Père Justin-Sylvestre KetteSoutenance de thèse
Diocèse de BossangoaEntretien avec Mgr Nestor-Désiré Nongo
Diocèse de Dassa-ZouméUne journée avec Mgr François Gnonhossou
Comment vivre en paix ?
Septième Dimanche Ordinaire
24 février 2019
Première lecture
Lecture du premier livre de Samuel
« Le Seigneur t’avait livré entre mes mains, mais je n’ai pas voulu porter la main sur le messie du Seigneur. » (1 S 26, 2.7-9.12-13.22-23)
En ces jours-là, Saül se mit en route, il descendit vers le désert de Zif avec trois mille hommes, l’élite d’Israël, pour y traquer David. David et Abishaï arrivèrent de nuit, près de la troupe. Or, Saül était couché, endormi, au milieu du camp, sa lance plantée en terre près de sa tête ; Abner et ses hommes étaient couchés autour de lui. Alors Abishaï dit à David : « Aujourd’hui Dieu a livré ton ennemi entre tes mains. Laisse-moi donc le clouer à terre avec sa propre lance, d’un seul coup, et je n’aurai pas à m’y reprendre à deux fois. » Mais David dit à Abishaï : « Ne le tue pas ! Qui pourrait demeurer impuni après avoir porté la main sur celui qui a reçu l’onction du Seigneur ? » David prit la lance et la gourde d’eau qui étaient près de la tête de Saül, et ils s’en allèrent. Personne ne vit rien, personne ne le sut, personne ne s’éveilla : ils dormaient tous, car le Seigneur avait fait tomber sur eux un sommeil mystérieux. David passa sur l’autre versant de la montagne et s’arrêta sur le sommet, au loin, à bonne distance. Il appela Saül et lui cria : « Voici la lance du roi. Qu’un jeune garçon traverse et vienne la prendre ! Le Seigneur rendra à chacun selon sa justice et sa fidélité. Aujourd’hui, le Seigneur t’avait livré entre mes mains, mais je n’ai pas voulu porter la main sur le messie du Seigneur. »
Psaume
(Ps 102 (103), 1-2, 3-4, 8.10, 12-13)
R/ Le Seigneur est tendresse et pitié.
Bénis le Seigneur, ô mon âme,
bénis son nom très saint, tout mon être !
Bénis le Seigneur, ô mon âme,
n’oublie aucun de ses bienfaits !
Car il pardonne toutes tes offenses
et te guérit de toute maladie ;
il réclame ta vie à la tombe
et te couronne d’amour et de tendresse.
Le Seigneur est tendresse et pitié,
lent à la colère et plein d’amour ;
il n’agit pas envers nous selon nos fautes,
ne nous rend pas selon nos offenses.
Aussi loin qu’est l’orient de l’occident,
il met loin de nous nos péchés ;
comme la tendresse du père pour ses fils,
la tendresse du Seigneur pour qui le craint !
Deuxième lecture
Lecture de première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens
« De même que nous aurons été à l’image de celui qui est fait d’argile, de même nous serons à l’image de celui qui vient du ciel. » (1 Co 15, 45-49)
Frères,
l’Écriture dit : Le premier homme, Adam, devint un être vivant ; le dernier Adam – le Christ – est devenu l’être spirituel qui donne la vie. Ce qui vient d’abord, ce n’est pas le spirituel, mais le physique ; ensuite seulement vient le spirituel. Pétri d’argile, le premier homme vient de la terre ; le deuxième homme, lui, vient du ciel. Comme Adam est fait d’argile, ainsi les hommes sont faits d’argile ; comme le Christ est du ciel, ainsi les hommes seront du ciel. Et de même que nous aurons été à l’image de celui qui est fait d’argile, de même nous serons à l’image de celui qui vient du ciel.
Évangile
« Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. » (Lc 6, 27-38)
Acclamation :
Alléluia. Alléluia. Je vous donne un commandement nouveau, dit le Seigneur : « Aimez-vous les uns les autres, comme je vous ai aimés. » Alléluia[1].
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là, Jésus déclarait à ses disciples : « Je vous le dis, à vous qui m’écoutez : Aimez vos ennemis, faites du bien à ceux qui vous haïssent. Souhaitez du bien à ceux qui vous maudissent, priez pour ceux qui vous calomnient. À celui qui te frappe sur une joue, présente l’autre joue. À celui qui te prend ton manteau, ne refuse pas ta tunique. Donne à quiconque te demande, et à qui prend ton bien, ne le réclame pas. Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le aussi pour eux. Si vous aimez ceux qui vous aiment, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs aiment ceux qui les aiment. Si vous faites du bien à ceux qui vous en font, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs en font autant. Si vous prêtez à ceux dont vous espérez recevoir en retour, quelle reconnaissance méritez-vous ? Même les pécheurs prêtent aux pécheurs pour qu’on leur rende l’équivalent. Au contraire, aimez vos ennemis, faites du bien et prêtez sans rien espérer en retour. Alors votre récompense sera grande, et vous serez les fils du Très-Haut, car lui, il est bon pour les ingrats et les méchants. Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux. Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez pas, et vous ne serez pas condamnés. Pardonnez, et vous serez pardonnés. Donnez, et l’on vous donnera : c’est une mesure bien pleine, tassée, secouée, débordante, qui sera versée dans le pan de votre vêtement ; car la mesure dont vous vous servez pour les autres servira de mesure aussi pour vous. »
Textes liturgiques © AELF
Homélie
Comment vivre en paix ?
Pour nous situer par rapport aux textes de ce dimanche, il faut faire le constat suivant : depuis qu’Adam a été chassé du jardin d’Eden parce que sa femme Eve avait volé, et mangé avec lui, le fruit de l’arbre qui appartenait à Dieu, le monde est décentré et livré à lui-même. Et cela ne fait qu’engendrer guerre, destruction, exil, esclavage, détresse…
Néanmoins, Dieu était présent au peuple qu’il avait choisi pour être le modèle à sa manière et pour le conduire à la une terre qu’il lui avait promise et devait être une terre d’harmonie et de paix où coulerait le miel et le lait. Or, le monde, malgré la promesse faite par Dieu le peuple choisi, est resté instable et infidèle à la parole et aux promesses qu’Il lui avait faites, tout au long de son histoire, par le truchement de ses responsables, Abraham, Jacob, Moïse, les rois et les prophètes. Ce fut un échec tout du long. Car ce peuple, comme tous les autres, avait la nuque raide et le cœur dur ; il marchait de conflit en conflit en semant la détresse et la destruction…
Ainsi se pose le problème de plus en plus actuel : comment vivre en paix selon la justice et dans le respect de l’autre ? Nous avons un bel exemple dans la première lecture où David, le candidat à la couronne royale que portait le roi Saül alors en fonction, a une occasion unique de tuer son rival endormi avec ses compagnons et de prendre ainsi sa place. Ce qui est, encore et toujours, la voie la plus rapide pour devenir chef ou roitelet… Mais non ! Le jeune David s’y refuse. Par intégrité et respect de la vie, il évite cet acte infect. Un bel exemple, mais malheureusement peu suivi…
Paul, dans la deuxième lecture, fait une belle réflexion sur l’homme intouchable : il est intouchable parce que, bien que modelé en argile au commencement, il est devenu image de Dieu par le souffle de l’Esprit en ses narines. Et c’est Jésus qui est venu pour nous enseigner le respect de ce mystère : l’homme n’est pas seulement un vivant, mais un fils de Dieu, crée à sa ressemblance. Dans l’évangile lourd de sens de ce jour, Jésus nous donne donc le vrai message de vie en tant que fils de Dieu et témoins de sa parole ; il nous dit[2] : « Aimez vos ennemis et faites du bien à ceux qui vous haïssent ! »
Le chemin sera long pour en arriver là ! Mais telle est notre mission, donnée à accomplir à tout homme. Bonne route, et gardons confiance en Dieu !
Jean-Pierre FREY sma
[1] Cf. Jn 13, 34.
[2] Lc. 6, 27.
« Heureux, vous les pauvres… »
Sixième Dimanche Ordinaire C
17 février 2019
Première lecture
Lecture du livre du prophète Jérémie
« Maudit soit l’homme qui met sa foi dans un mortel. Béni soit l’homme qui met sa foi dans le Seigneur. » (Jr 17, 5-8)
Ainsi parle le Seigneur :
Maudit soit l’homme qui met sa foi dans un mortel, qui s’appuie sur un être de chair, tandis que son cœur se détourne du Seigneur. Il sera comme un buisson sur une terre désolée, il ne verra pas venir le bonheur. Il aura pour demeure les lieux arides du désert, une terre salée, inhabitable.
Béni soit l’homme qui met sa foi dans le Seigneur, dont le Seigneur est la confiance. Il sera comme un arbre, planté près des eaux, qui pousse, vers le courant, ses racines. Il ne craint pas quand vient la chaleur : son feuillage reste vert. L’année de la sécheresse, il est sans inquiétude : il ne manque pas de porter du fruit.
Psaume
(Ps 1, 1-2, 3, 4.6)
R/ Heureux est l’homme qui met sa foi dans le Seigneur.
Heureux est l’homme
qui n’entre pas au conseil des méchants,
qui ne suit pas le chemin des pécheurs,
ne siège pas avec ceux qui ricanent,
mais se plaît dans la loi du Seigneur
et murmure sa loi jour et nuit !
Il est comme un arbre
planté près d’un ruisseau,
qui donne du fruit en son temps,
et jamais son feuillage ne meurt ;
tout ce qu’il entreprend réussira.
Tel n’est pas le sort des méchants.
Mais ils sont comme la paille
balayée par le vent.
Le Seigneur connaît le chemin des justes,
mais le chemin des méchants se perdra.
Deuxième lecture
Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens
« Si le Christ n’est pas ressuscité, votre foi est sans valeur. » (1 Co 15, 12.16-20)
Frères,
nous proclamons que le Christ est ressuscité d’entre les morts ; alors, comment certains d’entre vous peuvent-ils affirmer qu’il n’y a pas de résurrection des morts ? Car si les morts ne ressuscitent pas, le Christ non plus n’est pas ressuscité. Et si le Christ n’est pas ressuscité, votre foi est sans valeur, vous êtes encore sous l’emprise de vos péchés ; et donc, ceux qui se sont endormis dans le Christ sont perdus. Si nous avons mis notre espoir dans le Christ pour cette vie seulement, nous sommes les plus à plaindre de tous les hommes. Mais non ! le Christ est ressuscité d’entre les morts, lui, premier ressuscité parmi ceux qui se sont endormis.
Évangile
« Heureux les pauvres ! Quel malheur pour vous, les riches ! » (Lc 6, 17.20-26)
Acclamation :
Alléluia. Alléluia. Réjouissez-vous, tressaillez de joie, dit le Seigneur, car votre récompense est grande dans le ciel. Alléluia[1].
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là, Jésus descendit de la montagne avec les Douze et s’arrêta sur un terrain plat. Il y avait là un grand nombre de ses disciples, et une grande multitude de gens venus de toute la Judée, de Jérusalem, et du littoral de Tyr et de Sidon.
Et Jésus, levant les yeux sur ses disciples, déclara : « Heureux, vous les pauvres, car le royaume de Dieu est à vous. Heureux, vous qui avez faim maintenant, car vous serez rassasiés. Heureux, vous qui pleurez maintenant, car vous rirez.
Heureux êtes-vous quand les hommes vous haïssent et vous excluent, quand ils insultent et rejettent votre nom comme méprisable, à cause du Fils de l’homme. Ce jour-là, réjouissez-vous, tressaillez de joie, car alors votre récompense est grande dans le ciel ; c’est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les prophètes.
Mais quel malheur pour vous, les riches, car vous avez votre consolation ! Quel malheur pour vous qui êtes repus maintenant, car vous aurez faim ! Quel malheur pour vous qui riez maintenant, car vous serez dans le deuil et vous pleurerez ! Quel malheur pour vous lorsque tous les hommes disent du bien de vous ! C’est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les faux prophètes. »
Textes liturgiques © AELF
Homélie
« Heureux, vous les pauvres…[2] »
Les lectures de ce jour rappellent quelques-unes des bases fondamentales de notre foi et de notre comportement chrétien.
C’est en Dieu que le croyant met sa foi, dit le prophète Jérémie dans la première lecture. S’il met sa foi dans le Seigneur, il sera comme un arbre qui pousse auprès de la rivière. Il puise de l’eau dans cette rivière et ne craint pas la sècheresse : « Béni soit celui ou celle qui met sa foi dans le Seigneur… Il sera comme un arbre, planté près des eaux… son feuillage reste vert. L’année de la sécheresse, il est sans inquiétude : il ne manque pas de porter du fruit ».
La deuxième lecture est un extrait de la première lettre aux Corinthiens qui développe le message lié à la résurrection de Jésus. La foi en la résurrection de Jésus est le point principal du credo chrétien que nous récitons tous les dimanches : « Nous proclamons que le Christ est ressuscité d’entre les morts », tel est le début de cette deuxième lecture. St Paul développe ce message en déduisant que la résurrection du Christ est la source de la résurrection des morts. « Le Christ est ressuscité d’entre les morts, premier ressuscité parmi ceux qui se sont endormis. » Être le premier-né signifie que d’autres vont naître à sa suite, naître à la résurrection. Le Christ ouvre ainsi la voie à ceux qui viendront après lui, comme le premier-né ou l’aîné d’une famille donne la possibilité à d’autres de naître après lui.
Dans la troisième lecture, le message de l’évangile est celui des béatitudes, un message fondamental, révolutionnaire dans l’histoire de la spiritualité, de la relation du croyant avec Dieu et de la relation des croyants entre eux. Le texte qui nous est proposé par Luc est différent de celui de Matthieu auquel nous sommes davantage habitués. Le texte de Matthieu comprend huit béatitudes et met sous silence les malédictions. En Luc le message ne se situe pas sur la montagne, mais prend place dans la plaine.
Ce n’est pas seulement aux apôtres que Jésus adresse son enseignement mais aussi à « une grande foule de disciples et une grande multitude du peuple de toute la Judée, de Jérusalem, du Littoral de Tyr et de Sidon, venus pour l’entendre et se faire guérir de leurs maladies[3] ». Il s’agit donc d’un peuple d’origine multiple. Les deux évangélistes puisent à la même source, mais le discours en Luc est beaucoup plus court que celui de Matthieu.
Luc commence par donner quatre béatitudes[4], auxquelles correspondent quatre lamentations[5]. L’expression « heureux vous les pauvres maintenant… » laisse entendre que les gens auxquels Jésus s’adresse sont en situation concrète de pauvreté matérielle, qu’ils souffrent de la faim et versent des pleurs[6]. La quatrième béatitude (v. 23) concerne les disciples persécutés à cause de leur foi et de leur prédication sur Jésus, car leur sort est semblable à celui des prophètes d’autrefois, persécutés par les garants d’une religion maintenant les injustices sous le couvert de la piété et du culte. Dieu est à leurs côtés.
Les quatre lamentations, que Jésus prononce à la manière des grands oracles prophétiques de l’Ancien Testament, dénoncent le danger des richesses et l’insouciance qui engendrent souvent le mépris des pauvres[7]. Cela laisse supposer que, comme chez nous aujourd’hui, il y avait de graves disparités sociales au sein des communautés auxquelles Luc s’adresse. L’instauration du Règne et du salut que Jésus apporte ne va pas sans les exigences de partage et de justice. La quatrième lamentation (v. 24) vise les disciples ou les responsables religieux, qui délaissent la vérité de l’évangile pour la recherche de leur gloire personnelle et sont ainsi devenus de faux prophètes. Avec ces béatitudes et ces lamentations, la Bonne Nouvelle est vraiment annoncée aux pauvres, selon le programme du discours de Nazareth. Les pauvres sont heureux, non pas à cause de leur condition matérielle ou sociale, mais parce que le Règne de Dieu leur appartient, parce que Jésus, le Fils de Dieu, est à leurs côtés, il a pris leur parti et non pas le parti des gens aisés et des puissants.
Jean-Marie GUILLAUME, sma
[1] Cf. Lc 6, 23.
[2] Ibid., 6, 20.
[3] Ibid, 6, 17-18.
[4] Ibid., 6, 20-23.
[5] Ibid., 6, 24-26.
[6] Ibid. 6, 20-21.
[7] Ibid., 6, 24-25 ; cf. Lc 16, 19-31.
L’appel du Seigneur
Cinquième Dimanche Ordinaire
10 février 2019
Première lecture
Lecture du livre du prophète Isaïe
« Me voici : envoie-moi ! » (Is 6, 1-2a.3-8)
L’année de la mort du roi Ozias, je vis le Seigneur qui siégeait sur un trône très élevé ; les pans de son manteau remplissaient le Temple. Des séraphins se tenaient au-dessus de lui. Ils se criaient l’un à l’autre : « Saint ! Saint ! Saint, le Seigneur de l’univers ! Toute la terre est remplie de sa gloire. » Les pivots des portes se mirent à trembler à la voix de celui qui criait, et le Temple se remplissait de fumée. Je dis alors : « Malheur à moi ! je suis perdu, car je suis un homme aux lèvres impures, j’habite au milieu d’un peuple aux lèvres impures : et mes yeux ont vu le Roi, le Seigneur de l’univers ! » L’un des séraphins vola vers moi, tenant un charbon brûlant qu’il avait pris avec des pinces sur l’autel. Il l’approcha de ma bouche et dit : « Ceci a touché tes lèvres, et maintenant ta faute est enlevée, ton péché est pardonné. » J’entendis alors la voix du Seigneur qui disait : « Qui enverrai-je ? Qui sera notre messager ? » Et j’ai répondu : « Me voici : envoie-moi ! »
Psaume
(Ps 137 (138), 1-2a, 2bc-3, 4-5, 7c-8)
R/ Je te chante, Seigneur, en présence des anges.
De tout mon cœur, Seigneur, je te rends grâce :
tu as entendu les paroles de ma bouche.
Je te chante en présence des anges,
vers ton temple sacré, je me prosterne.
Je rends grâce à ton nom pour ton amour et ta vérité,
car tu élèves, au-dessus de tout, ton nom et ta parole.
Le jour où tu répondis à mon appel,
tu fis grandir en mon âme la force.
Tous les rois de la terre te rendent grâce
quand ils entendent les paroles de ta bouche.
Ils chantent les chemins du Seigneur :
« Qu’elle est grande, la gloire du Seigneur ! »
Ta droite me rend vainqueur.
Le Seigneur fait tout pour moi !
Seigneur, éternel est ton amour :
n’arrête pas l’œuvre de tes mains.
Deuxième lecture
Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens
« Voilà ce que nous proclamons, voilà ce que vous croyez. » (1 Co 15, 1-11)
Frères,
je vous rappelle la Bonne Nouvelle que je vous ai annoncée ; cet Évangile, vous l’avez reçu ; c’est en lui que vous tenez bon, c’est par lui que vous serez sauvés si vous le gardez tel que je vous l’ai annoncé ; autrement, c’est pour rien que vous êtes devenus croyants. Avant tout, je vous ai transmis ceci, que j’ai moi-même reçu : le Christ est mort pour nos péchés conformément aux Écritures, et il fut mis au tombeau ; il est ressuscité le troisième jour conformément aux Écritures, il est apparu à Pierre, puis aux Douze ; ensuite il est apparu à plus de cinq cents frères à la fois – la plupart sont encore vivants, et quelques-uns sont endormis dans la mort –, ensuite il est apparu à Jacques, puis à tous les Apôtres. Et en tout dernier lieu, il est même apparu à l’avorton que je suis.
Car moi, je suis le plus petit des Apôtres, je ne suis pas digne d’être appelé Apôtre, puisque j’ai persécuté l’Église de Dieu. Mais ce que je suis, je le suis par la grâce de Dieu, et sa grâce, venant en moi, n’a pas été stérile. Je me suis donné de la peine plus que tous les autres ; à vrai dire, ce n’est pas moi, c’est la grâce de Dieu avec moi.
Bref, qu’il s’agisse de moi ou des autres, voilà ce que nous proclamons, voilà ce que vous croyez.
Évangile
« Laissant tout, ils le suivirent. » (Lc 5, 1-11)
Acclamation :
Alléluia. Alléluia. « Venez à ma suite, dit le Seigneur, et je vous ferai pêcheurs d’hommes. » Alléluia[1].
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là, la foule se pressait autour de Jésus pour écouter la parole de Dieu, tandis qu’il se tenait au bord du lac de Génésareth. Il vit deux barques qui se trouvaient au bord du lac ; les pêcheurs en étaient descendus et lavaient leurs filets. Jésus monta dans une des barques qui appartenait à Simon, et lui demanda de s’écarter un peu du rivage. Puis il s’assit et, de la barque, il enseignait les foules. Quand il eut fini de parler, il dit à Simon : « Avance au large, et jetez vos filets pour la pêche. » Simon lui répondit : « Maître, nous avons peiné toute la nuit sans rien prendre ; mais, sur ta parole, je vais jeter les filets. » Et l’ayant fait, ils capturèrent une telle quantité de poissons que leurs filets allaient se déchirer. Ils firent signe à leurs compagnons de l’autre barque de venir les aider. Ceux-ci vinrent, et ils remplirent les deux barques, à tel point qu’elles enfonçaient. A cette vue, Simon-Pierre tomba aux genoux de Jésus, en disant : « Éloigne-toi de moi, Seigneur, car je suis un homme pécheur ». En effet, un grand effroi l’avait saisi, lui et tous ceux qui étaient avec lui, devant la quantité de poissons qu’ils avaient pêchés ; et de même Jacques et Jean, fils de Zébédée, les associés de Simon. Jésus dit à Simon : « Sois sans crainte, désormais ce sont des hommes que tu prendras ». Alors ils ramenèrent les barques au rivage et, laissant tout, ils le suivirent.
Textes liturgiques © AELF
Homélie
L’appel du Seigneur
Les trois lectures de ce dimanche sont placées sous le signe de l'appel. Appel du Seigneur à Isaïe dans le temple, appel du Seigneur à Paul sur le chemin de Damas, et appel du Seigneur à Pierre et à ses compagnons sur le lac de Tibériade... Pour chacun, cet appel a retentit dans le quotidien de sa vie, dans son environnement particulier, et à chacun il a été adressé pour aller plus loin, plus fort et plus haut... Voyons d'un peu plus près ces trois appels.
C'est dans la partie la plus sacrée du temple de Jérusalem que le Seigneur a manifesté sa gloire au prophète Isaïe. Celui-ci voit cette manifestation de Dieu à travers les images et les représentations religieuses de son temps ; dans la crainte et dans le tremblement, il s'attend à mourir car, comme le pensait tout bon Israélite : on ne peut voir Dieu sans mourir... Mais, loin de le désintégrer, la lumière divine va le purifier de son péché et de son indignité et c'est avec générosité et enthousiasme qu'il répondra à la question : « Qui enverrai-je ? » par un : « Envoie-moi » spontané.
Dans l'appel de Paul, nous trouvons aussi la même prise de conscience de son indignité : « Moi, le plus petit des Apôtres, je ne suis pas digne d'être appelé Apôtre, puisque j'ai persécuté l'Eglise de Dieu... » La lumière de l'Évangile s'est imposée à lui sur le chemin de Damas, si bien qu'il peut déclarer : « Ce que je suis, je le suis par la grâce de Dieu ». C'est pourquoi il ressent profondément en lui cette obligation de communiquer, de faire connaître autour de lui ce qu'il a reçu : « Malheur à moi si je n'évangélise pas ! »
Saint Luc, qui nous raconte l'appel de Pierre et de ses compagnons, nous le replace dans le contexte de leur vie de tous les jours, la pêche ! C'est à l'occasion d'une pêche exceptionnelle, que rien ne pouvait laisser prévoir car faite en dépit de tout bon sens, que les premiers disciples viennent au Christ. Tout patron pêcheur de Tibériade sait bien que le bon moment pour la pêche est la nuit. Or, justement, ils ont passé toute la nuit sans rien prendre ! Et voilà que ce charpentier Jésus, qui n'est même pas du métier, leur demande de sortir en pleine journée pour jeter les filets. Ils le font, sans doute un peu à contrecœur, et ce qui arrive les bouleverse, les effraie et, là encore, leur fait prendre conscience de leur indignité. Ils laissent alors tout et se mettent à la suite du Christ.
Et nous, frères et sœurs, s'il nous arrivait d'être appelés... ? Ce n'est pas du tout impossible, c'est même probable ! La vocation, c’est-à-dire un appel de Dieu, ce n'est pas nécessairement pour les autres, pour ceux que nous en croyons « capables » ; elle s'adresse, comme nous venons de le voir, au monde ordinaire, aux « n'importe qui ». La vocation n'est pas affaire de curé ou de religieuse, aujourd'hui surtout. L'Esprit souffle où il veut et appelle qui il veut. Dans l'Église, les ministères se multiplient et se diversifient... Et, aujourd'hui, comme de son temps, le Christ veut continuer à construire son Royaume avec les humbles, les gens très ordinaires, ceux « au ras des pâquerettes ».
Que nous soyons conscients de notre indignité ou de notre faiblesse, rien que de plus normal, nous avons vu cela dans ces trois appels. A nous aussi le Seigneur dit, comme à saint Pierre : « Sois sans crainte ». Aujourd'hui, frères et sœurs, nous devrions prendre conscience qu'aucun chrétien ne peut se dire sans vocation. A notre baptême et à notre confirmation, nous avons été appelés et envoyés pour être lumière et force pour nos frères, et chaque fois qu'un homme renaît de l'eau et de l'Esprit par le baptême, c'est un ouvrier spécialisé de plus qui est engagé dans la vigne du Seigneur...
Aujourd'hui, avec la même générosité qu'Isaïe, disons au Seigneur : « Moi, je serai ton messager, envoie-moi, dans ma famille, dans mon quartier, dans mon lieu de travail ». Et, comme Pierre, sans crainte mais conscients de notre faiblesse, nous Lui dirons : « Sur ta parole, je vais jeter les filets ». Amen.
Claude RÉMOND SMA
[1] Cf. Mt 4, 19.
Le chrétien, disciple-missionnaire, est prophète : une mission difficile !
Quatrième Dimanche Ordinaire C
3 février 2019
Première lecture
Lecture du livre du prophète Jérémie
« Je fais de toi un prophète pour les nations. » (Jr 1, 4-5. 17-19)
Au temps de Josias, la parole du Seigneur me fut adressée : « Avant même de te façonner dans le sein de ta mère, je te connaissais ; avant que tu viennes au jour, je t’ai consacré ; je fais de toi un prophète pour les nations. Toi, mets ta ceinture autour des reins et lève-toi, tu diras contre eux tout ce que je t’ordonnerai. Ne tremble pas devant eux, sinon c’est moi qui te ferai trembler devant eux. Moi, je fais de toi aujourd’hui une ville fortifiée, une colonne de fer, un rempart de bronze, pour faire face à tout le pays, aux rois de Juda et à ses princes, à ses prêtres et à tout le peuple du pays. Ils te combattront, mais ils ne pourront rien contre toi, car je suis avec toi pour te délivrer – oracle du Seigneur. »
Psaume
(Ps 70 (71), 1-2, 3, 5-6ab, 15ab.17)
R/ Sans fin, je proclamerai ta justice et ton salut.
En toi, Seigneur, j’ai mon refuge :
garde-moi d’être humilié pour toujours.
Dans ta justice, défends-moi, libère-moi,
tends l’oreille vers moi, et sauve-moi.
Sois le rocher qui m’accueille,
toujours accessible ;
tu as résolu de me sauver :
ma forteresse et mon roc, c’est toi !
Seigneur mon Dieu, tu es mon espérance,
mon appui dès ma jeunesse.
Toi, mon soutien dès avant ma naissance,
tu m’as choisi dès le ventre de ma mère.
Ma bouche annonce tout le jour
tes actes de justice et de salut.
Mon Dieu, tu m’as instruit dès ma jeunesse,
jusqu’à présent, j’ai proclamé tes merveilles.
Deuxième lecture
Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens
« Ce qui demeure aujourd’hui, c’est la foi, l’espérance et la charité ; mais la plus grande des trois, c’est la charité. » (1 Co 12, 31 – 13, 13)
Frères,
recherchez avec ardeur les dons les plus grands. Et maintenant, je vais vous indiquer le chemin par excellence. J’aurais beau parler toutes les langues des hommes et des anges, si je n’ai pas la charité, s’il me manque l’amour, je ne suis qu’un cuivre qui résonne, une cymbale retentissante. J’aurais beau être prophète, avoir toute la science des mystères et toute la connaissance de Dieu, j’aurais beau avoir toute la foi jusqu’à transporter les montagnes, s’il me manque l’amour, je ne suis rien. J’aurais beau distribuer toute ma fortune aux affamés, j’aurais beau me faire brûler vif, s’il me manque l’amour, cela ne me sert à rien.
L’amour prend patience ; l’amour rend service ; l’amour ne jalouse pas ; il ne se vante pas, ne se gonfle pas d’orgueil ; il ne fait rien d’inconvenant ; il ne cherche pas son intérêt ; il ne s’emporte pas ; il n’entretient pas de rancune ; il ne se réjouit pas de ce qui est injuste, mais il trouve sa joie dans ce qui est vrai ; il supporte tout, il fait confiance en tout, il espère tout, il endure tout. L’amour ne passera jamais.
Les prophéties seront dépassées, le don des langues cessera, la connaissance actuelle sera dépassée. En effet, notre connaissance est partielle, nos prophéties sont partielles. Quand viendra l’achèvement, ce qui est partiel sera dépassé. Quand j’étais petit enfant, je parlais comme un enfant, je pensais comme un enfant, je raisonnais comme un enfant. Maintenant que je suis un homme, j’ai dépassé ce qui était propre à l’enfant.
Nous voyons actuellement de manière confuse, comme dans un miroir ; ce jour-là, nous verrons face à face. Actuellement, ma connaissance est partielle ; ce jour-là, je connaîtrai parfaitement, comme j’ai été connu. Ce qui demeure aujourd’hui, c’est la foi, l’espérance et la charité ; mais la plus grande des trois, c’est la charité.
Évangile
Jésus, comme Élie et Élisée, n’est pas envoyé aux seuls Juifs. (Lc 4, 21-30)
Acclamation :
Alléluia. Alléluia. Le Seigneur m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération. Alléluia[1].
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
En ce temps-là, dans la synagogue de Nazareth, après la lecture du livre d’Isaïe, Jésus déclara : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre ». Tous lui rendaient témoignage et s’étonnaient des paroles de grâce qui sortaient de sa bouche. Ils se disaient : « N’est-ce pas là le fils de Joseph ? » Mais il leur dit : « Sûrement vous allez me citer le dicton : Médecin, guéris-toi toi-même, et me dire : Nous avons appris tout ce qui s’est passé à Capharnaüm : fais donc de même ici dans ton lieu d’origine ! » Puis il ajouta : « Amen, je vous le dis : aucun prophète ne trouve un accueil favorable dans son pays. En vérité, je vous le dis : « au temps du prophète Élie, lorsque pendant trois ans et demi le ciel retint la pluie et qu’une grande famine se produisit sur toute la terre, il y avait beaucoup de veuves en Israël ; pourtant Élie ne fut envoyé vers aucune d’entre elles, mais bien dans la ville de Sarepta, au pays de Sidon, chez une veuve étrangère. Au temps du prophète Élisée, il y avait beaucoup de lépreux en Israël ; et aucun d’eux n’a été purifié, mais bien Naaman le Syrien. »
À ces mots, dans la synagogue, tous devinrent furieux. Ils se levèrent, poussèrent Jésus hors de la ville, et le menèrent jusqu’à un escarpement de la colline où leur ville est construite, pour le précipiter en bas. Mais lui, passant au milieu d’eux, allait son chemin.
Textes liturgiques © AELF
Homélie
Le chrétien, disciple-missionnaire, est prophète : une mission difficile !
Bien -aimés de Dieu !
L’Evangile de ce jour nous présente une partie de la visite de Jésus à Nazareth où il a grandi. Dans un premier temps, tous « lui rendaient témoignage » en s’étonnant du « message de grâce qui sortaient de sa bouche. ». Mais ils eurent des doutes à cause de sa grande familiarité : ce fils de Joseph, connu comme charpentier, peut-il être Fils de Dieu ? Impossible alors de leur dire la vérité, lui qui est La Vérité. Il devient très vite gênant, quelqu’un à éliminer !
En plus de cela, Jésus est installé à Capharnaüm, et c’est de là qu’il accomplissait tous ses « signes », alors que ses compatriotes voudraient qu’il les accomplisse pour eux-aussi pour authentifier sa mission ; mais Jésus refuse. Ce choix de Capharnaüm, qui est le « carrefour des nations », Jésus veut en faire le rayonnement universel de sa mission. Il est incompris et les personnages de l’autorités « devinrent furieux contre lui. Ils le menèrent jusqu’à un escarpement de la colline où la ville est construite, pour le précipiter en bas ». Si Jésus a pu leur échapper ce jour-là, c’est parce que son « heure n’est pas encore venue ».
Jérémie est une figure typique dans la première lecture. Ses plaintes et son dialogue avec Dieu ont été authentiquement vécus et constituent la révélation de son univers intérieur. Jérémie a reçu très jeune sa mission de « prophète », et il le dit : « Je suis un enfant, et je ne sais pas parler ! » Homme timide, Jérémie accepta pourtant les exigences d’une mission impérative, extrêmement difficile. C’était la treizième année du roi Josias, c’est-à-dire en 626 av. J.-C. C’est à ce jeune homme timide que Yahvé demande de tenir tête aux rois, aux prêtres, aux chefs des prêtres et à tout le peuple. Il sera seul contre tous : « ils te feront trembler… Ils te combattront !» Jérémie sera chargé d’appeler à la conversion et d’annoncer le châtiment qui est proche et sera l’anéantissement du royaume, la ruine de Jérusalem et la destruction du temple. De cœur très sensible, Jérémie va même pleurer sur les malheurs de sa patrie, quand tout cela sera venu sur le royaume de Juda. Il est considéré comme un « prophète de malheur ». Pourtant, en tant que prophète, il gardera un espoir indéfectible en une nouvelle alliance.
Bien-aimés de Dieu, baptisés, nous sommes nous aussi configurés au Christ, appelés à être aujourd’hui disciples-missionnaires, portes-parole de Dieu dans le monde, à être « prophètes ». « Le disciple n’est pas au-dessus du Maître ». Veut-il vivre sa foi et en porter le témoignage devant les hommes, il rencontrera inévitablement des incompréhensions et des oppositions, et parfois même la mort. Faut-il pour cela refuser de vivre notre vie de chrétien dans un monde qui nous est hostile ? Jérémie a donné des raisons de ne pas être à la hauteur de la mission de Yahvé. Nous avons aussi les nôtres lorsqu’un appel nous est fait pour un service d’Église dans notre communauté paroissiale. Saint Paul nous dit : « Malheur à moi si je n’annonçais pas l’Evangile ! ». C’est pourquoi nous devons persévérer malgré tout, jusqu’à la fin. Celui qui veut être disciple de Jésus doit prendre sa croix de chaque jour et le suivre. On peut dire sans exagérer que celui qui fuit les difficultés inhérentes à sa vie de chrétien n’est pas digne de Jésus. Ne nous décourageons donc pas devant les menaces de mort et les oppositions à la Vérité. Contre cela, demandons la force de l’Esprit Saint. Dieu nous la garantit, comme à Jérémie : « Je fais de toi une ville fortifiée, une colonne de fer, un rempart de bronze pour faire face à tout le pays ». Qu’il en soit ainsi par la grâce de cette Eucharistie. Amen
Abbé Samuel GAMLIGO
[1] Cf. Lc 4, 18cd
Soyons « amis de Dieu ».
Troisième Dimanche Ordinaire C
27 janvier 2019
Première lecture
Lecture du livre de Néhémie
« Tout le peuple écoutait la lecture de la Loi. » (Ne 8, 2-4a. 5-6. 8-10)
En ces jours-là, le prêtre Esdras apporta le livre de la Loi en présence de l’assemblée, composée des hommes, des femmes, et de tous les enfants en âge de comprendre. C’était le premier jour du septième mois. Esdras, tourné vers la place de la porte des Eaux, fit la lecture dans le livre, depuis le lever du jour jusqu’à midi, en présence des hommes, des femmes, et de tous les enfants en âge de comprendre : tout le peuple écoutait la lecture de la Loi. Le scribe Esdras se tenait sur une tribune de bois, construite tout exprès. Esdras ouvrit le livre ; tout le peuple le voyait, car il dominait l’assemblée. Quand il ouvrit le livre, tout le monde se mit debout. Alors Esdras bénit le Seigneur, le Dieu très grand, et tout le peuple, levant les mains, répondit : « Amen ! Amen ! » Puis ils s’inclinèrent et se prosternèrent devant le Seigneur, le visage contre terre. Esdras lisait un passage dans le livre de la loi de Dieu, puis les Lévites traduisaient, donnaient le sens, et l’on pouvait comprendre.
Néhémie le gouverneur, Esdras qui était prêtre et scribe, et les Lévites qui donnaient les explications, dirent à tout le peuple : « Ce jour est consacré au Seigneur votre Dieu ! Ne prenez pas le deuil, ne pleurez pas ! » Car ils pleuraient tous en entendant les paroles de la Loi. Esdras leur dit encore : « Allez, mangez des viandes savoureuses, buvez des boissons aromatisées, et envoyez une part à celui qui n’a rien de prêt. Car ce jour est consacré à notre Dieu ! Ne vous affligez pas : la joie du Seigneur est votre rempart ! »
Psaume
(Ps 18 (19), 8, 9, 10, 15)
R/ Tes paroles, Seigneur, sont esprit et elles sont vie.
La loi du Seigneur est parfaite,
qui redonne vie ;
la charte du Seigneur est sûre,
qui rend sages les simples.
Les préceptes du Seigneur sont droits,
ils réjouissent le cœur ;
le commandement du Seigneur est limpide,
il clarifie le regard.
La crainte qu’il inspire est pure,
elle est là pour toujours ;
les décisions du Seigneur sont justes
et vraiment équitables.
Accueille les paroles de ma bouche,
le murmure de mon cœur ;
qu’ils parviennent devant toi,
Seigneur, mon rocher, mon défenseur !
Deuxième lecture
Lecture de la première lettre de saint Paul Apôtre aux Corinthiens
« Vous êtes corps du Christ et, chacun pour votre part, vous êtes membres de ce corps. » (1 Co 12, 12-30)
Frères,
prenons une comparaison : notre corps ne fait qu’un, il a pourtant plusieurs membres ; et tous les membres, malgré leur nombre, ne forment qu’un seul corps. Il en est ainsi pour le Christ. C’est dans un unique Esprit, en effet, que nous tous, Juifs ou païens, esclaves ou hommes libres, nous avons été baptisés pour former un seul corps. Tous, nous avons été désaltérés par un unique Esprit. Le corps humain se compose non pas d’un seul, mais de plusieurs membres.
Le pied aurait beau dire : « Je ne suis pas la main, donc je ne fais pas partie du corps », il fait cependant partie du corps. L’oreille aurait beau dire : « Je ne suis pas l’œil, donc je ne fais pas partie du corps », elle fait cependant partie du corps. Si, dans le corps, il n’y avait que les yeux, comment pourrait-on entendre ? S’il n’y avait que les oreilles, comment pourrait-on sentir les odeurs ? Mais, dans le corps, Dieu a disposé les différents membres comme il l’a voulu. S’il n’y avait en tout qu’un seul membre, comment cela ferait-il un corps ? En fait, il y a plusieurs membres, et un seul corps. L’œil ne peut pas dire à la main : « Je n’ai pas besoin de toi » ; la tête ne peut pas dire aux pieds : « Je n’ai pas besoin de vous ». Bien plus, les parties du corps qui paraissent les plus délicates sont indispensables. Et celles qui passent pour moins honorables, ce sont elles que nous traitons avec plus d’honneur ; celles qui sont moins décentes, nous les traitons plus décemment ; pour celles qui sont décentes, ce n’est pas nécessaire. Mais en organisant le corps, Dieu a accordé plus d’honneur à ce qui en est dépourvu. Il a voulu ainsi qu’il n’y ait pas de division dans le corps, mais que les différents membres aient tous le souci les uns des autres. Si un seul membre souffre, tous les membres partagent sa souffrance ; si un membre est à l’honneur, tous partagent sa joie.
Or, vous êtes corps du Christ et, chacun pour votre part, vous êtes membres de ce corps. Parmi ceux que Dieu a placés ainsi dans l’Église, il y a premièrement des apôtres, deuxièmement des prophètes, troisièmement ceux qui ont charge d’enseigner ; ensuite, il y a les miracles, puis les dons de guérison, d’assistance, de gouvernement, le don de parler diverses langues mystérieuses. Tout le monde évidemment n’est pas apôtre, tout le monde n’est pas prophète, ni chargé d’enseigner ; tout le monde n’a pas à faire des miracles, à guérir, à dire des paroles mystérieuses, ou à les interpréter.
Évangile
« Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture. » (Lc 1, 1-4 ; 4, 14-21)
Acclamation :
Alléluia. Alléluia. Le Seigneur m’a envoyé, porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération. Alléluia[1].
Évangile de Jésus Christ selon saint Luc
Beaucoup ont entrepris de composer un récit des événements qui se sont accomplis parmi nous, d’après ce que nous ont transmis ceux qui, dès le commencement, furent témoins oculaires et serviteurs de la Parole. C’est pourquoi j’ai décidé, moi aussi, après avoir recueilli avec précision des informations concernant tout ce qui s’est passé depuis le début, d’écrire pour toi, excellent Théophile, un exposé suivi, afin que tu te rendes bien compte de la solidité des enseignements que tu as entendus.
En ce temps-là, lorsque Jésus, dans la puissance de l’Esprit, revint en Galilée, sa renommée se répandit dans toute la région. Il enseignait dans les synagogues, et tout le monde faisait son éloge. Il vint à Nazareth, où il avait été élevé. Selon son habitude, il entra dans la synagogue le jour du sabbat, et il se leva pour faire la lecture. On lui remit le livre du prophète Isaïe. Il ouvrit le livre et trouva le passage où il est écrit : L’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération, et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés, annoncer une année favorable accordée par le Seigneur. Jésus referma le livre, le rendit au servant et s’assit. Tous, dans la synagogue, avaient les yeux fixés sur lui. Alors il se mit à leur dire : « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Écriture que vous venez d’entendre ».
Textes liturgiques © AELF
Homélie
Soyons « amis de Dieu ».
« C’est pour toi, cher Théophile, que j’écris… » C’est par ces mots que saint Luc commence son Évangile. Qui étais Théophile ? Nous ne le savons pas, mais son nom, « theophilo » signifie « ami de Dieu ». Autrement dit, Luc écrit à l’ami de Dieu, à tous les amis de Dieu, c’est-à-dire à tous ceux qui sont bien disposés à accueillir ses paroles. Aujourd’hui, c’est donc à nous, les theophilos, que Luc confie son Évangile.
Nous voyons ensuite Jésus dans la synagogue de Nazareth, son village. Son auditoire est naturellement composé de ses proches, ses amis, sa famille… Ce sont les premiers auxquels il va adresser son discours « inaugural » par lequel il présente et résume sa mission, le programme de sa vie.
Si nous avions été plus loin dans la lecture du récit, nous aurions vu que cette séance se termine mal car, après un premier mouvement de surprise, l’assemblée tente de le faire sortir et de le jeter en bas du rocher. La première annonce de Jésus dans son village est donc un échec. Il va devoir s’éloigner de son propre pays.
Mais revenons à l’histoire… Jésus reçoit le livre du prophète Isaïe et commence la lecture : « L’Esprit Saint m’a consacré par l’onction et envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer la libération des prisonniers… Les aveugles voient la lumière et les opprimés la libération… » Les auditeurs connaissaient per cœur ce passage des Écritures ; ils le recevaient comme une parole du passé, mais aussi comme une promesse pour le futur, une promesse qui s’accomplira à la fin des temps.
Or, voici que Jésus proclame que cette parole d’hier n’est pas pour demain, ni pour l’au-delà, un peu comme les communistes annonçaient « des lendemains qui chantent ». Non ! Cette parole est pour aujourd’hui. C’est maintenant qu’elle s’accomplit et se réalise, c’est maintenant qu’elle advient à la réalité.
Nous savons que Jésus affirmera cette réalité du Royaume tout au long de sa vie. Il s’accomplit aujourd’hui, il est déjà présent… Jésus lui-même n’a pas la prétention d’inaugurer ni de commencer le Royaume puisqu’il est déjà là. Il n’y a pas de preuve de ce Royaume, mais des signes nous sont offerts et leur multiplicité devient finalement une preuve. N’en va-t-il pas de même pour l’amour ?
Ces signes, quels sont-ils ? Isaïe nous en donne quelques exemples : les prisonniers sont libérés, les aveugles voient la lumière, les pauvres deviennent le centre des préoccupations… N’est-ce pas ce à quoi le Pape François, encore dans son dernier livre, tente de faire revenir tous les membres de l’Église ?
Or, nous savons que Dieu, dans la Bible, nous est présenté comme Parole et que celle-ci est créatrice, qu’elle fait advenir à la réalité. « Dieu dit, et cela fut », dit le Livre de la Genèse. Le Verbe s’est fait chair… La Parole de Dieu a pris visage humain.
Si nous voulons être « amis de Dieu », comme disait Luc en commençant, laissons cette Parole nous pénétrer jusqu’au plus profond de nous-mêmes. Qu’elle nous transforme au point que, par notre vie et par notre intervention, elle advienne à la réalité : que des sourds qui se sentent devenir aveugles puissent entrevoir d’autres issues que d’être mis de côté, que les prisonniers soient réellement accompagnés dans leur réinsertion, que les pauvres trouvent un toit chaleureux pour les accueillir. Là est le programme de Jésus. Nous pouvons comprendre qu’il choque. Nous aussi, pas moins que Jésus, nous risquons de nous faire rejeter par les bien-pensants si nous choisissons ce chemin. C’est pourtant le chemin qui conduit à devenir « theophilos », « amis de Dieu ».
Jacques NOIROT SMA
[1] Cf. Lc 4, 18cd.