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4 ans déjà... Il demeure encore dans les coeurs
P. Jean Klein
P. Georges Kouwonou
Le Père Jean Klein était le curé fondateur de notre paroisse, Notre Dame de la Paix de Sérégbéné dans le diocèse d’Atakpamé, Togo. Il y resta de 1996 à 2002. Ce missionnaire français de la Société des Missions Africaines (SMA) a beaucoup marqué non seulement la communauté paroissiale créant de nombreuses stations secondaires, mais aussi la vie sociale de tous les villages. Le Père Jean Klein était un homme sympathique, généreux, simple mais aussi un homme de rigueur. Son zèle missionnaire était impeccable. Il a montré le Christ à de nombreux villages, sillonnant les sentiers des villages pour l’évangélisation primaire. Il avait entrepris beaucoup d’œuvres sociales, par exemple, la construction des bâtiments scolaires, l’aide aux nécessiteux, assistance à certaines personnes dans leur formation professionnelle, pour ne citer que celles-ci.
Par ailleurs, il avait un amour particulier pour nous les enfants, ne dissociant pas foi et éducation. Ainsi, il avait gagné l’amitié des enfants, ou mieux, s’était fait l’ami des enfants. C’est ce rapport de familiarité et d’amour pour les enfants qui m’avait particulièrement marqué. Aujourd’hui, il me vient à mémoire quelques évènements ou épisodes qui, je dirais, ont semé en moi le désir de devenir un prêtre comme le Père Jean.
En premier lieu, son amour pour nous les enfants. Il avait l’habitude de nous prendre avec sa voiture pour faire un « petit tour » dans le village après les célébrations liturgiques. On éprouvait une grande joie de l’accompagner dans les villages pour célébrer. Ainsi, je voulais devenir prêtre pour pouvoir prendre les servants de messe dans ma voiture comme le faisait le P. Jean.
En deuxième lieu, et c’est ce qui m’a beaucoup marqué : quand on lui amenait des vivres ou autres dons de la part de nos parents ou quand on lui rendait un petit service à la maison ou à l’église (sarcler, puiser de l’eau, etc.), il donnait aux enfants des habits, des chaussures, des stylos, des cahiers, des biscuits, etc. Mais quand j’étais envoyé par ma mère pour lui remettre quelque chose ou quand je lui rendais un service, il me donnait toujours un article religieux (les images des saints, un chapelet, une table du chemin de croix). A cet âge, je ne comprenais pas et je m’énervais parce que moi aussi j’avais besoin des choses que recevaient mes camarades.
Je me rappelle avoir dit une fois à ma mère que je n’irais plus chez le Père parce qu’il me traitait différemment. Et c’est là que ma mère me répondit : « peut-être tu seras comme lui et verra ce que tu feras. » Voilà le début d’un désir ardent de devenir comme lui. Mais je m’inquiétais parce que je n’avais pas la même « couleur de la peau » comme le P. Jean Klein. Cette « illusion d’enfant » disparût quand je vis un « diacre comme moi » qui se préparait pour l’ordination presbytérale.
Aujourd’hui, utilisant l’image de la semence utilisée par l’Apôtre Saint Paul (cf. 1 Co. 3,6-8), je dirais que le Père Jean Klein « a semé » le grain du désir de devenir prêtre en moi, le Père Marc Agayi, son successeur, « a arrosé » et entretenu, et « Dieu a fait croître ». Ainsi donc, les efforts missionnaires du Père Jean Klein n’ont pas été sans fruits. Il n’a pas seulement laissé un héritage immense à Sérégbéné, mais il lui a aussi offert le plus grand cadeau : le premier prêtre natif de Sérégbéné que je suis. Que le nom du Seigneur soit loué !
P. Georges KOUWONOU, prêtre du Diocèse d'Atakpamé, TOGO