Père Justin-Sylvestre KetteSoutenance de thèse
Diocèse de BossangoaEntretien avec Mgr Nestor-Désiré Nongo
Diocèse de Dassa-ZouméUne journée avec Mgr François Gnonhossou
« Que veux-tu que je fasse pour toi ? »
Trentième Dimanche Ordinaire
Première lecture
Lecture du livre du prophète Jérémie
« L’aveugle et le boiteux, je les fais revenir. » (Jr 31, 7-9)
Ainsi parle le Seigneur : Poussez des cris de joie pour Jacob, acclamez la première des nations ! Faites résonner vos louanges et criez tous : « Seigneur, sauve ton peuple, le reste d’Israël ! » Voici que je les fais revenir du pays du nord, que je les rassemble des confins de la terre ; parmi eux, tous ensemble, l’aveugle et le boiteux, la femme enceinte et la jeune accouchée : c’est une grande assemblée qui revient. Ils avancent dans les pleurs et les supplications, je les mène, je les conduis vers les cours d’eau par un droit chemin où ils ne trébucheront pas. Car je suis un père pour Israël, Éphraïm est mon fils aîné.
Psaume
(Ps 125 (126), 1-2ab, 2cd-3, 4-5, 6)
R/ Quelles merveilles le Seigneur fit pour nous : nous étions en grande fête !
Quand le Seigneur ramena les captifs à Sion,
nous étions comme en rêve !
Alors notre bouche était pleine de rires,
nous poussions des cris de joie.
Alors on disait parmi les nations :
« Quelles merveilles fait pour eux le Seigneur ! »
Quelles merveilles le Seigneur fit pour nous :
nous étions en grande fête !
Ramène, Seigneur, nos captifs,
comme les torrents au désert.
Qui sème dans les larmes
moissonne dans la joie.
Il s’en va, il s’en va en pleurant,
il jette la semence ;
il s’en vient, il s’en vient dans la joie,
il rapporte les gerbes.
Deuxième lecture
Lecture de la lettre aux Hébreux
« Tu es prêtre de l’ordre de Melkisédek pour l’éternité. » (He 5, 1-6)
Tout grand prêtre est pris parmi les hommes ; il est établi pour intervenir en faveur des hommes dans leurs relations avec Dieu ; il doit offrir des dons et des sacrifices pour les péchés. Il est capable de compréhension envers ceux qui commettent des fautes par ignorance ou par égarement, car il est, lui aussi, rempli de faiblesse ; et, à cause de cette faiblesse, il doit offrir des sacrifices pour ses propres péchés comme pour ceux du peuple. On ne s’attribue pas cet honneur à soi-même, on est appelé par Dieu, comme Aaron. Il en est bien ainsi pour le Christ : il ne s’est pas donné à lui-même la gloire de devenir grand prêtre ; il l’a reçue de Dieu, qui lui a dit : Tu es mon Fils, moi, aujourd’hui, je t’ai engendré, car il lui dit aussi dans un autre psaume : Tu es prêtre de l’ordre de Melkisédek pour l’éternité.
Évangile
« Rabbouni, que je retrouve la vue. » (Mc 10, 46b-52)
Acclamation :
Alléluia. Alléluia. Notre Sauveur, le Christ Jésus, a détruit la mort, il a fait resplendir la vie par l’Évangile. Alléluia[1].
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
En ce temps-là, tandis que Jésus sortait de Jéricho avec ses disciples et une foule nombreuse, le fils de Timée, Bartimée, un aveugle qui mendiait, était assis au bord du chemin. Quand il entendit que c’était Jésus de Nazareth, il se mit à crier : « Fils de David, Jésus, prends pitié de moi ! » Beaucoup de gens le rabrouaient pour le faire taire, mais il criait de plus belle : « Fils de David, prends pitié de moi ! » Jésus s’arrête et dit : « Appelez-le. » On appelle donc l’aveugle, et on lui dit : « Confiance, lève-toi ; il t’appelle. » L’aveugle jeta son manteau, bondit et courut vers Jésus. Prenant la parole, Jésus lui dit : « Que veux-tu que je fasse pour toi ? » L’aveugle lui dit : « Rabbouni, que je retrouve la vue ! » Et Jésus lui dit : « Va, ta foi t’a sauvé. » Aussitôt l’homme retrouva la vue, et il suivait Jésus sur le chemin.
Textes liturgiques © AELF
Homélie
« Que veux-tu que je fasse pour toi ? »
Frères et sœurs en Christ, et bien aimés de Dieu,
Ce qui frappe dans ce récit de guérison, un énième récit, c’est le sujet lui-même, Bartimée. Il est identifié, tout le monde le connaît, on connaît son père ; il est l’aveugle qui fait la manche sur le chemin de Jéricho. Il représente tous les aveugles physiques, mais aussi tous nos aveuglements et nos désirs de salut.
Le récit nous dit qu’il y a une foule nombreuse, témoin et actrice de cet épisode. Elle marche vers la sortie de Jéricho avec Jésus et ses disciples. Elle veut faire taire cet aveugle gênant. Est-ce si dérangeant, ce que crie l’aveugle : « Fils de David » ?
Veut-il faire allusion au pouvoir politique du roi David et aux intentions révolutionnaires que l’on peut prêter au messie ? Si telle est bien l’attente du peuple, il est peut-être dangereux de le crier très fort ! Et Bartimée voit en Jésus ce libérateur de l’occupation romaine… Mais qui est-il pour cette foule ? Qu’attend-elle de lui ?
Or, Jésus sait très bien qui est cette foule qui le suit, et c’est par elle qu’il s’adresse à l’aveugle ; il dit : « Appelez-le ». « Confiance, lève-toi, il t’appelle. » Oubliant son manteau, « il bondit et courut vers Jésus ». C’est la foule qui devient actrice de la rencontre entre Jésus et Bartimée, entre Jésus et tous les marginalisés de la terre. Elle pourrait représenter l’Église, l’ensemble des baptisés.
Dans le même épisode écrit par Luc, on dit que la foule se mit à louer Dieu[2]. Ce qui a fait dire au pape François qu’il s’y est « produit un deuxième miracle », car les yeux de la foule ont aussi reconnu le salut de Dieu.
Saurons-nous reconnaître Jésus dans la foule qui nous accompagne ce dimanche ? Saurons-nous reconnaître Jésus dans le pain et le vin partagés ? Saurai-je reconnaître Jésus dans les personnes que je vais côtoyer cette semaine ?
« Que veux-tu que je fasse pour toi ? »
Jacques NOIROT sma
[1] Cf. 2 Tm 1, 10.
[2] Lc 18, 43.
Servir, et non pas être servi.
Vingt-neuvième Dimanche Ordinaire
Première lecture
Lecture du livre du prophète Isaïe
« S’il remet sa vie en sacrifice de réparation, il verra une descendance, il prolongera ses jours.» (Is 53, 10-11)
Broyé par la souffrance, le Serviteur a plu au Seigneur. S’il remet sa vie en sacrifice de réparation, il verra une descendance, il prolongera ses jours : par lui, ce qui plaît au Seigneur réussira. Par suite de ses tourments, il verra la lumière, la connaissance le comblera. Le juste, mon serviteur, justifiera les multitudes, il se chargera de leurs fautes.
Psaume
(Ps 32 (33), 4-5, 18-19, 20.22)
R/ Que ton amour, Seigneur, soit sur nous comme notre espoir est en toi !
Oui, elle est droite, la parole du Seigneur ;
il est fidèle en tout ce qu’il fait.
Il aime le bon droit et la justice ;
la terre est remplie de son amour.
Dieu veille sur ceux qui le craignent,
qui mettent leur espoir en son amour,
pour les délivrer de la mort,
les garder en vie aux jours de famine.
Nous attendons notre vie du Seigneur :
il est pour nous un appui, un bouclier.
Que ton amour, Seigneur, soit sur nous
comme notre espoir est en toi !
Deuxième lecture
Lecture de la lettre aux Hébreux
« Avançons-nous avec assurance vers le Trône de la grâce. » (He 4, 14-16)
Frères,
en Jésus, le Fils de Dieu, nous avons le grand prêtre par excellence, celui qui a traversé les cieux ; tenons donc ferme l’affirmation de notre foi. En effet, nous n’avons pas un grand prêtre incapable de compatir à nos faiblesses, mais un grand prêtre éprouvé en toutes choses, à notre ressemblance, excepté le péché. Avançons-nous donc avec assurance vers le Trône de la grâce, pour obtenir miséricorde et recevoir, en temps voulu, la grâce de son secours.
Évangile
« Le Fils de l’homme est venu donner sa vie en rançon pour la multitude. » (Mc 10, 35-45)
Acclamation :
Alléluia. Alléluia. Le Fils de l’homme est venu pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. Alléluia[1].
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
En ce temps-là, Jacques et Jean, les fils de Zébédée, s’approchent de Jésus et lui disent : « Maître, ce que nous allons te demander, nous voudrions que tu le fasses pour nous. » Il leur dit : « Que voulez-vous que je fasse pour vous ? » Ils lui répondirent : « Donne-nous de siéger, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche, dans ta gloire. » Jésus leur dit : « Vous ne savez pas ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire, être baptisés du baptême dans lequel je vais être plongé ? » Ils lui dirent : « Nous le pouvons. » Jésus leur dit : « La coupe que je vais boire, vous la boirez ; et vous serez baptisés du baptême dans lequel je vais être plongé. Quant à siéger à ma droite ou à ma gauche, ce n’est pas à moi de l’accorder ; il y a ceux pour qui cela est préparé. »
Les dix autres, qui avaient entendu, se mirent à s’indigner contre Jacques et Jean. Jésus les appela et leur dit : « Vous le savez : ceux que l’on regarde comme chefs des nations les commandent en maîtres ; les grands leur font sentir leur pouvoir. Parmi vous, il ne doit pas en être ainsi. Celui qui veut devenir grand parmi vous sera votre serviteur. Celui qui veut être parmi vous le premier sera l’esclave de tous : car le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir, et donner sa vie en rançon pour la multitude. »
Textes liturgiques © AELF
Homélie
Servir, et non pas être servi.
Jésus n’est pas venu pour faire carrière et rétablir le pouvoir royal en Israël ; il ne tient pas du tout à devenir roi. Isaïe, entre autres, le plus fervent prophète à annoncer la venue du Messie[2], le présente comme un serviteur : un serviteur persécuté, traité en esclave et considéré comme coupable bien qu’il fût innocent, et non pas comme un roi en pleins pouvoirs. Il faut dire qu’Isaïe s’adressait au peuple d’Israël en exil à Babylone.
Mais l’attente d’un roi puissant était vive en Israël et, selon l’Evangile du jour, les deux fils de Zébédée rêvaient de ce royaume où ils auraient un avenir mirobolant en tant que ministres siégeant dans la gloire du maître. Or, un tel pouvoir n’était pas du tout dans les plans du Fils de l’homme, et il l’a montré, dès le départ au désert, après 40 jours de jeûne, alors que Satan lui proposait d’exercer son Pouvoir de Fils de Dieu et de s’affirmer au monde comme le vrai roi. Il l’a chassé comme un malfaisant car seul Dieu a le pouvoir, et c’est lui qu’il faut servir.
Le rêve de fils de Zébédée de siéger dans la gloire du Maitre s’avérait donc fort différent, surtout selon l’évangéliste Jean : c’est la croix, en effet, qui devait être son trône de gloire et de grâce[3]. Car Jean a toujours présentée la croix comme une exaltation de Jésus vers la gloire du Père. « Quand j’aurais été élevé comme un roi sur mon trône, alors j’attirerais tout à moi », a dit Jésus.
Le rêve de gloire des fils de Zébédée était donc un faux rêve face au vrai Royaume, car celui-ci n’appartient ni au pouvoir ni au profit, mais au service : le Fils de l’Homme n’est pas venu pour être servi mais pour servir. Et sa véritable intronisation, son baptême comme Jésus l’a appelée, ce sera le drame du rejet par le grand-prêtre du Temple, de la condamnation à mort et de l’exécution sur la croix du « roi de juifs » par Pilate. Tout cela arriva afin qu’Il devienne, ainsi que le dit lettre aux Hébreux, « un grand prêtre éprouvé en toutes choses », donc proche de l’homme dans sa fragilité. C’est pour cela que le Père l’a rappelé à la vie au matin de Pâques, non pas pour être roi, mais serviteur.
En conclusion, Jésus dira donc aux fils de Zébédée qu’ils se sont engagés sur une fausse piste ; elle les mènerait vers l’impasse du faux pouvoir, celui qui guette tous les pouvoirs de ce monde, et toujours encore les Églises. Il est tellement plus sécurisant d’avoir le pouvoir et de l’exercer à temps et à contretemps. Ce n’est pourtant pas pour cela que Jésus nous a invités à le suivre
Et là encore, reprenant les textes de dimanche dernier, on voit que l’appel de tout chrétien, baptisé dans l’eau et dans l’Esprit, ne se situe que dans l’esprit de pauvreté, le seul qui engendre la disponibilité et la participation active à la construction de l’Église véritable. Alors « avançons vers le trône de la gloire du Père, pour obtenir miséricorde et recevoir en temps voulu la vraie grâce[4] ».
Jean-Pierre FREY sma
[1] Cf. Mc 10, 45.
[2] Isaïe 42, 1-8, et surtout le ch. 55.
[3] Hb 4,16
[4] Ibid.
« Que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ? »
Vingt-huitième Dimanche Ordinaire
Première lecture
Lecture du livre de la Sagesse
« À côté de la sagesse, j’ai tenu pour rien la richesse. » (Sg 7, 7-11)
J’ai prié, et le discernement m’a été donné. J’ai supplié, et l’esprit de la Sagesse est venu en moi. Je l’ai préférée aux trônes et aux sceptres ; à côté d’elle, j’ai tenu pour rien la richesse ; je ne l’ai pas comparée à la pierre la plus précieuse ; tout l’or du monde auprès d’elle n’est qu’un peu de sable et, en face d’elle, l’argent sera regardé comme de la boue. Plus que la santé et la beauté, je l’ai aimée ; je l’ai choisie de préférence à la lumière, parce que sa clarté ne s’éteint pas. Tous les biens me sont venus avec elle et, par ses mains, une richesse incalculable.
Psaume
(Ps 89 (90), 12-13, 14-15, 16-17)
R/ Rassasie-nous de ton amour, Seigneur : nous serons dans la joie.
Apprends-nous la vraie mesure de nos jours :
que nos cœurs pénètrent la sagesse.
Reviens, Seigneur, pourquoi tarder ?
Ravise-toi par égard pour tes serviteurs.
Rassasie-nous de ton amour au matin,
que nous passions nos jours dans la joie et les chants.
Rends-nous en joies tes jours de châtiment
et les années où nous connaissions le malheur.
Fais connaître ton œuvre à tes serviteurs et ta splendeur à leurs fils.
Que vienne sur nous la douceur du Seigneur notre Dieu !
Consolide pour nous l’ouvrage de nos mains ;
oui, consolide l’ouvrage de nos mains.
Deuxième lecture
Lecture de la lettre aux Hébreux
« La parole de Dieu juge des intentions et des pensées du cœur. » (He 4, 12-13)
Frères,
elle est vivante, la parole de Dieu, énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants ; elle va jusqu’au point de partage de l’âme et de l’esprit, des jointures et des moelles ; elle juge des intentions et des pensées du cœur. Pas une créature n’échappe à ses yeux, tout est nu devant elle, soumis à son regard ; nous aurons à lui rendre des comptes.
Évangile
« Vends ce que tu as et suis-moi. » (Mc 10, 17-30)
Acclamation :
Alléluia. Alléluia. Heureux les pauvres de cœur, car le royaume des Cieux est à eux ! Alléluia[1].
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
En ce temps-là, Jésus se mettait en route quand un homme accourut et, tombant à ses genoux, lui demanda : « Bon Maître, que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ? » Jésus lui dit : « Pourquoi dire que je suis bon ? Personne n’est bon, sinon Dieu seul. Tu connais les commandements : Ne commets pas de meurtre, ne commets pas d’adultère, ne commets pas de vol, ne porte pas de faux témoignage, ne fais de tort à personne, honore ton père et ta mère. » L’homme répondit : « Maître, tout cela, je l’ai observé depuis ma jeunesse. » Jésus posa son regard sur lui, et il l’aima. Il lui dit : « Une seule chose te manque : va, vends ce que tu as et donne-le aux pauvres ; alors tu auras un trésor au ciel. Puis viens, suis-moi. » Mais lui, à ces mots, devint sombre et s’en alla tout triste, car il avait de grands biens.
Alors Jésus regarda autour de lui et dit à ses disciples : « Comme il sera difficile à ceux qui possèdent des richesses d’entrer dans le royaume de Dieu ! » Les disciples étaient stupéfaits de ces paroles. Jésus reprenant la parole leur dit: « Mes enfants, comme il est difficile d’entrer dans le royaume de Dieu ! Il est plus facile à un chameau de passer par le trou d’une aiguille qu’à un riche d’entrer dans le royaume de Dieu. » De plus en plus déconcertés, les disciples se demandaient entre eux : « Mais alors, qui peut être sauvé ? » Jésus les regarde et dit: « Pour les hommes, c’est impossible, mais pas pour Dieu ; car tout est possible à Dieu. »
Pierre se mit à dire à Jésus : « Voici que nous avons tout quitté pour te suivre. » Jésus déclara : « Amen, je vous le dis : nul n’aura quitté, à cause de moi et de l’Évangile, une maison, des frères, des sœurs, une mère, un père, des enfants ou une terre sans qu’il reçoive, en ce temps déjà, le centuple : maisons, frères, sœurs, mères, enfants et terres, avec des persécutions, et, dans le monde à venir, la vie éternelle. »
Textes liturgiques © AELF
Homélie
« Que dois-je faire pour avoir la vie éternelle en héritage ? [2]»
La liturgie de ce jour nous pousse à un choix et nous amène à discerner ce qui est essentiel pour une vie humaine et chrétienne épanouie et vraie. Ce choix est celui de la sagesse, celle qui vient de Dieu, comme il est dit dans la première lecture. Salomon, d’après le passage du livre de la Sagesse que nous lisons comme première lecture, a beaucoup prié pour que lui soit donnée la sagesse. Elle lui a permis de ne pas s’attacher aux richesses et de gouverner son peuple selon ce que Dieu voulait pour lui. La sagesse qui vient de Dieu est en effet supérieure à toutes les richesses matérielles, qui ne font pas le bonheur, comme celle du trône, des pierres précieuses ou de l’or, ou même celle de la santé. La sagesse qui vient de Dieu, dit la première lecture, est comme une clarté qui ne s’éteint pas.
La sagesse va de pair avec la Parole de Dieu, ou plutôt se trouve dans la Parole de Dieu. La deuxième lecture, un passage de la lettre aux Hébreux, décrit la parole de Dieu comme vivante et énergique. Elle est comme une lumière pour illuminer le chemin du croyant, elle conduit vers la vie éternelle, elle lui permet de se mettre en route derrière Jésus, de renoncer aux richesses, de choisir comme unique richesse la personne de Jésus et de lui faire une totale confiance. La parole de Dieu illumine la vie du croyant ; c’est pour cela qu’elle nous est donnée chaque dimanche et en chaque célébration sacramentelle.
L’homme mis en scène dans l’évangile de ce jour, connu comme le jeune homme riche, a d’abord montré qu’il pratiquait ce que la parole de Dieu enseignait : « ne commets pas de meurtre, ne commets pas d’adultère, ne commets pas de vol, ne porte pas de faux témoignages, ne fais de tort à personne, honore ton père et ta mère ». Nous reconnaissons en ces paroles les dix commandements. Il s’agit des paroles les plus importantes de la révélation faite à Moïse et de tout l’Ancien Testament, reprises par Jésus lui-même. La pratique de ces paroles permet la mise en place d’une vie harmonieuse et pacifique entre les humains. Et lorsque l’homme qui s’adressait à Jésus lui dit : « tout cela je l’ai observé depuis ma jeunesse », Jésus pose sur lui son regard d’amour. Cet homme est riche, il a tout ce qu’il faut, mais il a besoin de donner un sens plus profond à sa vie. Voyant sa bonne volonté, Jésus lui propose d’aller beaucoup plus loin que les commandements, de renoncer à ses richesses pour suivre son chemin vers le partage et vers les pauvres, de mettre une entière confiance en lui, de montrer finalement qu’il est la richesse la plus importante que l’on puisse rencontrer.
Ainsi, suivre son chemin vers Jésus, c’est tout simplement participer maintenant à sa vie de ressuscité, la vie éternelle ; c’est aussi répandre autour de nous la joie de l’évangile, la joie d’appartenir au Christ, la joie de rayonner de ce regard d’amour qu’il pose sur nous. Les disciples de Jésus, qui ont renoncé à tout pour le suivre, trouvent déjà maintenant leur récompense dans un partage de foi et d’amour avec une multitude de frères et de sœurs : « Nul n’aura quitté à cause de moi et de l’Évangile, une maison, des frères et des sœurs, une mère, un père, des enfants ou un terre, qu’il ne reçoive en ce temps-là déjà le centuple. »
Jean-Marie GUILLAUME, sma
[1] Cf. Mt, 5, 3.
[2] Mc, 10, 17.
Dieu les fit homme et femme.
Vingt-septième Dimanche Ordinaire
Première lecture
Lecture du livre de la Genèse
« Tous deux ne feront plus qu’un. » (Gn 2, 18-24)
Le Seigneur Dieu dit : « Il n’est pas bon que l’homme soit seul. Je vais lui faire une aide qui lui correspondra. » Avec de la terre, le Seigneur Dieu modela toutes les bêtes des champs et tous les oiseaux du ciel, et il les amena vers l’homme pour voir quels noms il leur donnerait. C’étaient des êtres vivants, et l’homme donna un nom à chacun. L’homme donna donc leurs noms à tous les animaux, aux oiseaux du ciel et à toutes les bêtes des champs. Mais il ne trouva aucune aide qui lui corresponde. Alors le Seigneur Dieu fit tomber sur lui un sommeil mystérieux, et l’homme s’endormit. Le Seigneur Dieu prit une de ses côtes, puis il referma la chair à sa place. Avec la côte qu’il avait prise à l’homme, il façonna une femme et il l’amena vers l’homme. L’homme dit alors : « Cette fois-ci, voilà l’os de mes os et la chair de ma chair ! On l’appellera femme – Ishsha –, elle qui fut tirée de l’homme – Ish. » À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux ne feront plus qu’un.
Psaume
(Ps 127 (128), 1-2, 3, 4-6)
R/ Que le Seigneur nous bénisse tous les jours de notre vie !
Heureux qui craint le Seigneur
et marche selon ses voies !
Tu te nourriras du travail de tes mains :
Heureux es-tu ! À toi, le bonheur !
Ta femme sera dans ta maison
comme une vigne généreuse,
et tes fils, autour de la table,
comme des plants d’olivier.
Voilà comment sera béni
l’homme qui craint le Seigneur.
De Sion, que le Seigneur te bénisse !
Tu verras le bonheur de Jérusalem tous les jours de ta vie,
et tu verras les fils de tes fils. Paix sur Israël.
Deuxième lecture
Lecture de la lettre aux Hébreux
« Celui qui sanctifie et ceux qui sont sanctifiés doivent tous avoir même origine. » (He 2, 9-11)
Frères,
Jésus, qui a été abaissé un peu au-dessous des anges, nous le voyons couronné de gloire et d’honneur à cause de sa Passion et de sa mort. Si donc il a fait l’expérience de la mort, c’est, par grâce de Dieu, au profit de tous. Celui pour qui et par qui tout existe voulait conduire une multitude de fils jusqu’à la gloire ; c’est pourquoi il convenait qu’il mène à sa perfection, par des souffrances, celui qui est à l’origine de leur salut. Car celui qui sanctifie et ceux qui sont sanctifiés doivent tous avoir même origine ; pour cette raison, Jésus n’a pas honte de les appeler ses frères,
Évangile
« Ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! » (Mc 10, 2-16)
Acclamation :
Alléluia. Alléluia. Si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous ; en nous, son amour atteint la perfection. Alléluia[1].
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
En ce temps-là, des pharisiens abordèrent Jésus et, pour le mettre à l’épreuve, ils lui demandaient : « Est-il permis à un mari de renvoyer sa femme ? » Jésus leur répondit : « Que vous a prescrit Moïse ? » Ils lui dirent : « Moïse a permis de renvoyer sa femme à condition d’établir un acte de répudiation. » Jésus répliqua : « C’est en raison de la dureté de vos cœurs qu’il a formulé pour vous cette règle. Mais, au commencement de la création, Dieu les fit homme et femme. À cause de cela, l’homme quittera son père et sa mère, il s’attachera à sa femme, et tous deux deviendront une seule chair. Ainsi, ils ne sont plus deux, mais une seule chair. Donc, ce que Dieu a uni, que l’homme ne le sépare pas ! » De retour à la maison, les disciples l’interrogeaient de nouveau sur cette question. Il leur déclara : « Celui qui renvoie sa femme et en épouse une autre devient adultère envers elle. Si une femme qui a renvoyé son mari en épouse un autre, elle devient adultère. »
Des gens présentaient à Jésus des enfants pour qu’il pose la main sur eux ; mais les disciples les écartèrent vivement. Voyant cela, Jésus se fâcha et leur dit : « Laissez les enfants venir à moi, ne les empêchez pas, car le royaume de Dieu est à ceux qui leur ressemblent. Amen, je vous le dis : celui qui n’accueille pas le royaume de Dieu à la manière d’un enfant n’y entrera pas. » Il les embrassait et les bénissait en leur imposant les mains.
Textes liturgiques © AELF
Homélie
Dieu les fit homme et femme.
Dans les lectures de ce 27e dimanche ordinaire, il s'agit d'hommes et de femmes... Ces lectures nous concernent donc tous puisque nous sommes normalement l'un ou l'autre, des hommes ou des femmes dans ce qui fait leur être le plus profond, leur être façonné et modelé par leur sexualité.
La 1ère lecture tirée du livre de la Genèse nous relate le 2ème récit de la création, et plus particulièrement de celle de l'homme et de la femme. En un langage imagé, puisque cela ne peut pas être un reportage, ce récit veut nous faire comprendre que la femme n'est pas un quelconque animal que le créateur donne à Adam pour l'aider et le seconder, pour qu'il se sente moins seul à l'exemple de ces chiens ou de ces chats qui comblent la solitude de beaucoup de personnes. Aucun des oiseaux du ciel ou des bêtes des champs que Dieu présente à Adam ne trouve grâce à ses yeux. Dieu prend alors un morceau d'Adam et en fait une femme ; ceci veut clairement exprimer que la femme est intimement proche de l'homme, elle en fait partie, elle est un autre lui-même, elle partage sa dignité. Et quand Adam voit la compagne que Dieu lui donne, il ne peut s'empêcher de laisser s'échapper ce cri d'admiration, premier cri d'amour ayant retenti dans l'humanité ! « Voici l'os de mes os, la chair de ma chair… »
Ici, je voudrais faire une petite remarque. Après la création de l'homme et de la femme avec toutes leurs caractéristiques physiques et psychologiques, le 1er récit de la création concluait par ces mots : « Et Dieu vit que cela était bon ». Alors pourquoi avoir honte de ce qui fait de nous des hommes et des femmes, pourquoi dénaturer ce pour quoi Dieu nous a fait ainsi et rougir de ce que Dieu lui-même à trouvé bon ? Certaines éducations données aux enfants seraient je pense sérieusement à revoir à ce sujet.
Mais revenons à nos moutons. Je pense que vous avez remarqué la conclusion de ce récit de la Genèse, récit fait il y a des milliers d'années et pourtant toujours actuel : « C'est pourquoi l'homme quitte son père et sa mère et s'attache à sa femme, et ils deviennent une seule chair ». Il faut bien dire que ce « faire un » a toujours été un problème. Cet idéal n'a jamais été facile à atteindre et, trop souvent à travers les âges, le problème de la rupture, de la séparation, du divorce s'est posé. C'est d'ailleurs ce dont nous parle l'évangile.
Au temps de Jésus, le divorce chez les juifs était parfaitement légal, puisque la répudiation par le mari était permise même par la Bible[2]. La seule discussion qu'il pouvait y avoir portait sur le motif du renvoi : fallait-il une infidélité grave - comme le pensait l'école du Rabbi Shammaï - ou suffisait-il à l'épouse d'avoir laissé brûler un plat - comme le pensait plutôt le Rabbi Hillel ? Jésus, devant ce type de question, explose véritablement : « C'est à cause de votre dureté de cœur que Moïse vous a fait cette concession » ; et pour contrebalancer cette concession de Moïse, Jésus rappelle le dessein initial de Dieu : « Ils ne sont plus deux, mais ils ne font qu'un. Donc, ce que Dieu a uni que l'homme ne le sépare pas ».
Si c'est la dureté du cœur qui est cause des séparations, cette dureté du cœur qui ne veut rien entendre, qui n'écoute que soi-même, qui ramène tout à soi, alors le Seigneur prône son contraire, qui est la tendresse, l'écoute, l'attention à l'autre. L'homme n'est pas fait pour dominer, il est fait pour aimer, et aimer dans la réciprocité et l'égalité. Il est souvent navrant de voir des couples en conflit permanent parce que chacun pense qu'il lui faut être meilleur, supérieur, plus fort que l'autre et l'écraser. Dans la société juive du temps de Jésus, l'homme avait un pouvoir à sens unique sur la femme, d'où la question des Pharisiens : « Est-il permis à un homme de renvoyer sa femme ? », le contraire n'entrant pas en ligne de compte. En privé, avec ses apôtres, Jésus apportera une précision capitale : l'idéal de tendresse du cœur vaut dans les deux sens, en parfaite égalité et réciprocité. « L'homme qui renvoie sa femme est coupable… tout comme la femme qui renvoie son mari est coupable… » Jésus, très moderne en cela, prône l'égalité des droits et des devoirs. On n'a pas le droit, ni l'un ni l'autre, de se faire du mal.
C'est dans les efforts de chaque jour, dans la concertation, le dialogue, le pardon et l'écoute mutuelle que le « faire un » pourra se réaliser et durer jusqu'à la mort et au-delà… C'est ce que je souhaite à tous les couples ; et à ceux et celles qui sont en difficulté, qu'ils fassent tout pour renouer le dialogue, se faire un cœur qui sache écouter l'autre, le comprendre et lui pardonner.
Amen
Claude RÉMOND sma
[1] Cf. 1 Jn 4, 12.
[2] Cf. Deut. 24,1.
L’Esprit veut le bien !
Vingt-sixième Dimanche Ordinaire
Première lecture
Lecture du livre des Nombres
« Serais-tu jaloux pour moi ? Ah ! Si le Seigneur pouvait faire de tout son peuple un peuple de prophètes ! » (Nb 11, 25-29)
En ces jours-là, le Seigneur descendit dans la nuée pour parler avec Moïse. Il prit une part de l’esprit qui reposait sur celui-ci, et le mit sur les 70 anciens. Dès que l’esprit reposa sur eux, ils se mirent à prophétiser, mais cela ne dura pas. Or, deux hommes étaient restés dans le camp ; l’un s’appelait Eldad, et l’autre Médad. L’esprit reposa sur eux ; eux aussi avaient été choisis, mais ils ne s’étaient pas rendus à la Tente, et c’est dans le camp qu’ils se mirent à prophétiser. Un jeune homme courut annoncer à Moïse : « Eldad et Médad prophétisent dans le camp ! » Josué, fils de Noun, auxiliaire de Moïse depuis sa jeunesse, prit la parole : « Moïse, mon maître, arrête-les ! » Mais Moïse lui dit : « Serais-tu jaloux pour moi ? Ah ! Si le Seigneur pouvait faire de tout son peuple un peuple de prophètes ! Si le Seigneur pouvait mettre son esprit sur eux ! »
Psaume
(Ps 18 (19), 8, 10, 12-13, 14)
R/ Les préceptes du Seigneur sont droits, ils réjouissent le cœur.
La loi du Seigneur est parfaite,
qui redonne vie ;
la charte du Seigneur est sûre,
qui rend sages les simples.
La crainte qu’il inspire est pure,
elle est là pour toujours ;
les décisions du Seigneur sont justes
et vraiment équitables.
Aussi ton serviteur en est illuminé ;
à les garder, il trouve son profit.
Qui peut discerner ses erreurs ?
Purifie-moi de celles qui m’échappent.
Préserve aussi ton serviteur de l’orgueil :
qu’il n’ait sur moi aucune emprise.
Alors je serai sans reproche,
pur d’un grand péché.
Deuxième lecture
Lecture de la lettre de saint Jacques
« Vos richesses sont pourries. » (Jc 5, 1-6)
Vous autres, maintenant, les riches ! Pleurez, lamentez-vous sur les malheurs qui vous attendent. Vos richesses sont pourries, vos vêtements sont mangés des mites, votre or et votre argent sont rouillés. Cette rouille sera un témoignage contre vous, elle dévorera votre chair comme un feu. Vous avez amassé des richesses, alors que nous sommes dans les derniers jours ! Le salaire dont vous avez frustré les ouvriers qui ont moissonné vos champs, le voici qui crie, et les clameurs des moissonneurs sont parvenues aux oreilles du Seigneur de l’univers. Vous avez mené sur terre une vie de luxe et de délices, et vous vous êtes rassasiés au jour du massacre. Vous avez condamné le juste et vous l’avez tué, sans qu’il vous oppose de résistance.
Évangile
« Celui qui n’est pas contre nous est pour nous. Si ta main est pour toi une occasion de chute, coupe-la. » (Mc 9, 38-43.45.47-48)
Acclamation :
Alléluia. Alléluia. Ta parole, Seigneur, est vérité ; dans cette vérité, sanctifie-nous. Alléluia[1].
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc
En ce temps-là, Jean, l’un des Douze, disait à Jésus : « Maître, nous avons vu quelqu’un expulser les démons en ton nom ; nous l’en avons empêché, car il n’est pas de ceux qui nous suivent. » Jésus répondit : « Ne l’en empêchez pas, car celui qui fait un miracle en mon nom ne peut pas, aussitôt après, mal parler de moi ; celui qui n’est pas contre nous est pour nous. Et celui qui vous donnera un verre d’eau au nom de votre appartenance au Christ, amen, je vous le dis, il ne restera pas sans récompense. Celui qui est un scandale, une occasion de chute, pour un seul de ces petits qui croient en moi, mieux vaudrait pour lui qu’on lui attache au cou une de ces meules que tournent les ânes, et qu’on le jette à la mer. Et si ta main est pour toi une occasion de chute, coupe-la. Mieux vaut pour toi entrer manchot dans la vie éternelle que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux mains, là où le feu ne s’éteint pas. Si ton pied est pour toi une occasion de chute, coupe-le. Mieux vaut pour toi entrer estropié dans la vie éternelle que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux pieds. Si ton œil est pour toi une occasion de chute, arrache-le. Mieux vaut pour toi entrer borgne dans le royaume de Dieu que de t’en aller dans la géhenne avec tes deux yeux, là où le ver ne meurt pas et où le feu ne s’éteint pas. »
Textes liturgiques © AELF
Homélie
L’Esprit veut le bien !
Bien-aimés de Dieu !
Saint Marc a groupé dans cette page d’Évangile des enseignements que Jésus a donnés à diverses occasions, et qui traitent apparemment de questions très diverses. Mais toutes peuvent être considérées comme des exigences existentielles de notre foi chrétienne.
« Maitre, nous avons vu quelqu’un expulser les démons en ton nom ; nous l’en avons empêché car il n’est pas de ceux qui nous suivent ». Ce propos de Jean révèle une certaine intolérance du groupe des « douze », qui tendait à exclure ceux qui se tenaient en marge d’eux, sans se réclamer entièrement de leur appartenance. C’est quelque chose qu’on peut appeler aujourd’hui « l’esprit du clocher ». Cette réponse de Jésus : « Ne l’en empêcher pas, car celui qui fait un miracle en mon, ne peut pas, aussitôt après, mal parler de moi : celui qui n’est pas contre nous est pour nous », rappelle les siens à l’ouverture et à la tolérance. L’Église du Christ, dont ils sont appelés à être les colonnes, doit être accueillante, ouverte à tous et non pas sectaire, au risque de n’être plus missionnaire. La réponse de Jésus rappelle aussi que l’Esprit Saint n’a pas de frontière, et qu’on ne peut pas le confiner dans un groupe : Dieu est libre de ses dons.
Déjà dans la première lecture, cette liberté de Dieu s’est révélée. Eldad et Medad, restés dans le camp et qui ne se sont pas rendu à la tente de la rencontre qui est le lieu de la manifestation du Seigneur, ont reçu eux-aussi le même Esprit que les autres. Et, à la demande de Josué à Moïse : « Arrête-les », celui-ci a répondu : « Serais-tu jaloux pour moi ? ». Ainsi, il a plutôt souhaité que tout le peuple soit prophète en recevant l’Esprit du Seigneur, et ce vœu s’est réalisé quand Jésus à donné l’Esprit Saint à son Église et à tous les baptisés après sa résurrection. Mais cet Esprit Saint agit bien au-delà des frontières de l’Église catholique.
Ainsi, les textes de ce jour nous enseignent que, loin d’être enfermés dans un esprit de sectarisme ou d’hégémonie, nous devons avant tout vivre de la miséricorde et de la charité, comme « donner un verre d’eau à quelqu’un ». Ceux qui le feront à l’un de ces « petits », seront récompensés à la fin des temps. Ils seront bénis et recevront en héritage le royaume de Dieu. Car, dit le Seigneur : « J’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli ; j’étais nu, et vous m’avez habillé ; j’étais malade, et vous m’avez visité ; j’étais en prison, et vous êtes venus jusqu’à moi ![2] » L’Église ne prétend donc pas avoir le monopole du bien.
Aujourd’hui encore, comme au temps de Jean et de Jésus, il existe des gens qui « expulsent les démons » de notre époque. Ne les empêchons pas pour la seule raison qu’ils ne sont pas avec nous. Le Seigneur reconnaît dès aujourd’hui comme sien quiconque délivre le prochain de son indigence, non seulement matérielle mais surtout spirituelle. Par contre, il rejette ceux qui prétendent lui appartenir, alors qu’ils sont une occasion de chute pour les autres, et surtout pour les plus fragiles auxquels il s’identifie. D’où les dispositions qui nous sont données : « Si ta main est pour toi une occasion de chute…si ton pied est pour toi une occasion de chute, coupe-le, …, si ton œil est pour toi une occasion de chute, arrache-le ». Il ne s’agit pas de se faire violence, mais de prendre des précautions, des dispositions librement consenties, pour éviter d’être des scandales pour les « petits ».
Voilà, bien-aimés de Dieu, certaines exigences de notre vie chrétienne à la suite du Christ. Cela demande des sacrifices librement consentis, un combat contre nos penchants mauvais. Et cela vaut la peine, puisque Dieu nous gratifie de la vie éternelle. Que l’Eucharistie de ce jour nous aide à persévérer dans la vie d’enfants de Dieu dans l’espérance de l’héritage promis. Amen.
Abbé Samuel GAMLIGO
[1] Cf. Jn 17, 17 ba.
[2] Cf. Mt 25, 31-42.