LA MISSION MALGRE LA CRISE SANITAIRE : Un voyage à Pissa au Nigéria avec le père Paschal GUDDAH, SMA
1. Présentation du contexte
Juste après mon ordination, j’ai été envoyé en mission dans le diocèse de Kontagora (Etat du Niger, au Nigéria), sur une paroisse qui prend son nom de la Miséricorde Divine. Cette zone est bien reculée au Nord-Ouest du Nigéria. Il ne peut y avoir d’histoire fidèle de ce territoire ecclésiastique sans mention de la contribution énorme de la Société des Missions Africaines. Pissa est un milieu propice à l’évangélisation de base. Nous avons présentement 140 stations divisées en quatre zones pour une même paroisse. Le grand nombre des stations pourrait faire penser à ces mots de Jésus qui vit le peuple « comme des brebis sans berger » (Marc 6 :34).
C’est dans ce contexte que je vis ma mission avec le Père Donal O’Cathain, SMA qui est le curé de la paroisse. Notre présence ici amplifie ce message de Jésus : « la moisson est abondante mais les ouvriers sont peu nombreux » (Luc 10,2). Nous vivons ici en bonne collaboration avec les sœurs NDA, les catéchistes et tous les ouvriers de la bonne nouvelle et de la mission évangélique de l’Eglise Universelle.
2. Quelques aspects de la Mission
La pastorale à Pissa est dépendante des saisons. La raison est que la plupart de nos paroissiens sont des cultivateurs qui travaillent pendant la saison pluvieuse. Le grand travail pastoral se fait donc au cours la saison sèche. Pendant la saison pluvieuse, les prêtres prennent leurs vacances puisque les sentiers deviennent impraticables et l’accès aux villages presque impossible à moto ou en voiture après les grandes pluies. Les paroissiens font donc de cette période, celle privilégiée pour les travaux champêtres desquels ils gagnent leur pain quotidien. Ils sont donc entièrement laissés à la charge des catéchistes et des leaders de communauté en ces moments.
Au cours de la semaine, nous visitons les stations pour la messe et organisons des réunions périodiques avec les catéchistes et les paroissiens au niveau des zones. Ces visites nous permettent de savoir leurs besoins et de planifier nos activités dans les mois à venir.
Notre travail missionnaire ici est essentiellement une réponse à l’invitation d’être instruments de l’œuvre salvifique de Dieu. L’objectif est d’aider à faire germer la graine de la Parole de Dieu dans les cœurs de son peuple. Cette activité ne peut pas être accomplie sans un regard posé sur la situation critique qui prévaut dans cette zone.
3. Les défis
Le grand défi sur la paroisse de Pissa est l’alphabétisation. Le diocèse a donc un programme d’éducation de trois mois qui est connu sous le nom de Dry Season Course (Cours de la saison Sèche). Le but est de doté nos paroissiens en particulier les jeunes, de capacités littéraires et de faire grandir leur foi par l’instruction catéchétique. Nous nous mettons donc à leur disposition dans cette perspective.
En outre, la communauté manque de soins médicaux adéquats. Le presbytère devient automatiquement une ‘clinique’ pour les soins de base. Les cas plus graves sont évacués au dispensaire des sœurs NDA qui se trouve à 80 kilomètres de notre paroisse.
4. Nos activités pastorales et la pandémie de Covid-19
Les nouvelles de la pandémie de Corona Virus sont advenues à un moment où notre travail pastoral était à son point élevé. Les mesures de restrictions du gouvernement et de l’Eglise pourraient tirer le rideau sur notre engagement pastoral. Nous avions au contraire adapté notre approche pastorale en sensibilisant nos paroissiens sur ce virus qui fait ravage et sur les mesures barrières qui doivent être adoptées en prévention.
La crise n’a pas totalement affecté nos activités pastorales puisque les cours de la saison sèche étaient aussi sur le point de finir. Certains des élèves reçurent toutefois les sacrements à la fin des cours. Il y eu cependant des mariages et certaines autres activités paroissiales qui ont été annulés ou reportés.
Il y a cependant une grande conviction pour l’avancée de la mission de Dieu sur ce grand territoire. Pissa est en vérité une terre fertile à l’évangélisation. Bien que nous rencontrons plusieurs difficultés, ce ne sont pas des impasses pour l’œuvre du missionnaire. Dans les mots de Mgr de Brésillac, fondateur de la SMA, nous puisons le courage quand il nous dit : « la mission continuera tant qu’il y aura une volonté ; et tu es cette volonté ». Nous sommes tous appelés à accepter cette tâche missionnaire et à illuminer tous les recoins où nous sommes. Malgré qu’il y ait du nécessaire qui nous manque en mission, la grâce de Dieu nous suffit (cf. 2Co : 12,9) pour servir dans ces zones où la Parole de Dieu n’a pas encore pris racine.
Que le Seigneur aide toute l’humanité à répondre assez rapidement à son appel divin en ces mots : « Me voici, envoie-moi » (Is :6,5).
Paschal Ayi GUDDAH, SMA