Père Justin-Sylvestre KetteSoutenance de thèse
Diocèse de BossangoaEntretien avec Mgr Nestor-Désiré Nongo
Diocèse de Dassa-ZouméUne journée avec Mgr François Gnonhossou
Un véritable modèle pour nos familles
Sainte Famille A
29 décembre 2019
Première lecture
Lecture du livre de Ben Sira le Sage
Celui qui craint le Seigneur honore ses parents. (Si 3, 2-6.12-14)
Le Seigneur glorifie le père dans ses enfants, il renforce l’autorité de la mère sur ses fils. Celui qui honore son père obtient le pardon de ses péchés, celui qui glorifie sa mère est comme celui qui amasse un trésor. Celui qui honore son père aura de la joie dans ses enfants, au jour de sa prière il sera exaucé. Celui qui glorifie son père verra de longs jours, celui qui obéit au Seigneur donne du réconfort à sa mère. Mon fils, soutiens ton père dans sa vieillesse, ne le chagrine pas pendant sa vie. Même si son esprit l’abandonne, sois indulgent, ne le méprise pas, toi qui es en pleine force. Car ta miséricorde envers ton père ne sera pas oubliée, et elle relèvera ta maison si elle est ruinée par le péché.
Psaume
(Ps 127 (128), 1-2, 3, 4-5)
R/ Heureux qui craint le Seigneur et marche selon ses voies !
Heureux qui craint le Seigneur
et marche selon ses voies !
Tu te nourriras du travail de tes mains :
Heureux es-tu ! À toi, le bonheur !
Ta femme sera dans ta maison
comme une vigne généreuse,
et tes fils, autour de la table,
comme des plants d’olivier.
Voilà comment sera béni
l’homme qui craint le Seigneur.
De Sion, que le Seigneur te bénisse !
Tu verras le bonheur de Jérusalem tous les jours de ta vie.
Deuxième lecture
Lecture de la lettre de saint Paul apôtre aux Colossiens
Vivre ensemble dans le Seigneur. (Col 3, 12-21)
Frères,
puisque vous avez été choisis par Dieu, que vous êtes sanctifiés, aimés par lui, revêtez-vous de tendresse et de compassion, de bonté, d’humilité, de douceur et de patience. Supportez-vous les uns les autres, et pardonnez-vous mutuellement si vous avez des reproches à vous faire. Le Seigneur vous a pardonné : faites de même. Par-dessus tout cela, ayez l’amour, qui est le lien le plus parfait. Et que, dans vos cœurs, règne la paix du Christ à laquelle vous avez été appelés, vous qui formez un seul corps. Vivez dans l’action de grâce. Que la parole du Christ habite en vous dans toute sa richesse ; instruisez-vous et reprenez-vous les uns les autres en toute sagesse ; par des psaumes, des hymnes et des chants inspirés, chantez à Dieu, dans vos cœurs, votre reconnaissance. Et tout ce que vous dites, tout ce que vous faites, que ce soit toujours au nom du Seigneur Jésus, en offrant par lui votre action de grâce à Dieu le Père. Vous les femmes, soyez soumises à votre mari ; dans le Seigneur, c’est ce qui convient. Et vous les hommes, aimez votre femme, ne soyez pas désagréables avec elle. Vous les enfants, obéissez en toute chose à vos parents ; cela est beau dans le Seigneur. Et vous les parents, n’exaspérez pas vos enfants ; vous risqueriez de les décourager.
Évangile
« Prends l’enfant et sa mère, et fuis en Égypte. » (Mt 2, 13-15.19-23)
Acclamation :
Alléluia. Alléluia. Que, dans vos cœurs, règne la paix du Christ ; que la parole du Christ habite en vous dans toute sa richesse ! Alléluia[1].
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
Après le départ des mages, voici que l’ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph et lui dit : « Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère, et fuis en Égypte. Reste là-bas jusqu’à ce que je t’avertisse, car Hérode va rechercher l’enfant pour le faire périr. » Joseph se leva ; dans la nuit, il prit l’enfant et sa mère, et se retira en Égypte, où il resta jusqu’à la mort d’Hérode, pour que soit accomplie la parole du Seigneur prononcée par le prophète : D’Égypte, j’ai appelé mon fils.
Après la mort d’Hérode, voici que l’ange du Seigneur apparaît en songe à Joseph en Égypte et lui dit : « Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère, et pars pour le pays d’Israël, car ils sont morts, ceux qui en voulaient à la vie de l’enfant. » Joseph se leva, prit l’enfant et sa mère, et il entra dans le pays d’Israël. Mais, apprenant qu’Arkélaüs régnait sur la Judée à la place de son père Hérode, il eut peur de s’y rendre. Averti en songe, il se retira dans la région de Galilée et vint habiter dans une ville appelée Nazareth, pour que soit accomplie la parole dite par les prophètes : Il sera appelé Nazaréen.
Textes liturgiques © AELF
Homélie
Un véritable modèle pour nos familles
Il y a quelques jours, lors de la veillée de Noël nous avons, la plupart d’entre nous, expérimenté à nouveau comme il est bon d’être ensemble en famille. Et aujourd’hui, comme pour enfoncer le clou, l’Église nous propose Joseph, Marie et Jésus comme modèles pour nos familles.
Nous serions peut-être tentés de dire qu’une telle famille n’a pas grand chose à voir avec les nôtres… Que peut-elle nous apprendre, cette famille composée de personnes spéciales et spécialement protégée par Dieu, alors que les nôtres sont exposées à tous les éclatements et à toutes les contestations ?
Si nous pensons ainsi, nous nous trompons, car la Sainte Famille n’a certainement pas été spécialement protégée ; on pourrait peut-être même plutôt dire qu’elle a été spécialement accablée ! Incertitudes qui rongent Joseph avant le mariage, naissance de l’enfant au cours d’un voyage éprouvant pour la mère, qui doit l’accoucher dans une étable au coin d’un champ, exil dans un pays inconnu pour échapper à la colère d’Hérode, c’est ce que vient de nous raconter l’évangile. Et, plus tard, affres des parents qui ont perdu l’enfant lors d’un pèlerinage à Jérusalem, souffrances de Marie de voir son fils contesté puis crucifié… Sans compter les mille et unes misères et tracasseries de la vie quotidienne… Préservée, la sainte famille ? Certainement pas !
C’est pour cela que Joseph peut être montré en exemple à tous les pères de famille. Il est celui qui dirige la famille, qui sait écouter et suivre la volonté de Dieu. Celui sur qui on peut compter en toutes circonstances. Marie, nous est elle aussi un modèle car, bien que d’une certaine manière supérieure en dignité à son époux, elle l’écoute… Il en est de même de Jésus, dont les évangiles nous disent qu’il était soumis à Joseph et à Marie. La force de cette famille a été que chacun a reconnu et respecté le rôle des autres ; et chacun a accompli le sien avec humilité, douceur, bienveillance et union des cœurs.
C’est d’ailleurs ce que nous a recommandé St Paul dans cette belle épître au Colossiens où il assigne à chacun son rôle : « Femmes, soyez soumises à votre mari… et vous, maris, aimez vos femmes et ne soyez pas désagréables avec elles… Vous les enfants, obéissez à vos parents… » L’harmonie de la famille repose sur la complémentarité des personnes et des rôles. Il n’y a pas de supérieur ou d’inférieur, les qualités de l’un ne sont pas celles de l’autre mais les complètent. Il faut donc s’accepter et se compléter pour la vie en couple, mais aussi pour l’éducation de l’enfant ou des enfants.
Si éduquer un enfant n’est pas le laisser pousser au gré de ses caprices, ce n’est pas non plus en faire une copie conforme de ses parents. La personnalité propre de l’enfant doit être respectée, mais elle a besoin d’être guidée. Éduquer un enfant, c’est l’aider à épanouir sa propre personnalité pour qu’il puisse être capable d’entrer dans la vie d’adulte dans de bonnes conditions. Que ce soit difficile, personne n’en doute, surtout de nos jours.
C’est pour cela que cette fête de la Ste Famille peut être pour nous une occasion de prier pour nos familles, afin qu’elles se rapprochent de l’idéal que Dieu leur a fixé. De prier pour qu’elles résistent à toutes les agressions extérieures qui veulent la déstabiliser. Que nos prières aillent aussi vers toutes ces familles désunies pour qu’elles apprennent à se pardonner leurs torts et que pour elles aussi se réalise le souhait de l’ange dans la nuit de Noël : « Paix sur la terre aux hommes que Dieu aime ».
Amen
Père Claude RÉMOND sma
[1] Cf. Col 3, 15a. 16a.
Grâce au Dieu qui a établi sa demeure parmi-nous !
Noël A
25 décembre 2019
Première lecture
Lecture du livre du prophète Isaïe
« Tous les lointains de la terre ont vu le salut de notre Dieu. » (Is 52, 7-10)
Comme ils sont beaux sur les montagnes, les pas du messager, celui qui annonce la paix, qui porte la bonne nouvelle, qui annonce le salut, et vient dire à Sion : « Il règne, ton Dieu ! » Écoutez la voix des guetteurs : ils élèvent la voix, tous ensemble ils crient de joie car, de leurs propres yeux, ils voient le Seigneur qui revient à Sion. Éclatez en cris de joie, vous, ruines de Jérusalem, car le Seigneur console son peuple, il rachète Jérusalem ! Le Seigneur a montré la sainteté de son bras aux yeux de toutes les nations. Tous les lointains de la terre ont vu le salut de notre Dieu.
Psaume
(Ps 97 (98), 1, 2-3ab, 3cd-4, 5-6)
R/ La terre tout entière a vu le salut que Dieu nous donne.
Chantez au Seigneur un chant nouveau,
car il a fait des merveilles ;
par son bras très saint, par sa main puissante,
il s’est assuré la victoire.
Le Seigneur a fait connaître sa victoire
et révélé sa justice aux nations ;
il s’est rappelé sa fidélité, son amour,
en faveur de la maison d’Israël.
La terre tout entière a vu
la victoire de notre Dieu.
Acclamez le Seigneur, terre entière,
sonnez, chantez, jouez !
Jouez pour le Seigneur sur la cithare,
sur la cithare et tous les instruments ;
au son de la trompette et du cor,
acclamez votre roi, le Seigneur !
Deuxième lecture
Lecture de la lettre aux Hébreux
« Dieu nous a parlé par son Fils. » (He 1, 1-6)
À bien des reprises et de bien des manières, Dieu, dans le passé, a parlé à nos pères par les prophètes ; mais à la fin, en ces jours où nous sommes, il nous a parlé par son Fils qu’il a établi héritier de toutes choses et par qui il a créé les mondes. Rayonnement de la gloire de Dieu, expression parfaite de son être, le Fils, qui porte l’univers par sa parole puissante, après avoir accompli la purification des péchés, s’est assis à la droite de la Majesté divine dans les hauteurs des cieux ; et il est devenu bien supérieur aux anges, dans la mesure même où il a reçu en héritage un nom si différent du leur. En effet, Dieu déclara-t-il jamais à un ange : Tu es mon Fils, moi, aujourd’hui, je t’ai engendré ? Ou bien encore : Moi, je serai pour lui un père, et lui sera pour moi un fils ? À l’inverse, au moment d’introduire le Premier-né dans le monde à venir, il dit : Que se prosternent devant lui tous les anges de Dieu.
Évangile
« Le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous. » (Jn 1, 1-18)
Acclamation :
Alléluia. Alléluia. Aujourd’hui la lumière a brillé sur la terre. Peuples de l’univers, entrez dans la clarté de Dieu ; venez tous adorer le Seigneur ! Alléluia.
Évangile de Jésus Christ selon saint Jean
Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. Il était au commencement auprès de Dieu. C’est par lui que tout est venu à l’existence, et rien de ce qui s’est fait ne s’est fait sans lui. En lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes ; la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée. Il y eut un homme envoyé par Dieu ; son nom était Jean. Il est venu comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière, afin que tous croient par lui. Cet homme n’était pas la Lumière, mais il était là pour rendre témoignage à la Lumière. Le Verbe était la vraie Lumière, qui éclaire tout homme en venant dans le monde. Il était dans le monde, et le monde était venu par lui à l’existence, mais le monde ne l’a pas reconnu.
Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas reçu. Mais à tous ceux qui l’ont reçu, il a donné de pouvoir devenir enfants de Dieu, eux qui croient en son nom. Ils ne sont pas nés du sang, ni d’une volonté charnelle, ni d’une volonté d’homme : ils sont nés de Dieu. Et le Verbe s’est fait chair, il a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, la gloire qu’il tient de son Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité.
Jean le Baptiste lui rend témoignage en proclamant : « C’est de lui que j’ai dit : Celui qui vient derrière moi est passé devant moi, car avant moi il était ». Tous, nous avons eu part à sa plénitude, nous avons reçu grâce après grâce ; car la Loi fut donnée par Moïse, la grâce et la vérité sont venues par Jésus Christ. Dieu, personne ne l’a jamais vu ; le Fils unique, lui qui est Dieu, lui qui est dans le sein du Père, c’est lui qui l’a fait connaître.
Textes liturgiques © AELF
Homélie
Grâce au Dieu qui a établi sa demeure parmi-nous !
Bien-aimés de Dieu,
Nous avons célébré cette nuit la naissance du Christ dans une grotte à Bethléem. Cette naissance fut d’abord annoncée à des bergers qui gardaient leurs troupeaux dans les environs : « Aujourd’hui, le Sauveur vous est né ! », leur dirent des anges. Très réceptifs et accueillants comme le sont habituellement les pauvres, ils partirent aussitôt à sa recherche. « Allons jusqu’à Bethléem pour voir ce qui est arrivé !» Et l’ayant trouvé, ils n’eurent rien de plus pressé que de le faire connaître : « Comme il est beau de voir courir sur les montagnes les messagers de la Bonne Nouvelle qui annonce le salut ![1] »
Le prologue de l’Évangile de Jean et la Lettre aux Hébreux nous disent le mystère de cet Enfant divin. Ainsi, ce Fils éternel du Père qui s’est fait homme est le Verbe, qui était Dieu. Et c’est par qui tout fut créé. Mais il a réellement pris chair de notre chair. Lui qui habite les cieux a établi sa demeure sur notre terre. « Vraie Lumière » venue dans le monde, il conduit à connaître ce « Dieu que personne n’a jamais vu ». C’est lui le « Reflet resplendissant de la gloire du Père, expression parfaite de son être ». C’est par ce Fils, établi héritier de toutes choses que le Père, en « ces temps où nous sommes », nous a parlé.
C’est donc le mystère de l’incarnation que célèbre dans la joie et l’action de grâce cette messe du jour de Noël. Les bergers, éperdus de joie et de reconnaissance, se sont empressés de diffuser la joyeuse nouvelle, devenant ainsi les premiers missionnaires de l’Enfant Jésus. Puissions-nous aussi faire preuve de la même hâte que ces bergers et de leur esprit missionnaire !
Que la grâce de cette Eucharistie nous les obtienne, Amen !
Bon Noël et Heureuse Année 2020 !
P. Samuel GAMLIGO
[1] Is 52, 7.
La bonne réponse à la bonne question
Quatrième Dimanche de l’Avent A
22 décembre 2019
Première lecture
Lecture du livre du prophète Isaïe
« Voici que la vierge est enceinte. » (Is 7, 10-16)
En ces jours-là, le Seigneur parla ainsi au roi Acaz : « Demande pour toi un signe de la part du Seigneur ton Dieu, au fond du séjour des morts ou sur les sommets, là-haut. » Acaz répondit : « Non, je n’en demanderai pas, je ne mettrai pas le Seigneur à l’épreuve. » Isaïe dit alors : « Écoutez, maison de David ! Il ne vous suffit donc pas de fatiguer les hommes : il faut encore que vous fatiguiez mon Dieu ! C’est pourquoi le Seigneur lui-même vous donnera un signe : Voici que la vierge est enceinte, elle enfantera un fils, qu’elle appellera Emmanuel (c’est-à-dire : Dieu-avec-nous). De crème et de miel il se nourrira, jusqu’à ce qu’il sache rejeter le mal et choisir le bien. Avant que cet enfant sache rejeter le mal et choisir le bien, la terre dont les deux rois te font trembler sera laissée à l’abandon. »
Psaume
(Ps 23 (24), 1-2, 3-4ab, 5-6)
R/ Qu’il vienne, le Seigneur : c’est lui, le roi de gloire !
Au Seigneur, le monde et sa richesse,
la terre et tous ses habitants !
C’est lui qui l’a fondée sur les mers
et la garde inébranlable sur les flots.
Qui peut gravir la montagne du Seigneur
et se tenir dans le lieu saint ?
L’homme au cœur pur, aux mains innocentes,
qui ne livre pas son âme aux idoles.
Il obtient, du Seigneur, la bénédiction,
et de Dieu son Sauveur, la justice.
Voici le peuple de ceux qui le cherchent !
Voici Jacob qui recherche ta face !
Deuxième lecture
Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains
Jésus-Christ, né de la descendance de David, et Fils de Dieu (Rm 1, 1-7)
Paul, serviteur du Christ Jésus, appelé à être Apôtre, mis à part pour l’Évangile de Dieu, à tous les bien-aimés de Dieu qui sont à Rome. Cet Évangile, que Dieu avait promis d’avance par ses prophètes dans les saintes Écritures, concerne son Fils qui, selon la chair, est né de la descendance de David et, selon l’Esprit de sainteté, a été établi dans sa puissance de Fils de Dieu par sa résurrection d’entre les morts, lui, Jésus Christ, notre Seigneur. Pour que son nom soit reconnu, nous avons reçu par lui grâce et mission d’Apôtre, afin d’amener à l’obéissance de la foi toutes les nations païennes, dont vous faites partie, vous aussi que Jésus Christ a appelés.
À vous qui êtes appelés à être saints, la grâce et la paix de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ.
Évangile
Jésus naîtra de Marie, accordée en mariage à Joseph, fils de David. (Mt 1, 18-24)
Acclamation :
Alléluia. Alléluia. Voici que la Vierge concevra : elle enfantera un fils, on l’appellera Emmanuel, « Dieu-avec-nous ». Alléluia[1].
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
Voici comment fut engendré Jésus Christ : Marie, sa mère, avait été accordée en mariage à Joseph ; avant qu’ils aient habité ensemble, elle fut enceinte par l’action de l’Esprit Saint. Joseph, son époux, qui était un homme juste, et ne voulait pas la dénoncer publiquement, décida de la renvoyer en secret. Comme il avait formé ce projet, voici que l’ange du Seigneur lui apparut en songe et lui dit : « Joseph, fils de David, ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse, puisque l’enfant qui est engendré en elle vient de l’Esprit Saint ; elle enfantera un fils, et tu lui donneras le nom de Jésus (c’est-à-dire : Le-Seigneur-sauve), car c’est lui qui sauvera son peuple de ses péchés ».
Tout cela est arrivé pour que soit accomplie la parole du Seigneur prononcée par le prophète : Voici que la Vierge concevra, et elle enfantera un fils ; on lui donnera le nom d’Emmanuel, qui se traduit : « Dieu-avec-nous ». Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse.
Textes liturgiques © AELF
Homélie
La bonne réponse à la bonne question
Lorsque les Ecritures parlent de « songe » ou d’ »ange », nous pouvons être certains qu’elles débordent toujours du réel sensible, rationnel, logique, qu’elles ne s’adressent pas d’abord à l’intelligence mais au cœur. On est dans l’ordre de la foi.
Il sera question de songes et d’anges avec les bergers, les mages et même finalement à la résurrection. Cela signifie que nous ne devons pas nous attarder à chercher des réponses à nos questionnements logiques et rationnels, mais qu’il nous faut entrer dans le domaine de la foi. Car ces récits n’ont pas d’abord pour but de nous raconter des événements historiques. Ils nous communiquent un enseignement. Ils sont porteurs d’un message. Leur langage est éminemment symbolique.
Ne nous demandons pas : « comment est-ce possible, comment cela a-t-il pu se réaliser ? ». Mais plutôt : « qu’est ce que l’Évangile veut nous révéler de Dieu, de l’Homme ou de leur relation, quel est le sens de ce récit pour nous aujourd’hui ? » Ne nous posons donc pas d’abord la question : « comment Marie a-t-elle pu rester vierge ? » Le sens de la virginité de Marie est avant tout de nous révéler un Jésus Fils de Dieu. Il faut se rappeler que les évangélistes sont des hommes qui ont fait l’expérience de la résurrection et découvert que Jésus est le Messie, le Fils de Dieu. En écrivant ces Évangiles, ils veulent simplement communiquer leur foi aux autres.
Or, Saint Matthieu écrivait en priorité pour les premières communautés juives converties au christianisme. Il est donc essentiel pour lui de montrer dès les premières pages que ce Jésus dont il parle est un descendant de David. Ceci était très important pour les juifs car ils savaient que le Messie promis serait de la famille de David. Ainsi Jésus le sera-t-il par la lignée de Joseph !
D’autre part, le Messie est un envoyé de Dieu, un don de Dieu, en parallèle avec Abraham, le père des croyants qui, en acceptant de sacrifier son fils Isaac, reçoit ce fils comme don de Dieu. De même Joseph, qui veut répudier Marie, reçoit ce fils comme un don de Dieu dans la foi.
Joseph va ensuite donner un nom à l’enfant ; en langage sémitique, cela signifie « assumer la paternité légale de l’enfant ». Ce nom sera « Jésus », c’est-à-dire « Le Seigneur sauve ». Le nom, ici, ne sert pas seulement à distinguer un enfant d’un autre, mais il dit symboliquement qui est cet enfant : il ne sera pas un roi, ni un sauveur politique, ni un prophète comme les autres prophètes. Non ! Son nom est tout un programme d’action : le sens de sa vie sera de « sauver », de « libérer ».
Mais « Emmanuel » signifie aussi « Dieu avec nous ». Il ne sera donc pas un Dieu comme les autres divinités, c’est-à-dire des êtres lointains, relégués dans leur ciel. Il sera un Dieu tout proche, présent au monde.
Chaque fois que nous ouvrons l’Évangile n’oublions jamais qu’il n’est pas d’abord un récit historique, mais un témoignage de foi. Et il est important qu’au lieu de nous bloquer sur des questions sans réponse, nous ayons le réflexe de nous poser la bonne question : « Qu’est ce que l’auteur veut nous révéler de Jésus ? » Si nous faisions l’effort de décoder le langage symbolique des Écritures, nous découvririons plus en vérité ce message transmis par les apôtres : La Bonne Nouvelle pour tous les hommes de bonne volonté.
Père Jacques NOIROT sma
[1] Cf. Mt 1, 23.
Celui qui doit venir et que nous attendons.
Troisième Dimanche de l’Avent A
15 décembre 2019
Première lecture
Lecture du livre du prophète Isaïe
« Dieu vient lui-même et va vous sauver. » (Is 35, 1-6a.10)
Le désert et la terre de la soif, qu’ils se réjouissent ! Le pays aride, qu’il exulte et fleurisse comme la rose, qu’il se couvre de fleurs des champs, qu’il exulte et crie de joie ! La gloire du Liban lui est donnée, la splendeur du Carmel et du Sarone. On verra la gloire du Seigneur, la splendeur de notre Dieu. Fortifiez les mains défaillantes, affermissez les genoux qui fléchissent, dites aux gens qui s’affolent : « Soyez forts, ne craignez pas. Voici votre Dieu : c’est la vengeance qui vient, la revanche de Dieu. Il vient lui-même et va vous sauver ». Alors se dessilleront les yeux des aveugles, et s’ouvriront les oreilles des sourds. Alors le boiteux bondira comme un cerf, et la bouche du muet criera de joie. Ceux qu’a libérés le Seigneur reviennent, ils entrent dans Sion avec des cris de fête, couronnés de l’éternelle joie. Allégresse et joie les rejoindront, douleur et plainte s’enfuient.
Psaume
(Ps 145 (146), 7, 8, 9ab.10a)
R/ Viens, Seigneur, et sauve-nous !
Le Seigneur fait justice aux opprimés,
aux affamés, il donne le pain,
le Seigneur délie les enchaînés.
Le Seigneur ouvre les yeux des aveugles,
le Seigneur redresse les accablés,
le Seigneur aime les justes.
Le Seigneur protège l’étranger,
il soutient la veuve et l’orphelin.
D’âge en âge, le Seigneur régnera.
Deuxième lecture
Lecture de la lettre de saint Jacques
« Tenez ferme vos cœurs car la venue du Seigneur est proche. » (Jc 5, 7-10)
Frères,
en attendant la venue du Seigneur, prenez patience. Voyez le cultivateur : il attend les fruits précieux de la terre avec patience, jusqu’à ce qu’il ait fait la récolte précoce et la récolte tardive. Prenez patience, vous aussi, et tenez ferme car la venue du Seigneur est proche. Frères, ne gémissez pas les uns contre les autres, ainsi vous ne serez pas jugés. Voyez : le Juge est à notre porte. Frères, prenez pour modèles d’endurance et de patience les prophètes qui ont parlé au nom du Seigneur.
Évangile
« Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » (Mt 11, 2-11)
Acclamation :
Alléluia. Alléluia. L’Esprit du Seigneur est sur moi : il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres. Alléluia[1].
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
En ce temps-là, Jean le Baptiste entendit parler, dans sa prison, des œuvres réalisées par le Christ. Il lui envoya ses disciples et, par eux, lui demanda : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » Jésus leur répondit : « Allez annoncer à Jean ce que vous entendez et voyez : les aveugles retrouvent la vue, et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, et les sourds entendent, les morts ressuscitent, et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle. Heureux celui pour qui je ne suis pas une occasion de chute ! »
Tandis que les envoyés de Jean s’en allaient, Jésus se mit à dire aux foules à propos de Jean : « Qu’êtes-vous allés regarder au désert ? Un roseau agité par le vent ? Alors, qu’êtes-vous donc allés voir ? Un homme habillé de façon raffinée ? Mais ceux qui portent de tels vêtements vivent dans les palais des rois. Alors, qu’êtes-vous allés voir ? Un prophète ? Oui, je vous le dis, et bien plus qu’un prophète. C’est de lui qu’il est écrit : Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour préparer le chemin devant toi. Amen, je vous le dis : parmi ceux qui sont nés d’une femme, personne ne s’est levé de plus grand que Jean le Baptiste ; et cependant le plus petit dans le royaume des Cieux est plus grand que lui. »
Textes liturgiques © AELF
Homélie
Celui qui doit venir et que nous attendons.
Ces textes s’inscrivent dans la longue histoire du peuple d’Israël et dans sa marche vers un monde autre et meilleur. Une histoire jalonnée de promesses, de détresses et d’échecs. Adam a perdu son paradis, Abraham a fait un long périple sans trouver aucune terre qui lui appartienne. Moïse, qui était destiné à être un jour pharaon, a dû fuir parce qu’il avait secouru un frère ; et c’est en terre étrangère que le Seigneur l’appelle pour aller en Egypte libérer son peuple. Tout ce que Dieu attendait d’eux, c’est la confiance, la persévérance, le discernement, même si le succès et la victoire tardaient à se réaliser. Oui ! Ce monde autre et meilleur, selon les promesses, se faisait attendre.
Et il en fut de même pour tous les prophètes. Ils traînaient souvent de montage en montage – car la hauteur, c’est plus près de toi mon Dieu ! – ils étaient en exil ou en fuite quelque part, ou vivaient cachés dans le désert comme Élie et Jean-Baptiste. Mais ils étaient toujours là, prêts à conduire le peuple vers un nouveau monde. Un monde autre, plutôt, plus juste et plus serein, plus fraternel et convivial, comme il est écrit dans les textes de ce jour. La même présence, toujours, les accompagnait dans leur attente : celle du souffle de l’Esprit, qui jaillissait comme un feu, qui incendiait l’ancienne terre pour qu’une nouvelle porte un fruit nouveau et une nouvelle vie.
Jésus s’inscrit dans la lignée de ces figures qui, dans l’Esprit, ont renouvelé la terre, mais il va plus loin. Il veut changer les cœurs et les esprits, et créer ainsi un peuple nouveau, composé d’hommes et de femmes renouvelés dans l’accord et l’unité, dans la fraternité et la sagesse.
Le chemin, selon Jean-Baptiste, est long et tortueux, pas toujours ouvert ni fertile. Pourtant, c’est à travers ce monde hostile que les promesses faites à leurs pères doivent se réaliser. C’étaient des hommes de Dieu, confiants et endurants, qui ont œuvré pour qu’elles se réalisent. Jean-Baptiste fut le dernier de ces prophètes. Il fut leur héritier, à la fois comme l’homme qui vivait de l’austère désert et celui qui purifiait les gens du peuple dans le Jourdain et les envoyait sur le chemin du renouvellement et de la conversion.
Jésus loue profondément cet homme du désert : grand pour le travail qu’il a fait, il est pourtant indigne de défaire les sandales du Fils du Très Haut. Le cheminement de Jean-Baptiste se termine en effet en celui qui nous invite désormais à le suivre. Avec lui, nous construirons enfin ce monde nouveau. Car Jésus nous conduit vers le royaume du Père, dans l’Esprit qui est reste notre véritable guide par la sagesse et le discernement. Il ne s’agit pas d’un monde éphémère et futile, mais d’un monde où chacun aura sa place, où le boiteux bondira et le muet chantera sa délivrance.
C’est une affaire de foi en ce Dieu qui nous invite à le suivre au plus près pendant l’Avent, ce temps de préparation à sa venue.
Père Jean-Pierre FREY sma
[1] Cf. Is 61, 1.
Un rameau sortira de la souche de Jessé.
Deuxième Dimanche de l’Avent A
8 décembre 2019
Première lecture
Lecture du livre du prophète Isaïe
« Il jugera les petits avec justice. » (Is 11, 1-10)
En ce jour-là, un rameau sortira de la souche de Jessé, père de David, un rejeton jaillira de ses racines. Sur lui reposera l’esprit du Seigneur : esprit de sagesse et de discernement, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et de crainte du Seigneur – qui lui inspirera la crainte du Seigneur. Il ne jugera pas sur l’apparence ; il ne se prononcera pas sur des rumeurs. Il jugera les petits avec justice ; avec droiture, il se prononcera en faveur des humbles du pays. Du bâton de sa parole, il frappera le pays ; du souffle de ses lèvres, il fera mourir le méchant. La justice est la ceinture de ses hanches ; la fidélité est la ceinture de ses reins.
Le loup habitera avec l’agneau, le léopard se couchera près du chevreau, le veau et le lionceau seront nourris ensemble, un petit garçon les conduira. La vache et l’ourse auront même pâture, leurs petits auront même gîte. Le lion, comme le bœuf, mangera du fourrage. Le nourrisson s’amusera sur le nid du cobra ; sur le trou de la vipère, l’enfant étendra la main. Il n’y aura plus de mal ni de corruption sur toute ma montagne sainte ; car la connaissance du Seigneur remplira le pays comme les eaux recouvrent le fond de la mer.
Ce jour-là, la racine de Jessé sera dressée comme un étendard pour les peuples, les nations la chercheront, et la gloire sera sa demeure.
Psaume
(Ps 71 (72), 1-2, 7-8, 12-13, 17)
R/ En ces jours-là, fleurira la justice, grande paix jusqu’à la fin des temps.
Dieu, donne au roi tes pouvoirs,
à ce fils de roi ta justice.
Qu’il gouverne ton peuple avec justice,
qu’il fasse droit aux malheureux !
En ces jours-là, fleurira la justice,
grande paix jusqu’à la fin des lunes !
Qu’il domine de la mer à la mer,
et du Fleuve jusqu’au bout de la terre !
Il délivrera le pauvre qui appelle
et le malheureux sans recours.
Il aura souci du faible et du pauvre,
du pauvre dont il sauve la vie.
Que son nom dure toujours ;
sous le soleil, que subsiste son nom !
En lui, que soient bénies toutes les familles de la terre ;
que tous les pays le disent bienheureux !
Deuxième lecture
Lecture de la lettre de saint Paul Apôtre aux Romains
Le Christ sauve tous les hommes. (Rm 15, 4-9)
Frères,
tout ce qui a été écrit à l'avance dans les livres saints l’a été pour nous instruire, afin que, grâce à la persévérance et au réconfort des Écritures, nous ayons l’espérance. Que le Dieu de la persévérance et du réconfort vous donne d’être d’accord les uns avec les autres selon le Christ Jésus. Ainsi, d’un même cœur, d’une seule voix, vous rendrez gloire à Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ.
Accueillez-vous donc les uns les autres, comme le Christ vous a accueillis pour la gloire de Dieu. Car je vous le déclare : le Christ s’est fait le serviteur des Juifs, en raison de la fidélité de Dieu, pour réaliser les promesses faites à nos pères ; quant aux nations, c'est en raison de sa miséricorde qu'elles rendent gloire à Dieu, comme le dit l’Écriture : C’est pourquoi je proclamerai ta louange parmi les nations, je chanterai ton nom.
Évangile
« Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche. » (Mt 3, 1-12)
Acclamation :
Alléluia. Alléluia. Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers : tout être vivant verra le salut de Dieu. Alléluia[1].
Évangile de Jésus Christ selon saint Matthieu
En ces jours-là, paraît Jean le Baptiste, qui proclame dans le désert de Judée : « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est tout proche. » Jean est celui que désignait la parole prononcée par le prophète Isaïe : Voix de celui qui crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, rendez droits ses sentiers. Lui, Jean, portait un vêtement de poils de chameau, et une ceinture de cuir autour des reins ; il avait pour nourriture des sauterelles et du miel sauvage. Alors Jérusalem, toute la Judée et toute la région du Jourdain se rendaient auprès de lui, et ils étaient baptisés par lui dans le Jourdain en reconnaissant leurs péchés. Voyant beaucoup de pharisiens et de sadducéens se présenter à son baptême, il leur dit : « Engeance de vipères ! Qui vous a appris à fuir la colère qui vient ? Produisez donc un fruit digne de la conversion. N’allez pas dire en vous-mêmes : Nous avons Abraham pour père ; car, je vous le dis : des pierres que voici, Dieu peut faire surgir des enfants à Abraham. Déjà la cognée se trouve à la racine des arbres : tout arbre qui ne produit pas de bons fruits va être coupé et jeté au feu.
Moi, je vous baptise dans l’eau, en vue de la conversion. Mais celui qui vient derrière moi est plus fort que moi, et je ne suis pas digne de lui retirer ses sandales. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu. Il tient dans sa main la pelle à vanner, il va nettoyer son aire à battre le blé, et il amassera son grain dans le grenier ; quant à la paille, il la brûlera au feu qui ne s’éteint pas. »
Textes liturgiques © AELF
Homélie
« Un rameau sortira de la souche de Jessé… Sur lui reposera l’esprit du Seigneur[2]. »
La venue du Seigneur, qui pour nous correspond à la naissance de Jésus, fils de Dieu et de Marie, d’après les lectures de ce jour, sera un temps de bénédiction, de justice, de paix et d’harmonie.
La première lecture, tirée du livre d’Isaïe, vient comme un cri d’espérance, non seulement pour Israël mais aussi pour les petits, les abandonnés du Royaume d’Israël et tous les peuples de la terre. Dans un temps de menaces et de guerre, le prophète annonce la venue d’un roi, descendant de la famille de David, « un rameau de la souche de Jessé, père de David », porteur de justice et de paix. « Il sera revêtu de l’Esprit du Seigneur ». Jésus au début de son ministère public, poussé par l’Esprit, partira dans le désert, et c’est revêtu de l’Esprit qu’il commencera son ministère. Lorsqu’il rendra son dernier souffle sur la croix, c’est l’Esprit qu’il remettra au Père. Les dons de l’Esprit déclinés dans cette première lecture sont ceux que chaque chrétien reçoit lors du sacrement de la confirmation, les sept dons de l’Esprit : esprit de connaissance et de discernement, de conseil et de force, de connaissance et de crainte du Seigneur, de justice.
Revêtu de ces dons, le descendant de David saura inaugurer un temps de grâce et de paix : « il jugera les petits avec justice », ceux qui trop souvent sont ignorés et rejetés. Il se prononcera en faveur des humbles, il écartera le méchant. Ce règne de paix se propagera sur la nature donnée par Dieu pour son service et son épanouissement : le léopard vivra en paix avec l’agneau, tous deux conduits par un petit garçon, le lion et le bœuf vivront en harmonie, le lion n’aura pas besoin de tuer l’animal qu’il côtoie… Il n’y aura plus de mal ni de corruption, ce poison qui recouvre toute l’humanité. C’est un temps idéal, comme au début de l’humanité, qui reviendra.
Cette parole d’Isaïe, idéalisée, utopique, nous aide à comprendre que Dieu respecte l’être humain, sa créature, qu’il veut sans cesse notre bien, qu’il croit à notre bonne volonté. Saint Paul, dans la deuxième lecture, rappelle que la parole, non seulement celle d’Isaïe aujourd’hui, mais toute la parole de Dieu « écrite dans les livres saints », nous est donnée comme une nourriture pour nos cœurs et nos vies. Grâce à la persévérance et au réconfort des Écritures, nous avons l’espérance. Le fruit de la parole, dit Saint Paul, c’est l’amour que nous avons les uns pour les autres : « accueillez-vous donc les uns les autres, comme le Christ vous a accueillis pour la gloire de Dieu. Le Christ a été envoyé d’abord pour les Juifs, à cause du choix qu’il avait posé sur ce peuple et de son accompagnement dans l’histoire. Mais le Christ a été envoyé aussi aux nations, « en raison de la miséricorde de Dieu ».
Ce Dieu qui vient, Jean le Baptiste, le dernier et le plus grand des prophètes, annonce sa venue et demande avec instance que cette venue soit préparée. C’est ce que dit Matthieu dans l’évangile : « Convertissez-vous, car le royaume des Cieux est proche. Préparez le chemin du Seigneur ». Jean le Baptiste parait tout d’un coup dans le désert, « revêtu d’un vêtement en poils de chameau, une ceinture de cuir autour des reins ». Par sa tenue vestimentaire, par sa vie frugale au désert, ne mangeant que du miel sauvage et des sauterelles, Jean le Baptiste rappelle le prophète Elie, le premier des prophètes, qui prêchait dans le même accoutrement au bord du Jourdain. Ce qui est essentiel, autant pour Élie que pour Jean le Baptiste, ce n’est pas la nourriture et le vêtement, mais la parole de Dieu, la conversion, le repentir pour les péchés.
Des foules viennent au désert auprès de Jean-Baptiste, « venues de Jérusalem, de toute la Judée et de toute la région du Jourdain ». Ces foules annoncent toutes les personnes qui un jour vont adhérer au message de Jésus. Pour signifier leur démarche et leur conversion, Jean le Baptiste leur administre un baptême d’eau, comme pour les laver de leurs fautes et les purifier. Mais Jésus, celui que Jean annonce, celui qui vient après lui, les baptisera dans l’Esprit Saint, cet Esprit aux sept dons dont les bienfaits sont décrits dans la première lecture.
Jean-Marie GUILLAUME sma
[1] Cf. Lc 3, 4. 6.
[2] Isaïe 11, 1-2.