Père Justin-Sylvestre KetteSoutenance de thèse
Diocèse de BossangoaEntretien avec Mgr Nestor-Désiré Nongo
Diocèse de Dassa-ZouméUne journée avec Mgr François Gnonhossou
Au service de l’Homme
Vingt-cinquième Dimanche Ordinaire
Première lecture
Lecture du livre de la Sagesse
« Condamnons-le à une mort infâme. » (Sg 2, 12.17-20)
Ceux qui méditent le mal se disent en eux-mêmes : « Attirons le juste dans un piège, car il nous contrarie, il s’oppose à nos entreprises, il nous reproche de désobéir à la loi de Dieu, et nous accuse d’infidélités à notre éducation. Voyons si ses paroles sont vraies, regardons comment il en sortira. Si le juste est fils de Dieu, Dieu l’assistera, et l’arrachera aux mains de ses adversaires. Soumettons-le à des outrages et à des tourments ; nous saurons ce que vaut sa douceur, nous éprouverons sa patience. Condamnons-le à une mort infâme, puisque, dit-il, quelqu’un interviendra pour lui. »
Psaume
(Ps 53 (54), 3-4, 5, 6. 8)
R/ Le Seigneur est mon appui entre tous.
Par ton nom, Dieu, sauve-moi,
par ta puissance rends-moi justice ;
Dieu, entends ma prière,
écoute les paroles de ma bouche.
Des étrangers se sont levés contre moi,
des puissants cherchent ma perte :
ils n’ont pas souci de Dieu.
Mais voici que Dieu vient à mon aide,
le Seigneur est mon appui entre tous.
De grand cœur, je t’offrirai le sacrifice,
je rendrai grâce à ton nom, car il est bon !
Deuxième lecture
Lecture de la lettre de saint Jacques
« C’est dans la paix qu’est semée la justice, qui donne son fruit aux artisans de paix. » (Jc 3, 16 – 4, 3)
Bien-aimés,
la jalousie et les rivalités mènent au désordre et à toutes sortes d’actions malfaisantes. Au contraire, la sagesse qui vient d’en haut est d’abord pure, puis pacifique, bienveillante, conciliante, pleine de miséricorde et féconde en bons fruits, sans parti pris, sans hypocrisie. C’est dans la paix qu’est semée la justice, qui donne son fruit aux artisans de la paix. D’où viennent les guerres, d’où viennent les conflits entre vous ? N’est-ce pas justement de tous ces désirs qui mènent leur combat en vous-mêmes ? Vous êtes pleins de convoitises et vous n’obtenez rien, alors vous tuez ; vous êtes jaloux et vous n’arrivez pas à vos fins, alors vous entrez en conflit et vous faites la guerre. Vous n’obtenez rien parce que vous ne demandez pas ; vous demandez, mais vous ne recevez rien ; en effet, vos demandes sont mauvaises, puisque c’est pour tout dépenser en plaisirs.
Évangile
« Le Fils de l’homme est livré…Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le serviteur de tous. » (Mc 9, 30-37)
Acclamation :
Alléluia. Alléluia. Par l’annonce de l’Évangile, Dieu nous appelle à partager la gloire de notre Seigneur Jésus Christ. Alléluia[1].
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
En ce temps-là, Jésus traversait la Galilée avec ses disciples, et il ne voulait pas qu’on le sache, car il enseignait ses disciples en leur disant : « Le Fils de l’homme est livré aux mains des hommes ; ils le tueront et, trois jours après sa mort, il ressuscitera. » Mais les disciples ne comprenaient pas ces paroles et ils avaient peur de l’interroger. Ils arrivèrent à Capharnaüm, et, une fois à la maison, Jésus leur demanda : « De quoi discutiez-vous en chemin ? » Ils se taisaient, car, en chemin, ils avaient discuté entre eux pour savoir qui était le plus grand. S’étant assis, Jésus appela les Douze et leur dit : « Si quelqu’un veut être le premier, qu’il soit le dernier de tous et le serviteur de tous. » Prenant alors un enfant, il le plaça au milieu d’eux, l’embrassa, et leur dit : « Quiconque accueille en mon nom un enfant comme celui-ci, c’est moi qu’il accueille. Et celui qui m’accueille, ce n’est pas moi qu’il accueille, mais Celui qui m’a envoyé. »
Textes liturgiques © AELF
Homélie
Au service de l’Homme
Les apôtres discutaient entre eux pour savoir qui était le plus grand... Je crois que cette petite phrase nous fait toucher du doigt combien les apôtres étaient humains, combien ils étaient bien nos frères, embourbés dans les questions mesquines de préséance et de rivalité. Nous sommes par trop habitués à les voir statufiés avec une auréole sur la tête et nous oublions ainsi trop vite qu'ils étaient faits de chair et de sang, sujets aux mêmes faiblesses et aux mêmes tentations que nous.
Voilà des hommes qui avaient été plusieurs années au contact du Christ, instruits par lui et guidés par lui. Ils l'avaient vu vivre dans la simplicité et le dénuement, recherchant de préférence le contact avec les petits et les pauvres, sans pour autant fuir les grands et les nantis, ils avaient entendu ses mises en garde contre la richesse et la suffisance des pharisiens et pourtant, ils n'en avaient pas moins chacun leur petite idée derrière la tête : faire carrière, lequel d'entre eux serait le plus grand, lequel d'entre eux aurait la meilleure place une fois le Royaume instauré ! C'était d'ailleurs la même préoccupation qui avait fait intervenir la mère des fils de Zébédée, Jean et Jacques, pour demander au Christ de leur donner les meilleures places dans le Royaume, provoquant ainsi l'indignation et la jalousie des autres apôtres qui se sentaient frustrés...
Eh oui ! Ils étaient bien comme nous, ces apôtres, attirés par le pouvoir et la puissance, le paraître et le culte de la réussite... Jésus ne s'offusque pas de leur silence gêné car il connaît bien le cœur de l'homme. Mais pour mieux leur faire comprendre combien ils se trompent, combien ils sont encore loin de cette mentalité chrétienne qu'il veut faire passer, il met devant eux un enfant et il le leur donne en exemple. Un enfant, c'est celui qui n'a pas la parole, qui n'a aucun pouvoir, qui est totalement dépendant des autres. Et Jésus va plus loin encore : accueillir l'innocence de l'enfance, sa vulnérabilité, sa faiblesse, serait accueillir Dieu lui-même ! Oui, c'est vraiment le monde à l'envers, tout cela va complètement à l'encontre de tout ce que pensaient les apôtres et de tout ce que nous pensons nous aussi. « Si vous voulez être le plus grand, soyez le serviteur... » En disant cela, le Christ veut nous montrer que la vraie grandeur d'une vie d'homme ne vient pas de la réussite temporelle, si éblouissante soit-elle, mais de la manière dont elle aura été mise au service des autres.
« Servir », ce seul mot résume toute la vie du Christ. « Je suis venu, dira-t-il, non pour être servi mais pour servir. » Il s'est fait homme pour se mettre au service de l'Homme, de l'Homme déchu, malheureux, faible et pécheur. Et c'est pour cet homme-là qu'il ira jusqu'à la dernière limite du don, jusqu'à la mort sur la croix. Ce sens du service des autres est si important que nul ne pourra être son disciple s'il ne se fait pas d'abord « serviteur » à son image ; et une âme de serviteur, nous l'aurons si nous nous efforçons de lutter contre l'orgueil qui est en nous, de bannir tout désir de nous mettre en évidence, de nous faire « mousser » aux yeux des autres, de les écraser...
L'esprit de service, il faut d'abord le vouloir ; et puis, il faut aussi le demander dans la prière… Pas n'importe quelle prière, nous dit St. Jacques : « Si vous priez et vous n'obtenez pas, c'est que votre prière est mauvaise, elle ne fait que demander de nouvelles richesses pour satisfaire vos instincts. » A cette prière-là, préférons celle que recommande St. Jean : « Si nous demandons à Dieu quelque chose selon sa volonté, il nous écoute. » C'est à coup sûr ce qu'il fera si nous lui demandons instamment l'esprit de service, car c'est bien là sa volonté sur nous.
Amen.
Claude RÉMOND, sma
[1] Cf. 2 Th 2, 14.
Roi ou serviteur ?
Vingt-quatrième Dimanche Ordinaire
Première lecture
Lecture du livre du prophète Isaïe
« J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient. » (Is 50, 5-9a)
Le Seigneur mon Dieu m’a ouvert l’oreille, et moi, je ne me suis pas révolté, je ne me suis pas dérobé. J’ai présenté mon dos à ceux qui me frappaient, et mes joues à ceux qui m’arrachaient la barbe. Je n’ai pas caché ma face devant les outrages et les crachats. Le Seigneur mon Dieu vient à mon secours ; c’est pourquoi je ne suis pas atteint par les outrages, c’est pourquoi j’ai rendu ma face dure comme pierre : je sais que je ne serai pas confondu. Il est proche, Celui qui me justifie. Quelqu’un veut-il plaider contre moi ? Comparaissons ensemble ! Quelqu’un veut-il m’attaquer en justice ? Qu’il s’avance vers moi ! Voilà le Seigneur mon Dieu, il prend ma défense ; qui donc me condamnera ?
Psaume
(Ps 114 (116 A), 1-2, 3-4, 5-6, 8-9)
R/ Je marcherai en présence du Seigneur sur la terre des vivants.
J’aime le Seigneur :
il entend le cri de ma prière ;
il incline vers moi son oreille :
toute ma vie, je l’invoquerai.
J’étais pris dans les filets de la mort,
retenu dans les liens de l’abîme,
j’éprouvais la tristesse et l’angoisse ;
j’ai invoqué le nom du Seigneur :
« Seigneur, je t’en prie, délivre-moi ! »
Le Seigneur est justice et pitié,
notre Dieu est tendresse.
Le Seigneur défend les petits :
j’étais faible, il m’a sauvé.
Il a sauvé mon âme de la mort,
gardé mes yeux des larmes
mes pieds du faux pas.
Je marcherai en présence du Seigneur
sur la terre des vivants.
Deuxième lecture
Lecture de la lettre de saint Jacques
« La foi, si elle n’est pas mise en œuvre, est bel et bien morte. » (Jc 2, 14-18)
Mes frères,
si quelqu’un prétend avoir la foi, sans la mettre en œuvre, à quoi cela sert-il ? Sa foi peut-elle le sauver ? Supposons qu’un frère ou une sœur n’ait pas de quoi s’habiller, ni de quoi manger tous les jours ; si l’un de vous leur dit : « Allez en paix ! Mettez-vous au chaud, et mangez à votre faim ! » sans leur donner le nécessaire pour vivre, à quoi cela sert-il ? Ainsi donc, la foi, si elle n’est pas mise en œuvre, est bel et bien morte. En revanche, on va dire : « Toi, tu as la foi ; moi, j’ai les œuvres. Montre-moi donc ta foi sans les œuvres ; moi, c’est par mes œuvres que je te montrerai la foi. »
Évangile
« Tu es le Christ… Il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup. » (Mc 8, 27-35)
Acclamation :
Alléluia. Alléluia. Que la croix du Seigneur soit ma seule fierté ! Par elle, le monde est crucifié pour moi, et moi pour le monde. Alléluia[1].
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
En ce temps-là, Jésus s’en alla, ainsi que ses disciples, vers les villages situés aux environs de Césarée-de-Philippe. Chemin faisant, il interrogeait ses disciples : « Au dire des gens, qui suis-je ? » Ils lui répondirent : « Jean le Baptiste ; pour d’autres, Élie ; pour d’autres, un des prophètes. » Et lui les interrogeait : « Et vous, que dites-vous ? Pour vous, qui suis-je ? » Pierre, prenant la parole, lui dit : « Tu es le Christ. » Alors, il leur défendit vivement de parler de lui à personne.
Il commença à leur enseigner qu’il fallait que le Fils de l’homme souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il soit tué, et que, trois jours après, il ressuscite. Jésus disait cette parole ouvertement. Pierre, le prenant à part, se mit à lui faire de vifs reproches. Mais Jésus se retourna et, voyant ses disciples, il interpella vivement Pierre : « Passe derrière moi, Satan ! Tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celles des hommes. » Appelant la foule avec ses disciples, il leur dit : « Si quelqu’un veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive. Car celui qui veut sauver sa vie la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de l’Évangile la sauvera. »
Textes liturgiques © AELF
Homélie
Roi ou serviteur ?
On pourrait donner aux textes de ce dimanche le titre : « Le Messie attendu sera-t-il un Messie-serviteur ou un Messie-ROI ? » Comme chaque semaine, ils se complètent et s’inscrivent en même temps dans l’histoire du peuple, tout en donnant le message de leur enseignement à tout homme ou femme prêts à les accueillir… ce qui ne fut pas le cas de Pierre, selon l’évangile d’aujourd’hui.
Ainsi, dans les écrits de la première alliance, Isaïe nous présente un étrange personnage, un condamné rejeté que l’on torture en se moquant de lui. On appelle ce passage : La présentation du serviteur souffrant par le prophète Isaïe. En fait, le prophète donne ici l’image ou le symbole du peuple d’Israël, vaincu et emmené en esclavage à Babylone sans droit ni, loi comme les condamnés de ce monde.
Et c’est aussi devenu la figure et le symbole annoncé des affronts que va subir Jésus condamné par Pilate, tels que lui-même les présente à ses apôtres. Tout ceci n’est pas facile à comprendre ni à admettre… Surtout si, comme Pierre, on attend un Messie royal. Il libèrerait le peuple et le rétablirait dans sa dignité et sa gloire, à la suite de David, le fondateur de la ville de Jérusalem qui est censée être une ville de paix (shalom).
En effet, dans l’évangile de ce dimanche, Pierre, qui vient de proclamer que Jésus est le Messie annoncé (tu es le Christ), a du mal à penser autrement et s’oppose farouchement à ce parcours de condamnation que Jésus leur propose. Il provoque ainsi la colère du maître car celui-ci n’est pas venu pour faire de la politique, fût-elle royale, mais pour être le serviteur de Dieu : Dieu va rassembler, autour de la croix du Christ et de son tombeau ouvert, tous les hommes et femmes de bonne volonté prêts à s’engager à sa suite pour libérer le monde.
Et telle est la leçon tout en sagesse de la lettre de Jacques, qui nous dit : il ne suffit pas de proclamer que Jésus est Roi ou Seigneur, mais il faut aussi « épouser » son esprit qui est un esprit de service, de bonté, de justice et de miséricorde. Oui ! Pour être crédible, il ne suffit pas de se dire « croyant », il faut encore accomplir les œuvres d’un vrai croyant.
Jean-Pierre FREY, sma
[1] Cf. Ga 6, 14.
« Ses oreilles s’ouvrirent ; sa langue se délia et il parlait correctement. »
Vingt-troisième Dimanche ordinaire
Première lecture
Lecture du livre du prophète Isaïe
« Alors s’ouvriront les oreilles des sourds et la bouche du muet criera de joie. » (Is 35, 4-7a)
Dites aux gens qui s’affolent : « Soyez forts, ne craignez pas. Voici votre Dieu : c’est la vengeance qui vient, la revanche de Dieu. Il vient lui-même et va vous sauver. » Alors se dessilleront les yeux des aveugles, et s’ouvriront les oreilles des sourds. Alors le boiteux bondira comme un cerf, et la bouche du muet criera de joie ; car l’eau jaillira dans le désert, des torrents dans le pays aride. La terre brûlante se changera en lac, la région de la soif, en eaux jaillissantes.
Psaume
(Ps 145 (146), 6c-7, 8-9a, 9bc-10)
R/ Je veux louer le Seigneur, tant que je vis.
Le Seigneur garde à jamais sa fidélité,
il fait justice aux opprimés ;
aux affamés, il donne le pain ;
le Seigneur délie les enchaînés.
Le Seigneur ouvre les yeux des aveugles,
le Seigneur redresse les accablés,
le Seigneur aime les justes,
le Seigneur protège l’étranger.
Il soutient la veuve et l’orphelin,
il égare les pas du méchant.
D’âge en âge, le Seigneur régnera :
ton Dieu, ô Sion, pour toujours !
Deuxième lecture
Lecture de la lettre de saint Jacques
« Dieu n’a-t-il pas choisi ceux qui sont pauvres pour en faire des héritiers du Royaume ? » (Jc 2, 1-5)
Mes frères,
dans votre foi en Jésus Christ, notre Seigneur de gloire, n’ayez aucune partialité envers les personnes. Imaginons que, dans votre assemblée, arrivent en même temps un homme au vêtement rutilant, portant une bague en or, et un pauvre au vêtement sale. Vous tournez vos regards vers celui qui porte le vêtement rutilant et vous lui dites : « Assieds-toi ici, en bonne place » ; et vous dites au pauvre : « Toi, reste là debout », ou bien : « Assieds-toi au bas de mon marchepied. » Cela, n’est-ce pas faire des différences entre vous, et juger selon de faux critères ? Écoutez donc, mes frères bien-aimés ! Dieu, lui, n’a-t-il pas choisi ceux qui sont pauvres aux yeux du monde pour en faire des riches dans la foi, et des héritiers du Royaume promis par lui à ceux qui l’auront aimé ?
Évangile
« Il fait entendre les sourds et parler les muets. » (Mc 7, 31-37)
Acclamation :
Alléluia. Alléluia. Jésus proclamait l’Évangile du Royaume et guérissait toute maladie dans le peuple. Alléluia[1].
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
En ce temps-là, Jésus quitta le territoire de Tyr ; passant par Sidon, il prit la direction de la mer de Galilée et alla en plein territoire de la Décapole. Des gens lui amènent un sourd qui avait aussi de la difficulté à parler, et supplient Jésus de poser la main sur lui. Jésus l’emmena à l’écart, loin de la foule, lui mit les doigts dans les oreilles, et, avec sa salive, lui toucha la langue. Puis, les yeux levés au ciel, il soupira et lui dit : « Effata ! », c’est-à-dire : « Ouvre-toi ! » Ses oreilles s’ouvrirent ; sa langue se délia, et il parlait correctement. Alors Jésus leur ordonna de n’en rien dire à personne ; mais plus il leur donnait cet ordre, plus ceux-ci le proclamaient. Extrêmement frappés, ils disaient : « Il a bien fait toutes choses : il fait entendre les sourds et parler les muets. »
Textes liturgiques © AELF
Homélie
« Ses oreilles s’ouvrirent ; sa langue se délia et il parlait correctement[2]. »
« Que les yeux s’ouvrent que les oreilles entendent, que la bouche se mette à crier de joie ! » C’était l’annonce du prophète Isaïe pour les temps messianiques. Jésus, dans l’évangile, réalise la vision du prophète et pose des gestes qui sont signes du salut et provoquent la louange.
Pour guérir le sourd-muet, Jésus pose la main sur lui, l’emmène à l’écart, lui met les doigts dans les oreilles, et avec sa salive, lui touche la langue. Ces gestes, autrefois, avant la réforme liturgique sur la célébration des sacrements, entraient de façon similaire dans les rites du baptême. Les gestes de Jésus, comme les rites du baptême, signifiaient et signifient encore que nos oreilles sont faites pour écouter, écouter la parole de Dieu, écouter la vérité, écouter l’autre qui nous parle ; que notre bouche est faite pour parler, pour dire la vérité, pour clamer les merveilles de la vie, qui sont merveilles de Dieu, pour donner une parole de vie à ceux qui nous entourent.
Les deux organes corporels que Jésus guérit, les oreilles et la bouche, sont en effet des organes vitaux pour l’être humain, ils sont au service de la parole, ils le mettent en état de communication, de communion. Lorsque Jésus guérit le sourd-muet, il ne dit pas : « que tes oreilles s’ouvrent et que ta langue se délie » ; il s’adresse à toute la personne et lui dit : « ouvre-toi ». Il peut exister une surdité et un bégaiement qui atteignent ceux qui ne sont pas touchés par un handicap physique. « Il n’y a pas pire sourd que celui qui ne veut pas entendre », dit-on parfois. La non-écoute de la parole de Dieu, la non-écoute de la parole de ceux qui nous entourent, le refus de parler, la non-formulation d’une parole fraternelle peuvent devenir des obstacles, et même des handicaps très lourds. C’est l’ouverture à Dieu et aux autres qui procure non seulement la santé, mais le salut. La guérison du sourd-muet, comme toute guérison de l’évangile, est en effet signe que le salut est donné à une personne humaine, qu’elle est rétablie dans sa dignité, dans la communauté fraternelle que les croyants essaient de former.
Un autre détail de cette guérison paraît aussi important. Jésus emmène le malade à l’écart, loin de la foule. Faire qu’une personne retrouve la faculté d’écouter et de parler ne peut pas prendre place dans l’agitation ou le tumulte, il y faut beaucoup de patience… Écouter l’autre est si difficile !
Cet évangile, dans lequel les oreilles et la langue retrouvent leur faculté d’agir, peut rejoindre la deuxième lecture où intervient un autre sens humain, celui de la vue… Ce texte de Saint Jacques est en effet un appel vigoureux à voir nos frères et sœurs, quels qu’ils soient, avec les yeux de Dieu, selon ses valeurs. Il nous met en garde contre la tentation très courante de faire des différences entre les membres de la communauté, de considérer davantage les pauvres et malades que les riches et les bien portants. Tous ont la même dignité devant Dieu, tous ont droit à participer à notre amitié et à tout ce qui est proposé par la nature et la société. C’est d’ailleurs en plein territoire de la Décapole, c’est à dire en plein territoire étranger, en territoire païen, que Jésus guérit le sourd-muet, comme pour signifier que sa parole, ses dons de guérison, le salut qu’il propose sont adressés à tous…
Jean-Marie GUILLAUME, sma
[1] Cf. Mt 4, 23.
[2] Marc 7, 35.
Assomption Une Dormition sereine
Assomption de la Vierge Marie
Première lecture
Lecture de l'Apocalypse de saint Jean
« Une Femme, ayant le soleil pour manteau et la lune sous les pieds. » (Ap 11, 19a ; 12, 1-6a. 10ab)
Le sanctuaire de Dieu, qui est dans le ciel, s’ouvrit, et l’arche de son Alliance apparut dans le Sanctuaire. Un grand signe apparut dans le ciel : une Femme, ayant le soleil pour manteau, la lune sous les pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles. Elle est enceinte, elle crie, dans les douleurs et la torture d’un enfantement. Un autre signe apparut dans le ciel : un grand dragon, rouge feu, avec sept têtes et dix cornes, et, sur chacune des sept têtes, un diadème. Sa queue, entraînant le tiers des étoiles du ciel, les précipita sur la terre. Le Dragon vint se poster devant la femme qui allait enfanter, afin de dévorer l’enfant dès sa naissance. Or, elle mit au monde un fils, un enfant mâle, celui qui sera le berger de toutes les nations, les conduisant avec un sceptre de fer. L’enfant fut enlevé jusqu’auprès de Dieu et de son Trône, et la Femme s’enfuit au désert, où Dieu lui a préparé une place. Alors j’entendis dans le ciel une voix forte, qui proclamait : « Maintenant voici le salut, la puissance et le règne de notre Dieu, voici le pouvoir de son Christ ! »
Psaume
(Ps 44, (45), 11-12a, 12b-13, 14-15a, 15b-16)
R / Debout, à la droite du Seigneur, se tient la reine, toute parée d’or.
Écoute, ma fille, regarde et tends l’oreille ;
oublie ton peuple et la maison de ton père :
le roi sera séduit par ta beauté.
Il est ton Seigneur : prosterne-toi devant lui.
Alors, les plus riches du peuple,
chargés de présents, quêteront ton sourire.
Fille de roi, elle est là, dans sa gloire,
vêtue d’étoffes d’or ;
on la conduit, toute parée, vers le roi.
Des jeunes filles, ses compagnes, lui font cortège ;
on les conduit parmi les chants de fête :
elles entrent au palais du roi.
Deuxième lecture
Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens
« En premier, le Christ ; ensuite, ceux qui lui appartiennent. » (1 Co 15, 20-27a)
Frères,
le Christ est ressuscité d’entre les morts, lui, premier ressuscité parmi ceux qui se sont endormis. Car, la mort étant venue par un homme, c’est par un homme aussi que vient la résurrection des morts. En effet, de même que tous les hommes meurent en Adam, de même c’est dans le Christ que tous recevront la vie, mais chacun à son rang : en premier, le Christ, et ensuite, lors du retour du Christ, ceux qui lui appartiennent. Alors, tout sera achevé, quand le Christ remettra le pouvoir royal à Dieu son Père, après avoir anéanti, parmi les êtres célestes, toute Principauté, toute Souveraineté et Puissance. Car c’est lui qui doit régner jusqu’au jour où Dieu aura mis sous ses pieds tous ses ennemis. Et le dernier ennemi qui sera anéanti, c’est la mort, car il a tout mis sous ses pieds.
Évangile
« Le Puissant fit pour moi des merveilles : il élève les humbles. » (Lc 1, 39-56)
Acclamation :
Alléluia. Alléluia. Aujourd’hui s’est ouverte la porte du paradis : Marie est entrée dans la gloire de Dieu ; exultez dans le ciel, tous les anges ! Alléluia.
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ces jours-là, Marie se mit en route et se rendit avec empressement vers la région montagneuse, dans une ville de Judée. Elle entra dans la maison de Zacharie et salua Élisabeth. Or, quand Élisabeth entendit la salutation de Marie, l’enfant tressaillit en elle. Alors, Élisabeth fut remplie d’Esprit Saint, et s’écria d’une voix forte : « Tu es bénie entre toutes les femmes, et le fruit de tes entrailles est béni. D’où m’est-il donné que la mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ? Car, lorsque tes paroles de salutation sont parvenues à mes oreilles, l’enfant a tressailli d’allégresse en moi. Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. »
Marie dit alors : « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur ! Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse. Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom ! Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent. Déployant la force de son bras, il disperse les superbes. Il renverse les puissants de leurs trônes, il élève les humbles. Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides. Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour, de la promesse faite à nos pères, en faveur d’Abraham et sa descendance à jamais. »
Marie resta avec Élisabeth environ trois mois, puis elle s’en retourna chez elle.
Textes liturgiques © AELF
Homélie
Une Dormition sereine
Cette fête, on l’a appelée pendant des siècles La dormition de la Mère de Dieu… Comme elle fut l’immaculée vierge et mère de Dieu, elle ne pouvait être exposée aux troubles et aux angoisses de la mort. Aussi les « Pères de l’Église » ont-ils inventé ce terme, qui est un doux passage d’une vie à une autre et qui convenait très bien à la mère dans ses vieux jours, elle qui a suivi de près son fils jusque sur la croix et se tenait là en compagnie du disciple bien-aimé, avec ses douleurs de mère face à l’agonie de son fils. Cette dormition était déjà comme un envol pacifique de la vie d’une mère qui attendait ce retour vers son Fils à qui elle avait tout donné à travers les épreuves, la finitude et la fragilité de sa vie.
Et puis sont venus des esprits éclairés et dogmatiques qui ont dit : Non ! La Dormition, c’est de la poésie, et il faut des dogmes, ces cadres inventés par l’Église pour encadrer et recadrer, soutenir et guider soi-disant la foi, de peur qu’elle ne dérape. C’est un raisonnement un peu lourd… Comme si l’on mettait sur les roues d’une voiture de Formule 1 une de ces chenilles des lourds véhicules de chantier.
Ainsi a-t-on[1] inventé le dogme de l’Assomption. Au garde-à-vous, Marie monte ou est montée avec son corps et son âme au ciel… C’est direct, sec et rugueux. Mais cela ne change rien au respect que l’on doit à la mère de Dieu, ni à la dévotion que l’on porte à celle qui est la mère des hommes.
Je préfère la voir, alors qu’elle a pris de l’âge, s’endormir sereinement et partir doucement pour disparaître dans la transcendance d’une vie céleste… Elle entre alors pour toujours dans le royaume de son Fils – le fils de l’homme - qu’elle n’avait jamais encore quitté depuis qu’elle s’est dit la servante du Seigneur. Elle attendait de lui, comme à Cana, toute réalisation de sa Parole de Fils de Dieu – le Verbe qui s’est fait chair en elle, dans et par l’Esprit. Et pour nous, cette dormition, cette montée au ciel en douceur de la mère de Dieu - Theotokos[2] en grec - est comme le dernier acte accompli tout en douceur de cet Eprit de Dieu qui est à l’origine de tout.
Père Jean-Pierre FREY sma
[1] Le pape Pie XII, en 1950.
[2] Un joli nom !
20e DO Notre boussole est pointée sur le Christ.
Vingtième Dimanche Ordinaire
Première lecture
Lecture du livre des Proverbes
« Venez, mangez de mon pain, buvez le vin que j’ai préparé. » (Pr 9, 1-6)
La Sagesse a bâti sa maison, elle a taillé sept colonnes. Elle a tué ses bêtes, et préparé son vin, puis a dressé la table. Elle a envoyé ses servantes, elle appelle sur les hauteurs de la cité : « Vous, étourdis, passez par ici ! » À qui manque de bon sens, elle dit : « Venez, mangez de mon pain, buvez le vin que j’ai préparé. Quittez l’étourderie et vous vivrez, prenez le chemin de l’intelligence. »
Psaume
(Ps 33 (34), 2-3, 10-11, 12-13, 14-15)
R/ Goûtez et voyez comme est bon le Seigneur !
Je bénirai le Seigneur en tout temps,
sa louange sans cesse à mes lèvres.
Je me glorifierai dans le Seigneur :
que les pauvres m’entendent et soient en fête !
Saints du Seigneur, adorez-le :
rien ne manque à ceux qui le craignent.
Des riches ont tout perdu, ils ont faim ;
qui cherche le Seigneur ne manquera d’aucun bien.
Venez, mes fils, écoutez-moi,
que je vous enseigne la crainte du Seigneur.
Qui donc aime la vie
et désire les jours où il verra le bonheur ?
Garde ta langue du mal
et tes lèvres des paroles perfides.
Évite le mal, fais ce qui est bien,
poursuis la paix, recherche-la.
Deuxième lecture
Lecture de la lettre de saint Paul aux Éphésiens
« Comprenez bien quelle est la volonté du Seigneur. » (Ep 5, 15-20)
Frères,
prenez bien garde à votre conduite : ne vivez pas comme des fous, mais comme des sages. Tirez parti du temps présent, car nous traversons des jours mauvais. Ne soyez donc pas insensés, mais comprenez bien quelle est la volonté du Seigneur. Ne vous enivrez pas de vin, car il porte à l’inconduite ; soyez plutôt remplis de l’Esprit Saint. Dites entre vous des psaumes, des hymnes et des chants inspirés, chantez le Seigneur et célébrez-le de tout votre cœur. À tout moment et pour toutes choses, au nom de notre Seigneur Jésus Christ, rendez grâce à Dieu le Père.
Évangile
« Ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson. » (Jn 6, 51-58)
Acclamation :
Alléluia. Alléluia. Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi en lui, dit le Seigneur. Alléluia[1].
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
En ce temps-là, Jésus disait à la foule : « Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel : si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement. Le pain que je donnerai, c’est ma chair, donnée pour la vie du monde. » Les Juifs se querellaient entre eux : « Comment celui-là peut-il nous donner sa chair à manger ? » Jésus leur dit alors : « Amen, amen, je vous le dis : si vous ne mangez pas la chair du Fils de l’homme, et si vous ne buvez pas son sang, vous n’avez pas la vie en vous. Celui qui mange ma chair et boit mon sang a la vie éternelle ; et moi, je le ressusciterai au dernier jour. En effet, ma chair est la vraie nourriture, et mon sang est la vraie boisson. Celui qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi, et moi, je demeure en lui. De même que le Père, qui est vivant, m’a envoyé, et que moi je vis par le Père, de même celui qui me mange, lui aussi vivra par moi. Tel est le pain qui est descendu du ciel : il n’est pas comme celui que les pères ont mangé. Eux, ils sont morts ; celui qui mange ce pain vivra éternellement. »
Textes liturgiques © AELF
Homélie
Notre boussole est pointée sur le Christ.
Depuis plusieurs semaines, nous écoutons le long discours de Jésus sur le « Pain de vie ». En ce temps de vacances, cela ressemble à un grand pique-nique : la multiplication des pains sur l’herbe fraîche, le long discours de Jésus sur la montagne au sujet du pain de vie, des marches continuelles autour du lac de Tibériade à la recherche de Celui qui peut « rassasier les foules », soulager les douleurs, consoler…
Mais pourquoi les foules courent-elles derrière Jésus ? Pour écouter sa Parole de paix et de justice ? Pour être guéri de maladies physiques, psychiques ou morales ? Ou encore pour se faire nourrir gratuitement ? Ce qui est sûr, c’est qu’il émane de Jésus tant d’attention, de bonté, de compassion que chacun trouve en lui soulagement, bien être, un peu de bonheur… Et puis, les foules sont « comme des brebis sans berger », abandonnées à elles mêmes, sous occupation romaine, avec des chefs religieux trop pointilleux, un roi faible et éloigné des affaires de Dieu.
Les lectures de ce dimanche nous montrent combien Dieu est bon. Ainsi, dans la 1ère lecture, il nous invite au festin : « Venez, mangez de mon pain, buvez le vin que j’ai préparé ». Saint Paul, dans sa lettre aux Éphésiens, invite ses correspondants à vivre « en sage », à tirer du temps présent ce qu’il y a de meilleur et à rendre, en tout temps, « grâce au Seigneur ». Et l’évangile débute par ces paroles de Jésus : « Moi, je suis le pain vivant, qui est descendu du ciel ; si quelqu’un mange de ce pain, il vivra éternellement ». A chaque rassemblement dominical, il nous nourrit de sa Parole, de son corps et de son sang. Nous sommes alors invités à faire mémoire de la mort et de la résurrection du Christ dans l’Eucharistie. A faire mémoire et à dire merci, comme nous y invite Paul dans la 2e lecture de ce jour. C’est le sens même du mot « eucharistie »
Dans sa prière et sa mission, Jésus est constamment uni au Père : il est venu d’auprès du Père et il vit auprès du Père. C’est pour cette raison qu’il dit : « Je suis le pain venu du ciel ». Unis au Christ par la prière, la lecture de la Parole de Dieu et les sacrements, en particulier l’eucharistie, nous pourrons cheminer sur les route difficiles de la vie avec un cœur apaisé et une boussole toujours pointée sur le Christ. Tel est mon souhait en ce dimanche.
Père Jacques NOIROT sma
[1] Cf. Jn 6, 56.