vos pères ont mangé la manne, et ils sont morts ; mais le pain qui descend du ciel est tel que celui qui en mange ne mourra pas. Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. »
Textes liturgiques © AELF
Homélie
« Fortifié par cette nourriture, il marcha quarante jour et quarante nuits jusqu’à la montagne de Dieu. »[2]
Depuis plusieurs dimanches, la liturgie nous fait réfléchir sur le pain. Cela a débuté, il y a quinze jours, avec le récit de la multiplication des pains… C’est parce qu’un petit garçon a donné le peu qu’il avait, cinq pains et deux poissons, que Jésus a pu nourrir cinq mille personnes. Le pain donné par le petit garçon devient pain de la vie éternelle, pain de l’Eucharistie, pain de la route.
La première lecture nous aide à comprendre la signification de l’Eucharistie comme pain de la route. Le prophète Élie était fatigué, vidé moralement et physiquement, il voulait mourir au bord du chemin. Mais Dieu ne laisse pas tomber les siens. Il manifeste sa présence par l’ange qui le réveille doucement. Il le touche par deux fois, dépose près de lui un pain et une cruche d’eau et lui propose de se restaurer : « Lève-toi et mange ». Et il peut marcher pendant quarante jours et quarante nuits.
Les gens qui avaient eu droit au partage du pain espéraient de Jésus qu’il continue à les nourrir, de la même façon que Dieu avait continué à donner la manne à son peuple chaque jour. Mais Jésus leur rappelle que la merveilleuse nourriture journalière de leurs ancêtres dans l’Exode ne les pas empêché de mourir… Désormais, le don de Dieu à son peuple n’est plus la manne, mais Jésus lui-même : tout en étant reconnu comme le fils de Joseph, il est aussi et surtout le fils de Dieu, il est don de Dieu, descendu du ciel. Il se donne en nourriture à son peuple par deux moyens. D’abord celui de la parole, à travers son enseignement, car Jésus est le Verbe de Dieu ; il raconte Dieu, proclame que Dieu est Père, plein de miséricorde et de tendresse. En chaque célébration, la parole de Jésus nous est donnée.
Jésus est aussi nourriture pour son peuple, à travers le pain eucharistique. Il se donne comme aliment de vie éternelle, bien plus indispensable que le pain quotidien : il devient le pain de la route, qui nous fait marcher, en toute confiance, comme le prophète Élie, au-delà de quarante jours et quarante nuits, jusqu’à la rencontre finale avec Dieu ; il est le pain du passage, qui nous fait passer la mort. « Je le ressusciterai au dernier jour », dit Jésus dans l’évangile de ce jour à propos des disciples qui sont attirés par le Père. Jésus est le pain de la vie éternelle qui nous fait communier à sa vie de ressuscité, le pain qui nous fait nous rassembler comme en une même famille. En recevant le Corps du Christ dans la communion eucharistique, nous recevons le pain de la Vie, le pain du don de soi. « Le pain que je donnerai, c’est ma chair donnée ». C’est le corps brisé de Jésus. Communier en vérité fait de nous des gens du partage, des femmes et des hommes donnés. Ce pain d’amour du Seigneur nous transforme en pain pour les autres, un pain tendre, un pain nourrissant de vérité, d’amour et de foi.
Comme consigne pratique pour notre vie quotidienne, l’auteur de la lettre aux Éphésiens, dont nous poursuivons la lecture durant ces dimanches, nous rappelle que nous avons été marqués par l’Esprit Saint lors de notre baptême. Il nous revient alors de nous comporter en conformité à sa présence, et pour cela de nous débarrasser de toute méchanceté, d’être pleins de générosité, de miséricorde, de vivre comme Jésus en enfants bien aimés de Dieu, dans le pardon, l’amour et l’offrande de soi-même.
Jean-Marie GUILLAUME, sma
[1] Cf. Jn 6, 51.
[2] 1 Rois, 19, 8.
S’épanouir avec Dieu et avec les hommes.
Dix-huitième Dimanche Ordinaire
Première lecture
Lecture du livre de l’Exode
« Du ciel, je vais faire pleuvoir du pain pour vous. » (Ex 16, 2-4.12-15)
En ces jours-là, dans le désert, toute la communauté des fils d’Israël récriminait contre Moïse et son frère Aaron. Les fils d’Israël leur dirent : « Ah ! Il aurait mieux valu mourir de la main du Seigneur, au pays d’Égypte, quand nous étions assis près des marmites de viande, quand nous mangions du pain à satiété ! Vous nous avez fait sortir dans ce désert pour faire mourir de faim tout ce peuple assemblé ! » Le Seigneur dit à Moïse : « Voici que, du ciel, je vais faire pleuvoir du pain pour vous. Le peuple sortira pour recueillir chaque jour sa ration quotidienne, et ainsi je vais le mettre à l’épreuve : je verrai s’il marchera, ou non, selon ma loi. J’ai entendu les récriminations des fils d’Israël. Tu leur diras : Au coucher du soleil, vous mangerez de la viande et, le lendemain matin, vous aurez du pain à satiété. Alors vous saurez que moi, le Seigneur, je suis votre Dieu. »
Le soir même, surgit un vol de cailles qui recouvrirent le camp ; et, le lendemain matin, il y avait une couche de rosée autour du camp. Lorsque la couche de rosée s’évapora, il y avait, à la surface du désert, une fine croûte, quelque chose de fin comme du givre, sur le sol. Quand ils virent cela, les fils d’Israël se dirent l’un à l’autre : « Mann hou ? » (ce qui veut dire : Qu’est-ce que c’est ?), car ils ne savaient pas ce que c’était. Moïse leur dit : « C’est le pain que le Seigneur vous donne à manger. »
Psaume
(Ps 77 (78), 3.4ac, 23-24, 25. 52a. 54a)
R/ Le Seigneur donne le pain du ciel !
Nous avons entendu et nous savons
ce que nos pères nous ont raconté :
et nous le redirons à l’âge qui vient,
les titres de gloire du Seigneur.
Il commande aux nuées là-haut,
il ouvre les écluses du ciel :
pour les nourrir il fait pleuvoir la manne,
il leur donne le froment du ciel.
Chacun se nourrit du pain des Forts,
il les pourvoit de vivres à satiété.
Tel un berger, il conduit son peuple.
Il le fait entrer dans son domaine sacré.
Deuxième lecture
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Éphésiens
« Revêtez-vous de l’homme nouveau, créé selon Dieu .» (Ep 4, 17.20-24)
Frères,
je vous le dis, j’en témoigne dans le Seigneur : vous ne devez plus vous conduire comme les païens qui se laissent guider par le néant de leur pensée. Mais vous, ce n’est pas ainsi que l’on vous a appris à connaître le Christ, si du moins l’annonce et l’enseignement que vous avez reçus à son sujet s’accordent à la vérité qui est en Jésus. Il s’agit de vous défaire de votre conduite d’autrefois, c’est-à-dire de l’homme ancien corrompu par les convoitises qui l’entraînent dans l’erreur. Laissez-vous renouveler par la transformation spirituelle de votre pensée. Revêtez-vous de l’homme nouveau, créé, selon Dieu, dans la justice et la sainteté conformes à la vérité.
Évangile
« Celui qui vient à moi n’aura jamais faim, celui qui croit en moi n’aura jamais soif. » (Jn 6, 24-35)
Acclamation :
Alléluia. Alléluia. L’homme ne vit pas seulement de pain, mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. Alléluia[1].
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
En ce temps-là, quand la foule vit que Jésus n’était pas là, ni ses disciples, les gens montèrent dans les barques et se dirigèrent vers Capharnaüm à la recherche de Jésus. L’ayant trouvé sur l’autre rive, ils lui dirent : « Rabbi, quand es-tu arrivé ici ? » Jésus leur répondit : « Amen, amen, je vous le dis : vous me cherchez, non parce que vous avez vu des signes, mais parce que vous avez mangé de ces pains et que vous avez été rassasiés. Travaillez non pas pour la nourriture qui se perd, mais pour la nourriture qui demeure jusque dans la vie éternelle, celle que vous donnera le Fils de l’homme, lui que Dieu, le Père, a marqué de son sceau. »
Ils lui dirent alors : « Que devons-nous faire pour travailler aux œuvres de Dieu ? » Jésus leur répondit : « L’œuvre de Dieu, c’est que vous croyiez en celui qu’il a envoyé. »
Ils lui dirent alors : « Quel signe vas-tu accomplir pour que nous puissions le voir, et te croire ? Quelle œuvre vas-tu faire ? Au désert, nos pères ont mangé la manne ; comme dit l’Écriture : Il leur a donné à manger le pain venu du ciel. » Jésus leur répondit : « Amen, amen, je vous le dis : ce n’est pas Moïse qui vous a donné le pain venu du ciel ; c’est mon Père qui vous donne le vrai pain venu du ciel. Car le pain de Dieu, c’est celui qui descend du ciel et qui donne la vie au monde. »
Ils lui dirent alors : « Seigneur, donne-nous toujours de ce pain-là. » Jésus leur répondit : « Moi, je suis le pain de la vie. Celui qui vient à moi n’aura jamais faim ; celui qui croit en moi n’aura jamais soif. »
Textes liturgiques © AELF
Homélie
S’épanouir avec Dieu et avec les hommes.
L'homme est un être de désir. La publicité l'a très bien compris, qui s'engouffre dans cette brèche. Que ce soit dans les journaux, la radio ou la télévision, elle ne cesse de fabriquer du désir : être le plus beau, le plus riche, le plus ceci, le plus cela... Mais l'expérience nous le montre, hélas, tout désir ne conduit pas nécessairement au bonheur et à la vie. Comment alors discerner et orienter les désirs qui nous habitent ?
L'apôtre Paul, dans la deuxième lecture, exhortait les chrétiens d'Ephèse à « se défaire de l'homme ancien... corrompu par des désirs trompeurs ». Les Hébreux, dans le désert de l'Exode, récriminaient contre Moïse ; obnubilés qu'ils étaient par leur fringale, ils brûlaient de revenir à leur esclavage au pays d'Egypte : « Nous y étions assis près des marmites de viande, et nous mangions du pain à satiété ». Et dans l'évangile, la foule qui venait d'être rassasiée par un miraculeux partage ne pensait plus désormais, elle aussi, qu'au pain matériel facile.
Le cœur de l'homme est souvent écartelé entre des désirs contradictoires : ceux qui le tyrannisent et l'abaissent et ceux qui le libèrent et le construisent dans le bonheur. Ben Sirac le Sage avertissait : « Ne te laisse pas entraîner par tes désirs[2] ». Ce conseil est pertinent aujourd'hui où le « quand je veux, comme je veux » et le « tout de suite et maintenant » sont érigés en principe de vie ! Et le discernement s'impose là précisément où la convoitise s'exerce le plus fortement : la sexualité, le pouvoir, la possession des richesses, la consommation... Toutes choses qui sont au cœur de la publicité moderne.
L'exacerbation actuelle des appétits matériels tend à réduire l'homme des sociétés industrialisées au rôle de producteur et de consommateur. Il faudrait quand même se rendre compte que nous sommes bien plus que des ventres à remplir. Ne serait-il pas urgent de prendre en compte d'autres faims et d'autres désirs, et en particulier la faim spirituelle qui hante tout être humain ?
La sagesse bouddhiste enseigne : « La disparition de la souffrance est dans la mort du désir ». Mais que serait un être humain sans aucun désir ? Le message chrétien ne prône pas la disparition de tous les appétits. Il les hiérarchise, il les maîtrise et les gouverne. Il les oriente et les développe plutôt vers des objectifs qui permettent à l'être humain de se réaliser complètement dans sa vraie vocation. Cette vocation qui est de s'épanouir dans ces deux directions qui sont nos relations avec Dieu et avec les autres.
Paul proposait aux Éphésiens de « se laisser guider intérieurement par un esprit nouveau ». C'est ce même esprit qui nous fait prendre conscience que l'homme ne vit pas seulement de pain mais de toute parole qui sort de la bouche de Dieu. Dans l'évangile, Jésus ne demande pas à la foule, qui l'a suivi en quête de miracles, de se désintéresser complètement de toute nourriture matérielle, il s'en est d'ailleurs lui-même préoccupé en l'occurrence en leur donnant à manger. Mais à travers ce besoin, il veut nous rendre sensibles à d’autres faim et à d’autres soifs, essentielles aussi pour notre vie d'homme.
Plutôt que de nous laisser accaparer par le matériel, écoutons aujourd'hui le Christ qui nous invite à « travailler pour la nourriture qui se garde jusque dans la vie éternelle ». Cette nourriture qui nous est donnée dans l'Eucharistie et qui nous comble de ce Pain de la vraie vie que sont le Christ et son message.
Amen
Claude RÉMOND sma
[1] Cf. Lc 1, 76 ; Jn 1, 7.
[2] Si 18, 30.
« C’est vraiment lui le Prophète annoncé ! »
Dix-septième Dimanche Ordinaire
Première lecture
Lecture du deuxième livre des Rois
« On mangera, et il en restera. » (2 R 4, 42-44)
En ces jours-là, un homme vint de Baal-Shalisha et, prenant sur la récolte nouvelle, il apporta à Élisée, l’homme de Dieu, vingt pains d’orge et du grain frais dans un sac. Élisée dit alors : « Donne-le à tous ces gens pour qu’ils mangent. » Son serviteur répondit : « Comment donner cela à cent personnes ? » Élisée reprit : « Donne-le à tous ces gens pour qu’ils mangent, car ainsi parle le Seigneur : On mangera, et il en restera. » Alors, il le leur donna, ils mangèrent, et il en resta, selon la parole du Seigneur.
Psaume
(Ps 144 (145), 10-11, 15-16, 17-18)
R/ Tu ouvres la main, Seigneur : nous voici rassasiés.
Que tes œuvres, Seigneur, te rendent grâce
et que tes fidèles te bénissent !
Ils diront la gloire de ton règne,
ils parleront de tes exploits.
Les yeux sur toi, tous, ils espèrent :
tu leur donnes la nourriture au temps voulu ;
tu ouvres ta main :
tu rassasies avec bonté tout ce qui vit.
Le Seigneur est juste en toutes ses voies,
fidèle en tout ce qu’il fait.
Il est proche de tous ceux qui l’invoquent,
de tous ceux qui l’invoquent en vérité.
Deuxième lecture
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Éphésiens
« Un seul Corps, un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême. » (Ep 4, 1-6)
Frères, moi qui suis en prison à cause du Seigneur, je vous exhorte à vous conduire d’une manière digne de votre vocation : ayez beaucoup d’humilité, de douceur et de patience, supportez-vous les uns les autres avec amour ; ayez soin de garder l’unité dans l’Esprit par le lien de la paix. Comme votre vocation vous a tous appelés à une seule espérance, de même il y a un seul Corps et un seul Esprit. Il y a un seul Seigneur, une seule foi, un seul baptême, un seul Dieu et Père de tous, au-dessus de tous, par tous, et en tous.
Évangile
« Ils distribua les pains aux convives, autant qu’ils en voulaient. » (Jn 6, 1-15)
Acclamation :
Alléluia. Alléluia. Un grand prophète s’est levé parmi nous : et Dieu a visité son peuple. Alléluia[1].
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
En ce temps-là, Jésus passa de l’autre côté de la mer de Galilée, le lac de Tibériade. Une grande foule le suivait, parce qu’elle avait vu les signes qu’il accomplissait sur les malades. Jésus gravit la montagne, et là, il était assis avec ses disciples. Or, la Pâque, la fête des Juifs, était proche. Jésus leva les yeux et vit qu’une foule nombreuse venait à lui. Il dit à Philippe : « Où pourrions-nous acheter du pain pour qu’ils aient à manger ? » Il disait cela pour le mettre à l’épreuve, car il savait bien, lui, ce qu’il allait faire. Philippe lui répondit : « Le salaire de deux cents journées ne suffirait pas pour que chacun reçoive un peu de pain. » Un de ses disciples, André, le frère de Simon-Pierre, lui dit : « Il y a là un jeune garçon qui a cinq pains d’orge et deux poissons, mais qu’est-ce que cela pour tant de monde ! » Jésus dit : « Faites asseoir les gens. » Il y avait beaucoup d’herbe à cet endroit. Ils s’assirent donc, au nombre d’environ cinq mille hommes. Alors Jésus prit les pains et, après avoir rendu grâce, il les distribua aux convives ; il leur donna aussi du poisson, autant qu’ils en voulaient. Quand ils eurent mangé à leur faim, il dit à ses disciples : « Rassemblez les morceaux en surplus, pour que rien ne se perde. » Ils les rassemblèrent, et ils remplirent douze paniers avec les morceaux des cinq pains d’orge, restés en surplus pour ceux qui prenaient cette nourriture.
À la vue du signe que Jésus avait accompli, les gens disaient : « C’est vraiment lui le Prophète annoncé, celui qui vient dans le monde. » Mais Jésus savait qu’ils allaient l’enlever pour faire de lui leur roi ; alors de nouveau il se retira dans la montagne, lui seul.
Textes liturgiques © AELF
Homélie
« C’est vraiment lui le Prophète annoncé, celui qui vient dans le monde ! »
Bien-aimés de Dieu !
L’Evangile et la première lecture nous parle de la multiplication des pains : Élisée, qui multiplia vingt pains d’orge pour cent personnes au point qu’ils en mangèrent « et il en resta selon la parole du Seigneur » ; et Jésus, qui multiplia cinq pains d’orges pour une foule « d’environ cinq mille hommes ».
Et, « à la vue de ce « signe » que Jésus avait accompli, les gens disaient : C’est vraiment lui le Prophète annoncé, celui qui vient dans le monde. ». Jésus est donc identifié, reconnu comme le Prophète promis à la vue du « signe » de la multiplication des pains. Avant cela, il en a accompli d’autres sur les malades. Ce qui fait d’ailleurs qu’une « grande foule le suivait », avide plutôt de merveilleux que mue par la foi. Ces « signes », qui ne sont pas seulement des actes de bienfaisance de Jésus, rappellent pourtant les traits du Règne de Dieu, et inaugurent les temps messianiques, comme le disait ailleurs Jésus aux disciples de Jean, en citant ce que Isaïe avait annoncé : « Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et ce que vous voyez : les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres[2]. ».
La multiplication des pains est un geste d’amour de Jésus ; il répond à un besoin vital en venant assouvir sa faim de l’homme. C’est un « signe » des temps messianiques, marqués par l’abondance, à l’exemple du miracle du vin à Cana. Les « restes » rassemblés qui remplirent douze paniers, ce fait probablement allusion aux douze tributs d’Israël, signifient que cet aliment essentiel ne manquera jamais au peuple de Dieu. Par ailleurs, l’herbe abondante à cet endroit évoque les « verts pâturages » où le berger messianique conduit son troupeau[3].
De plus, ce miracle a aussi une signification particulière en fonction de la symbolique que revêt le pain. Il évoque le minimum nécessaire à la subsistance de l’homme, ce qui ne devait jamais manquer à personne. Dans la prière du « Notre Père », il est considéré comme « un don de Dieu ». Il évoque non seulement la nourriture des derniers temps qui comblera tous les besoins des hommes, mais également la parole de Dieu. La Bible fait aussi état de la signification courante du pain partagé, signe de paix, d’amitié, d’alliance, de communauté de vie.
Le rapprochement de ce miracle à la Pâque juive et le terme « après avoir rendu grâce[4] », lui donnent une autre signification, qui est celle de l’Eucharistie. Elle sera la nourriture donnée aux hommes dont les apôtres seront responsables dès le soir de la Sainte Cène. Chaque Eucharistie célébrée révèle Jésus, qui est « une vraie nourriture et une vraie boisson » pour ceux qui le reçoivent dans la foi. Elle communique la vie de Dieu et refait la force de l’Église.
Puissions-nous aussi, en recevant l’Eucharistie ce jour, reconnaître Jésus Christ, vrai Dieu et vrai homme, et être entièrement renouvelés par ses grâces. Nous trouverons alors la force nécessaire pour le suivre et nous « conduire d’une manière digne de notre vocation », celle des fils et filles de Dieu. Amen.
Abbé Samuel GAMLIGO.
[1] Cf. Lc 7, 16.
[2] Mt 11, 4-5.
[3] Cf. Ps 23, 1-2.
[4] En grec :eucharistèsas.